Astrebrume

La peur, le froid, l'angoisse.

Ces étranges luminaires et leur lueur morbide. Il n'y a rien. Ou plutôt il y a quelque chose, des choses, mais elles se font passer pour rien. Je les sens, je les entends lorsque je tourne la tête, je les perçois dans le coin de l'oeil, mais je ne les vois pas. Elles veulent m'attirer, elles produisent des sons. Je n'y vais pas, je sais que c'est mal. Je sais que c'est faux. Mon coeur bat la chamade et je peine à dormir. Ai-je au moins sommeil ? Ou faim ? Je ne sais pas, je ne sais plus...

Chaque chemin est la suite du précédent, se ressemblant fortement. Chaque couloir amène vers un autre. Un étrange papier jaune recouvre les murs, parfois. Parfois, ceux-ci apparaissent grisâtres, nus ou encore crevassés. J'ai trouvé l'un de ceux-ci constellé d'impacts de balles, mais rien aux alentours. Ce qu'il s'est passé ici a pu se passer il y a très longtemps... ou juste là, maintenant, tout de suite. Et si quelqu'un est mort, rien ne semble le démontrer.

Des portes ne mènent à nulle part, des trous dans le sol semblent m'aspirer, ils veulent m'amener ailleurs. Si je tombe, si je quitte cet endroit, c'est fini. Alors j'erre. Depuis combien de jours ? Sont-ils toujours à mes trousses ? Je ne sais pas, je ne sais plus...

Qui suis-je ?

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Comment suis-je arrivé ici ? J'étais... ailleurs ; maintenant je suis là. Mais où exactement ? Cet endroit ne me dit rien, je ne me rappelle pas y être entré, pourtant tout me semble étrangement familier. Il n'y a aucun bruit à part le vrombissement constant de l'éclairage et ma propre respiration. Pourquoi je n'arrive à me souvenir de rien ?

Je déambule sans but. Les murs sont étranges, ils ont l'air faux. L'architecture ne me dit rien et le sol est constitué d'une matière que je ne connais pas. À certains endroits la lumière manque et des zones d'ombre s'installent. Je sais que je ne dois pas aller vers là. Il n'y a pas de vent et pourtant je frissonne : c'est comme à l'intérieur de mon corps. L'air est-il vicié ? On dirait la peur, elle s'installe, je panique. Aurais-je dû mémoriser l'endroit d'où je viens ? Trop tard, tout se ressemble et je me suis déjà perdu dans le labyrinthe.

Je passe ma main sur les murs, persuadé que ce n'est qu'un rêve, mais la texture du papier jauni est plus réelle que jamais. Je peux même sentir les jointures entre deux feuilles se superposant. Lorsque je lève le regard, je vois ces étranges verreries d'où semble émaner la luminosité ambiante. Est-ce moi ou est-ce elle qui n'a rien à faire là ?

Un claquement ; je me retourne. Rien, encore une fois. Mais quelque chose semble hanter la périphérie de mon regard. Je ne réfléchis pas, c'est instinctif : je me mets à courir. Le prochain couloir m'avale et m'emporte dans une pièce qui n'a pas de sens avec une curieuse porte qui m'attend. Dois-je l'ouvrir ?