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Le monde est autour de nous | Pamyfja et Halie

Le monde est autour de nous | Pamyfja et Halie Brandw10
Sam 27 Mai - 17:56
On lui avait dit, le jour de sa première activation, qu'elle pouvait tout faire. Tout ? Vraiment ? Non, cela était impossible. Elle ne pouvait pas diriger un pays. Elle ne pouvait pas refaire le monde comme elle le souhaitait. Elle ne pouvait pas voler comme un oiseau. Elle ne pouvait subitement devenir un être de chair. Alors pourquoi lui avait-on dit qu'elle pouvait tout faire ? C'est vrai ça, tout, ça faisait beaucoup quand on y pensait. Tout ce qu'on voulait qu'un automate fasse pour eux, là oui, ça aurait été plus exacte et plus honnête. Or, toutes ces réflexions, Pamyfja était déjà passé au travers il y a bien longtemps et, désormais, elle s'adonnait à quelque chose de bien plus censé. Elle faisait tout et n'importe quoi.

Par exemple, aujourd'hui, elle s'était aventurée dans un endroit déserté par les hommes et les bêtes. Dommage pour les animaux, mais au moins, ça lui ferait des vacances, s'était-elle dit. Dans la forêt de l'arbre dieu, des échos inquiétants et un silence assourdissant plombaient l'air, le rendant épais et difficile d'y évoluer. Par moment elle se faisait petite - aussi petite que ce que pouvait faire un automate de deux mètres de haut, comprenons bien - et elle se cachait parmi la végétation à la manière d'une souris. Parfois, une ombre passait. Un battement d'aile unique retentissait. Des yeux distants l'observaient. À la fois surexcitée et terrifié, la première émotion étant stimulé par la deuxième, elle continuait de progresser dans ce décor aux allures de film d'horreur et s'enfonçait avec envie un peu plus loin dans la forêt.

- - -

Dans une clairière un peu plus amicale que les autres, un arbre en plein apprentissage avait trouvé le monceau de terre idéal. Ses jambes, droits et immuables, devenaient racines, fondations d'une vie et de celles alentours. Son corps devenait tronc, à l'écorce solide et souple. Ses bras, tendus en des formes tortueuses, devenaient branches, maisons d'une grande diversité. Sa tête, penchée en arrière et les yeux clos, était la cime et le début du ciel. Pamyfja faisait l'arbre.
Il est vrai, cela était cocasse. Après tout, l'offre et la demande se créaient d'elles même. Un parent aurait sans doute dit, faire arbre n'est pas une bonne carrière, et il aurait raison. Pas de salaire ni de congés, on voyait toujours les mêmes collègues et il n'y avait aucune opportunité de voyage, pas même un déplacement professionnel en perspective.

Mais je peux tout faire.

Alors oui, elle faisait l'arbre.

Les minutes passèrent, une heure maintenant, et elle n'avait pas bougé d'un millimètre. Un oiseau minuscule vint se poser sur l'un de ses bouts de branches (un doigt), et se mit à chanter. Tiraillée entre l'envie de l'observer et le besoin de continuer d'exercer sa profession, Pamyfja décida d'un compromis. Son bras bougeait imperceptiblement, à une allure qui n'était visible que par les autres arbres alentours. Certains froncèrent les sourcils, d'autres pardonnèrent sa fougue en secouant doucement leur feuillage prit dans le vent. Elle lui fallut dix bonnes minutes pour que l'oiseau se retrouva juste devant son nez. L'automate ouvrit ses yeux et découvrit, avec horreur, que l'oiseau avait percé son déguisement depuis le départ.

Un long duel de regard démarra donc. Un arbre ne peut pas perdre, se disait-elle, mais c'était sans compter sur le fait que ce lézard aérien était le champion incontesté d'Opale dans la catégorie poids plume. Inexorablement, une défaite cuisante l'attendait.
Lun 29 Mai - 10:25
Les arbres, elle les connaissait. Les grands, les petits, les beaux, les laids, les bien portants, les malades, les morts, les jeunes pousses, les arbres centenaires, les forts, les fragiles, les foudroyés, les intacts... Mais jamais, au grand jamais, elle n'avait vu d'arbre mécanique. Cependant, elle avait croisé un être mécanique. Ce n'était pas un arbre, mais il restait un être vivant dépourvu d'émotions. Voilà qui méritait un peu d'investigation.

Elle s'approcha alors, faisant involontairement s'envoler un oiseau, colocataire aussi curieux qu'elle.

- Oups ! Désolée.

Puis elle s'approcha de l'arbre-robot. Doucement, elle toqua sur le... Tronc ?

- Il y a quelqu'un ? C'est intéressant, le point de vue d'un arbre ?

Après tout, elle vivait dans le refuge offert par l'un d'eux, mais ne s'était jamais demandée comment lui voyait le monde, de son vivant. Le moment était peut-être venu de réparer son erreur.
Mer 31 Mai - 21:32
Des mouvements furtifs au travers de la végétation suscitèrent l'attention de l'automate un fragment de seconde et, à son grand dam, Pamyfja oublia qu'elle ne devait pas cligner des yeux. Conservant son titre de grand champion, l'oiseau s'en alla, lui et son égo une nouvelle fois gonflé. Elle grimaça alors que le volatil s'en alla et se demandait ce que lui avait apporté tous ces efforts.

  Toc toc

  Le contact la chatouilla et elle ne put réfréner un frisson. Décidemment, être arbre n'était pas à la portée du premier venu. Elle se laissa tomber sur son arrière train et émula un soupir.

  -Je crois que non. J'oserais même supposer que c'est "barbant".

  Elle réfléchit un instant.

  -Peut être que cela rend humble. Oui, je crois que je me sens plus humble. Si un jour j'ai besoin de devenir un peu plus humble, je retenterais l'expérience.

  L'automate se tourna vers la nouvelle arrivante et lui servit un sourire.

  -Vous êtes un drôle d'oiseau, à moins que l'on s'est trompé sur cette forêt et qu'elle est en réalité habitée ?

  Celle-ci était une jeune femme avec de jolis bois de cerfs et les oreilles qui allaient avec. Une chose était sûr, la dame n'était pas humaine. Pamyfja venait de faire le tour de sa base de donnée en un instant : Aucun résultat trouvé. Voilà quelque chose qui était curieux.
Sam 3 Juin - 14:43
Barbant ? Vraiment ? Même si elle n'y connaissait rien, Halie n'était pas d'accord. Mais elle n'eut pas le temps d'élaborer, que déjà, l'étrange automate poursuivait. Une expérience d'humilité ? Halie lui servit un sourire resplendissant. Voilà qui lui plaisait.

- Vous serez la bienvenue lorsque vous déciderez de réessayer. Mais je peux aussi vous proposer quelque chose de différent. Je peux vous montrer toute la vie qu'abrite ces bois. Je peux vous montrer comment toute créature, petite ou grande, mobile ou non, vivante ou morte, contribue à sa manière à l'équilibre de la forêt. Je peux vous montrer qu'ici, chacun a sa place et que si ne serait-ce qu'une fourmi venait à disparaître, l'équilibre entier de mon royaume pourrait être remis en cause. Je peux vous apprendre l'humilité par l'observation.

Lorsqu'elle s'interrompit, elle eut droit à une nouvelle question. Une question qui la fit rire :

- Bien sûr que la forêt est habitée. Comme tous les lieux. Seulement, elle n'est pas peuplée d'humains... Quoi que.

Après tout, elle avait bien un voisin humain... Mais, à sa connaissance, il était le seul.

- Vous parlez d'oiseaux... Ils font partie des habitants de ces lieux. Bienvenue au Havre, je suis Halie, sa protectrice. Je sens que je peux vous faire confiance, une visite vous plairait-elle ?
Lun 5 Juin - 19:57
-Chacun a sa place ? Répéta-t-elle avec un vif intérêt.

  C'était bien pourquoi cet endroit l'avait attiré. Rien ne remettait en question la place de la forêt et de ses arbres ; elle était là, un point c'est tout. On pourrait émettre des hypothèse en observant les vents et les variétés de plantes que l'on retrouve ici. On pourrait croiser les preuves et déterminer l'âge de la forêt, découvrir l'origine de chaque être vivant y logeant et s'imaginer le sol comme il avait été il y avait des siècles de cela. Mais à quoi bon tout cela ? La forêt était ancienne, séculaire même. Pourquoi donner du sens à sa présence en ces lieux ? Cela coulait de source, la forêt se trouvait là, et par conséquent, elle était ici.

  L'automate se redressa d'un coup et rendit son sourire à la protectrice du Havre.

  -Oh oui, j'en serais ravie ! Mes connaissances en biologie sont très superficielles et c'est une erreur que je me dois de corriger. Par quoi allons-nous commencer ?

  Elle ramassa son baluchon - plein à craquer de ferraille vu le boucan qu'il faisait - et le balança sur son dos. Prête à suivre la guide, Pamyfja sembla se souvenir subitement de quelque chose et se jeta une nouvelle fois au sol, à quatre patte cette fois-ci, et dessina quelque chose dans la terre meuble.

  -Cela doit paraitre soudain, mais…

  Elle termina son œuvre. À première vue, l'on dirait une sorte de fleur avec un aspect mécanique. On comptait cinq pétales formant une spirale tournant dans un sens antihoraire. Au centre, une sorte de long pistil couvert de quelques excroissances s'avançait vers le ciel, ou du moins, le dessin le laissait penser ainsi. Le tout était paré d'angles droits, de rainures parfaitement droites et de lignes qui s'entrecroisaient. Pour les initiés, on pourrait presque considérer ça comme une sorte de circuit imprimée.

  -… Est-ce que cela vous évoquerait quelque chose ?

  C'était une fleur, aucun doute là-dessus, mais de qu'elle variété exactement ? Le côté mécanique que lui avait donné l'automate pouvait suggérer qu'elle était parfaitement fictive, cependant, il subsistait dans les détails l'ombre d'un doute. Peut-être que tout ceci n'était que l'interprétation qu'elle se faisait d'une véritable plante ?
Ven 16 Juin - 20:50
Elle hocha la tête à la réponse qui lui fut faite sous forme de question. Et se sentit obligée de développer :

- Oui. Les prédateurs ne pourraient pas survivre sans les herbivores, qui eux-mêmes ne pourraient pas survivre sans les plantes, qui elles-mêmes ne pourraient pas survivre sans les insectes pollinisateurs... Les vers, de leur côté, permettent d'aérer la terre, pour que de nouvelles plantes puissent y pousser et ainsi soutenir un peu plus l'équilibre de la forêt. Les fourmis dont je vous parlais tout à l'heure nettoient le sol des graines et insectes superflus. Ici, aucun prédateur ne tue pour le plaisir, chacun se procure la nourriture dont il a besoin, et pas plus.

Elle pourrait continuer longtemps sur ce sujet, mais, de peur d'ennuyer son public réduit à un seul être, elle se força à s'arrêter. De toutes façons, elle se trouvait déjà avec une nouvelle question à laquelle répondre. Elle grimaça lorsque l'automate chargea son paquetage, provoquant un tintamarre qui fit fuir tous les oiseaux à la ronde. Puis elle soupira.

- Je sais que vous ne l'avez pas fait exprès... Mais je voulais vous demander de commencer par écouter les oiseaux. Seulement, ils sont tous partis, maintenant...

Soudain, elle sauta sur le côté, de surprise. Que lui arrivait-il ? Elle eut cependant rapidement la réponse à cette question. Un... Dessin ? Observant par-dessus l'épaule de l'automate, elle plissa les yeux. Que lui dessinait-elle ? C'était une fleur, voilà qui était évident. Mais quant à savoir laquelle... Elle ne poussait certainement pas dans sa forêt. Lorsque l'artiste lui demanda son avis, elle scruta une fois de plus sa production, cherchant desespérément à la rapprocher de quelque chose qu'elle connaissait. Néanmoins, il lui fallut vite se rendre à l'évidence :

- Je suis désolée... Je ne pense pas la connaître. Peut-être qu'elle pousse ailleurs ? Ne perdez pas espoir, vous finirez par la trouver.

Néanmoins, il fallut revenir au sujet précédent. S'agenouillant près d'elle, elle désigna le sol, près de l'un des traits qui venaient d'être tracés :

- La première étape de la compréhension est la découverte. Observez.

Une fourmi s'était aventurée dans le creux tracé par le doigt de l'automate. Ses antennes frémissaient alors qu'elle cherchait visiblement à comprendre doù venait ce qui devait être un fossé pour elle.

- Elle aussi cherche constamment à comprendre son environnement. Ainsi, elle sera toujours certaine de s'y adapter au mieux. À nous de suivre ces instructions. La nature a tant à offrir, il suffit de savoir l'écouter. Vous aussi, prenez le temps d'observer et de comprendre ce qui se passe autour de vous. Vous saurez rapidement si vous êtes à votre place.

Elle-même suivit ses propres instructions. Fermant les yeux, elle se connecta au vent, aux branches qui bruissaient doucement en accord avec la brise... Elle regrettait simplement que plus aucun oiseau ne soit présent pour venir se produire sur la scène immense qui lui était offerte. Les chansons seraient probablement pour un autre jour...
Mar 20 Juin - 19:53
Malheureusement, l'on n'avait pas de réponse à sa question. Qu'elle était donc cette fleur ? D'où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Existait-elle seulement ? Son cœur était tatoué et elle n'avait même pas eu le droit de choisir le motif. Certes, une fleur était un choix amusant pour un automate, peut être elle-même aurait fait ce choix si on le lui avait laissé, le choix. Pamyfja espérait simplement que la fleur était jolie ; la version en circuit imprimée ne lui rendait pas véritablement justice.

  En attendant, elle avait effrayé les oiseaux.

  -Je suis désolée !

  Puis on lui parla du cycle de la nature. Comme tout le monde, elle connaissait le classique : Carnivore > Herbivore > Plante > Répétez. En revanche, le rôle des insectes et des autres êtres grouillants au sol lui était autrefois passé complètement au-dessus. Difficile de ce dire que des choses aussi minuscules pouvaient avoir leur place dans un système aussi complexe qu'était la nature.

  L'automate écoutait avec une telle intensité qu'elle donnait l'impression qu'elle était immobile à toute allure. Imaginez ces petites barres blanches sur les bords de votre écran pour l'effet de vitesse si vous y tenez.

  Au sol, une fourmi. L'automate s'agenouilla en face du petit insecte et l'étudia avec intérêt. Grâce à ses yeux de verre et d'acier, elle zooma sur la créature une dizaine de fois pour pouvoir imprimer dans son esprit la physionomie exact d'une fourmi ouvrière parfaitement classique. Des mandibules, qu'elle curieuse manière de broyer la nourriture. D'ailleurs, elle marchait sur des griffes, six pour être exactes. Bien que les jambes de Pamyfja n'étaient pas tout à fait faites ainsi, elle approuva l'absence de ces pieds dégoutants que les humanoïdes affectionnaient.

  On est dans la même équipe !

  Les petites antennes tournaient et se retournaient, comme à la recherche de quelque chose. En forçant un peu, l'automate arriva à voir une vingtaine de reflets à son image dans les yeux composés de l'insecte. La chitine qui la composait semblait d'ailleurs bien plus efficace que la chair tendre et fragile des humains ; elle paraissait presque robuste avec un grossissement pareil, comme si un marteau de cinq kilos se serait brisé sur sa carapace. Évidemment, cela restait une impression, alors laissez les fourmis en paix.

  L'automate se redressa et observa la mi-cervidé. Suffisait-il vraiment de simplement "observer" pour trouver sa place ? Cela ressemblait à une pensée simplette. Innocente il était vrai, mais toujours simplette.

  -La nature est belle, vraiment, je le pense. Sauf que ce n'est pas chez moi, elle ne m'a pas faite, elle n'a pas de place pour moi. Ce sont les hommes qui m'ont fait et… eux non plus n'avait pas de place pour moi.

  Elle se tourna et observa les arbres qu'elle imitait un peu plus tôt.

  -Lorsque je les aie vu ainsi, dans la lumière de la clairière, j'ai été jalouse. Je le savais rien qu'en les observant, ils étaient à leur place et ils ne devaient ça à rien ni personne. Ils n'ont poignardé personne pour poser leurs racines ici, ou n'ont pas trimés la moitié de leur existence pour qu'un autre arbre accepte qu'ils se tiennent là.

  Pamyfja baissa la tête et sa bonne humeur s'en était aller.

  -Pensez-vous qu'il est possible de se faire sa propre place ?
Mar 25 Juil - 13:27
... Oups. Visiblement, elle s'était trompée. Oui, il était vrai qu'une telle créature n'avait pas été créée par la nature... Comment alie pouvait-elle donc prétendre lui indiquer quelle était sa place ? Elles étaient finalement plus différentes qu'elle ne l'aurait pensé. Alors, elle hésita. Que dire, que faire ? Que répondre sans être insultante, alors qu'elle ignorait tout de ce qui composait la visiteuse ?

Après un moment, elle soupira. Elle opterait pour la vérité, comme toujours :

- Excusez-moi, je... Je n'avais pas vu les choses sous cet angle. Mais si je m'inspire de ma propre histoire, ceux qui vous ont vue naître devraient être votre refuge. Ils devraient être capables de vous protéger, même si le monde était contre vous. Ce sont les humains, dites-vous ? Mais peut-être pas n'importe quels humains... Vous savez, dans tous groupes, certains individus sont animés de meilleures intentions que d'autres. Pourquoi ne pas chercher des humains qui vous accepteraient comme leur famille ? Ou..

Elle l'observa un moment. Non, ce n'était pas une humaine. Donc son conseil n'était probablement pas le meilleur.

- Ou peut-être devriez-vous chercher auprès de vos semblables ? Par exemple, je connais un être qui vous ressemble et qui est adorable. Peut-être pourriez-vous rencontrer un être comme lui, quelqu'un qui pourrait vous servir de famille ? Je suis désolée de ne pas pouvoir vous être d'une plus grande aide...

Elle-même n'avait pas de famille et ne connaissait pas d'autre hespéride... Mais elle s'entendait plutôt bien avec certains humains. Ce qui ne semblait pas être le cas de cette pauvre automate, qu'elle voulait aider même si elle doutait à présent d'en être capable.
Sam 29 Juil - 16:49
Elle était morose, rien d'agréable là-dedans, mais chasser un sentiment n'avait rien de facile. Ceux-ci naissaient de nos expériences passées, de notre moral et de nos humeurs. Modifier ces paramètres restait impossible, nous étions tous esclaves de notre propre personne. Sous la peine et les remords, on souhaitait trouver la joie et la plénitude, on souhaitait devenir une autre personne, sans pour autant nous arracher à ce qui nous définissait.
  Ici je suis triste, mais demain, je serais joyeux.

  L'on faisait tous le choix d'abandonner notre être derrière soi, ce qui était paradoxale mais aussi parfaitement essentiel à notre condition. Tout change, nous aussi, et sans que l'on s'en rendait compte, nous devenions de nouvelles personnes.

  Où est tu, Pamyfja ? Où est celle qui se cachait derrière ce qu'on attendait d'elle ? Où est celle qui s'extasiait devant le monde extérieur ? Qui est-elle, celle qui se lamente sur son existence ? Qui seras tu demain ? Une jeune femme heureuse ? Un automate œuvrant contre l'humanité ?

  Famille…

  -Une famille ? Répéta-t-elle, redressant la tête avec espoir.

  Sans qu'elle ne s'y attendait, les souvenirs du passé ressurgirent et se dévoilaient sous une autre apparence. Docteur Regina avait presque le visage d'une mère, mais la colère qu'elle éprouvait pour elle effaça rapidement cette idée.

  -Avant, je rêvais d'une famille, c'est vrai. J'espérais de voir le jour où mes sœurs s'éveilleraient. Je supportais tout ça pour elles, je pensais que mes efforts en valaient la peine, car si je travaillais assez dur, je n'aurais plus à être seule. Mais ceci n'est plus une option…

  Cela n'avait jamais été une option. Des faux espoirs, balayés si facilement par le vent. Malgré tout, elle sourit.

  -Trouver une famille… cela doit être difficile, mais je veux bien essayer. Dans mon voyage, j'ai rencontré des gens que j'aime alors que je n'avais jamais imaginé cela possible. Cela est bon signe, je pense.

  Elle s'approcha et se pencha devant sa prof de biologie, les mains serrées contre sa poitrine.

  -Je vous apprécie aussi. Vous êtes très gentille !

  Pamyfja lui fit le grand sourire dont elle avait secret. Innocent et reconnaissant, rien d'autre.

  -Je n'ai jamais entendu parler d'automate que l'on peut qualifier "d'adorable", je vous prie, parlez-moi de lui.

  Dommage pour les leçons, mais cette élève était particulièrement dissipée et il fallait donc s'en douter.
Ven 4 Aoû - 16:45
Hum. Elle hésita lorsque son interlocutrice parla de famille, visiblement avec espoir. Serait-elle capable de la suivre sur cette voie ? En effet, Halie n'avait pas de famille. Elle appelait les autres hespérides ses "soeurs", mais, elle en était consciente, un arbre avait plus de traits génétiques en commun que ses soeurs de race. Enfin...Etait-ce seulement vrai ? Il lui faudrait impérativement rencontrer l'une de ces soeurs afin de s'en assurer.

Le défaitisme qui suivit l'atteignit bien plus durement qu'elle ne s'y était attendue. Et, encore une fois, elle hésita. Ce n'était pas un être vivant qu'elle avait face à elle. Du moins, pas au sens strict du terme. Ses pouvoirs émotionnels fonctionneraient-ils seulement sur un tel organisme ? Un organisme que Mère Nature ne connaissait pas...

- Les rencontres font qui vous êtes. Qui vous rencontrez, et surtout ce que vous retirez de ces rencontres, vous forgent. Vous êtes la somme de vos expériences passées. Chérissez vos rencontres, qu'elles se soient bien ou mal passées. Toutes ont contribué à créer celle que vous êtes. Et je suis convaincue que c'est vrai même si vous n'êtes pas... Comme les autres humanoïdes. Je n'ai aucun contrôle sur vos émotions, mais elles existent. Et ce sont vos expériences qui les ont créées. Je n'ai pas l'arrogance de dire que je connais parfaitement les humains, mais je doute qu'ils soient capables de créer des émotions de toutes pièces. C'est bien trop complexe...

Puis elle lui affirma qu'elle l'appréciait. Halie sourit. Elle le savait déjà, mais c'était vrai que cela faisait toujours plaisir de se l'entendre dire à voix haute.

- Je dois bien admettre que votre peuple m'intrigue. Nous sommes à la fois si identiques et si différents... Vous êtes faits de métal, nous sommes faites de chlorophylle. Mais, d'une certaine manière, nous sommes tous bien vivants. Voyez-vous, vous êtes le deuxième de ces êtres que je rencontre, mais je n'ai pas l'impression de mieux vous comprendre. Est-ce que..

Elle hésita à nouveau. Puis se lança :

- Est-ce que vous accepteriez de me faire découvrir votre monde ?

Elle devait cependant parler de cet autre automate... Hum... Connaissait-elle son nom, d'abord ? Elle n'en était pas certaine... Alors, elle se contenta d'énoncer ce qui l'avait le plus marquée dans leur rencontre :

- Je me souviens de sa réaction quand je lui ai montré comment apprivoiser un animal sauvage. On aurait dit un enfant, plein de bonne volonté tout en étant conscient de sa capacité à faire fuir l'écureuil très facilement.... C'est ce souvenir que je trouve adorable. Oh tiens, vous voudriez essayer aussi ?

Fichue spontanéité. Elle n'avait pas réfléchi avant de faire sa proposition. Alors qu'elle venait de lui demander de l'emmener ailleurs... Décidemment, il n'était pas évident de savoir qui était la plus dissipée des deux.
Dim 20 Aoû - 17:34
Beaucoup de sagesse venant de la part d'un arbre sur patte, comme quoi. Mais avait-elle raison concernant les émotions ? Était-ce si dur que ça à reproduire ? L'on disait que ce n'était qu'une histoire de réactions chimiques et de glandes. Allez savoir pour les glandes, mais les simples effets de l'alcool et des différentes drogues démontrent sans finesse que la chimie influence bel et bien les émotions. Nous ne sommes que des ordinateurs fait de viande, peut efficace en plus de ça, prenant des décisions sous l'influence de petites molécules qui trainent par là. Ou sommes-nous plutôt des êtres semi-divins, dotés d'une âme et influencés par des millénaires d'histoire. Qui sait ?

  Pamyfja était faite de ce qu'elle avait vécue. Elle ne pouvait qu'accepter ce fait comme étant la vérité pure. C'était plutôt évident quand on y pensait.

  -Mais oui, volontiers ! J'ai en mémoire plus d'une dizaine de manuels d'instructions et je suis parfaitement apte à former n'importe qui pour qu'il ou elle devienne automaticien en deux petites semaines. Vous verrez, il n'y a rien de compliqué à cela.

  "Deux petites semaines" dans le cas où l'élève n'avait pas besoin de se reposer ou de se sustenter. Visez plutôt deux mois pour quelqu'un de déjà compétent dans le monde des sciences et deux ans pour un parfait profane. Il était encore difficile pour l'automate d'appréhender le fait que pour certaines personnes, les termes électricité et logiciel n'étaient qu'un charabia incompréhensible.

  Rapidement, Pamyfja fut distraite. C'était peut-être pour le mieux d'ailleurs.

  -Apprivoiser un animal ? Je ne savais même pas que c'était possible ! Tous ceux que je croisais finissaient par partir le plus vite possible dans une autre direction quand ils me voyaient. Je n'ai pas vraiment la possibilité d'être discrète…

  Des étoiles brillaient dans les yeux de la jeune femme. Elle allait presque se jeter sur la cornue et lui briser tous les os du corps avec un câlin.

  -Je vous en prie apprenez moi ! S'écria-t-elle, surexcitée.

  En récompense pour cela, l'hespéride pourrait très bien recevoir un demi-milliard de caractères crachés en l'espace d'un jour complet si elle avait le malheur de dire oui.


Dernière édition par Pamyfja le Mar 29 Aoû - 16:46, édité 1 fois
Dim 27 Aoû - 11:55
Euh... Elles ne s'étaient visiblement pas comprises. Des manuels d'instructions ? Automaticien ? Euuuuh.... Halie commençait à douter du fait que tout cela soit une bonne idée...

- Hum... Automati... Quelque chose, je ne suis pas sûre que ce soit une carrière qui me plairait. Je ne voulais pas devenir experte, juste vous comprendre. Je n'ai pas besoin de tout savoir à votre sujet. Juste assez pour savoir comment vous fonctionnez, à quel point vous êtes différente des humains... Ou de mes soeurs. Après quoi, une simple disucussion d'égale à égale devrait suffire à compléter mes connaissances. Je ne veux pas d'un cours.

Décidemment, cette journée semblait placée sous la signe du manque de concentration, car la conversation dériva encore. Halie rit devant son enthousiasme. Bien. À présent, il fallait trouver un animal...

- Attendez-moi là.

Et sans plus d'explications, elle disparut dans les branches, à la recherche de leur sujet d'expérience.

Quelques minutes plus tard, elle redescendit, avec mille précautions, portant dans ses bras un étourneau qu'elle caressait pour le calmer.

- Voyez. Je viens de l'apprivoiser. Il est toujours sauvage, mais m'accepte à ses côtés. Par contre... Ce n'est pas comme un écureuil. Un oiseau est beaucoup plus prudent. À la moindre erreur, il risque de s'envoler et nous ne le reverrons plus. Si vous voulez vous approcher, surtout, ne faites aucun geste brusque, et soyez attentive au moindre signe de méfiance de sa part.
Mar 29 Aoû - 17:52
L'automate s'apprêtait à faire du zèle et à perdre son public. Qui aurait pu croire que de parler de mécanique, d'électronique et de programmation à l'équivalent d'un arbre pensant allait l'ennuyer ? Certainement pas Pamyfja, mais elle comprit néanmoins d'où venait le problème. Il lui fallait quelque chose de court et de compréhensible même pour un néophyte qui n'avait pas la volonté d'apprendre mais bien de comprendre. Voilà qui était une manière amusante d'appréhender un sujet, mais pourquoi pas après tout ? En ce qui la concernait, la jeune femme avait toujours souhaité tout savoir avant de véritablement comprendre. Chaque chose, chaque concept, étaient profondément complexes et requéraient des connaissances quasi-abyssales pour pouvoir être pleinement appréhendés. Ce que souhaitait l'hespéride ne passait pas par la méthode scientifique, une chose avec laquelle l'automate manquait encore de familiarité.

Elle réfléchissait pendant que son amie allait dégoter un piaf d'un arbre pour devenir un sujet d'expérimentation. L'innocence de la situation effaçait ce fait assez facilement, mais le résultat était le même ; l'étourneau était un cobaye. Pamyfja qui aurait normalement dû voir cela était aveuglée par son propre enthousiasme.

-Ne vous en faites pas, je sais me déplacer très lentement s'il le faut !

Comme plus tôt, lorsqu'elle jouait l'arbre, son corps se déplaçait à une vitesse qu'elle et l'hespéride ne pouvaient observer. Les quelques mètres qui les séparaient devenaient des kilomètres interminables. Pour combler l'attente qu'elle avait généré, l'automate jugea bon de partager le petit exposé sur les automates qu'elle avait inventé.

-Vous vouliez que j'expose nos différences et nos similitudes et je pense avoir trouvé un bon moyen de vous démontrer cela avec des comparaisons. Par exemple, l'électricité qui parcours mon corps pour venir alimenter mes moteurs est l'équivalent du sang qui nourrit les muscles. Les fils de cuivre qui conduisent l'électricité sont mes veines. Mes processeurs sont mon intelligence et le cristal dans ma poitrine est mon esprit, ensembles ils forment un cerveau artificiel et… Je crois que l'oiseau me voit bouger, s'interrompit-elle avec presque de la peur dans la voix.

Peut-être n'était ce qu'une impression. Elle changea de direction pour essayer de déclencher une réaction chez l'oiseau. Immédiatement, le volatil tourna la tête comme pour suivre ses futurs mouvements qui se trouveront dans cette nouvelle direction dans… deux heures à peu près.

La panique s'installa chez Pamyfja.

-Je… Je ne peux pas être plus lente que ça. Qu'est-ce que je suis censée faire maintenant ? Il va forcément comprendre que je veux l'approcher !

Note de l'auteur : :
Ven 1 Sep - 21:16
Se déplacer très lentement... Cela ne suffirait certainement pas, mais c'était un début. Avec la lenteur, elle devrait ne pas avoir trop de soucis à ne pas surprendre l'oiseau. Enfin, quoi qu'il en soit, elles le sauraient très vite. Alors qu'elle s'approchait, Halie eut droit à un exposé sur les ressemblances entre automates et humains. Et elle-même connaissait les similitudes entre les humains et les hespérides. Elle pouvait donc traduire les informations ainsi reçues pour tenter de mieux comprendre comment le corps d'un automate fonctionnait. Maintenant, restaient les différences. Ainsi que le fonctionnement de l'esprit. Enfin... Elle devait bien admettre avoir du mal à comprendre le cerveau des humains, et parfois, elle avait du mal à comprendre leurs émotions. Alors pour comprendre le cerveau d'un automate... D'un autre côté, il y avait l'avantage qu'elle pouvait oublier les émotions, ces dernières étant absentes chez les automates. Ou plutôt, elles ne se manifestaient pas de la même manière que chez les humains et les animaux. Et son pouvoir ne semblait pas fonctionner dessus. Par conséquent, un automate était synonyme de paix pour elle, car aucune émotion intrusive ne venait s'immiscer en elle. Alors... Peut-être, finalement, pourrait-elle s'aventurer en ville accompagnée d'un ou plusieurs automates ? Ainsi, elle disposerait non seulement d'une protection physique de par leur corps bien plus résistant qu'un corps de chair, mais, surtout, ils pourraient peut-être lui offrir un bouclier psychique... Enfin, si tant était que leur absence d'émotions biologiques bloque celles des autres, ce qui était loin d'être un fait avéré...

- Et votre esprit, comment fonctionne-t-il ? Et hormis la composition de votre corps et vos émotions, est-ce qu'il y a d'autres différences entre vous et les humains ?

Elle ne demanderait une comparaison qu'avec les humains. Ensuite, elle traduirait pour elle-même. Toutes ces années passées à étudier les humains lui permettaient de les comprendre assez bien pour adapter les informations les concernant à sa propre espèce... Ce qui la fit d'ailleurs se questionner. Etait-elle encore hespéride ? Mentalement, elle pensait être plus proche de l'humaine sauvage... Même s'il était vrai qu'elle respectait toujours le cycle biologique propre à son espèce. Mais c'était probablement la seule caractéristique non humaine qu'elle conservait. Après tout, certains humains pouvaient s'adapter à un mode de vie comme le sien, ils n'étaient pas si différents, malgré ce que certains pensaient. Et puis, ajoutez à cela le fait qu'elle n'aie jamais rencontré ses soeurs... Elle finissait par douter de leur existence même...

Ses pensées furent interrompues par un mouvement de l'oiseau suivi par une réaction paniquée de l'étrangère. Ah, finalement, les automates pouvaient vraiment avoir des émotions. Elle eut un geste d'apaisement.

- C'est normal. Il est impossible de vouloir passer inaperçu, les animaux sauvages, et encore plus les oiseaux, ont des sens bien plus développés que les nôtres... Mais c'est normal : je peux vous assurer que moi-même, j'ai des sens plus développés que ceux des humains des villes. C'est indispensable lorsqu'on vit en milieu sauvage, dans lequel le danger peut se trouver n'importe où et nous tomber dessus n'importe quand. Nous devons être constamment extrêmement prudents et savoir tout ce qui se passe autour de nous, autant que possible. Tout ça pour dire qu'il saura que vous approchez avant que vous n'arriviez. Et à ce que je vois, vous êtes déjà repérée. Le but n'est pas de passer inaperçue mais de ne pas l'inquiéter. Pas de geste brusque, ne montrez aucune hostilité. De mon côté, je fais de mon mieux pour le calmer. Mais ça reste un animal sauvage, donc imprévisible. S'il veut partir, je n'ai pas le droit de le retenir. C'est mon colocataire, pas mon esclave.

Lorsqu'elle reposa son regard sur l'oiseau, il la regardait. Evidemment. Il avait remarqué qu'elle parlait. Pour autant, avait-il compris qu'elle parlait de lui ? Elle ne le saurait jamais. Par précaution, elle lui envoya une vague d'apaisement afin d'augmenter les chances de son apprentie de l'approcher sans qu'il ne s'enfuie. Puis elle lui expliqua :

- Je viens de lui insuffler des émotions apaisantes, pour lui éviter d'avoir trop peur. Si vous restez prévisible, cela devrait bien se passer. Je peux aussi recommencer si nécessaire, mais je préfèrerais le faire le moins possible, je n'aime pas forcer quiconque à quoi que ce soit... Sans compter que la fuite est un réflexe de survie qu'il doit conserver s'il veut vivre longtemps.
Jeu 7 Sep - 11:41
Y aller lentement n'était finalement qu'un moyen pour retarder l'inévitable, un syndrome de la peur pour ainsi dire. Peut-être souhaitait-elle réellement bien faire, mais le fait que cela n'était pas encore fait restait. L'oiseau l'observait avec intensité, toisant cette carcasse empestant l'huile et le cuivre qui emplissait la forêt de bruits certainement aussi étrangers que désagréables. Il était vrai que, en prenant en compte les nombreux paramètres qui étaient actuellement en jeu, personnalité de l'automate comprise, l'on pourrait croire qu'il serait impossible pour elle d'apprivoiser l'oiseau. Elle qui était un être parfaitement logique, croyez-le ou non, elle avait rejeté cette possibilité après ses premiers échecs. Mais si un autre l'avait fait, alors pourquoi pas elle ?

L'oiseau était un surhomme, voilà sa conclusion. Impossible à tromper ou à surprendre sans être un super prédateur capable de se camoufler dans l'environnement, ou quelque chose comme ça. Il savait et maintenant elle savait qu'il savait. Cela ne l'avançait en rien, si ce n'était qu'elle prenait conscience qu'elle devait se jeter à l'eau.

-Je vais essayer... Doucement... Sans hostilité...

Cette fois ci avec un peu plus de volonté et de vitesse, Pamyfja approcha lentement sa main métallique en direction du reptile volant. L'hespéride avait longuement parlé mais son conseil restait, "vas-y mollo". N'ayant que cette idée en tête, la jeune femme continuait de déplacer son bras en avant tout en s'assurant que le reste de son corps se trouvait le plus loin possible. Elle l'aurait certainement enlevé pour gagner un peu plus d'allonge si ça n'avait pas provoqué un boucan de cliquetis infernaux au milieu de cette végétation silencieuse. Il restait encore quelques centimètres. L'oiseau restait au courant de ce qu'il se passait, sans s'arrêter. Une conscience de son environnement quasi mystique... Pour un étourneau bien sûr.

-Je suis gentille je te le promets. On peut être amis si tu veux... S'il te plait ?

Dans un équilibre précaire, paume vers le ciel, les doigts de l'automate se trouvait juste devant la tête de l'animal. Elle n'osait pas le toucher, pour de nombreuses raisons, et elle resta bloquée là durant une dizaine de secondes particulièrement tendues. Ce fut l'oiseau qui s'impatienta en premier ; il sautilla une, deux fois en avant, leva sa petite tête en signe de... Défi peut être ? Puis abattit son bec sur l'index de métal qui lui était tendu.

*PEC*

Dans l'anticipation du moment, elle avait exacerbé son sens du touché pour mieux ressentir ce qui allait suivre. Toute son attention étant concentré sur ce coup de bec, cela ressemblait plus à un coup de marteau pour elle. Ne faisant pas immédiatement le lien dans son esprit robotique entre ses nouveaux paramètres sensoriels et la force décuplée de l'animal, Pamyfja ne put que sursauter et faire un bond en arrière, poussée par la surprise d'un événement qui ne faisait pas encore de sens pour elle. Ce mouvement brusque effraya évidemment l'oiseau qui s'envola et disparut au milieu des feuillages.

Elle était bloquée là, encore penchée en arrière alors qu'elle comprenait enfin ce qui venait de se passer. Un sourire apparut sur son visage.

-Il m'a touchée ! C'était pour dire bonjour, je crois... Il m'a vraiment touchée !

Elle sautillait sur place. Au moins l'exercice lui avait plu. Ce n'était qu'après un moment de joie pleinement exprimé qu'elle se reprit.

-C'était très amusant ! J'aimerais vous remercier en vous expliquant exactement comment fonctionne l'esprit d'un automate mais cela est malheureusement bien plus complexe que l'on pourrait le croire. Faire des comparaisons à l'esprit humain à ses limites je pense et je ne suis pas véritablement capable d'entrer dans les détails.

Un poil décevant peut-être comme réponse.

-Y a-t-il un point en particulier qui vous intrigue ? Beaucoup de choses constituent une intelligence, qu'elle soit artificielle ou non. Je risquerais d'être trop vague sans une question précise.