Light
Dark
Bas/Haut

Flash back en 1898 ou comment tenter de mettre dans sa poche un ministre ?

Flash back en 1898 ou comment tenter de mettre dans sa poche un ministre ?  Brandw10
Dim 19 Mar - 19:24
Flash back en 1898 ou comment tenter de mettre dans sa poche un ministre ?


Les doigts de Lian massaient ses temples. Accoudé à son bureau, les rideaux tirés, il réfléchissait. Devant lui se trouvait une lettre à l’élégante calligraphie, marqué par un sceau plus qu’officiel : celui du roi. Soudain, les mains de Lian se crispèrent. Il saisit le papier, froissant la lettre qu’on lui avait apportée.

Ekiel Reyes Zadicus avait été nommé ministre des Affaires étrangères.

Ça n’allait pas. Pas du tout. Lian avait pourtant soutenu la candidature de Wang Jun, un homme d’apparence respectable, mesuré, compétent et surtout, qui partageait ses valeurs. Il aurait été parfait à ce rôle, mais non. Le Roi Dynaste avait préféré honorer son vieil ami Zadicus en nommant son protégé comme ministre. La réputation du nouvel élu le précédait d’ailleurs et cela n’était pas pour plaire à Lian, qui avait entendu bien des rumeurs dernièrement sur cet homme à la peau d’ébène. On le disait d’une droiture exemplaire, magnanime et généreux, incorruptible. On disait que son apparence séductrice était d’une efficacité remarquable envers la gent féminine et que celui-ci ne se gênait pas pour en profiter. Il n’en demeurait pas moins un homme dangereux, qui possédait de nombreux amis et qui aimait mettre son nez là où il n’avait pas affaire.

Il valait mieux l’avoir de son côté, surtout qu’ils auraient forcément à travailler ensemble, le commerce et les affaires étrangères étant des disciplines particulièrement liées.



Les années étaient passées et Ekiel était devenu une figure incontournable de Xandrie et sa réputation n'était plus à faire. Sa popularité grandissante l'avait poussé quelques mois plus tôt à postuler au poste de Ministre des Affaires Etrangères. Il savait de source sûre que deux autres personnes s'étaient proposées.
Après avoir glané quelques renseignements, le Strigoi avait tôt fait de savoir qui seraient ses adversaires. Chacun des postulants étaient qualifiés pour ce poste, cela se jouerait à peu de chose. Le soutien d'un tiers ou une inimitié.

Il avait travaillé trop dur durant toutes ces années pour échouer maintenant, si près du but. Tout à cette constatation, de vieux démons ressurgirent, lui susurrant à l'oreille qu'il était temps d'agir et de faire disparaître les importuns. Il tentait de se convaincre que cela n'était pas la meilleure chose à faire, mais la perspective de se voir ravir le poste, le fit changer d'avis. Il allait donc agir comme il avait agi jadis avec ses parents, mais bien plus habillement afin de ne pas éveiller les soupçons. C'est ainsi que les deux adversaires d'Ekiel Reyes Zadicus vinrent à disparaître mystérieusement sans que ce dernier soit inquiété pour autant. Il avait tout mis en œuvre pour que le jour des disparitions, il ait des témoins affirmant avoir été en sa compagnie au cours d'un banquet ou d'une réception que lui-même avait donnée.

Ce jour-là, Ekiel Reyes s'était rendu sur la tombe de son père adoptif afin d'y déposer des fleurs. Il restait quelques minutes à se recueillir et s'apprêtait à sortir du cimetière lorsqu'il remarquait un messager en livrée royale. Ce dernier lui remettait une missive marquée du sceau du Roi et partait aussitôt. Ekiel tournait et retournait le pli entre des mains durant quelques secondes avant d'en faire sauter le sceau. Il parcourait la missive et à sa lecture un mince sourire de satisfaction apparaissait sur son visage. Il était convié à se rendre au palais au plus vite afin d'y prendre ses fonctions de Ministre des Affaires Etrangères. Il avait donc réussi.

Une fois les formalités accomplies, Ekiel rentrait chez lui pour savourer sa victoire. A peine venait-il d'en franchir le seuil qu'on venait frapper à sa porte, lui remettant une lettre. Il s'étonnait.
Qui diable pouvait bien le solliciter sitôt élu Ministre ? La réponse ne tardait pas à venir. Lian Wu le conviait ce même jour, à un dîner dans un des établissements les plus sélects de la capitale. Il l'avait rencontré une ou deux fois par le passé, mais n'avait jamais vraiment l'occasion de converser avec lui. Maintenant qu'ils se trouvaient d'égal à égal, cela changeait la donne. Nul doute que Lian Wu voudrait entretenir des liens étroits avec Ekiel, vu que leurs postes respectifs étaient liés.
Il restait à savoir si les deux hommes allaient s'entendre. Ca le Strigoi le saurait dans quelques heures.

Lorsqu'il entrait dans le restaurant "Le Royal", il arborait une tenue raffinée et élégante, crée par un des tailleurs les plus en vogue de Xandrie. Etre un de ces clients étaient un privilège. Et ce privilège, Ekiel l'avait acquis quelques années auparavant.
Il portait une queue-de-pie noire en brocart argenté et un pantalon noir. Le tout coordonné avec un gilet croisé, un ascot de satin blanc, une chemise blanche, et des chaussures assorties qui mettaient sa silhouette élancée en valeur. Rien n'avait été laissé au hasard. À présent, il se devait d'honorer ses fonctions. Une fois annoncé, il était conduit dans un salon privé ou Lian Wu l'attendait.

Codage par Libella sur Graphiorum
Lun 27 Mar - 23:57

FLASHBACK EN 1898
OU COMMENT TENTER DE METTRE DANS SA POCHE UN MINISTRE

Ft. Ekiel Reyes Zadicus


Un beau restaurant, un habit à la hauteur, une coiffure parfaitement lissée, Lian n’avait rien laissé au hasard. Il se tenait là, attendant son invité devant une table admirablement dressée, dans la meilleure salle du meilleur restaurant de Xandrie. Impossible d’y entrer sans invitation, à moins de faire partie du club sélect de ses membres. Un endroit réputé pour sa discrétion, un restaurant dans lequel chaque serveur était trié sur le volet pour leur discrétion, leur intégrité et bien sûr, leur compétence.

C’est qu’il fallait être prudent, Lian le savait. Ne devenait pas ministre n’importe qui, et si Reyes Zadicus avait obtenu ce poste, ce n’était pas sans effort. Il avait appris la mort de Wang Jun, soupçonnait le nouveau nommé d’y être pour quelque chose. Après tout, on dit que l’autre prétendant au poste aurait également trouvé la mort dans d’étranges circonstances... Pourtant, les enquêtes du Guet n’avaient rien donné et Ekiel avait un alibi en béton, bien entendu. Il aurait été bien sur idiot de se salir lui-même les mains...
Si ces théories étaient vraies, nul doute que Lian n’en saurait jamais rien. Cela ne l’empêchait toutefois pas de ressentir une certaine fébrilité à cette idée. Il n’avait rien à faire de Wang et de la famille qu’il laissait sans le sou. Non, c’était le manque de scrupule de celui qu’on appelait « L’incorruptible » qui l’émoustillait. Quel plaisir de voir un homme prêt à tout pour le pouvoir !

Lian portait un sombre hanfu traditionnel paré de rouge, couleur impériale. Brodé de motifs dorés, affichant des représentations de dragons, il avait mis un soin particulier à ce que ses habits représentent son rang : ministre du Commerce, certes, mais aussi, et surtout membre de la famille royale. Son œil presque aveugle était camouflé par un monocle au verre sombre qui ne laissait pas passer la lumière. Quelques bijoux, choisis avec soin, décoraient ses doigts alors que d’autres ornements retenaient ses cheveux en une coiffure des plus classiques.
Il attendait son invité, un verre à la main, n’ayant pas résisté longtemps à se détendre avec un peu d’alcool qu’on lui avait servi sans même lui poser de questions, le personnel connaissant bien les habitudes du ministre.  

Lorsque son invité entra dans la pièce, escorté par l’une des serveuses, Lian se souvint rapidement de lui. Il n’avait jusqu’alors pas fait le lien entre cet homme à la peau sombre qu’il avait quelques fois croisé dans les soirées mondaines et le nom d’Ekiel Reyes Zadicus. Il l’observa donc en détail alors qu’il traversait la pièce pour le rejoindre à la table, tentant de raccrocher les vagues souvenirs qu’il avait de lui avec la personne qu’il voyait aujourd’hui.  
Il portait un costume au goût du jour, visiblement originaire d’un tailleur xandrien que le ministre connaissait bien, l’un des meilleurs en ville. Légèrement tape-à-l’œil, ses vêtements s’accordaient magnifiquement à sa stature. Si sa peau rappelait celle des aramilans, tout en lui respirait la suffisance de celui qui connait son importance. Son regard clair tranchait avec son apparence sombre, ajoutant du charme à cette apparence soignée.

Malgré ses recherches, Lian avait eu bien du mal à connaitre les origines de l’homme, comme si personne en ce monde n’avait pu le voir grandir. Il était vrai qu’il existait en Xandrie une multitude de créatures, ainsi peut-être Ekiel n’était pas humain. Quelque chose en lui, cette démarche légère peut-être, ou l’acuité particulière de son regard, renforça cette impression. Cependant, les indices étaient trop légers pour que Lian arrive à une conclusion satisfaisante.  
Il se leva pour l’accueillir, chassant les questionnements qui persistaient dans son esprit. Il lui sourit, accueillant, son visage exprimant une joie non feinte.  

– Monsieur Reyes Zadicus, fit Lian en s’inclinant brièvement, fidèle à la tradition. C’est un plaisir de vous rencontrer officiellement.

Il lui désigna la chaise qui lui faisait face puis reprit place sur son propre siège.  

– Souhaitez-vous boire quelque chose ? Servez ce qui plaira à monsieur, je vous prie, demanda l’habitué à la jeune serveuse.

Une fois la commande prise, celle-ci s’éclipsa rapidement et Lian adressa à son nouveau confrère un sourire qui se voulait sympathique. Elle revint rapidement avec la boisson du nouveau ministre et s’éclipsa discrètement.

– Je souhaitais vous féliciter en personne pour votre nomination, expliqua Lian. Nous aurons à travailler en étroite collaboration, il me tardait de faire votre connaissance.  

Rien ne pouvait être plus vrai et même si le xandrien se gardait de faire preuve d’indiscrétion, son œil unique posait sur l’autre homme un regard d’une curiosité non feinte.

– J’ai bien peur de ne pas avoir pu apprendre beaucoup de chose sur vous, même si votre réputation vous précède, avoua Lian avec un sourire entendu. Vous étiez le protégé de Vladimir Zadicus, n’est-ce pas ? Un homme respectable.
Dim 2 Avr - 12:10
Flash back en 1898 ou comment tenter de mettre dans sa poche un ministre ?


Ekiel s'attendait à être reçu avec égard par son confrère, mais il restait sur ses gardes. Lian Wu était le neveu du Roi et même si le Strigoi entretenait de bonnes relations avec le Roi et que ce dernier lui faisait confiance, il ne fallait pas oublier une chose importante. Toute personne était remplaçable au sein du pouvoir. Et il ne s'était pas donné autant de mal pour retourner dans la foule des anonymes. Quoique depuis le temps, il lui serait impossible de l'être. Il était trop connu en Xandrie.

Éliminer ses adversaires avait été chose aisée, mais connaissant la royauté depuis des années, il savait qu'il fallait s'en méfier et plus encore quand cela touchait un proche du Roi. Toutes à ses pensées, Ekiel Reyes cheminait jusqu'au salon privé qui avait mis à leur disposition sur les ordres de Lian. Il remerciait d'un signe de tête la personne qui l'avait mené jusque-là et pénétrait dans le lieu. Comme il s'y attendait, rien n'avait été lancé au hasard. Une table magnifiquement dressée, une décoration soignée et bien sûr, le tout à l'abri des oreilles et des regards indiscrets.
Celui qu'on appelait « L'œil du dragon » se tenait là dans une tenue rouge qui contrastait avec celle que le Strigoi portait. Si l'une était traditionnelle, l'autre était davantage dans l'air du temps. Le ministre du Commerce semblait détendu, un verre à la main. A ces doigts des bijoux, un peu trop tape-à-l’œil au goût d'Ekiel, un monocle et une coiffure fort classique. Tous deux n'avaient rien en commun côté vestimentaire, c'était une évidence. Il restait à savoir s'ils allaient se trouver des atomes crochus ou bien le contraire.

Ekiel savait parfaitement à qui il avait affaire. Lian Wu, né en 1861, fils de la sœur du roi et de Zhào Cheng , ministre du Commerce alors en place. Il ressemblait beaucoup à sa mère grâce à sa chevelure noire et raide et il possédait le même teint clair. On le savait sérieux et exigeant et très appliqué. D'ailleurs d'après ce que Strigoi avait pu apprendre de lui, plus jeune, Lian avait été excellé dans ses études et avait obtenu les meilleurs résultats qu'il soit. L'excellence, un point qui les caractérisait tous deux.
Lors de sa nomination au poste de ministre de commerce, la plupart avaient applaudi sa dévotion envers son père malade, sa gentillesse et le fait qu'il s'inquiétait de la populace. On le disait bon et prévenant. Cela semblait trop beau pour être vrai. Tout un chacun possédait une face obscure et peu avouable et ça Ekiel était bien placé pour le savoir. Personne en ce monde ne pouvait être si parfait en toute chose. Il y avait anguille sous roche à n'en pas douter.

Tout comme Ekiel Reyes avait rapidement observé Lian , ce dernier faisait de même, avant de s'avancer vers lui et de le saluer courtoisement, souriant, une expression de joie sur le visage.
C'était déjà ça, le sourire n'était pas forcé, un bon point. Ekiel ne comptait plus le nombre de sourires hypocrites et les regards hostiles dont il avait écopé à cause de sa peau sombre et du fait qu'il avait été adopté par Zadicus.

"Messire Wu, tout le plaisir est réciproque. J'ose espérer ne pas vous avoir fait trop attendre. Il y a eu quelques heurts en ville qui m'ont un peu retardé."  

Ekiel suite à l'invitation faite par Lian prenait donc place sur le siège désigné. Un verre ? pourquoi pas. Ekiel demandait alors à ce qu'on lui apporte un verre de brandy. Une fois servit et enfin seuls, Lian reprenait le cours de la discussion, félicitant Ekiel pour sa nomination.

"C'est fort aimable à vous, je vous en remercie. Il est vrai que votre poste et le mien sont intimement liés et que nous serons amenés à travailler de concert." 

Très vite, peut-être un peu trop vite même, Lian avouait ne pas avoir appris grand-chose sur Ekiel si ce n'est que sa réputation n'était plus à faire. Cela attirait un mince sourire sur les lèvres du Strigoi.

"Je suis un homme discret. Je n'aime pas mélanger ma vie privée et ma vie professionnelle. Je ne suis pas du genre à m'afficher à tout bout de champs dans divers salons ou fêtes mondaines. J'ai une certaine étique que beaucoup ne comprenne pas."

Il marquait une légère pose afin de déguster une rasade de Brandy et poursuivait.

"Vladimir Zadicus était plus que respectable. Il était intègre, cultivé et aimé de tous. Je suis fier d'être son fils et d'être arrivé où j'en suis grâce à lui et à son enseignement. Il m'a apporté beaucoup et je ne lui en serais jamais assez reconnaissant. "

On sentait dans la voix du Strigoi, une réelle affection pour cet homme aujourd'hui disparu.

"Si je puis me permettre, j'avoue avoir été surpris par votre invitation si soudaine. Une raison particulière à cela en plus de votre curiosité à mon encontre ?"  

Voici que le ton était donné, bien que l'ambiance restait détendue du côté des deux hommes.

Codage par Libella sur Graphiorum
Jeu 4 Mai - 12:00

FLASHBACK EN 1898
OU COMMENT TENTER DE METTRE DANS SA POCHE UN MINISTRE

Ft. Ekiel Reyes Zadicus


Quel genre de heurt avait bien pu retarder le nouveau ministre ? Lian ne pouvait imaginer que quoi que ce soit fut suffisamment important pour justifier d’arriver en retard à la suite d’une invitation rédigée de sa propre main. Il oublia toutefois rapidement l’incident pour se concentrer sur ce qu’il pouvait apprendre d’Ekiel. Le ministre l’écouta avec attention se livrer sur lui-même. Le peu d’information qu’il laissait filtrer était frustrant, mais aussi rassurant.  

– Messire Reyes, je comprends parfaitement votre position. La discrétion est une qualité appréciable dans notre métier.  

Zadicus avait visiblement laissé une forte empreinte sur l’âme d’Ekiel. Celui-ci parlait de son ancien maître avec énormément de respect et listait ses qualités avec ferveur. Entre les lignes, Lian comprit que c’était grâce à lui qu’Ekiel se retrouvait aujourd’hui à ce poste.
Ils furent interrompus par plusieurs serveurs qui virent déposer une multitude de plats luxueux sur leur table. On remplit de nouveau leur verre, leur proposa les différents plats disponibles pour remplir leur assiette, puis on les laissa de nouveau seuls. Par tradition plus que par croyance, Lian remercia les Esprits pour le repas, puis entrepris de goûter les différents plats, tous choisis avec un soin tout particulier. Les meilleurs plats traditionnels de Xandrie côtoyaient de surprenants plats exotiques, tous merveilleusement cuisinés. Après avoir savouré avec extase un morceau de brochette particulièrement délicieux, Lian reprit la discussion là où ils l’avaient laissé.

– Pardonnez-moi si cette invitation précipitée vous a offensé. Comme vous l’avez si bien dit, nos fonctions nous amèneront à travailler de concert. Il me semblait important d’apprendre à vous connaître dès que possible.  

Le monde politique était un monde de requin. Plus rapidement il pourrait acquérir la confiance du nouveau venu, plus grande serait son ascendance sur les autres ministres. Cependant, il avait eu l’impression de le heurter avec l’approche directe qu’il avait adoptée. Ainsi, durant les premiers moments du repas, il fit la conversation de manière légère, lui posant des questions banales sur ses préférences alimentaires ou ses passe-temps favoris. Lui-même avoua son penchant pour les jeux d’argent, un vice bien répandu de la noblesse xandrienne.

– Peut-être voudriez-vous vous joindre à nous pour notre prochaine partie ? Nous nous réunissons habituellement deux fois par mois. Messire Hecctor Dumesnon nous a proposé de nous faire goûter un grand brandy qui vous plaira certainement, dit-il, ayant noté l’expertise de son compère lors de sa dernière commande.

La conversation se poursuivit tout aussi légèrement pendant de longues minutes avant qu’un silence sans gêne s’installe. Les deux hommes se régalèrent encore un peu avant que Lian reprenne la parole sur un ton plus grave.  

– Je suis heureux d’avoir l’occasion d’apprendre à mieux vous connaître, messire Reyes Zadicus. Je crains toutefois d’avoir des sujets plutôt urgents à aborder avec vous.  

Il posa les mains sur la table et recula légèrement son siège avant de se pencher avec gravité vers le nouveau ministre.

– Comme vous le savez certainement, malgré mes efforts pour redresser la situation économique de Xandrie, celle-ci ne s’améliore pas et la confiance en nous, ministres, s’effrite de plus en plus. Pardonnez-moi pour cette question indiscrète, mais qu’est-ce qui vous a poussé à devenir ministre dans de telles conditions ?
Mer 10 Mai - 19:30
Flash back en 1898 ou comment tenter de mettre dans sa poche un ministre ?  



Ekiel observait Liam tout en conversant avec lui et chose étrange, il ressentait comme un, je ne sais quoi de dérangeant. Quelque chose sonnait faux. Mais quoi, il était bien incapable de le dire pour le moment. Son instinct lui commandait de rester prudent dans ses propos et de ne pas trop en dire sur lui  sur ses projets.

" Effectivement Messire Wu, la discrétion dans les fonctions que nous occupons est primordiale. Je n'aime guère les personnes volatiles qui ont la langue trop bien pendue. Cela n'apporte que des ennuis sur le long terme. Mon défunt père était un homme discret, respecter de tous et j'espère suivre ses traces."

On sentait un réel respect envers l'homme qui l'avait élevé et qui grâce à qui il en était là aujourd'hui. S'en venait les serviteurs qui amenaient victuailles en tous genres , toutes plus succulentes les unes que les autres. Des mets raffinés qui avaient été choisis avec soin afin d'épater Ekiel. Le Strigoi picorait plus qu'il ne mangeait, la nourriture n'étant pas sa tasse de thé. Depuis toujours, il avait appris à composer avec et à noyer le poisson quant à sa vraie nature. Lorsque Lian s'excusait de cette invitation précipitée, Ekiel eut un geste de main entendu.

" Il n'y a nulle offense, je puis vous assurer, juste de la surprise. Je ne m'attendais pas à vous rencontrer, sitôt nommé à ce poste. Nos confrères semblent moins empressés de me rencontrer. "

Un léger rire avant de poursuivre.

"  J'ai comme la sensation d'être une écharde dans leur pied. Une personne dont ils se seraient bien passés. Après , excusez-moi du peu, ils devront faire avec, puisque c'est le roi lui-même qui m'a nommé à cette fonction prestigieuse. J'imagine que vous avez été tout aussi surpris que les autres par ma nomination ? Et comme vous le soulignez si bien, il est important d'apprendre à se connaître afin de sortir Xandrie de la situation délicate dans laquelle, elle se trouve. "

Ekiel portait son verre de vin à ses lèvres et en avalait une gorgée avant de le reposer sur la table. Puis, il picorait dans son assiette quelques mets exotiques qui trouvaient grâce à ses yeux. Le dîner se déroulait tranquillement, les deux participants échangeant des banalités des plus communes. Et puis voici que soudainement la discussion devint plus sérieuse, Lian affirmant avoir des sujets urgents à débattre avec Ekiel. Il levait un sourcil. Était-ce vraiment le lieu et l'heure adéquat pour cela ?

Ekiel se calait au dossier de sa chaise, une main sur la table et l'autre sur sa cuisse. Il écoutait attentivement les propos de Lian et sentait la question piège venir.

" Vous voulez dire malgré les efforts conjugués des ministres en poste. Pour ce qui est de la situation de Xandrie, elle est catastrophique. Il est plus que temps de réagir. Il va falloir trouver des solutions rapidement avant que le peuple n'ait plus confiance et ne se révolte. Une rébellion ne serait pas salutaire par les temps qui courent.
Pour ce qui est de la raison qui m'a poussé à postuler pour ce poste, elle est très simple.  Il me tient à cœur de voir Xandrie devenir une grande faction qui ne serait plus sous la coupe de tierces personnes qui ont la main mise sur les ressources. Il est grand temps de donner un coup de pied dans la fourmilière et de changer tout ça, afin que Xandrie et ses habitants puissent avoir un meilleur avenir."


Voilà qui était dit. A présent, Lian Wu savait parfaitement à quoi s'en tenir. Ekiel sentait comme une certaine tension qui venait de naitre et pour détendre un peu l'atmosphère, il répondait à l'offre de Lian concernant les jeux et une éventuelle partie en devenir.

" Je crains hélas de vous décevoir, mais je ne suis pas porté sur les jeux d'argents. Par contre, goûter à un bon brandy ne serait pas pour me déplaire. J'affectionne les bonnes bouteilles et je me plais à me confectionner une cave digne de ce nom. Je suis ce que l'on appelle un collectionneur. Chacun ses petits penchants, dirons-nous." 


Codage par Libella sur Graphiorum
Sam 20 Mai - 16:35

FLASHBACK EN 1898
OU COMMENT TENTER DE METTRE DANS SA POCHE UN MINISTRE

Ft. Ekiel Reyes Zadicus


"Vous connaissez donc bien les difficultés qui vous attendent", commenta Lian en hochant la tête. "Bien entendu, votre nomination est une surprise", dit-il honnêtement. "Je défendais moi-même la candidature de feu Wang Jun - paix à son âme. Ainsi vont les joutes politiques, n'est-ce pas ? Je suis certain que le roi – que les Esprits le bénissent - a fait un choix judicieux en vous choisissant. Quant aux autres ministres... Eh bien, malgré tout le respect que je leur dois, mes collègues ne semblent avoir que peu de considération pour l'économie xandrienne", expliqua hypocritement le ministre. "J'espérais que vous seriez différent... et il semble que vous l'êtes", sourit-il.

"La dépendance de Xandrie envers les grandes entreprises opalines est certes un problème. Cependant, c'est grâce à cela que nous avons pu commencer à moderniser la ville. Ces éclairages de rue sont une véritable bénédiction, après tout, n'êtes-vous pas d'accord ? Nous ne sommes malheureusement pas en mesure de défier Opale. Ils disposent de beaucoup plus de moyens que nous et bénéficient d'une alliance avec Epistopoli. De plus, les coffres de la royauté ne sont pas suffisamment garnis pour espérer racheter Rimegard et les autres possessions des familles opalines. Sans doute comprenez-vous la précarité de la situation.

Oh, il ne faut pas accorder plus de crédit à ces agitateurs qu'ils n'en méritent", dit-il à propos de la révolution. "Ils parlent fort, mais agissent peu. Bien que les citoyens soient mécontents de la situation générale, beaucoup ne soutiennent pas le mouvement de la jeune Van Aerssen, que ce soit au niveau des idées ou des actes", dit-il avec légèreté, sirotant son verre. "De plus, le Guet veille, et cette jeune bâtarde le sait bien. Ce n'est pas pour rien que Xandrie est considérée comme la plus sûre des cités. Tant que le mouvement demeure pacifique, nous n'avons aucune raison de nous en soucier."
Lun 29 Mai - 9:24
Flash back en 1898 ou comment tenter de mettre dans sa poche un ministre ?



Ekiel ne savait pas encore ou voulait en venir Lian, mais plus la conversation avançait et plus il commençait à cerner le comment du pourquoi de cette invitation.

" Je connais amplement les difficultés qui m'attendent pour en avoir étudié les différents aspects. Je baigne dans la politique Xandrienne depuis quelques années à présent et on peut presque dire que je maîtrise le sujet plutôt bien. Sans quoi je ne saurai pas parvenu, à ce poste. Alors certes, il y avait d'autres candidats pour ses fonctions, mais si sa Majesté à daigner me choisir c'est sans doute parce qu'elle a sut déceler en moi un potentiel non négligeable et je lui en suis reconnaissant."  

Lorsque Lian mentionnait le nom de Wang Jun, Ekiel restait imperturbable.

" J'ai appris sa disparition ce jour, mais j'ignorais qu'il n'était plus de ce monde. Je pensais qu'il avait quitté la ville."

Le Strigoi jouait à merveille la comédie, après tout voilà des années qu'il bernait tout un chacun concernant sa vraie nature. La remarque sur les autres ministres ne l'étonnait guère, vu comment ils géraient les affaires de Xandrie.

" Pour ce qui est de mes estimés confrères en devenir, je soupçonne que la plupart d'entre eux soient sous la coupe d'Opale et reçoivent des pots de vins. Si tel est le cas, je mettrais tout en œuvre pour dévoiler leurs magouilles au grand jour et les faire tomber en disgrâce. Je ne supporte pas les personnes qui s'engraissent sur le dos d'autrui et encore moins quand il s'agit de personnes hautes placées.  Selon ma vision des choses, des personne ayant un ou des postes si importants doivent se montrer irréprochables et montrer l'exemple. Il ne faut pas oublier que nous oeuvrons avant toute chose pour Xandrie et son peuple et pas pour notre intérêt personnel."  

Voilà qui était dit. Les coffres de la royauté étaient vides, vraiment. Que cela ne tienne il y avait toujours des solutions pour y remédier.

" Les coffres sont vides parce que des gens peu scrupuleux doivent piocher devant. Sans compter qu'Opale nous saigne à blanc en pratiquant des prix exorbitant. Il serait temps penser à d'autres ouvertures politiques. J'aborderai tôt ou tard le sujet lors d'une prochaine séance du conseil et je crains que cela ne fasse grincer quelques dents.  Pour en revenir à la révolution, je ne sous-estimerait leur mouvement, mieux vaut se méfier de l'eau qui dort car lorsqu'elle vient à gronder il est parfois trop tard pour réagir."

Ekiel marquait une léger pause sirotant son verre de vin.

" Elsbeth Van Aerssen est peut-être une bâtarde comme vous dites, mais elle n'en demeure pas moins la fille du Roi et votre cousine. Le sang royal coule dans ses veines et cela est à prendre en compte.  Pour ma part, je ne porterai pas de jugement sur sa personne, ne la connaissant pas. Je sais simplement une chose, je resterai sur mes gardes concernant les agissements de ce mouvement. On ne sait jamais de quoi ils peuvent être capables. Comme me le répétait mon père, , méfies toi d'un animal calme, acculé on ne sait jamais de quoi il peut être capable."


Codage par Libella sur Graphiorum
Jeu 8 Juin - 0:35

FLASHBACK EN 1898
OU COMMENT TENTER DE METTRE DANS SA POCHE UN MINISTRE

Ft. Ekiel Reyes Zadicus


– Vous vous méprenez, mon cher collègue, fit le ministre en jouant avec sa fourchette d'un air faussement décontracté. Nos coffres ne sont pas vides, rassurez-vous. Ils ne sont simplement rien en comparaison de ceux des grandes familles opalines. Le niveau de vie est bien différent, là-bas. Oh, il est vrai que vous êtes ministre des Affaires étrangères : je suis certain que vous connaissez bien les relations qui nous lient aux autres factions.

Il n'en était pas à son premier verre et l'arrogance cachée sous ses bonnes manières commençait à suinter, comme s'il l'avait trop retenue. Bien entendu, il était le premier visé par les allégations d'Ekiel, bien que celui-ci ne le sût pas encore. Pourtant, Lian n'était pas réellement inquiet. La figure de proue de toutes ces allégations, c'était le ministre de la Justice. Et Aegias d'Oman ne serait pas facile à écarter, lui qui était à l'origine de ces traités qui profitaient tant à ce cher Lian. Il était un véritable temple de secrets et d'intelligence, un homme - même s'il n'en était pas vraiment un – qui possédait, plus que n'importe quel ministre, l'entière confiance de la dynastie. Bien qu'il ne l'aurait avoué pour rien au monde, Lian rêvait de voir ce supposé "Incorruptible" se frotter au golem. Il était certain qu'il échouerait.

Il affichait un sourire satisfait qu'il ne pouvait pas tout à fait retenir et qui, heureusement, pouvait passer pour une approbation des dernières paroles de l'autre ministre. En fait, cela l'amusait beaucoup d'imaginer le chaos que créerait la proposition lors de la prochaine réunion des ministres. Oui, inviter Ekiel Reyes Zadicus à dîner était définitivement une très bonne idée. Maintenant, il savait à quoi s'en tenir. Du moins, le croyait-il, car soudain, le nom d'Elsbeth fut prononcé. Instantanément, le visage du porte-brume se crispa.

– Elle n'a aucune légitimité ! s'emporta-t-il soudainement dans un éclat inapproprié. Le roi ne l'a jamais reconnue comme sa fille ! Vous savez combien il en a semé, de ces bâtards ? Pourquoi celle-ci serait différente ? Une femme, qui plus est ! Elle n'a même pas grandi ici ! Comment peut-elle prétendre savoir ce qui est bon pour Xandrie ?

Sans doute son emportement en disait bien plus encore que les mots qu'il prononçait. Car ce n'était pas un secret : si on excluait ces enfants illégitimes, c'était lui, le prochain sur la liste pour obtenir le trône de Huan Qin Long.

– Pardonnez-moi, souffla-t-il alors d’un air éberlué, lui-même troublé par cet emportement soudain.

Il avait l’impression de ne plus être lui-même. Par les douzes, que lui arrivait-il ? D'une traite, il vida son verre, puis servit un sourire forcé à son collègue.

– Veuillez m'excuser, dit-il avec un aplomb déguisé. Nous nous verrons à nouveau à la Pagode lors du prochain conseil. Il semble qu'il soit temps pour moi de me retirer.

Il quitta la pièce sans un regard, laissant son collègue seul, sans plus de cérémonie.

Dans son œil, l'ombre d'une âme qui se corrompt.