Mer 4 Mai 2022 - 22:35
Contexte
Le commencement de toute chose
...alors une lueur éclatante jaillit d'entre les ténèbres et perça la Malice, qui en son cœur dévoila une terre riche et nue. À ce moment, l'espoir renaquit, là comme en chacun ; on le nomma Uhr. Et les Premiers Hommes y prospérèrent, sous la gouverne des dieux.
- « La Cabale » de Bellatoine
Jadis, ce monde était peuplé d'entités immortelles, des incarnations de la nature appelées « Esprits ». Dotés de pouvoirs dépassant l'imagination, ceux-là louaient le Soleil et la Lune, prenant seulement ce que la vie leur offrait. Des règles simples régissaient leur société, basée sur la confiance, le partage et l'altruisme.
Un jour, toutefois, un de ces êtres décida d'aller à l'encontre des lois et utilisa ses pouvoirs à des fins personnelles. De ses expériences, naquit une monstruosité : la Malice, une essence en opposition avec les principes de l'existence, dont la seule ambition était de répandre la mort et la désolation. Alors, une guerre aux proportions ineffables déchira le monde et, au prix de nombreuses vies, la Malice fût scellée dans la Brume. Folle de rage, celle-ci submergea les terres et les mers, repoussa les survivants dans leurs derniers retranchements, tenta de noyer leur ultime refuge... sans jamais y parvenir. Car Uhr était une terre bénie et lorsque la Malice tentait d'y pénétrer, elle se fractionnait et devenait insignifiante.
Ainsi, la menace désormais scellée, les Esprits s'en détournèrent et, pour éviter un nouveau désastre, mirent au monde une progéniture dénuée de pouvoirs, mais suffisamment ingénieuse pour inventer des outils, travailler la terre et bâtir des cités. Reconnaissants envers leurs créateurs, les Premiers Hommes les déifièrent autour d'une religion destinée à tous les louer dans la paix et dans l'harmonie.
Au fil des siècles, toutefois, les Esprits cessèrent de se mélanger aux hommes et la religion, appelée « panthéisme », perdit de son emprise. Cela permit notamment à une nouvelle doctrine d'émerger : la science. Grâce à elle, les phénomènes que l'Église préférait ignorer trouvèrent une explication et les interprétations religieuses furent progressivement contredites. Cela provoqua évidemment de nombreux tollés et conflits, le plus sanglant étant la révolution qui mit un terme au règne pontifical de la ville de Sancta, aujourd'hui connue sous le nom d'Epistopoli.
Déstabilisés par la perte de l'un de leurs grands temples, les panthéistes perdirent pied et le monde entier commença à questionner les dogmes religieux ainsi que certains aspects de l'Histoire. Naturellement, les interdits religieux furent les premiers à être bafoués ; avec eux, l'interdiction de franchir la Brume, antre de la Malice et ennemi du divin. Si quelques hommes avaient jadis bravé les dogmes en s'y rendant, peu en étaient revenus et rarement inchangés.
Enrichie par l'essor de la science, la haute cité d'Opale décida à son tour de s'émanciper de la croyance et finança la création d'un institut de recherches en occulte, le Magistère, dont le but secret était alors d'étudier la Brume, de la documenter et d'expérimenter pour mieux la domestiquer.
Notre objectif n'est pas de parvenir à égaler leurs pouvoirs. Non, cela va bien plus loin que cela. Car contrairement aux dieux, la science n'a pas pour limites la foi, mais l'étendue observable de notre univers. Et chaque jour, nous ne cessons de repousser ses frontières. D'ailleurs, si déjà nous créons de nouvelles formes de vie, que sommes-nous sinon des dieux ?
- « Du progrès technique » d'Anastov Eizurki
On ignore quel fut le déclencheur du drame. Toujours est-il qu'il y a trente années de cela, Dainsbourg sombra, engloutie par la Brume, ne laissant derrière elle qu'une inquiétude dévorante. Sous le choc, Uhr tout entier manifesta ses doutes, son incompréhension, avant de chercher à trouver un responsable.
Les plus religieux blâmèrent les hommes de s'être détourné du divin, considérèrent que la proximité avec la Malice était derrière tout cela. D'autres pensèrent qu'il s'agissait d'un comportement que l'on aurait pu prévoir si l'on ne s'était pas aussi longtemps reposé sur les textes religieux, plutôt que d'essayer de comprendre le phénomène de façon scientifique.
Voyant la situation s’envenimer, les chefs d’État se réunirent et décidèrent de conclure une Alliance pour œuvrer dans un bien commun. Le temps de mener l'enquête, tous s'accordèrent sur la nécessité de percer les secrets de la Brume et de grands moyens furent mis en œuvre pour l'explorer. Rapidement, on découvrit de nombreuses ruines, des témoignages de civilisations oubliées que les religieux affirmèrent être celles des dieux, et donc qu'y pénétrer en armes était un sacrilège.
Seulement, l'héritage des Esprits n'avait pas réponse à tout et notamment à ce qui avait provoqué la fin de la Sainte Cité. Avec le temps, l'effervescence des découvertes finit par occulter la menace d'un nouveau drame, de plus en plus diaphane. Au bout de plusieurs décennies, celle-ci finit par disparaître et les questions qui étaient jadis sur toutes les lèvres sombrèrent dans l'oubli... Aujourd'hui, ceux qui ont connu le drame cherchent à préserver la mémoire des disparus.
Mais la nouvelle génération n'a pas connu l'horreur ; elle a été bercée par la frénésie de l'exploration. Car le monde ne s'est pas arrêté : il a su tirer profit de cette nouvelle dynamique. Aujourd'hui, des centaines d'hommes explorent les ruines sous la Mer de Brume, non plus pour y trouver la vérité, mais essentiellement pour y dénicher de précieux artefacts. Et on y retrouve désormais moins d'aventuriers que de dangereux maraudeurs œuvrant pour leur propre intérêt. Et plus généralement pour celui de leurs clients.
Si jadis on pensait l'Alliance comme une initiative prometteuse, aujourd'hui elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Désertée, désuète, elle peine à rassembler et est souvent tournée en dérision pour son inaction. Petit à petit, les dirigeants des Hautes Cités ont fini par s'en détourner pour organiser leurs propres recherches. Pourtant, son utilité pourrait bien être prouvée à nouveau, depuis qu'une rumeur folle se propage, et ce, malgré les tentatives de certains gouvernements pour la faire taire. D'aucuns prétendent qu'une secte secrète longtemps opposée à l'Église, le Treizième Cercle, serait même à l'origine de ce mauvais augure.
Un sombre présage d'une nouvelle catastrophe, contrebalancé par la venue d'un homme, parfois mentionné comme un dieu, qui pourrait sauver le monde. Celui que l'on appelle le « Mandebrume ».