Ven 13 Jan - 2:48
You should save your eyes
a thousand voices howling in my head
Feat l'oracle d'ombrelune
So you feel entitled to a sense of control
And make decisions that you think are your own
you are a stranger here, why have you come ?
And make decisions that you think are your own
you are a stranger here, why have you come ?
Ses lèvres étaient si sèches. Son corps entier semblait lui peser si lourd, il avait la sensation d’avoir été transformé en pierre. Oui… Un fossile, posé au fond de la mer il y a des milliers d’années. Recouvert par les strates et le poids de l’océan. Balayé encore et encore par les remous, un ressac violent qui l’aura érodé. Immobile. Apaisé. Guerlain aurait pu mourir comme ça et en un sens, il aurait certainement préféré. Un autre golem oublié, comme ces statues de divinités silencieuses qui semblent recroquevillées sur leurs corps immenses et figés. Ils se protégeaient eux-mêmes à présent et non les autres.
Il ne manquerait à personne.
Mais ça, c’était sans compter la petite flamme qui l’habitait, celle qui vivait en lui depuis sa plus tendre enfance, qui ne s’était jamais éteinte. Il l’avait cru et pourtant, il avait suffit de souffler un peu dessus.
Lève toi, homme.
La voix paraissait étouffée et pourtant, si claire. Imperceptiblement, ses doigts venaient de se crisper sur l’herbe.
Tu veux vivre ? Lève toi. Marche. Lève toi. Marche. Lève toi. MARCHE.
Guerlain prit une large inspiration. Il eut soudainement conscience du poids de son corps étalé contre la terre, de ses vêtements trempés de rosée. De la douleur engourdie et sourde dans sa jambe droite. Du noir. Il était toujours aveugle. Les liens de ses mains dans son dos le brûlaient, ses bras étaient dans un angle désagréable. Il gémit de douleur en posant son front contre la tendresse du sol, ramenant ses genoux sous son torse pour se redresser. Les sensations affluaient comme des vagues sur la falaise, sa carcasse ramenée à la surface semblait reprendre vie.
-Tu es là ?
Appela-t-il, sa gorge était sèche, sa voix rauque mais l’étrange présence semblait se taire. Il considéra que c’était son imagination qui lui jouait des tours. Il y a quelques instants, il se serait cru mort, mais une étrange énergie affluait dans ses membres. Il s'efforça de se lever titubant dans l’inconnu. Pourquoi son corps était-il si lourd…? Soufflant, sifflant entre ses dents serrées, il avança avec prudence. L’air était poisseux, tellement humide qu’il était difficile de respirer correctement. Il n’avait aucune idée d’où il était et il avait du mal à recoller les morceaux sur ce qu’il s’était passé ces dernières heures.
Dépouillé et jeté dans la nature c’était une chose, mais cette voix ? L’avait-il réellement inventé ? C’était très étrange quand il y songeait, elle était… Entrée EN lui ? Un frisson de dégoût le secoua mais il devait éviter de régurgiter ses dernières ressources. Guerlain avançait avec un peu plus d’assurance à chaque minute, se fiant aux bruits, aux odeurs.
Attention
-QUE-
Le jeune homme rentra brutalement dans un arbre, tombant à la renverse en gémissant de douleur. Il s’était cogné la tête et ce qu’il supposa être des épines lui tombèrent en pluie dans les cheveux. Il se secoua, agacé.
-Hé !
Pas de réponse.
-Je vire fou… Mais si c’était moi comment aurais-tu pu savoir… Tu voudrais pas m’aider un peu non ?!
pas de réponse. Quoique c’était, ça se jouait de lui. Furieux, il se releva en donnant un coup de pied dans le tronc, s’appuyant dessus en gémissant. A quoi bon ? Il était complètement perdu, désorienté, mains et yeux inutiles ? Comment pouvait-il espérer s’en sortir dans la BRUME. la BRUME. La vraie, pas celle décrite dans les ouvrages qu’il aimait tant. Guerlain renifla bruyamment et s’apprêta à repartir malgré tout. Il trouverait un moyen, d’arracher ces stupides liens.
Arrête.
-AH ! T’veux pas arrêter d’me parler en monosyllabe espèce de-
SILENCE.
Guerlain ferma la bouche. Un frisson désagréable lui hérissa l’échine et il écouta. Des étranges cris résonnaient dans le lointain, mais un bruit, plus proche, inconnu lui perçait les tympans. Il entrouvrit les lèvres
Ne parle. Pas. IL te traque, depuis plusieurs heures.
Le brun sentit ses bras trembler et il pinça les lèvres. Mais qui ? Après plusieurs minutes de silence, des bruits de pas. Guerlain se plaqua contre le tronc, désirant de se faire le plus petit et discret possible. Mais ils se rapprochaient. Ils tournèrent quelques instants, en cercle autour de lui, à la manière d’un animal. Au bout d’un moment, ils semblèrent changer en teneur, en consistance, en… poids ? La chose se rapprocha de lui, il savait que même s’il fuyait, il ne pourrait pas aller bien loin. Retenant sa respiration, une onde glacée le parcouru alors que des doigts se posaient sur sa poitrine. Des… Doigts ? Ils remontèrent lentement jusqu’à son visage, glissant sur son menton, puis sa joue comme sur une surface morte, la main tira le bandeau. Guerlain était bloqué. Ses yeux, éblouis, mirent un temps à s’habituer à la luminosité. Mais là. A quelques centimètres à peine de son visage.
C’était lui.
Son propre visage.
C’était son visage.
L’archiviste se retint de hurler. Comment était-ce possible ? Avait-il perdu l’esprit ? Ses prunelles noires détaillèrent cette face si familière. C’était ses vêtements, son corps, tout était parfaitement identique. Après quelques instants ou les deux Guerlain se jaugèrent, l’original songea qu’il en avait assez et il respira. L’autre souleva lui aussi ses épaules, les relâchant dans un faux mouvement d’inspiration. Guerlain se décala et la créature l’imita, tout. dou.ce.ment.
Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait que s’il bougeait trop brusquement, essayait de fuir, l’autre n’hésiterait pas une seule seconde. C’était surréaliste. Un mot lui vint à l’esprit, une vieille histoire pour enfant. Il murmura
-Miroitant.
Son double eut un étrange sourire. Guerlain se détacha de l’arbre et commença à avancer sans le quitter des yeux. Une nouvelle fois, l’entité l’imita à la perfection. C’était étrange de se voir, de se contempler. Mais Guerlain avait plus la sensation de voir la mort que lui-même. Et maintenant…?
Le brun détacha un instant les yeux du simulacre pour voir où il était, évaluer la situation. Et c’était la milliseconde de trop.
L’autre se jeta sur lui, sa vitesse l’empêcha de faire le moindre mouvement. Sa main, d’une puissance écrasante, entoura son cou et serra. Guerlain ouvrit des yeux affolé, poussant un cri étranglé. Il tenta de le renverser, les deux roulèrent dans l’herbe et la bête sourit. Encore. Et encore. Et encore. Sa bouche s’était étirée des deux côtés de son visage, jusque sous ses yeux. L’archiviste se débattit de toutes ses forces avant de planter ses dents dans son bras. Etrangement, cela eut plus d’effet qu’il ne l’aurait cru et l’immondice le lâcha en poussant un cri abominable. Guerlain se releva mais l’autre était trop rapide. Ses doigts s’étaient étirés en maigres pointes qui vinrent lacérer son visage. Il se jeta au sol, rampant dans une tentative d’échapper à son emprise. Son hurlement se coupa dans sa gorge alors qu’elle se jetait de nouveau sur lui en poussant un sifflement suraigu, écrasant son poing dans son dos. Dans ses yeux noirs, étirés comme deux sphères exorbitées, une haine sans limite.
Guerlain était persuadé qu’elle lui avait brisé tous les os du corps, mais cela faisait moins mal que ce qu’il pensait… Depuis quand était-il devenu si résistant ? Les coups qu’il prenait, le forcèrent à se tortiller au sol, haletant dans un état de semi-conscience. Cette fois-ci… C’était certain. Il avait eu au moins le mérite d’essayer. Simplement, tant de désirs inachevés, il espérait vraiment… Ne pas…Devenir.. Un spectre. Son œil valide commença à partir vers les ombres de la forêt. Les arbres si sombres semblaient se rapprocher, se pencher sur lui. Et la lueur bleue… Qui grossissait.
Look at the sun and once I hear them clearly, say
Who, who are you really ?
Who, who are you really ?
notes
Dernière édition par Guerlain Hydris le Ven 13 Jan - 20:35, édité 1 fois