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Entre ressemblances et différences [Naetish]

Entre ressemblances et différences [Naetish] - Page 2 Brandw10
Dim 15 Jan - 18:12
Des créatures avaient-elles été changées comme cela lui était décrit ? Elle réfléchit. Pas chez elle, dans tous les cas. Mais dans le reste de la forêt... Rien n'était moins sûr. Après tout, si sa forêt avait une telle réputation, cela ne devait pas venir de nulle part, si ?

- Je... Je ne voudrais pas m'avancer, mais, personnellement, je n'en ai pas vu. Cependant... Je ne peux pas exclure cette possibilité. Il se passe ici tant de choses dont même moi, je n'ai pas conscience...

Ses yeux se perdirent dans le vague pendant un moment. Comment réagissait-elle si, un jour, elle en venait à se trouver face à une telle créature ? Pourrait-elle la laisser dans cet état, sans rien tenter pour l'aider, afin de se sauver elle-même ? Ou tenterait-elle tout ce qui serait en son pouvoir pour l'aider, au mépris de sa propre sécurité ? Elle n'en savait rien. Pour avoir une réponse à ces questions, il lui faudrait rencontrer une telle créature... Et elle n'était pas certaine d'en avoir envie.

Le murmure qui suivit la sortit de ses réflexions. Elle sentait une telle amertume en l'étrangère... C'était le genre de choses face auxquelles elle ne pouvait simplement pas rester de marbre. Alors, néanmoins hésitante quant à la réaction que son geste pourrait provoquer, elle s'approcha, puis, doucement, l'entoura de ses bras, tentant de lui communiquer un peu de force mentale. Puis, murmurant elle aussi, elle déclara :

- Je suis désolée. Je ne voulais pas vous blesser. Mon but est plutôt l'inverse... Gardez cette personne telle que vous l'avez toujours appréciée dans votre coeur. Quoi qu'elle devienne, souvenez-vous-en telle que vous voulez vous en souvenir. Faites vivre cette image à travers vous. Ainsi, qu'elle puisse être soignée ou non, vous la verrez toujours positivement.

Elle ne savait absolument pas si cette stratégie marcherait. Mais elle se disait qu'en tant que guérisseuse, il était également de son devoir de tenter de soulager les blessures mentales. Alors, c'est ce à quoi elle s'évertuait, même si elle se savait en manque cruel d'expérience dans ce domaine. Elle ne faisait que lui conseiller ce qui lui semblait le mieux dans sa situation.

À la question qui suivit, elle hocha la tête, puis, rétablissant les distances, expliqua :

- Cet individu était calme, c'était un bon sujet d'entraînement. Je vous ai encouragée à tenter votre chance, car je savais que, même en cas d'échec, vous ne courriez pas de danger.

Ce n'était pas complètement vrai. Même les animaux les plus calmes pouvaient choisir de se battre plutôt que de fuir s'ils percevaient quelqu'un comme une menace. Mais elle avait choisi de leur faire confiance à tous les deux... Et visiblement, elle avait eu raison.

- Avec un être plus nerveux, vous n'auriez probablement pas eu cette chance. Mais peu importe. Tant que je suis avec vous, je vous le promets, vous serez en sécurité.

D'ailleurs, il serait peut-être temps de reprendre la route, si elles voulaient arriver à destination avant la tombée de la nuit ? Doucement, elle fit quelque pas dans la direction indiquée, attendant de voir si la visiteuse se décidait à la suivre, ou si elle préférait obtenir plus de conseils et d'informations avant cela.
Lun 16 Jan - 18:12
Une étreinte inattendue l’avait accueillie. Un instant figée. Que l'Hespéride, la distante Halie, prenne occasion d'une fêlure, qu'une évocation échappée avait laissée béante, pour un contact ne pouvait que la surprendre. Un battement, un bref recul dans l'herbe, avant de céder au réconfort. Dans un murmure accompagnateur dont elle apprécia le sentiment, sans pour autant pouvoir être en accord. Ne serait-ce pas se complaire dans le mensonge que d’immortaliser la malheureuse aventurière en pieuse alors qu'elle avait été corrompue ? Néanmoins, Naetish hocha doucement la tête. Sa morosité était-elle passée à la mélancolie sans s'en rendre compte ? Elle n'était pas si prompte aux soucis habituellement. Le voyage lui coûtait peut-être bien plus qu'elle ne l'avait estimé.

Lorsque la solitaire se retira, l'ondine avait retrouvé son sourire affable. Jamais elle n'avait voulu montrer une autre facette d'elle. Une si infime que peu la connaissait. Était-ce ce lieu qui l'y avait poussé ? Un bref, et pourtant si lourd de sentiment, « Merci » filtra les lèvres pâles. Puis se mua en un doux et tout petit rire, un bref pouffement, reconnaissant de la considération de la gardienne qui lui promettait sécurité.

- Tant que tu es avec moi ? Ta conviction en viendrait presque à me convaincre de t'emporter avec nous…
Loin dans au Nord, là où la menait sa mission. Sous la Brume. Bien sûr qu'il y aurait des dangers, en un bref passage lors du trajet, un avait déjà surgit. Et la navigation avait été si tendue tout du long. Comme si les marins se demandaient si cette fois également, ils allaient atteindre l'autre côté. Cette crainte, bien qu'elle tentait de la minimiser s'était peu à peu insinuée en elle.
Qu'allaient-ils trouver à Dainsbourg ?

Sur le moment, elle restait légèrement contrariée par le rejet du coin de forêt, mais ce serait à charge de revanche ! Naetish se releva, avant de pousser un soupire.

- Une bien mauvaise idée, n'est-ce pas ? Tu es sans doute mieux dans la forêt, à la protéger et à guider les voyageurs… Enfin… je vais devoir partir… Mais, vu ta vitesse, tu devrais avoir le temps d'aller chercher ce pot de bois pour le miel avant de me raccompagner jusqu'à la rivière.

Si les deux propositions tenaient toujours, bien évidement. Mais il était sûr que la tritonne n'avait pas oublié son cadeau. Comment aurait-elle pu ?  Si du miel avait déjà été importé à Aramila, elle n'en avait jamais goûté et la découverte lui restait sur la langue. À quelle algue le lier ? Comment l'adapter ? Et puis surtout, c'était un témoignage de leur rencontre, elle ne pouvait décemment pas le laisser. En attendant son retour, elle observerait la vie alentours. Une dernière fois.
Lun 16 Jan - 18:52
Ce fut ténu, peut-être même prononcé à contre-coeur, mais Halie avait perçu ce remerciement, et la sincérité qui l'accompagnait. Ainsi, le contact physique pouvait apaiser les peines ? Au moins, elle aurait appris quelque chose, cette journée n'aurait pas été inutile.

Soudain, elle fut tirée de ses pensées par une perspective. L'accompagner ? Où ça, exactement ? La forestière ne savait pas encore que bientôt, elle ferait une rencontre qui changerait son point de vue sur les voyages. Mais pour le moment... Elle était en proie à un conflit interne. Certes, elle voulait voir le monde, découvrir d'autres paysages, peut-être de merveilleux artistes, mais quitter son domaine... Cette perspective ne l'enchantait pas tellement.

Elle préférait largement aller chercher l'objet qu'elle avait presque oublié avoir promis.

- C'est vrai ! Attendez ici, avant que j'oublie encore. ça ne devrait pas prendre plus qu'une demi-heure.

Ayant retrouvé son enthousiasme, elle se saisit de la branche la plus proche, et, après s'être hissée dessus, elle entama le voyage, ne prenant pas le temps d'apprécier les environs. S'il arrivait quoi que ce soit à la tritonne en son absence, elle le savait, elle ne se le pardonnerait jamais. Par conséquent, elle arriva chez elle plus tôt que prévu. Sans prendre le temps de faire la moindre pause, elle s'introduisit dans le tronc de l'arbre qui lui servait de logement, et ce fut à ce moment qu'elle ralentit enfin le rythme. En effet, elle prit soin de choisir le récipient le plus approprié à l'usage auquel elle le destinait.

Une fois l'objet sélectionné, elle choisit un couvercle d'une taille correspondante, puis grimpa au sommet de son arbre, utilisant ses branches comme point de départ pour la même course que peu de temps auparavant, mais en sens inverse.

Lorsqu'elle rejoignit enfin sa protégée, essoufflée mais les yeux brillants d'excitation, elle lui tendit le résultat de son choix. Une fois certaine que l'étrangère l'avait bien en main, elle s'autorisa à le lâcher pour se saisir du récipient de verre contenant la précieuse denrée.

- Je peux vous demander de le tenir ? Comme ça, je fais couler le miel directement, ce sera plus simple.

Et elle pourrait lécher ce qui se déverserai sur le bord extérieur du récipient qu'elle garderait, une fois le transfert effectué. Et elle ne se gêna pas, une fois qu'elles se furent mises d'accord sur la quantité que la créature marine ramènerait avec elle. L'espace d'un instant, son visage s'assombrit lorsqu'elle se fit la réflexion qu'il allait falloir retourner affronter les abeilles... Enfin. Ce n'était pas le moment de s'en inquiéter. Une fois le marché effectué et sa gourmandise satisfaite, elle se reprit :

- Bon ! En route ! Le Soleil ne va pas nous attendre !

Puis elle prit la direction nécessaire pour atteindre la rive, en empruntant le trajet le plus direct. Après tout, elles étaient restées sur place plus longtemps que prévu, il fallait absolument rattraper le temps perdu.
Mer 18 Jan - 11:13
Une seconde fois laissée seule. Mais cette fois-ci elle ne douterait pas du retour d'Halie. Assise dans un coin, de nouveau au pied d'un arbre, elle écrivait quelques mots, qui n'avaient que peu à y faire, dans son journal de traduction. Une première entrée qui pourrait bien plus ouvrir un futur journal de voyage.
Le temps qui s'écoulait suffit à finir de la dessécher. Puisse aucune bête sauvage être attirée par l'odeur de poisson qu'elle dégageait. Mais tout se passa bien. Si ce n'est les regrets de ne pas avoir demandé l'étang le plus proche pour une baignade. Mais elle n'allait pas tarder à rejoindre l'eau douce, le saumâtre de l'embouchure et d'enfin retourner à la mer. Même si tout le sel de l'océan ne valait pas celui d'Etyr, mine de rien, et sans vouloir précipiter son départ, elle avait hâte de se submerger.

Lorsque sa gardienne par intérim revint, le crépuscule n'était plus loin. Elles allaient devoir se presser. L'ondine savait qu'elle n’échapperait pas à une remontrance de sa sœur, restée à quai. Quoi qu'elle eu choisit de faire de sa permission, elle n'y aurait de toute façon pas coupé. Un soupire lâché, des étirements sommaires, un liquide sucré transvasé et elles étaient prêtes pour leurs derniers pas ensemble.

Si le pot de bois n'était pas suffisamment étanche, elle risquait de perdre un peu trop de miel sur le trajet. Alors, en anticipation, elle en prenait régulièrement un doigt de plus.

Et puis, un peu avant la lisière des bois, alors que le couvert se faisaient de moins en moins feuillu, le son cristallin de l'eau vint tinter à leurs oreilles. Il n'en fallut pas plus. S'élançant, en une petite foulée bien maladroite, manquant de peu de trébucher contre une racine vicieuse, la tritonne dépassa le dernier arbre, témoin des frontières du domaine de l'Hespéride.

- Halie !! Par ici !

Voici qu'elle en inversait les rôles. Il était vrai qu'habituellement c'était elle qui guidait les étrangers dans les rues d'Aramila, contre quelques anecdotes de voyage.
En aval d'une courte pente, serpentait un bras de rivière que l'on savait poissonneux rien qu'en y posant les yeux.

- Tu viens te baigner ?

Le courant l'appelait. Naetish s'agitait dans un entre-deux, céder et aller y plonger ou attendre la forestière qu'elle avait distancé.
D'ici elle pourrait rejoindre le navire rapidement. En quelques coups de palmes, elle serait déjà loin. Il y avait donc bien encore quelques temps possible pour apprécier la rencontre avec sa première Hespéride. En croiserait-elle même jamais d'autres ? Elle n'était pas bien plus avancée sur sa nature. Surtout si ce qu'elle avait lu n'était pas avéré. Mille questions déchaînaient son esprit, mais elle devait les réserver pour une autre fois… sinon elle allait finir par devoir briquer le pont à la place des mousses !
Mer 18 Jan - 11:42
L'étant elle-même, Halie savait reconnaître une gourmande. Néanmoins, elle se fit un devoir de mettre sa compagne en garde :

- Faites quand même attention ! Si vous ne connaissez pas ça par chez vous, garde-en un peu. Vous n'ave personne à qui vous voudrie le faire découvrir ?

Mais rapidement, l'attention des deux femmes fut détournée par un clapotis agréable même aux oreilles de la fille des bois, dont l'eau n'était clairement pas l'élément. Elle resta au niveau des derniers arbres lorsque sa protégée se précipita vers l'étendue liquide. Bon. Il semblait que le moment soit venu de faire demi-tour. Heureusement, d'ailleurs : même si elle connaissait parfaitement son coin de forêt, elle n'était pas une créature nocturne. Autrement dit, une fois la nuit tombée, sa mauvaise vision augmenterait malgré tout ses chances de se perdre. D'un autre côté, la perspective de dormir dans les branches d'un arbres n'étant pas le sien ne l'effrayait pas, non... Simplement, pendant plus d'un siècle, elle avait largement eu le temps de prendre des habitudes, qu'elle rechignait à changer. Alors, après un mouvement de la main en guise d'au revoir, elle tourna les talons. Du moins, c'était ce qu'elle avait prévu de faire, avant d'être appelée à s'approcher de l'eau. Décidemment, la tritonne ne semblait pas avoir oublié sa volonté de lui faire découvrir son propre territoire...

Néanmoins, gardant ses réticences pour elle, elle s'approcha, beaucoup moins sûre d'elle à présent qu'elle se trouvait en terrain découvert. Ce n'était qu'à présent qu'elle comprenait combien le couvert des arbres la rassurait. Ici, même si elle n'était pas loin de la forêt, elle se sentait vulnérable, mise à nu. N'importe quel prédateur volant pouvait la voir, à présent. Et cette eau... Alors qu'elle s'en approchait, elle s'accroupit sur la rive, scrutant les profondeurs. Qui savait ce qui se cachait là-desous ? Y avait-il des prédateurs, ici aussi ? Elle posa ses prunelles incertaines sur celle qu'elle avait appris à plus ou moins connaître. Et, au lieu d'apporter une réponse claire, elle choisit une question :

- Ce n'est pas... Dangereux, pour les étrangers ?

Cela lui semblait faire écho aux craintes énoncées plus tôt par la fille des mers, au coeur d'un territoire qui n'était pas le sien... Ainsi, c'était ainsi que l'on se sentait, dans un environnement dans lequel aucun de nos repères habituels n'existait ? Décidemment, cette journée serait riche en découvertes. Pour toutes les deux.
Jeu 19 Jan - 1:36
Oh, sur le chemin, elle l'avait faite la liste de tous ceux qui pourrait apprécier goûter au miel… N'y en avait-il pas trop pour la contenance du pot ? Mais le commentaire avait tout de même suspendu sa gourmandise. Keladron, quand tu nous tiens. Un bien maigre sacrifice. Mais qui lui coûtait tout de même en retenue. Dissipée bien vite par le son  de la rivière. Et une étrange question qui l’enchaînait.

- Dangereux ? Je n'ai rien rencontré de particulier en remontant le cours de l'eau…

N'étant pas de la région, elle ne pouvait l'assurer. Peut-être y avait-il une menace cachée. Mais, dans les rivières, rien ne devait être assez féroce pour échapper à son kriss. Même les grands crabes les plus territoriaux ne posaient problème à sa lame qui venait s’infiltrer dans un interstice de leurs carapaces. Sous l'eau son adresse était toute différente.
La question n'était pas aux seules menaces… elle était bien plus simple : même à deux pas de chez elle, juste au sortir de la forêt, Halie n'était pas familière ? Et ces pas, craintifs, qu'elle adoptait à présent qu'elle ne marchait plus sur le tapis de brindille… Ils ne pouvaient que lui rappeler ses premiers pas à la surface. Dans la crainte de chuter, dans ces sens étranges de l'air qui sifflait aux oreilles, sur ce sol ocre, avec ses fragments drus qui venaient se coller à la plante des pieds ; Tout un monde d’étrangeté. Avant que ne vienne la fascination. Oui, pour l'Hespéride, les bois devaient être son Adriane. Son berceau. Le confort tendre qui la gardait pure. Brute. Sauvage en un sens. Et si d'un seul pas à l’extérieur elle se trouvait accompagnée… alors qui sait ce qu'elle allait devenir.
Il apparaissait alors évident que les rôles ne s'étaient pas inversés pour le seul but de guider. L'ondine se devait de protéger la forestière près du domaine aquatique tout comme cette dernière avait assuré le faire plus tôt. Là aussi s'exprimait Nagidir, dans une harmonie complémentaire des races et des individus.

De nouveau Naetish s’approcha de la solitaire. De nouveau elle tendit la main. De nouveau ce sourire engageant. De nouveau ces mots : « Le choix est tient ! », par lesquels elle invitait.
Pourquoi ne la laissait-elle pas venir d'elle même ? Pourquoi ce besoin de l'encourager ?
Ses yeux d'or plongés dans l'argenté des iris de son vis-à-vis. La dévote ne la délaisserait pas au milieu de l'Inconnue.
À question simple, réponse ardue.

- La rivière n'est pas loin. En quelques bonds tu serais de retour dans les fourrés. Et je suis là ! Tu verras que ce n'est pas bien différent que les étangs… Juste un peu plus dégagé.

Saisissant délicatement la jeune femme par le bras, l'ondine l’entraîna à sa suite. Sous le soleil qui courait vers le crépusculaire et ses teintes ocres. Vers les berges du cours d'eau. Vers les galets polis inlassablement par le fil de l'écoulement. Luisants, radiants hors de la pénombre des sous-bois.

- Il n'y a rien de bien terrible, tu vois ?

Elle la lâcha, tout aussi paisiblement. La tritonne n'allait pas la tirer jusque l'eau. Posant son petit pot de bois collant, elle laissait là Halie, juste au bord de l'eau et plongea, gardant sa tunique d'algue brune de toute façon pensée pour.
Disparut sous le courant. En éclat d'écaille déformé par la surface. Se plaçant en miroir face à la silhouette cornue qui s'étalait sur l'écume. Une main sortie. Palmée. Mais la même invitation. L'Hespéride allait-elle se mouiller ?
Jeu 19 Jan - 11:31
Ainsi, elle se faisait des idées en imaginant des dangers ? Hum... Néanmoins, elle n'était clairement pas aussi à l'aise que, prenons un exemple au hasard, dans les arbres. Pourtant, habituellement, elle sautait de branche en branche, se jouant du vide, néanmoins consciente qu'à chaque saut, elle risquait de se rompre le cou si elle ratait son atterrissage. Et ici... L'eau ne pouvait pas la trahir ainsi, n'est-ce pas ? Et puis, même si elle n'était pas une experte, elle savait nager... Ou du moins, se maintenir à la surface.

L'ondine finit visiblement par s'impatienter, en l'invitant de manière un peu plus insistance à s'approcher de l'étendue liquide. Après une nouvelle hésitation, elle décida de se saisir de la main tendue. Elle se laissa apaiser par le son de sa voix, n'écoutant pas vraiment les mots, dont le sens lui importait peu, finalement. Les gestes et actions avaient de toutes façons toujours été plus importants pour elle que le lanage, dont elle savait ne pas maîtriser toutes les subtilités.

Néanmoins, elle appréciait le paysage... Jusqu'à ce qu'une douleur la ramène brusquement à la réalité. Une type de pierre inconnu blessait son pied nu. Pourtant, elle avait déjà marché sur des roches aux arêtes bien plus tranchantes. Pourquoi donc se sentait-elle blessée par ces cailloux polis par la marée ? S'arrêtant un instant, elle s'accroupit pour observer son pied douloureux... Qui ne présentait aucun signe de blessure. Alors... Etait-ce simplement le fait d'entrer en contact avec l'inconnu qui lui faisait cet effet ? Décidemment, parfois, elle ne se comprenait pas elle-même. Avec un soupir exaspéré, elle se releva, prononçant quelques mots pour rassurer sa compagne :

- Excusez-moi. Mon corps me fait des farces.

Lorsque l'ondine disparut, visiblement dans son élément, Halie resta sur la berge, observant l'étendue liquide, qui l'attirait autant qu'elle l'effrayait. Elle hésita pendant plusieurs longues minutes, puis finit par décider de se jeter à l'eau... Littéralement. Evidemment, avant cela, après s'être assurée que l'étrangère ne regardait pas, elle retira et plia soigneusement ses vêtements. Hors de question de les mouiller pour tomber malade ensuite. Puis, elle se hâta de rejoindre le royaume liquide, se concentrant sur les mouvements destinés à se maintenir à la surface. Hors de question qu'elle suive sa nouvelle amie sous la surface. Elle était une créature qui avait besoin de respirer. De respirer de l'air. De l'air présent uniquement au-dessus de la surface.
Jeu 19 Jan - 23:16
Sa partenaire de baignade semblait avoir besoin de temps pour se préparer à affronter le faible courant. Sortant un œil de temps à autre, elle s'assurait qu'Halie n'avait pas choisi de renoncer. L'ondine allait et venait, perturbant quelques poissons de caresses passantes lors de virage serré sur la maigre largeur qu'elle avait. Mais au milieu d'un fouillis d'écailles voici qu'elle en apercevait un, rougeaud, bien moins fugace que ses pairs. Hagard qu'il semblait être, elle l'approcha, curieuse. Et, alors, qu'il touchait le fond, les nageoires bougeant à peine, elle vit une pince étroite se faufiler hors du lit de pierre. Et chtac… le destin en était fait. Sous l'eau aussi il pouvait être cruel. Il en allait ainsi… Mais ce n'était pas ce qui retint son attention. La forme de l'appendice cuirassé… si éffilé, pour permettre d'attaquer en restant caché… N'était-ce pas un Barjatc ? Et de belle taille apparemment… Alors ici également il y en avait ? Et ici également leurs épines dorsales perçaient contre les parois et jusqu'à la surface afin d’empoissonner des créatures venues s’abreuver et qui auraient le malheur de défaillir dans l'eau ? Emportées par le courant, se noyant probablement, si les pinces saillantes ne les saisissaient pas en passant ! Avertie, elle s'éloigna de l'endroit.

Mais…
La forestière ne s'était-elle pas plainte justement d'une sensation étrange alors qu'elle marchait sur les galets qui bordaient la berge ? Et si l'un de ses crustacés Et si elle était frappée de paralysie, même légère, dans l'eau ? Oh, bien sûr que la nageuse palmée aurait tôt fait de la hisser hors de l'eau… mais elle n'allait pas l'abandonner juste après, toute affaiblie que sa protégée serait, pour retourner vers le rafiot d'expédition. Non… il fallait agir vite ! Mais le temps de faire ces constats qu'elle voyait enfin une ombre lui passer au-dessus de la tête. Une ombre à l'équivoque certaine. Cornue, nimbée des filins de soie de sa chevelure diffractée. L'ombre d'Halie.

Alors, Naetish émergea ! Et d'une voix précipitée s’enquit :
- Ça va ? Tu n'as pas de vertige ? Pas de…

Mais à peine commençait-elle à poser des questions qu'une autre s’imposa à elle : ''Et si cette espèce était plus venimeuse que celles qu'elle connaissait ?'' Alors, sans prendre le temps de finir sa phrase, emplie d'inquiétude, elle replongea, cherchant le pied qui avait été piqué. L'un après l'autre, elle les tâta, tenant fermement pour éviter que l’Hespéride ne se débatte trop dans l'entreprise soudaine. Elle tâta jusqu'à sentir la légère boursouflure qui témoignait de l'injection de toxine. Et alors… elle n'avait pas un instant à perdre. Lippe contre voûte plantaire, l'ondine inspira. Recrachant dans la foulée le sang contaminé. Puis, y retourna. Deux, trois fois, pour être sûre. Tout avait été assez rapide… il ne devrait pas y avoir de problème. Satisfaite d'avoir pu secourir la sylvestre, l'ondine ressortit la tête de l'eau, une brasse plus loin.

- Tout devrait aller à présent ! qu'elle s'exclama, le sourire franc. Avant de prendre pleinement conscience de ce qu'elle venait de faire… sans même avertir la jeune femme… pourvu que ça ne ternisse pas son premier souvenir hors du couvert des arbres… première baignade à l'air libre qui plus est… Oh… euh… désolé, c'était peut-être une urgence !

Encore fallait-il que la recluse lui laisse le temps de s'expliquer pleinement cette fois. N'était-ce pas un étrange comportement qu'elle venait de démontrer ? Naetish commença un léger soupire avant de remettre les lèvres sous l'eau, laissant juste le haut de sa tête dépassée. Un peu ensaumonée de ses joues jusqu'à son front. Flûte, qu'il résonnait dans son esprit confus en écho puritain.
Ven 20 Jan - 11:18
Alors qu'elle se concentrait pour rester à la surface, elle sentit soudain que quelque chose lui attrapait le pied. Se demandant ce qui l'avait prise pour proie, elle se débattit, laissant échapper des hurlements de panique... Bientôt étouffés alors qu'elle coulait. Elle se serait probablement noyée si l'opération avait duré plus longtemps. Lorsqu'enfin son pied fut libéré, elle lutta pour revenir à la surface, et se dirigea immédiatement vers la berge, où elle resta un moment à cracher ses poumons et tenter de reprendre ses esprits. En effet, elle venait d'avoir la peur de sa vie. Jusqu'à présent, elle ne s'était jamais vraiment demandé ce qu'elle pensait de la mort. Désormais, elle le savait : elle en avait peur.

Lorsque l'ondine vint lui parler, visiblement fière d'elle, Halie comprit immédiatement que c'était elle la cause de ce calvaire. Alors, avec une violence qui ne lui ressemblait pas, probablement provoquée par le contre-coup de sa terreur, elle l'apostripha :

- Non mais vous êtes malade ??? Vous vouliez me noyer depuis le début, c'est ça ? Eh bien, félicitations, c'est réussi ! Ou plutôt, non, vous n'auriez pas dû me laisser m'échapper. Maintenant, ne me touchez pas !

Perdue entre sa rage et sa terreur, elle ne prêta aucune attention à l'esprit de la demoiselle, dont elle aurait pu facilement percevoir la culpabilité. Cela l'aurait sans doute radoucie immédiatement. Mais en ce moment précis, elle avait autre chose en tête. En des termes plus précis : s'éloigner de l'ondine, et, surtout, de l'eau. À présent, elle en était sûre, elle ne se baignerait plus ailleurs que dans les lacs forestiers qu'elle connaissait.

Alors, elle sortit de l'eau, ne prit pas le temps de se sécher avant de se rhabiller, et s'éloigna vers le couvert des arbres. Peut-être, si Naetish l'attendait, la verrait-elle réapparaître plus tard, lorsqu'elle se serait calmée, poussée par la culpabilité de l'avoir abandonnée. Mais, pour le moment, elle ne désirait rien plus ardemment que de se retrouver seule pour réfléchir... Et se calmer. La rage et la violence, ce n'était pas elle. Il lui fallait retrouver sa quiétude, le plus vite possible.
Sam 21 Jan - 11:12
Entre les tremblements et la respiration toussoteuse, l'ecclésiaste comprit rapidement ce qu'il s'était passé : la forestière, dans son débat effrayé, avait manqué de se noyer. Qu'elle avait été brusque dans sa méthode… que son manque de tact allait à présent être payé… Les invectives la frappèrent à cœur. Chaque mot du rejet l'éloignait durablement de la douce amie qu'elle aurait pu se faire. Pourquoi cela doit-il se passer ainsi ? balbutiait son esprit alors qu'elle imitait la carpe.

Elle n'eut pas le temps de répondre, toujours bullante dans l'eau, à la recherche de mots pour faire passer le courroux, déjà l'Hespéride se recouvrait sommairement avant de s’éloigner, toujours dégoulinante, en toute hâte de l'endroit… Puissions-nous nous revoir avant l'Isthe… Un souhait sincère, adressé à la silhouette solitaire que rejoignait son domaine, de pouvoir exprimer son repenti à la malheureuse victime. Mais saine victime. Au moins l'avait-elle secouru. Une conviction réconfortante alors que le petit point blanc finissait de se dissiper, dévoré par la forêt.

Il en était fait… la rencontre était terminée.
Mais il était temps qu'elle reparte, la fin aurait pu être autre, rien n'aurait allongé son détour. Naetish sortit de l'eau, retira sa tunique étanche pour en recouvrir le pot de bois et son précieux miellat. Il serait ainsi préservé. Il faudrait juste qu'elle se rhabille à l'approche du navire. Sous l'eau la pudeur n'était pas une question, mais les surfaciens n'avait pas les mœurs légères des ondées.

Elle griffonna une note d'excuse sur une feuille déchirée de son journal. Avant de la glisser sous une pierre. Et d'en empiler cinq, six par dessous pour dresser un petit cairn et ainsi espérer capter l'attention. Peut-être que la recluse passerait la prendre… peut-être que ses bonnes intentions seraient définitivement perdues, laissées aux intempéries ou découvertes par un voyageur de passage. Bien qu'elle ait écrit en commun, peut-être que la destinataire ne pourrait le lire… Il y avait tant de chose qu'elle ignorait encore sur l'Hespéride. Mais l'aramilane ne pouvait rien de plus. Alors… elle s'en alla, sans se retourner. Vers son destin à Dainsbourg. Ne laissant que cette note derrière elle, gardant questions et souvenirs pour elle.

À Halie,
peut-être auras-tu du mal à le croire, peut-être penseras-tu à une tromperie, mais à aucun moment l'idée de te noyer ne m'a traversé. M'aurais-tu confondu avec une sirène ?

Fais attention à ce qui dort sous les pierres des berges de la région. Les piqûres de Barjatc sont indolores mais peuvent être fatales. Les hasards d'un mauvais pas… Mais j'aurais du être plus claire dans mes propos pour éviter de te faire paniquer. Surtout que tu étais en eau inconnue.
Sache que je ne t'aurais pas laissé mourir. Ni de poison, ni de noyade.

Désolé de ne pouvoir ni te remercier ni te dire au-revoir en face, mais les sentiments y sont.
Puissent les douze t'être favorable.
To'Naetish
Sam 21 Jan - 12:00
Grimpée au sommet d'un arbre, Halie se sentait de nouveau à l'aise, chez elle. Elle prit le temps d'observer un groupe d'oiseaux se battre pour... Elle ne savait pas trop quoi, probablement de la nourriture, au-dessus d'elle. Et cette scène, bien que peu apaisante, réussit malgré tout à la calmer. Ici, dans la forêt, elle connaissait chaque plante, chaque animal, elle savait comment tout fonctionnait. Que ces combats n'avaient que peu de chances d'aboutir à la mort de l'un des belligérants. Certes, les perdants en ressortiraient probablement avec des blessures, mais c'était ce qui leur permettrait d'en ressortir plus forts et de savoir comment ils ne devaient pas agir s'ils voulaient gagner la prochaine bataille.

D'ailleurs, elle resta jusqu'à la fin, et offrit un fruit qu'elle venait de cueillir aux perdants... Qui se mirent à se battre pour une nourriture qui, partagée, aurait parfaitement suffi à nourrir chacun d'eux. Elle soupira. Décidemment, quelle que soit leur taille, les êtres vivants semblaient incapable d'interagir de manière pacifique... Et cela valait aussi pour elle.

Alors... Il falalit qu'elle aille s'excuser. Alors, elle descendit de l'arbre, et revint vers la rivière. Mine de rien, elle devait se forcer pour s'en approcher. Néanmoins, il y avait autre chose, de plus important, qu'elle remarqua : l'ondine n'était plus là. D'un autre côté, à en juger par la manière dont elle l'avait traitée, ce n'était pas étonnant. Aurait-elle pu agir différemment? Oui, certainement. Cela aurait-il conduit à une meilleure issue ? Elle voulait le croire.

C'est alors qu'elle remarqua le caïrn. D'après ses souvenirs, il n'était pas là plus tôt. Cette note lui était-elle donc destinée ? Défaisant avec précaution la pile, elle jeta un oeil au papier... Et ne fut pas surprise de ne pas pouvoir déchiffrer ce qui y était noté. En effet, elle avait appris la langue commune par voie orale. Elle n'avait jamais appris à écrire... Ni à lire. Avec un soupir, elle dut se rendre à l'évidence : il lui faudrait se rendre en ville, pour trouver quelqu'un qui accepterait de lui lire le message...