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[Event] Voyage au centre de la Brume

[Event] Voyage au centre de la Brume Brandw10
Sam 16 Nov - 13:08

Voyage au centre de la Brume

La Cité Tourmentée - RP de trame


Camp morne, désertique. Les soldats sont déjà loin, laissant derrière eux le squelette de tentes vides, de feux de camp éteints se découpant sur le fond rougeâtre d'un temps d'aurore. La Mer de Brume avale tout, elle camoufle jusqu'aux premiers rayons du soleil, ne laissant pénétrer qu'une flaque pourpre, un mirage de teintes bordeaux à l'horizon.

L'homme est solide, malgré son âge ; le Chancelier se tient droit, campé sur ses deux guiboles à tenter de détailler l'assaut, malgré l'impénétrable purée de poix, comme le commandant qu'il est censé être. Lui aussi serait bien resté en arrière, à établir des stratégies avec son état-major, mais ce n'est pas ce qui justifie sa présence. Il se détourne de la bataille qui fait rage derrière le rideau de brouillard, à quelques dizaines de mètres et dont on ne voit rien, certes, mais on entend beaucoup. Les hommes du Treizième Cercle se sont concentrés, il ripostent ardemment ; d'autres ont sûrement fui. Et cela laisse cet endroit accessible au groupe ayant réalisé la percée, jadis défendu par un ou deux gardes à présent immobilisés. L'un d'eux est paralysé contre l'un de ces solides murs, la main contre son flanc. Il fait partie de Zénobie.

« - Ce n'est pas pour combattre que nous sommes là, » rappelle Panoptès. « C'est pour découvrir... et résoudre, autant que faire se peut. »

Des paroles mystérieuses, mais ceux qui sont le plus proches du vieillard le connaissent. Peut-être est-ce sa tenue ou bien l'air frais de la Brume, mais il ne paraît d'ailleurs plus si vieux que cela. Un javelot bleu-argenté déchire soudain l'opacité grise en direction du ciel, captant l'auditoire ; probablement l’œuvre d'un adepte. Le Mandebrume leur avait visiblement laissé de quoi se défendre et, malgré le nombre supérieur d'hommes dans l'armée de la coalition, des soldats comme des mercenaires ou des patrouilleurs, la victoire n'était pas donnée d'avance. Et elle se ferait au péril de milliers de vies. C'était davantage du temps gagné pour le moment : du temps pour se dérober aux regards inquisiteurs des hommes du Mandebrume, qui avaient quadrillé les environs, et se précipiter à l'intérieur de la ville sans éveiller de soupçons.

« - Ne perdons pas de temps. »

Ses yeux se posèrent brièvement sur chacun des hommes et femmes qui constituaient le commando d'élite. Essentiellement des visages jeunes qui ne lui disent rien ; il aurait aimé avoir le Maître à ses côtés, mais celui-ci n'avait pas fini de se rétablir et avait mieux à faire que de participer à une mission suicide, c'est du moins ce que pensait l'Éminence de l'Alliance. À la place, le Chancelier posa donc sa main sur l'épaule du patrouilleur qui était venu le voir à Opale, Ryker Lestat, et entra la premier dans l'ombre du tunnel aux profondeurs insondables. Il faudrait de la lumière ici avant longtemps ; Panoptès lui-même s'était équipé de matériel épistopolitain. Il brandit sa lampe torche pour dévoiler davantage les rails rouillés sortant de terre, là où la végétation cédait peu à peu du terrain à mesure que le soleil devait se faire rare, même à son apex.

De la petite dizaine, peu étaient militaires, mais juste assez pour avoir la discipline de former une avant-garde et une arrière-garde. Il espérait surtout d'eux une force de frappe extraordinaire : la raison principale de leur présence, car certains n'étaient pas des individus que l'on pourrait qualifier de « recommandables ». Le commandant sans âge avalait la distance à bon rythme, non loin du sergent du Guet qui ouvrait la marche : un gobelin dont personne n'avait véritablement retenu le nom et que tous préféraient appeler « Aigrette » en raison de ses cheveux hérissés en crête. Il n'en semblait pas particulièrement perturbé.

« - Ces tunnels. J'les sens pas, 'sieur.

- Moi non plus, fiston. Mais c'est notre unique accès. »

Ils marchaient depuis plusieurs bonnes minutes. La voie qu'ils suivaient était interminablement longue, sans croisements ni couloirs perpendiculaires. Si quelque chose leur tombait dessus, ils n'auraient d'autre choix que de fuir dans le sens opposé. Et il était hors de question qu'ils rebroussent chemin.

« - Y'a quelque chose, » précisa Aigrette en désignant, d'un léger mouvement du bras pour faire pencher sa lanterne, une ombre à terre.

Une silhouette vaguement humaine, si ce n'était qu'il manquait des morceaux et que ceux qui restaient présentaient une croute noirâtre épaisse sur une chair encore à vif. Une brève inspection permit d'apprendre que le macchabée, un homme du Mandebrume, n'était pas là depuis très longtemps. Ainsi ils n'avaient pas eu le temps de sécuriser tant que cela, ou alors étaient-ils partis à la hâte cette fois-ci ? Arkanis avait été aperçu dans le camp du Cercle, quelques jours encore : des éclaireurs l'avaient vu partir avec des hommes à plusieurs reprises au cours des dernières semaines, très certainement en empruntant ce même chemin.

Cette fois-ci, quelque chose avait mal tourné.

« - Augmentons la cadence. Et que chacun surveille les arrières de son voisin. »

Cela pouvait être l’œuvre d'un élémentaire sauvage ou d'un monstre cracheur de feu. Mieux valait ne pas savoir. Seulement, il était sûr et certain que s'ils n'avaient pas croisé cette chose en entrant dans le tunnel... c'est qu'elle était probablement encore là.

HRP:
Lun 18 Nov - 1:33

Le coup de chaud

C'est d'la bombe bébé ~


Lue marchait derrière ceux qui s'étaient retrouvés là eux aussi, bon gré mal gré, presque en apnée derrière les battements enragés de son palpitant. Naturellement, plusieurs d'entre eux s'étaient placés à l'avant, devant le Chancelier Panoptès et un étrange gobelin aux cheveux hérissés. La rousse s'était retrouvé à l'arrière avec un homme à la chevelure corbeau qui avait l'air bien plus équipé qu'elle. N'osant pas relâcher la pression sur ses dagues, elle avançait à pas prudents dans la pénombre à peine percée par les équipements dont disposaient ses alliés. Elle avait abaissé la capuche de sa cape, ce qui semblait être une décision judicieuse compte tenu du fait qu'ils ne savaient absolument pas à quoi s'attendre. S'ils étaient attaqués par d'autres individus, partisans du Mandebrume ou membres du treizième cercle, il valait mieux éviter de se tromper de cible dans ces conditions extrêmes. Pour ça, elle détailla du mieux qu'elle pouvait les personnes qui la précédaient. Quel groupe hétéroclite ils formaient... Elle n'avait aucune idée des capacités des individus qui se trouvaient là. Il faudrait improviser. Ah, elle détestait ça...  

Tellement concentrée sur son souffle et sur la découverte macabre de leur groupe, la Strigoi sursauta quand quelque chose les survola, étouffant par la même la fin de la phrase du Gobelin. La présence avait réchauffé l'air de la grotte, les mains de la rousse avaient cessé de trembler. Quoi que soit cette chose, il était peu probable qu'elle ait des intentions amicales. Elle n'eut pas le temps d'en douter, car un Blieg fonça sur l'homme qui fermait la marche avec elle, les obligeant à s'exiler hors du confort de la formation pour échapper à l'impact.

- Merde, souffla la jeune femme en se mordant la lèvre.

La créature se trouvait entre eux et le reste du groupe, et esquiver des charges dans un tunnel étroit qui n'était fait que d'une ligne droite pouvait s'avérer véritablement pénible et dangereux. Surtout que la seule chose que Lue savait de ces créatures était qu'elles explosaient au contact, autant dire pas grand-chose...

- Une idée de comment on se débarrasse de ce truc sans y passer ? Questionna-t-elle ironiquement, paniquée, la seule personne assez proche pour l'entendre.

La Strigoi esquiva une autre charge de justesse en se jetant de côté. Son épaule heurta la paroi en lui arrachant une grimace de douleur. L'espace était vraiment limité, si un autre de ces monstres débarquait, c'était terminé. Et le bruit risquait de les attirer autant que de trahir leur présence à ceux qu'ils pourchassaient...

Résumé:
Mar 19 Nov - 18:00

La dernière marche de l'Enclave

Les tunnels



La main du Chancelier lui fit plier les épaules. La douleur de l'inéluctable, la souffrance du devoir. Le voyage sans retour. Le Patrouilleur le regarda s'éloigner, ne sachant que trop bien le poids du fardeau qu'il venait de lui transmettre. Il serra les dents. Observa la petite équipe. Il connaissait son rôle, sa fonction. Le taux de survie afférent. Comme d'habitude, le Porte-Mort mériterait une fois de plus son damné surnom. Il les regarda. Un par un. Grava leur mort dans son coeur. Il y avait l'odeur de la poudre et du sang dans l'air. Celle des camps de guerre où les hôpitaux de campagne peinaient à empêcher les épidémies de se propager. Les latrines débordaient, la guerre faisait trembler la terre. Les machines rugissaient leur haine. Une terre qui n'avait connu pareil combat depuis des siècles, qui se nourrissait à nouveau du vermeil.

Il y avait Artémis. Ryker en était soulagé. Il lui sourit lorsqu'il passa devant lui. Puis s'en vint Maël. Le coeur du Mort Gris se serra lorsqu'il repensa aux conditions de leur première rencontre. Il n'était pas étonnant de retrouver l'énigmatique diplomate ici, qui avait bien prouvé son expertise au combat. Quant à celui qui s'en vint après ... Duscisio. Il avait tant changé : que lui était-il arrivé ? Quelque chose qui resterait dans le silence. Le reste ... il ne les connaissait pas. Juste, peut-être, certains des hommes d'arme du Chancelier. Chacun s'engouffra à la suite de Panoptès. A lui reviendrait la mission de fermer la marche et de surveiller leurs arrières. Il activa donc son cristal de lumière et, comme à son habitude, transforma la paume de sa main pour éclairer autour d'eux. Il sentit la petite langueur s'emparer de lui, comme toujours lorsqu'il usait de ces cristaux. Il avait pris de quoi surmonter un usage intensif, quitte à s'y perdre pour cette bataille.

Le Patrouilleur s'agenouilla devant le cadavre calciné. Il en gratta la croute de sa dague. C'était encore tiède. Impossible à identifier mais à voir la surface et l'état des murs, il avait pris une violente décharge de feu. Cela ne ressemblait pas à un lance-flamme, ou un pouvoir similaire. Il observa autour de lui, pendant que le reste avançait avec précaution. Il sentait une odeur d'ozone, quelque chose qui le préoccupait. Il posa sa main sur sa ceinture, à proximité de ses cristaux par simple acquis de conscience. Une des jeunes femmes qui avaient rejoint le groupe s'attarda avec lui. Elle avait un visage de poupon avec ses cheveux roux. Jolie. Trop pour être ici.

- Att ... lâcha-t-il lorsque la température grimpa en flèche.

Heureusement pour elle, la gamine eut assez de réflexes pour éviter la gerbe enflammée qui les frôla. Ryker s'était collé contre la paroi pour en faire de même. Il jura et glissa sa main sur un autre de ses cristaux. Ils étaient séparés du groupe à présent. Le Patrouilleur dira une dague sa ceinture et se prépara au pire tandis que la forme sphérique du Blieg ne cessait d'enfler. Il connaissait ces créatures. Il en avait déjà affronté à Dainsbourg avec Artémis.

- Putain de saloperie de merde. Si ce truc explose, ça va foutre le tunnel en danger. Ecoute, soldate. Tu vas faire exactement ce que je dis. Ou on va crever dans les cinq secondes. Prends ma main et laisse toi faire. murmura-t-il, sa main tendue vers Lue.

Il ne la laissa pas choisir et l'attira vers lui d'un geste. Son doigt glissa sur son cristal et il sentit son métabolisme grimper en flèche, sa température s'emballer et son rythme cardiaque cabosser sa poitrine. D'un sursaut d'énergie, le Patrouiller colla la jeune femme contre lui et s'assura de maintenir sa nuque de sa main. Puis dans un nuage de poussière, il bondit. Le monde devint flou autour de lui, réduit à la boule lumineuse qui enflait alors beaucoup moins vite. Il s'en rapprocha dangereusement puis dans le flou de la vitesse, il sortit sa dague et la plante dans la créature pour la faire voler en arrière, vers là d'où il venait. Il sentit son armure se racornir à ce simple contact mais sa vitesse l'entraîna vers l'avant. Il rejoint en une fraction de seconde l'autre partie du groupe, relâcha Lue à côté du Chancelier. Le Patrouilleur cessa d'utiliser le cristal et chancela sous le choc de retrouver un rythme normal. La faim s'empara de son estomac, il venait de brûler de l'énergie pour assurer une vitesse suffisante. La jeune femme avait été étonnamment légère ce qui lui avait simplifié la tâche, mais ce n'était pas le moment de s'en préoccuper.

- Un Blieg : il faut courir ou les flammes vont nous dévorer ... ou pire ! hurla-t-il, tandis qu'au fond du tunnel déjà l'écho de la déflagration se faisait entendre.

Et merde ...

- Artémis, protège nous avec ta barrière si tu le peux ! Les autres, courrez ! Soldate, tu te sens en état ? lui demanda-t-il, les yeux tournés vers le torrent de flamme qui n'allait pas tarder à se déverser sur eux.

HRP:
Mar 19 Nov - 21:36



Zénobie / Tunnel

Uhr 1901



Peu importe les décisions qu’il prend, Duscisio a toujours fait preuve d’une certaine préservation. Si les actes humains changent beaucoup son destin, en bien comme en mal, l’élémentaire s’en trouve toujours transformé. Même en vivant à Doucerive ses quelques dizaines d’années dans un coin tranquille, l’impact qu’a l’homme sur sa psyché est toujours présent. Depuis l’expédition Cœur d’Uhr, le marquage est aussi présent psychiquement que physiquement. La présence d’une belle jeune femme ne semble pas vraiment lui porter d’intérêt, le sort des soldats ne semble pas l’incommoder et la Brume l’attire bien plus que d’ordinaire.
Il doit cela à la présence de ce myste qui maudit son écorce et sa sève d’une teinte bleutée dont il n’est pas arrivé à se débarrasser. Le myste bloque tout, de sa régénération naturelle à la purification de celle-ci. Impossible de retourner à l’état de graine pour repartir de zéro. Une véritable malédiction qui l’éloigne de la Brume dont il demande de l’aide en permanence. L’écoute-t-elle ? L’entend-elle ?

Lors de son arrivée sur le champ de bataille et à la découverte du tunnel, Duscisio n’eut pas le choix. Les autorités l’ont dépêché sans lui donner de raison. Ses compétences, ses connaissances ou simplement parce qu’il est élémentaire. Il n’en sait rien. Cela lui laisse tout de même une place de choix pour en apprendre plus sur la Brume tout en se servant de ses cristaux pour être utile à qui veut bien l’entendre. D’un autre côté, c’est un mal pour un bien. Il n’y a rien à faire à l'extérieur et tout le mystère se concentre dans la source même de la Brume. Que va-t-il apprendre d’elle ? Comment va-t-il le prendre ?

L’entrée se fait tout en douceur. Le groupe maintenant dans le tunnel artificiel. Pour ce qui est du comité d’accueil, rien à voir avec les adeptes du Mandebrume au premier abord. Un boulet de canon leur fonce dessus, ce qui sépare deux personnes du reste du groupe, Ryker et une femme dont la nature séduisante ne fait plus l’unanimité pour l’élémentaire. Disons qu’il y a mieux à faire que de la contempler. Duscisio qui se retourne, observe la créature volante ressemblant à une bombe prête à exploser. S’il y a eu un petit moment d’hésitation, une courte discussion dont Duscisio n’entendait rien, mais un cristal manifeste sa présence. Il est utilisé pour accélérer les mouvements de Riker qui prend la jeune femme dans ses bras. Comme c’est mignon… Non, loin de là, il s’agit d’échapper au Blieg. Si la prise de vitesse ne suffira pas à les sauver, Ryker a le bon réflexe de prévenir l’un des membres du groupe de l’utilisation d’une barrière.
Nul besoin de s’en faire.

Duscisio n’eut pas besoin d’un ordre ou de l’information donné par le patrouilleur pour pouvoir agir plus vite qu’Artemis. Les cristaux attachés à la ceinture lui facilitent la tâche. En partie accroché par des ronces, bien caché sous sa cape, l’élémentaire sentira l’intention du Blieg d’exploser. Dans un laps de temps très court, il tend le bras vers la source de l’explosion, dès que le couple termine sa course. Une belle barrière, un champ de force qui, invisible au premier abord, se montre sous un mur d’hexagones bleus, contour cyan, les uns collés aux autres, faisant office de symbole pour démontrer qu’elle fonctionne bel et bien. Une protection aussi belle qu’efficace.
Tout le long, Duscisio reste impassible. Il donne l’impression de n’avoir fait que le nécessaire pour protéger sa personne, le groupe n’étant là que pour profiter de la zone de protection. Il maintient la barrière. La déflagration a endommagé l’entrée du tunnel, cela peut s’effondrer à tout moment. Information qui se vérifia un peu plus tard par la chute d’une portion du mur et du plafond, leur coupant le chemin du retour. De plus, la structure fragilisée par le temps s’effondre vers eux, toujours protégée par l’apothicaire qui ne montre aucun signe quelconque d’inquiétude vis-à-vis des deux rescapés.

Résumé:

Hier à 23:51

Voyage au centre de la Brume

Acte I - Event III

Le soulagement d’avoir rattrapé Panoptès et la joie de retrouver Jessamy et Ryker à ses côtés s’étaient vite dissipés face à la tension qui imprégnait Zénobie. Même Maël, d’ordinaire prompt à détendre l’atmosphère, semblait avoir laissé son humour au seuil de cette entreprise périlleuse. Son visage, bien que plus détendu que celui de ses compagnons, trahissait une résignation familière face à l’improbabilité de leur réussite. Le maître de l’Alliance était entouré d’un groupe disparate : un gobelin à l’œil vif, une jeune femme aux cheveux ardents, un homme aussi pâle que lui, paré de roses, un amélioré à l’air bourru, un vétéran serein et un homme à la myopie évidente. Une assemblée improvisée, rassemblée dans l’urgence, qui s’aventurait maintenant dans les entrailles de l’ancienne capitale sans même s’être présentée. Le Chancelier, imposant et silencieux, était leur seule ancre commune, la figure autour de laquelle se cristallisait leur fragile détermination.

Épée au clair, Maël progressait dans l’obscurité, ses sens en alerte. Contrairement à Ryker, il avait choisi de préserver la lumière de son cristal pour des situations où elle deviendrait indispensable – et elles viendraient, il en était certain. Sa peau, luisante d’un éclat discret, offrait un maigre repère à ceux qui le suivaient, tandis qu’il fixait son attention sur la torche de leur guide pour éviter de trébucher. Le silence oppressant fut soudain rompu par un souffle chaud qui fit frissonner l’air autour d’eux. Le grigori pivota juste à temps pour entendre Ryker s’exclamer : un blieg ! La créature, incandescente dans la pénombre, éclaira brièvement leur arrière-garde. Avant que Maël ne puisse réagir, le patrouilleur bondit, frappant la créature d’une violence inouïe avant de réapparaître à l’avant du groupe, aussi vif qu’une ombre. "Artémis !", lança-t-il, confirmant l’identité de l’homme aux yeux jaunes. Mais ce fut un autre qui intervint lorsque le blieg, dans un dernier éclat, explosa avec une puissance telle que les murs tremblèrent sous le choc. Une barrière inespérée s'érigea entre le groupe et l'explosion, les protégeant durant les longues secondes ou la chaleur déferla.

Quand Maël jeta un regard en arrière, il distingua deux nouvelles lueurs dans l’obscurité : non seulement le blieg avait survécu, mais il s’était scindé en deux, et chaque moitié grossissait à vue d’œil. Sans hésiter, le Veilleur détacha la courroie d’une poche fixée à son bras, laissant glisser dans sa main un objet complexe : un totem. En un instant, une silhouette éthérée se matérialisa à ses côtés : un félinimbus aérien, majestueux chat de nuages qui semblait presque fusionner avec la brume environnante. Sans un mot, Maël intima à l’élémentaire de leur offrir une couverture. Tandis que le félinimbus s’élargissait pour obstruer le tunnel, Maël pivota vers ses compagnons, sa voix tranchant l’air :

Fuyons  !

Il n’attendit pas de réponse, espérant que quelqu’un dans le groupe soit en mesure de les guider vers le coeur de la ville. Tout dans l’attitude de ces inconnus suggérait une expérience certaine ; il y avait là plus que de simples suivants.

Il devrait tenir un moment, lança-t-il avec un sourire en coin, sans ralentir sa course. Les félinimbus ont l’ascendant sur les bliegs.

L’adrénaline chassait l’inquiétude de Maël, ou peut-être était-ce la Brume elle-même qui le poussait à cet étrange état de sérénité, presque dangereux dans cet endroit aux milles périls. Pourtant, son esprit restait affûté. Le danger n’avait jamais suffi à brider son instinct : il avait une mission à accomplir et rien, ni la peur, ni le chaos, ne le ferait dévier de son objectif.

Résumé: