Mer 13 Nov - 23:14
Peeter Kilbeggan
Opale / Citoyen
- 35 ans / 29 Keladron 1866
- Zoanthropes / Masculin
- Opale
- Hétéro / Il
- Criminel
- Cillian Murphy/Thomas Shelby - Peaky Blinders
Description
Difficile de garder espoir en ce monde quand il vous a tant déçu. Difficile de trouver une raison de vivre quand tout semble vous pousser au contraire, quand vous êtes lassé de votre propre existence. Difficile de trouver la force de sourire quand vous êtes totalement brisé de l’intérieur. C’est exactement ce que ressent Peeter au fond de lui. Ce n’est pas seulement en apparence qu’il a l’air totalement éteint, c’est enfoui bien au fond de lui, jusque dans ses tripes. Désabusé par le monde et les humains plus particulièrement, la foi en l’humanité il y a bien longtemps qu’il l’a perdu. Il y a bien longtemps qu’il a assimilé que l’humain était une race pourrie jusqu’à l’os et qu’il n’y avait rien à sauver, si ce n’est quelques êtres d’exceptions, des raretés comme il les appelle. Lui-même ne se compte pas dedans, salopard parmi les salopards.
En est-il devenu un par nécessité ? Comme un mécanisme déclenché par simple désir de survivre dans un environnement bien trop hostile ? Ou est-ce ancré en lui depuis sa naissance, comme un gène transmis lors de sa création, une tare que lui aurait transmis son bel enfoiré de géniteur. Bien des années qu’il se pose la question, incapable de véritablement tranché. Il sait qu’à un moment donné, quelque chose a changé en lui, mais était-ce déjà là, somnolent, ou bien cette noirceur s’est installée en lui par la suite ? Un des nombreux sujets de torture mentale qu’il s’inflige régulièrement, la nuit, quand il se retrouve seul enfermé avec ses démons.
Peeter est un criminel depuis si longtemps qu’il ne saurait dire quand il a plongé les mains pour la première fois dans le sang, à quelle année il a commis son premier crime, ou même à quoi ressemblait le premier type qu’il a refroidi. Ce qu’il sait en revanche, c’est qu’il n’a jamais véritablement apprécié faire ça. Par nécessité ou faiblesse, cette question reste également en suspens, même s’il tend souvent vers la seconde option. Un manque de courage sans doute, du courage pour lutter pour s’offrir une vie honnête, saine et bien plus ardue à obtenir que de simplement s’abandonner à l’illégalité.
Teint blafard et visage marqué par le manque de sommeil ne font qu’accentuer cette expression maîtresse sur sa trogne, la lassitude, la déprime. Il est capable de se mettre en colère, de perdre les pédales et tabasser un type à mort, mais n’espérait pas lui arracher un sourire, du moins qui se veut sincère. Il s’exprime toujours calmement, par des mots et des phrases toujours empreints d’un cynisme acide certes, mais n’élève la voix que si vraiment nécessaire. Respectueux envers autrui, ses lèvres laissent pour autant régulièrement échapper des jurons, chose qu’il n’a jamais réussi à réguler si tant est qu’il ait cherché à le faire.
Conscient de la noirceur de l’âme humaine, il n’accorde pas facilement sa confiance et ce n’est pas dans son habitude de s’ouvrir aux autres, de se confier. Il s’assomme régulièrement le crâne avec de l’alcool et fume un mélange de tabac et d’opium, deux addictions si bien installées en lui qu’il en oublierait presque qu’elles sont là, nocives et pourtant si salvatrices. Car sans elles il deviendrait complètement fou, en proie à ses angoisses, à ses peurs profondes et sa tendance à s’approprier tous les malheurs du monde. Il en à chié étant gamin et tout au long de sa vie et les erreurs commises sur le chemin n’ont de cesse de le hanter, lui qui ne s’accorde plus aucune clémence depuis bien longtemps, s’étant condamné à n’être qu’une pourriture.
De tout cela émerge tout de même une ambition, un désir brûlant qui anime sa carcasse chaque nuit et jour qui passent, un besoin de satisfaction. Il veut devenir quelqu’un, il veut s’en mettre plein les poches et écraser les grosses têtes qui règnent sur ce monde sombre et impitoyable qu’est le crime organisé. Il ne veut plus être payé pour exécuter un ordre, se salir les mains pour un autre, il veut être celui qui paie, celui qui garde les mains propres. Monter son propre gang, s’approprier le marché de la contrebande, dominer les rues et devenir quelqu’un.
Un criminel qui soigne son image, apporte une attention toute particulière à son apparence. Il s’achète de beaux costumes trois pièces, entretient sa coiffure, porte de belles chaussures de ville, se coiffe d’une casquette bombée. Une paire de gants en cuir habillent constamment ses mains lorsqu’il est de sortie, lorsqu’il doit régler certaines affaires. Car il déteste avoir du sang sur les mains, de façon littérale. Si le faire couler ne lui fait plus grand-chose depuis un moment, la vue de ses pognes rougies par l’hémoglobine le fait paniquer, perdre pied, le renvoyant à l’image de l’animal qui sommeille en lui et attend le moment propice pour sortir, se déchaîner. Et il exècre cette bête, il a horreur de se transformer en ce loup noir à la faim insatiable et l’agressivité démesurée. Il déteste ne pas être maître de son propre corps, d’avoir cette chose en lui, de devoir lutter quotidiennement pour la contenir, la museler.
Chose que malheureusement, il ne parvient pas tout le temps à faire…
En est-il devenu un par nécessité ? Comme un mécanisme déclenché par simple désir de survivre dans un environnement bien trop hostile ? Ou est-ce ancré en lui depuis sa naissance, comme un gène transmis lors de sa création, une tare que lui aurait transmis son bel enfoiré de géniteur. Bien des années qu’il se pose la question, incapable de véritablement tranché. Il sait qu’à un moment donné, quelque chose a changé en lui, mais était-ce déjà là, somnolent, ou bien cette noirceur s’est installée en lui par la suite ? Un des nombreux sujets de torture mentale qu’il s’inflige régulièrement, la nuit, quand il se retrouve seul enfermé avec ses démons.
Peeter est un criminel depuis si longtemps qu’il ne saurait dire quand il a plongé les mains pour la première fois dans le sang, à quelle année il a commis son premier crime, ou même à quoi ressemblait le premier type qu’il a refroidi. Ce qu’il sait en revanche, c’est qu’il n’a jamais véritablement apprécié faire ça. Par nécessité ou faiblesse, cette question reste également en suspens, même s’il tend souvent vers la seconde option. Un manque de courage sans doute, du courage pour lutter pour s’offrir une vie honnête, saine et bien plus ardue à obtenir que de simplement s’abandonner à l’illégalité.
Teint blafard et visage marqué par le manque de sommeil ne font qu’accentuer cette expression maîtresse sur sa trogne, la lassitude, la déprime. Il est capable de se mettre en colère, de perdre les pédales et tabasser un type à mort, mais n’espérait pas lui arracher un sourire, du moins qui se veut sincère. Il s’exprime toujours calmement, par des mots et des phrases toujours empreints d’un cynisme acide certes, mais n’élève la voix que si vraiment nécessaire. Respectueux envers autrui, ses lèvres laissent pour autant régulièrement échapper des jurons, chose qu’il n’a jamais réussi à réguler si tant est qu’il ait cherché à le faire.
Conscient de la noirceur de l’âme humaine, il n’accorde pas facilement sa confiance et ce n’est pas dans son habitude de s’ouvrir aux autres, de se confier. Il s’assomme régulièrement le crâne avec de l’alcool et fume un mélange de tabac et d’opium, deux addictions si bien installées en lui qu’il en oublierait presque qu’elles sont là, nocives et pourtant si salvatrices. Car sans elles il deviendrait complètement fou, en proie à ses angoisses, à ses peurs profondes et sa tendance à s’approprier tous les malheurs du monde. Il en à chié étant gamin et tout au long de sa vie et les erreurs commises sur le chemin n’ont de cesse de le hanter, lui qui ne s’accorde plus aucune clémence depuis bien longtemps, s’étant condamné à n’être qu’une pourriture.
De tout cela émerge tout de même une ambition, un désir brûlant qui anime sa carcasse chaque nuit et jour qui passent, un besoin de satisfaction. Il veut devenir quelqu’un, il veut s’en mettre plein les poches et écraser les grosses têtes qui règnent sur ce monde sombre et impitoyable qu’est le crime organisé. Il ne veut plus être payé pour exécuter un ordre, se salir les mains pour un autre, il veut être celui qui paie, celui qui garde les mains propres. Monter son propre gang, s’approprier le marché de la contrebande, dominer les rues et devenir quelqu’un.
Un criminel qui soigne son image, apporte une attention toute particulière à son apparence. Il s’achète de beaux costumes trois pièces, entretient sa coiffure, porte de belles chaussures de ville, se coiffe d’une casquette bombée. Une paire de gants en cuir habillent constamment ses mains lorsqu’il est de sortie, lorsqu’il doit régler certaines affaires. Car il déteste avoir du sang sur les mains, de façon littérale. Si le faire couler ne lui fait plus grand-chose depuis un moment, la vue de ses pognes rougies par l’hémoglobine le fait paniquer, perdre pied, le renvoyant à l’image de l’animal qui sommeille en lui et attend le moment propice pour sortir, se déchaîner. Et il exècre cette bête, il a horreur de se transformer en ce loup noir à la faim insatiable et l’agressivité démesurée. Il déteste ne pas être maître de son propre corps, d’avoir cette chose en lui, de devoir lutter quotidiennement pour la contenir, la museler.
Chose que malheureusement, il ne parvient pas tout le temps à faire…
Habiletés et pouvoirs
Change-peau / Black Wolf : Permet de se transformer (parfois involontairement) en animal. - Activable
Dans le cas de Peeter, il s’agit d’un loup au pelage entièrement noir et aux iris d’un gris argenté. Un poids qui avoisine les 70 kg pour une longueur de 150 cm et une hauteur de 80 cm au garrot. Petites oreilles pointues dressées sur une large tête soutenue par un cou puissant, un museau allongé, une queue touffue, il est armé de griffes sur ses longues pattes et d’une gueule aux mâchoires puissantes capables de broyer des os humains sans trop de difficulté. Élancé et puissant, il possède une bonne endurance à la course. Sa vue et son odorat sont également plus développés lorsqu’il se transforme.
Le souci étant qu’il n’a à l’heure actuelle quasiment aucun contrôle sur cet animal lorsqu’il se libère. Il lui est déjà difficile de réprimer certaines pulsions en fonction des émotions ressenties, mais une fois transformé, la conscience de Peeter s’évapore et la bête prend totalement le contrôle. Une chose que Peeter essaie d’éviter un maximum, naturellement.
Armes : Un pistolet et un marteau.
Street Fighter : Rôdé au combat de rue depuis une vingtaine d'années, il lutte souvent dans des sous-sols ou dans les rues que ce soit dans des combats clandestins ou pour sa propre survie. Frapper il sait faire, encaisser les coups aussi.
Possessions : Flasque contenant de l'alcool, cigarettes améliorées avec de l'opium. Son costume, sa casquette bombée. Un masque rouge prenant l'apparence d'un cœur humain.
Dans le cas de Peeter, il s’agit d’un loup au pelage entièrement noir et aux iris d’un gris argenté. Un poids qui avoisine les 70 kg pour une longueur de 150 cm et une hauteur de 80 cm au garrot. Petites oreilles pointues dressées sur une large tête soutenue par un cou puissant, un museau allongé, une queue touffue, il est armé de griffes sur ses longues pattes et d’une gueule aux mâchoires puissantes capables de broyer des os humains sans trop de difficulté. Élancé et puissant, il possède une bonne endurance à la course. Sa vue et son odorat sont également plus développés lorsqu’il se transforme.
Le souci étant qu’il n’a à l’heure actuelle quasiment aucun contrôle sur cet animal lorsqu’il se libère. Il lui est déjà difficile de réprimer certaines pulsions en fonction des émotions ressenties, mais une fois transformé, la conscience de Peeter s’évapore et la bête prend totalement le contrôle. Une chose que Peeter essaie d’éviter un maximum, naturellement.
Armes : Un pistolet et un marteau.
Street Fighter : Rôdé au combat de rue depuis une vingtaine d'années, il lutte souvent dans des sous-sols ou dans les rues que ce soit dans des combats clandestins ou pour sa propre survie. Frapper il sait faire, encaisser les coups aussi.
Possessions : Flasque contenant de l'alcool, cigarettes améliorées avec de l'opium. Son costume, sa casquette bombée. Un masque rouge prenant l'apparence d'un cœur humain.
Biographie
Opale a toujours été connue pour être une cité riche, certains aiment à dire que même les plus pauvres ont plus de moyens financiers que des citoyens lambdas d’autres cités. Et je peux pas dire le contraire, je peux même affirmer que ça a jamais été par nécessité de survivre économiquement que je me suis plongé dans la criminalité. J’adore le pognon, mais c’était loin d’être ma principale motivation que je me suis lancé dedans dans cet océan de merde, vous pouvez me croire.
Pour vous faire un rapide topo de mon enfance, c’était assez merdique. J’ai toujours pensé qu’il y avait bien pire, que ça pouvait l’être bien plus encore et je me suis pas trompé, mais pour un gosse c’était suffisamment marquant pour laisser des traces, de sacrées traces. Grosse fratrie, le géniteur a foutu le camp très tôt, ou plutôt ma mère a fini par le pousser à bout et le foutre dehors. Un comique de répétition chez elle, je crois avoir vu défiler une dizaine de mecs entre mes dix et mes dix-huit ans, tous plus déglingués les uns que les autres, mais je pense qu’il fallait au moins ça pour être foutu d’êttre attiré par ma folle de mère. Vous l’avez compris, je pouvais blairer ni mon géniteur, ni ma génitrice, ça pose déjà les bases. J’ai dû supporter toutes les horreurs qu’elle a pu commettre et elle nous en a fait baver à moi, mes frères et mes sœurs. Seulement voilà, à la maison tu pouvais pas tellement la ramener sinon tu finissais comme le daron, à la rue. Sur sept enfants, y’en a bien trois qui ont giclé la baraque avant l’âge adulte.
Moi, à l’époque, j’étais pas le même que maintenant. Plus faible physiquement, mais surtout mentalement, rêveur, et très naïf. Malgré que je supportais pas la façon d’être de ma mère, ça restait celle qui m’avait mise au monde et élevé, quand bien même la façon de faire était à gerber et peu importe le nombre de fois où j’ai pu finir en larmes, j’arrivais pas à me détacher de ce lien affectif m’unissant à elle. Et puis de toute façon, qu’est-ce que j’aurais fait seul dans les rues d’Opale ? A l’époque, j’avais déjà pas une très belle estime de moi-même, les reproches et insultes ramassées dans les dents à longueur de temps aidant pas, alors je me sentais tout juste incapable de voler de mes propres ailes. D’ailleurs des ailes, j’en avais même pas, cloitré au sol et cloué chez moi.
J’ai grandis, jusqu’à venir la fin de l’adolescence où je commençais à me forger une certaine moralité, des valeurs et du courage. Et surtout, un petit caractère de merde. C’est venu progressivement et à l’époque, je pensais que ça partait de mon animosité envers ma mère et ses chiures de types qu’elle se tapait, j’avais pas conscience qu’une merde bien plus dangereuse sommeillait en moi. Ras le bol d’être une lavette ambulante, je me suis mis à tenir tête, à en faire baver autant qu’on pouvait m’en faire baver. Les roustes se sont multipliées et si je rendais toujours pas les coups à l’époque, j’ai au moins appris très tôt à les encaisser et à tenir bon.
Pas foutu de savoir ce que je voulais faire de ma vie, devenu une plaie foutrement emmerdante dans le derche de ma mère et son enfoiré de mec du moment, j’ai fini par suivre le fil de gosses qui prennent la porte contre leur volonté. À l'insu de mon plein gré, comme il aurait dit l’ami Richard. Soit, presque majeur, c’est le bon timing pour se retrouver livrer à soi-même dans la grande et belle cité aux Mille Lumières. Surtout avec cette grosse rage au ventre qui n’arrête pas de me brûler les tripes, mais là encore, j’étais loin de m’imaginer ce qui était réellement en train de m’arriver.
Comment pouvoir expliquer toute cette colère qui m’habitait à l’époque sans avoir toute l’histoire de ma naissance dans son ensemble, hein ? Impossible, je me suis contenté de ce qui était le plus logique, le plus rationnel à mon esprit, à défaut d’avoir eu une mère capable de me raconter la vérité sur mes origines.
C’est là que c’est offert à moi le monde sombre du crime.
J’ai commencé léger, je vous rassure.
L’environnement ayant toujours été très hostile à la maison, j’ai développé cet espèce de méfiance pour les humains et un désintérêt total d’une vie normale, tranquille et bien rangée. Ce que je voulais, c’était quelque chose qui me fasse me sentir vivant, et surtout qui me permettait d’évacuer ce torrent d’émotions négatives me submergeant jour et nuit. La bagarre m’a ouvert les bras. La bagarre clandestine, naturellement. Plutôt simple dans les faits, être payé pour se foutre sur la tronche et étaler des types dans des arènes illégales. Que ça aille de la ruelle puante à un manoir rempli de bourges en manque d’adrénaline, Opale était devenu mon arène et j’étais l’un de ses foutus gladiateurs.
Comment je suis passé du gosse qui prend des raclées au mec qui casse des bouches et se fait du fric en écrasant la tronche des autres ? La pratique, y’a que ça de vrai. Je compte plus le nombre d’os qu’on m’a pété avant que je commence sérieusement à être celui qui les brise.
J’ai apprécié cette période la de ma vie. Baston, pognon, alcool, les femmes, une parfaite liberté, j’avais pour ainsi dire tout ce qu’un jeune dans la vingtaine peut convoiter. Bernard, le type chargé de me trouver les combats, mon agent en gros, était admirablement bien réglo’ avec moi et l’affaire roulait plutôt bien. Mais comme je suis pas ici pour vous raconter une histoire heureuse, les emmerdes sont arrivées. Et entièrement de ma faute. Enfin non, pas tout vraiment en y repensant bien. La faute à ma salope de mère.
Cette rage me brûlant le bide et qui m’était fort utile dans mes combats, elle a fini par prendre forme, par se manifester sous sa véritable apparence. Cette colère presque bestiale qui pouvait me transcender pendant que je me foutais sur la tronche, j’ai fini par m'apercevoir qu’elle n’était pas presque bestiale, mais que j’étais vraiment un foutu animal. Vous savez ces sales brutes que les gens aiment bien surnommer des “Bêtes” pour leur donner une aura encore plus terrifiante ? Bah moi j’en suis réellement une, de bête. Problème, je l’ai découvert de la plus sanglante des manières.
Cette nuit qui aura été mon dernier combat clandestin, j’ai tué pour la première fois un homme. Mon adversaire, qui avait pas signé pour se faire arracher la jugulaire par un foutu enfoiré de merde transformé en putain de loup, était en train de me démonter la gueule au moment où j’ai perdu pieds. Je sais pas exactement ce qui a déclenché la chose, ce qui la réveillait maintenant et pas avant, ou après, sans doute l’humiliation et la rage que je ressentais à me prendre la plus grosse des branlées, j’en sais foutrement rien en vrai… mais c’est arrivé. Une seconde j’étais Peeter, la gueule gonflée par les beignes et le sang qui dégoulinait, la suivante je tombais à genoux dans un râle de douleur si horrible qu’il hante encore les nuits de mon agent. Puis, je me suis transformé sous les yeux du petit comité rassemblé là illégalement. Un putain de loup noir, hargneux, agressif, venu là pour faire couler le sang.
J’ai aucun souvenir de tout ça, je ne me souviens jamais de ce qu’il se passe durant mes transformations. Tout ce que je sais, c’est que je me suis réveillé le lendemain, à poils, au milieu de mon salon, recouvert de sang qui n’était pas seulement le mien. C’est Richard qui m’a tout raconté ensuite. C’est aussi lui qui m’a aidé à faire profil bas le temps que tout se calme. Ca a pas été gratuit évidemment, les types en face avaient perdu un combattant. Oui, ils en avaient rien à foutre que j’ai tué un homme, mais j’avais tué leur poulain et ils exigeaient réparation d’une manière ou d’une autre. J’ai dû leur filer quasiment tout le fric que j’avais pu amasser jusqu’à présent, mais c’était rien en comparaison du choc de ce que j’avais fait. Tuer un homme, votre première fois, c’est épouvantable. J’oublierai jamais son visage,c’est le sien qui me hante régulièrement dans mon sommeil à moi, et même avec la dose d’opium que je m’envoie maintenant, ça m’arrive encore de voir sa silhouette au détour d’une ruelle.
Après ce pauvre gars que j’ai tué, tout est réellement parti en vrille dans ma vie. Si jusque-là, je m’étais contenté d’effleurer le côté illégal de la vie, tremper mes pieds dans l’eau glacé, devenir un meurtrier m’a fait l’effet du grand plongeon dans un océan de noirceur. Comme être attiré dans les profondeurs sans aucun espoir de remonter à la surface. D’ailleurs, je ne suis jamais revenu dans la lumière.
Si à mes yeux, avoir tué cet homme faisait de moi un énorme salopard, un monstre incapable de contrôler ses pulsions, plus particulièrement celle de la bête, pour d’autres je représentais un atout avec du potentiel. Un atout qu’ils souhaitaient exploiter. Et ils ont su aligner les billets pour que ça arrive. J’avoue ne plus avoir pris la peine de réfléchir à ce qui était bon ou mauvais à partir de là, accablé par la culpabilité, aveuglé par la rage et totalement perdu. Je me suis surtout réfugié dans un doux et chaleureux cocktail d’opium, d’alcool et de violence, ce qui n’a rien arrangé à ma psychologie.
Les années sont passées, j’étais devenu un criminel qu’on payait grassement pour exécuter toutes sortes de sales boulots, ceux dont les grosses têtes dirigeantes ne souhaitent pas s’abaisser à accomplir de leurs propres pognes, de peur de découvrir à quel point le sang ça gicle et souille les fringues. J’en ai profité pour en savoir plus sur mes origines, sur ce truc me pourrissant de l’intérieur, comment je m’étais retrouvé à avec une merde pareille en moi et comment apprendre à le gérer. Il se trouve que j’ai hérité ça de mon putain de père, qui s’est révélé être une toute autre personne que celle que je croyais, ma mère ayant écarté les cuisses pour un autre gars pendant qu’elle était avec son mari de l’époque. Sale, pas surprenant venant d’elle, mais sale. Le mensonge m’a mis un coup en plus derrière la nuque, comme si j’avais vraiment besoin de ça pour me sentir misérable.
J’ai jamais réussi à accepter le fait d’être un zoan, j’ai jamais réussi à apprécier le loup faisant partie de moi, j’ai jamais réussi à lui laisser sa place. Je le hais, je me hais et je hais mon véritable père pour ce don pourri qu’il m’a fait. Je l’ai d’ailleurs retrouvé cet enfoiré, il était pas si loin que ça en vérité. Son corps a été retrouvé deux jours après notre rencontre, complètement déchiqueté.
Je l’ai pas pleuré.
Mais j’ai pleuré toute la nuit suivante, de dégoût pour le monstre qu’on m’a condamné à être.
Cela fait seulement deux ans que j’ai décidé d’arrêter d’être le larbin des autres et que j’ai voulu opérer en solo. Ou plutôt, monter ma propre organisation. Alors je suis pas complètement con, en partant de zéro et sans aucun allié derrière les miches, je me doutais que j’allais galérer pour faire mon trou. Opale c’est beau, c’est riche, mais c’est foutrement salopard. Surtout le milieu dans lequel j’opère, on laisse personne se faire une place aussi facilement. Et comme je supporte pas les types trop puissants, j’ai eu dans l’idée d’en faire tomber quelques-uns pour me hisser à leur place. Pas si simple à faire, mais j’avais un plan concernant ma première cible.
Jessy devait témoigner contre quelques têtes criminelles régnant sur la partie sombre de la cité aux Mille Lumières, dont Prokus, un enfoiré à la tête d’un gros gang trempant dans la contrebande. Pile le secteur que je convoitais. Je pensais parvenir à découvrir qui était cette Jessy et la convaincre de rester avec moi jusqu’au jour de son témoignage, mais cet enfoiré de Jonas Steiner est venu foutre sa merde, craignant pour son cul. Tout juste au moment où j’allais lui mettre la main dessus, Steiner a trouvé Jessy avant moi. Et Jessy a couru pour sa vie, Steiner et ses gars ont aussi couru pour la vie de Jessy. Je guettais le bordel, attendant le bon moment pour intervenir et sortir cette pauvre femme de ce merdier, mais elle est parti se foutre dans la brume. Une sacrée idée de merde qui traduisait bien du désespoir total dans laquelle elle s’était retrouvé. Une fois à l’intérieur, y’avait peu de chances qu’elle en ressorte en vie, et encore moins avec toute sa tête, alors j’y suis allé dans l’espoir qu’il ne soit pas trop tard.
Une autre idée de merde.
Dans la brume, y’avait Jessy, Steiner et ses hommes, puis moi.
Mais dans la brume, y’avait aussi une belle saloperie assoiffée de sang.
J’ai suivi les cris et le bruit des balles pour les retrouver. Le temps que je me ramène, en me maudissant d’y être allé, Jessy avait déjà disparu. Tuée par cette chose ou ayant pris la fuite par miracle, aucune foutue idée et pas le temps d’y réfléchir. La bestiole était sur Steiner et ses gars. J’ai tout juste réussi à en sauver un, qui avait eu l’intelligence de foutre le camp plus vite que les autres. Quand je l’ai pris par le col, le truc qui voulait notre peau dans la brume nous est tombé dessus. Zane a été envoyé pioncer avec un sale coup au visage, j’en ai pris un dans le bide, qui m’a envoyé mordre la poussière. C’est à ce moment-là que la bête sauvage qui vit en moi s’est mis à réagir avec virulence, au point que j’en ai perdu les pédales et que je l’ai laissé sortir. C’est sans doute ce qui m’a sauvé la vie, ironiquement. A vrai dire j’en sais rien, je n’ai jamais aucun souvenir de mes putains de transformations. Tout ce que je sais, c’est que personne n’est ressorti de cette brume à part moi, et ce type, Alexandre Vane. Je me suis réveillé avant lui, à poils, lui qui gisait inconscient, tout proche. Tous les deux dans un sale état, lui plus que moi.
Je l’ai ramené chez moi, lui ai pansé ses blessures, offert un pieu sur lequel se reposer autant que nécessaire. Mais pas par charité, c’est pas dans mon habitude. Alexandre se révélait être foutrement plus utile vivant que mort, parce que Alexandre, contrairement à moi, il avait eu le temps de voir la tronche de cette Jessy, de savoir de qui il s’agissait. Alors Alexandre, en échange de sa vie, il allait m’aider à la retrouver. En partant du principe qu’elle était parvenue à sortir de la brume, évidemment.
Des semaines de recherches plus tard, pas une trace d’elle.
La brume semblait l’avoir complètement absorbée.
La dette de vie d’Alex n’était donc pas encore réglée, ce qui lui a valu de commencer à bosser pour moi. Il est devenu le premier membre de mon gang, l’affaire était réellement lancée à présent. L’idée, c’était de foutre de bons coups de panards dans les bonnes fourmilières et d’écraser ce qui en sortait pour se hisser à leur place. Et pour y parvenir, je suis prêt à tout.
Pour vous faire un rapide topo de mon enfance, c’était assez merdique. J’ai toujours pensé qu’il y avait bien pire, que ça pouvait l’être bien plus encore et je me suis pas trompé, mais pour un gosse c’était suffisamment marquant pour laisser des traces, de sacrées traces. Grosse fratrie, le géniteur a foutu le camp très tôt, ou plutôt ma mère a fini par le pousser à bout et le foutre dehors. Un comique de répétition chez elle, je crois avoir vu défiler une dizaine de mecs entre mes dix et mes dix-huit ans, tous plus déglingués les uns que les autres, mais je pense qu’il fallait au moins ça pour être foutu d’êttre attiré par ma folle de mère. Vous l’avez compris, je pouvais blairer ni mon géniteur, ni ma génitrice, ça pose déjà les bases. J’ai dû supporter toutes les horreurs qu’elle a pu commettre et elle nous en a fait baver à moi, mes frères et mes sœurs. Seulement voilà, à la maison tu pouvais pas tellement la ramener sinon tu finissais comme le daron, à la rue. Sur sept enfants, y’en a bien trois qui ont giclé la baraque avant l’âge adulte.
Moi, à l’époque, j’étais pas le même que maintenant. Plus faible physiquement, mais surtout mentalement, rêveur, et très naïf. Malgré que je supportais pas la façon d’être de ma mère, ça restait celle qui m’avait mise au monde et élevé, quand bien même la façon de faire était à gerber et peu importe le nombre de fois où j’ai pu finir en larmes, j’arrivais pas à me détacher de ce lien affectif m’unissant à elle. Et puis de toute façon, qu’est-ce que j’aurais fait seul dans les rues d’Opale ? A l’époque, j’avais déjà pas une très belle estime de moi-même, les reproches et insultes ramassées dans les dents à longueur de temps aidant pas, alors je me sentais tout juste incapable de voler de mes propres ailes. D’ailleurs des ailes, j’en avais même pas, cloitré au sol et cloué chez moi.
J’ai grandis, jusqu’à venir la fin de l’adolescence où je commençais à me forger une certaine moralité, des valeurs et du courage. Et surtout, un petit caractère de merde. C’est venu progressivement et à l’époque, je pensais que ça partait de mon animosité envers ma mère et ses chiures de types qu’elle se tapait, j’avais pas conscience qu’une merde bien plus dangereuse sommeillait en moi. Ras le bol d’être une lavette ambulante, je me suis mis à tenir tête, à en faire baver autant qu’on pouvait m’en faire baver. Les roustes se sont multipliées et si je rendais toujours pas les coups à l’époque, j’ai au moins appris très tôt à les encaisser et à tenir bon.
Pas foutu de savoir ce que je voulais faire de ma vie, devenu une plaie foutrement emmerdante dans le derche de ma mère et son enfoiré de mec du moment, j’ai fini par suivre le fil de gosses qui prennent la porte contre leur volonté. À l'insu de mon plein gré, comme il aurait dit l’ami Richard. Soit, presque majeur, c’est le bon timing pour se retrouver livrer à soi-même dans la grande et belle cité aux Mille Lumières. Surtout avec cette grosse rage au ventre qui n’arrête pas de me brûler les tripes, mais là encore, j’étais loin de m’imaginer ce qui était réellement en train de m’arriver.
Comment pouvoir expliquer toute cette colère qui m’habitait à l’époque sans avoir toute l’histoire de ma naissance dans son ensemble, hein ? Impossible, je me suis contenté de ce qui était le plus logique, le plus rationnel à mon esprit, à défaut d’avoir eu une mère capable de me raconter la vérité sur mes origines.
C’est là que c’est offert à moi le monde sombre du crime.
J’ai commencé léger, je vous rassure.
L’environnement ayant toujours été très hostile à la maison, j’ai développé cet espèce de méfiance pour les humains et un désintérêt total d’une vie normale, tranquille et bien rangée. Ce que je voulais, c’était quelque chose qui me fasse me sentir vivant, et surtout qui me permettait d’évacuer ce torrent d’émotions négatives me submergeant jour et nuit. La bagarre m’a ouvert les bras. La bagarre clandestine, naturellement. Plutôt simple dans les faits, être payé pour se foutre sur la tronche et étaler des types dans des arènes illégales. Que ça aille de la ruelle puante à un manoir rempli de bourges en manque d’adrénaline, Opale était devenu mon arène et j’étais l’un de ses foutus gladiateurs.
Comment je suis passé du gosse qui prend des raclées au mec qui casse des bouches et se fait du fric en écrasant la tronche des autres ? La pratique, y’a que ça de vrai. Je compte plus le nombre d’os qu’on m’a pété avant que je commence sérieusement à être celui qui les brise.
J’ai apprécié cette période la de ma vie. Baston, pognon, alcool, les femmes, une parfaite liberté, j’avais pour ainsi dire tout ce qu’un jeune dans la vingtaine peut convoiter. Bernard, le type chargé de me trouver les combats, mon agent en gros, était admirablement bien réglo’ avec moi et l’affaire roulait plutôt bien. Mais comme je suis pas ici pour vous raconter une histoire heureuse, les emmerdes sont arrivées. Et entièrement de ma faute. Enfin non, pas tout vraiment en y repensant bien. La faute à ma salope de mère.
Cette rage me brûlant le bide et qui m’était fort utile dans mes combats, elle a fini par prendre forme, par se manifester sous sa véritable apparence. Cette colère presque bestiale qui pouvait me transcender pendant que je me foutais sur la tronche, j’ai fini par m'apercevoir qu’elle n’était pas presque bestiale, mais que j’étais vraiment un foutu animal. Vous savez ces sales brutes que les gens aiment bien surnommer des “Bêtes” pour leur donner une aura encore plus terrifiante ? Bah moi j’en suis réellement une, de bête. Problème, je l’ai découvert de la plus sanglante des manières.
Cette nuit qui aura été mon dernier combat clandestin, j’ai tué pour la première fois un homme. Mon adversaire, qui avait pas signé pour se faire arracher la jugulaire par un foutu enfoiré de merde transformé en putain de loup, était en train de me démonter la gueule au moment où j’ai perdu pieds. Je sais pas exactement ce qui a déclenché la chose, ce qui la réveillait maintenant et pas avant, ou après, sans doute l’humiliation et la rage que je ressentais à me prendre la plus grosse des branlées, j’en sais foutrement rien en vrai… mais c’est arrivé. Une seconde j’étais Peeter, la gueule gonflée par les beignes et le sang qui dégoulinait, la suivante je tombais à genoux dans un râle de douleur si horrible qu’il hante encore les nuits de mon agent. Puis, je me suis transformé sous les yeux du petit comité rassemblé là illégalement. Un putain de loup noir, hargneux, agressif, venu là pour faire couler le sang.
J’ai aucun souvenir de tout ça, je ne me souviens jamais de ce qu’il se passe durant mes transformations. Tout ce que je sais, c’est que je me suis réveillé le lendemain, à poils, au milieu de mon salon, recouvert de sang qui n’était pas seulement le mien. C’est Richard qui m’a tout raconté ensuite. C’est aussi lui qui m’a aidé à faire profil bas le temps que tout se calme. Ca a pas été gratuit évidemment, les types en face avaient perdu un combattant. Oui, ils en avaient rien à foutre que j’ai tué un homme, mais j’avais tué leur poulain et ils exigeaient réparation d’une manière ou d’une autre. J’ai dû leur filer quasiment tout le fric que j’avais pu amasser jusqu’à présent, mais c’était rien en comparaison du choc de ce que j’avais fait. Tuer un homme, votre première fois, c’est épouvantable. J’oublierai jamais son visage,c’est le sien qui me hante régulièrement dans mon sommeil à moi, et même avec la dose d’opium que je m’envoie maintenant, ça m’arrive encore de voir sa silhouette au détour d’une ruelle.
Après ce pauvre gars que j’ai tué, tout est réellement parti en vrille dans ma vie. Si jusque-là, je m’étais contenté d’effleurer le côté illégal de la vie, tremper mes pieds dans l’eau glacé, devenir un meurtrier m’a fait l’effet du grand plongeon dans un océan de noirceur. Comme être attiré dans les profondeurs sans aucun espoir de remonter à la surface. D’ailleurs, je ne suis jamais revenu dans la lumière.
Si à mes yeux, avoir tué cet homme faisait de moi un énorme salopard, un monstre incapable de contrôler ses pulsions, plus particulièrement celle de la bête, pour d’autres je représentais un atout avec du potentiel. Un atout qu’ils souhaitaient exploiter. Et ils ont su aligner les billets pour que ça arrive. J’avoue ne plus avoir pris la peine de réfléchir à ce qui était bon ou mauvais à partir de là, accablé par la culpabilité, aveuglé par la rage et totalement perdu. Je me suis surtout réfugié dans un doux et chaleureux cocktail d’opium, d’alcool et de violence, ce qui n’a rien arrangé à ma psychologie.
Les années sont passées, j’étais devenu un criminel qu’on payait grassement pour exécuter toutes sortes de sales boulots, ceux dont les grosses têtes dirigeantes ne souhaitent pas s’abaisser à accomplir de leurs propres pognes, de peur de découvrir à quel point le sang ça gicle et souille les fringues. J’en ai profité pour en savoir plus sur mes origines, sur ce truc me pourrissant de l’intérieur, comment je m’étais retrouvé à avec une merde pareille en moi et comment apprendre à le gérer. Il se trouve que j’ai hérité ça de mon putain de père, qui s’est révélé être une toute autre personne que celle que je croyais, ma mère ayant écarté les cuisses pour un autre gars pendant qu’elle était avec son mari de l’époque. Sale, pas surprenant venant d’elle, mais sale. Le mensonge m’a mis un coup en plus derrière la nuque, comme si j’avais vraiment besoin de ça pour me sentir misérable.
J’ai jamais réussi à accepter le fait d’être un zoan, j’ai jamais réussi à apprécier le loup faisant partie de moi, j’ai jamais réussi à lui laisser sa place. Je le hais, je me hais et je hais mon véritable père pour ce don pourri qu’il m’a fait. Je l’ai d’ailleurs retrouvé cet enfoiré, il était pas si loin que ça en vérité. Son corps a été retrouvé deux jours après notre rencontre, complètement déchiqueté.
Je l’ai pas pleuré.
Mais j’ai pleuré toute la nuit suivante, de dégoût pour le monstre qu’on m’a condamné à être.
Cela fait seulement deux ans que j’ai décidé d’arrêter d’être le larbin des autres et que j’ai voulu opérer en solo. Ou plutôt, monter ma propre organisation. Alors je suis pas complètement con, en partant de zéro et sans aucun allié derrière les miches, je me doutais que j’allais galérer pour faire mon trou. Opale c’est beau, c’est riche, mais c’est foutrement salopard. Surtout le milieu dans lequel j’opère, on laisse personne se faire une place aussi facilement. Et comme je supporte pas les types trop puissants, j’ai eu dans l’idée d’en faire tomber quelques-uns pour me hisser à leur place. Pas si simple à faire, mais j’avais un plan concernant ma première cible.
Jessy devait témoigner contre quelques têtes criminelles régnant sur la partie sombre de la cité aux Mille Lumières, dont Prokus, un enfoiré à la tête d’un gros gang trempant dans la contrebande. Pile le secteur que je convoitais. Je pensais parvenir à découvrir qui était cette Jessy et la convaincre de rester avec moi jusqu’au jour de son témoignage, mais cet enfoiré de Jonas Steiner est venu foutre sa merde, craignant pour son cul. Tout juste au moment où j’allais lui mettre la main dessus, Steiner a trouvé Jessy avant moi. Et Jessy a couru pour sa vie, Steiner et ses gars ont aussi couru pour la vie de Jessy. Je guettais le bordel, attendant le bon moment pour intervenir et sortir cette pauvre femme de ce merdier, mais elle est parti se foutre dans la brume. Une sacrée idée de merde qui traduisait bien du désespoir total dans laquelle elle s’était retrouvé. Une fois à l’intérieur, y’avait peu de chances qu’elle en ressorte en vie, et encore moins avec toute sa tête, alors j’y suis allé dans l’espoir qu’il ne soit pas trop tard.
Une autre idée de merde.
Dans la brume, y’avait Jessy, Steiner et ses hommes, puis moi.
Mais dans la brume, y’avait aussi une belle saloperie assoiffée de sang.
J’ai suivi les cris et le bruit des balles pour les retrouver. Le temps que je me ramène, en me maudissant d’y être allé, Jessy avait déjà disparu. Tuée par cette chose ou ayant pris la fuite par miracle, aucune foutue idée et pas le temps d’y réfléchir. La bestiole était sur Steiner et ses gars. J’ai tout juste réussi à en sauver un, qui avait eu l’intelligence de foutre le camp plus vite que les autres. Quand je l’ai pris par le col, le truc qui voulait notre peau dans la brume nous est tombé dessus. Zane a été envoyé pioncer avec un sale coup au visage, j’en ai pris un dans le bide, qui m’a envoyé mordre la poussière. C’est à ce moment-là que la bête sauvage qui vit en moi s’est mis à réagir avec virulence, au point que j’en ai perdu les pédales et que je l’ai laissé sortir. C’est sans doute ce qui m’a sauvé la vie, ironiquement. A vrai dire j’en sais rien, je n’ai jamais aucun souvenir de mes putains de transformations. Tout ce que je sais, c’est que personne n’est ressorti de cette brume à part moi, et ce type, Alexandre Vane. Je me suis réveillé avant lui, à poils, lui qui gisait inconscient, tout proche. Tous les deux dans un sale état, lui plus que moi.
Je l’ai ramené chez moi, lui ai pansé ses blessures, offert un pieu sur lequel se reposer autant que nécessaire. Mais pas par charité, c’est pas dans mon habitude. Alexandre se révélait être foutrement plus utile vivant que mort, parce que Alexandre, contrairement à moi, il avait eu le temps de voir la tronche de cette Jessy, de savoir de qui il s’agissait. Alors Alexandre, en échange de sa vie, il allait m’aider à la retrouver. En partant du principe qu’elle était parvenue à sortir de la brume, évidemment.
Des semaines de recherches plus tard, pas une trace d’elle.
La brume semblait l’avoir complètement absorbée.
La dette de vie d’Alex n’était donc pas encore réglée, ce qui lui a valu de commencer à bosser pour moi. Il est devenu le premier membre de mon gang, l’affaire était réellement lancée à présent. L’idée, c’était de foutre de bons coups de panards dans les bonnes fourmilières et d’écraser ce qui en sortait pour se hisser à leur place. Et pour y parvenir, je suis prêt à tout.
Quel enfer / Il/Chose
Contrairement à Alexandre Zane, je suis loin d’être discret et j’aime pas la pastèque et j’adore le melon.
Dernière édition par Peeter F. Kilbeggan le Lun 18 Nov - 0:12, édité 5 fois