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Chère mère grand

Chère mère grand Brandw10
Lun 21 Oct - 17:48
Chère mère grand




  • Ce n'est pas la première fois que tu viens dans le coin. Coin qui n'en est pas un. C'est plutôt une zone; une plaine. Quelques maisons éparsent habillent le lieu. Un banc ou deux. Majoritairement des personnes voulant s'éloigner du fourmillement vivant de la ville. Dans ce calme naturel, il y a Simone. Tu la connais depuis quelques temps, Simone. Son petit-fils était l'un de tes premiers clients. Il avait eu peur que sa grand-mère manque de quelque chose, alors il lui envoyait plein. De quoi ? Cela ne te concernait pas. L'important, c'est que Simone t'offrait toujours à boire. Et à manger.
    Tu refusais toujours le pourboire.
    Toujours.

    Tu profitais de ces quelques livraisons pour rester dans les parages. Prendre l'air. T'asseoir sur un banc, regarder la faune et la flore. Proposer ton aide par-ci par-là, sur des petites choses qui ne comptent pas. Ainsi, tu pouvais rester dans le coin un certain temps et cela ne te dérangeait pas.
    Qu’est-ce qui te dérangeait, au fond ? Pas grand chose.

    Lorsque tu arrivais par ici, tu avais toujours cet énorme carton enroulé dans diverses couches de plastique. Bien trop protégé selon ton goût, mais probablement car tu es plus minutieux que la norme. Un colis comme un autre, qui ne semblait rien contenir de fragile puisqu’il ne faisait pas de bruits étranges.

    Aujourd’hui, le temps était particulièrement agréable, tu avais donc décidé de t’installer sur un banc sous l’ombre dans un arbre. Pourtant, quelque chose te dérangeait. Une sensation. Un sentiment.
    Quelque chose qui donne l’impression que cela ne va pas.

    Peut-être étais-tu en train de t'asphyxier avec ton masque, mais cela n’était jamais arrivé, alors tu en doutais fortement.

    Coup d'œil à gauche.
    Coup d'œil à droite.

    Il était peut-être là, le problème.

    Tu avais peut-être volé le banc de quelqu’un, qui tu fixais désormais silencieusement.
    Un détail, quand on est bien éduqué.

    Heureusement que ton masque est souriant, n’est-ce pas ?
    N’est-ce pas ?

    On partage ? croasses-tu.

    Jawn pour EPICODE


    Ven 15 Nov - 13:44

    Chère mère-grand...

    ft. Alexander



    Qu’est-ce qu’il fout là celui-là ?

    C’est sûrement ce que mon regard crie. Pardon… hurle. Après de longues semaines à souffrir le brouhaha constant et des mésaventures à Opale, même mon banc tranquille, dans un coin paumé, les Dieux ne me l’accordent pas.

    Peu de gens m'agacent dans la vie. Les gens les gens trop grands, trop gros, trop souriants, trop gentils, trop méchants… Bref, les trop-trop. L’individu présent devant moi n’a rien d’un trop-trop. De fait, il semble manquer de beaucoup de tout… mais pas d’audace. Pourquoi alors ce mauvais pressentiment à son égard… Quel est son trop-trop… ?

    Ah, il se retourne.

    «  On partage ? »  

    Je fronce les sourcils. Pas qu’il puisse le déceler sous l’ombre de ma capuche. Un petit tintouin de ricochets et cliquetis résonne dans mes sacs que je réajuste. Pincher est réveillée. Mes jambes sont fatiguées et le prochain tas de bois semble à des années de distance. Après un temps, trop long pour être naturel et trop court pour inciter un commentaire, je titube jusqu'à l'extrémité. J’atterris. Lentement, comme si le moindre geste brusque pouvait déclencher quelque chose.

    Les apparences, c’est une chose. Et je sais mieux que quiconque qu’il ne faut jamais s’y fier.  Ce type n’a pas l’air louche. Et c’est précisément ça, qui le rend louche…

    C’est là que je le vois.

    L’énorme colis à ses côtés. Trop gros pour passer inaperçu, trop soigné pour être banal. C’est ça, son trop-trop. Pas lui. Ce qu’il traîne.

    Je jette un coup d'œil furtif vers lui, puis vers le colis. Puis à nouveau vers lui. Il ne bouge pas. Pas un muscle. Ses yeux hagards me fixent (ou du moins, il donne cette impression).

    « Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? »

    Je lâche la question sans réfléchir, ma voix un peu plus sèche que je ne l’aurais voulu. Un peu plus faible aussi. Elle manque un peu d’huile, s’est enrayée ces dernières semaines. Elle sonne hésitante. Un peu comme un enfant tâtant du bout des doigts si maman est réveillée pour lui annoncer que le lit est taché… Je toussote.

    Maintenant que j’y pense, ce visage béat me dit quelque chose… Je l'ai déjà vu, non ? J’espère pas sur une affiche de prime. Mon esprit divague tentant de me remémorer d’où ce sentiment de déjà-vu peut provenir… ?  Peut-être a-t-il répondu. Peut-être pas, le tut-tut des rouages emplissant mon crâne. Des petits coups dans le cuir de ma bandoulière me font ressurgir des méandres de mon cerveau. J'entrouvre mon précieux et y sort Pincher qui s’agite au ralenti dans les airs, mordant un ennemi invisible dans les airs. Indifférente, je la pose sur le banc et lui propose quelques fruits qu’elle déguste. La colère de la Grande Pincher est apaisée, nous sommes sauvés. Je penche à nouveau mon attention sur l’autre individu.

    « Si c’est un corps découpé là-dedans, j’espère qu’il est bien empaqueté, parce que sinon… ça va vite devenir désagréable. »

    Ce n’est pas une blague, par contre.