MJ - Convocation sur le front
Bron Polaren
Bron haussa une arcade cristalline à la remarque de Farouk. Il savait l’homme direct, mais pas … inconséquent.
- Ce qu’on attend d’un chef, Farrrouk. Ce que vous n’êtes pas. rocailla-t-il, avant qu’Ellendrine ne reprenne la parole.
Il l’écoute, la laissa poursuivre sa tirade à l’instar de Nostell. Il les laissa aller jusqu’au bout, pousser leurs excuses et raisonnements pour étendre tout l’attirail de leur défense et épuiser leurs sacs. Il y avait bien, dans ce sac de nœuds, quelques nouvelles informations non ? Du moins vous l’espériez. Mais face au visage opaque du Golem, il était impossible de lire ses émotions pour tenter d’en tirer un tant soit peu de quoi vous rassurer. Le son peu amène de son palais de cristal crissa sur sa langue. Bron pesait chacun de ses mots avant de les prononcer. Tout comme vous ?
- Une carrrte que possède donc Opale. Moyen de prrression supplémentairrre sur Arrramila, de chantage à la Brrrume : voilà qui ne pèse pas en votre faveurrr. Mais … une question rrreste : qui vous dit que c’était la seule solution ? D’où tenez-vous cette cerrrtitude, Ellendrrrine ? Nul écrrrit, nul rrrécit. Nul cantique. N’est-ce pas étrrrange ? Je me pose la question. répondit-il, avant de pivoter d’un seul bloc vers Nostell.
Le Golem la toisa, fit cliqueter ses doigts rosés sur la cuirasse qui le protégeait. Elle était mercenaire oui, presque la moins coupable dans son cas. Presque. Elle restait une carte consciente d’un jeu qu’elle semblait pourtant savoir jouer, à défaut de le reconnaître. Il profita de cette courte pause pour s’emparer du document que venait de faire glisser l’érudite, s’étonnant de ne l’avoir eu qu’en cet instant. Il le compulsa pendant plusieurs minutes, dans un instant qui pesa. S’éternisa. On entendait les pas dehors, les cris. Une clepsydre faisait office de marqueur du temps. Trop lent. Plic. Plic. L’eau érodait la roche.
- Votrrre morrrt n’est pas d’intérrrêt, en effet. Pas plus que votrrre vie. conclut-il en claquant le document d’un geste. En consultant le Concile Œcuménique, nous aurrrions alorrrs su quel danger courait Uhrrr. Vous n’avez pas la connaissance de cerrrtaines choses, vous n’avez pas le tableau dans son ensemble. Vos actions sont un parrri. Sur des millions de vies. Vous aurrriez su, parrr exemple, que nous avions connaissance de ces prrremiers sacrifiés en Arrramlia.
Le golem marqua une pause, à nouveau.
- Vous mettrrre à l’éprrreuve. Pourrrquoi donc ? Qu’avez-vous à apporrrter aux Sentinelles ? Vous avez agi en collusion avec une forrrce qui nous a déjà causé beaucoup de tort dans le Rrrenon. Vous avez agi en collusion avec le Magistèrrre qui à cette heurrre cherrrche avec cerrrtitude une façon de tirrrer parti de l’arrrivée de la Brrrume en Opale. Ellendrrrine : ils ont de quoi surrrvivrrre si le monde sombrrre. Arrramila possède la foi et la forrrce de ses habitants. Il faut reconnaîtrrre que l’usage du Myste, tout aussi condamnable qu’il soit, offrrre à cette nation un avantage. Avantage qui a été poussé sur la trrrace du … Mandebrrrume.
Il avait marqué un instant d’hésitation, jaugeant votre réaction à cette information. Il sembla se satisfaire de ce qu’il vit car il se redressa et croisa les bras.
- Bien. J’ai ce qu’il me faut. Ellendrrrine Brrrightwidge. Du fait de vos actions, de la collusion avec Serrraphah Von Arrrendt, d’ingérence auprrrès du Magistèrrre et de décisions au nom de la nation et courrrt-cirrrcuitant le Concile Œcuménique, je me dois de prrrendre une décision en ma position – temporrrairrre – de Prrrimat. Nostell An’mbeidh et Farrrouk, du fait de votrrre inféodalité à Ellendrrrine Brrrightwidge, vos peines viennent alourrrdirrr la sienne. reprit-il, tandis que le goutte-à-goutte ajoutait un bruit désagréable à ses lentes paroles.
Bron se dirigea vers l’établi caché derrière une tenture où vous entendirent le son de la roche contre de la roche. Puis le son d’un burin contre de la roche. A nouveau, des minutes. Tac tac tac. Tac tac. Ainsi se creusait la lourdeur de vos peines. Il en revint avec une épaisse tablette de pierre. A son somment trônait le nom d’Ellendrine. Elle était celle qui les avait embauchés, celle qui avait décidé d’endosser la responsabilité.
- J’ai plaidé en votrrre faveurrr, mais le Concile a été ferrrme. Toute usurrrpation à leur pouvoir décisionnel devrrrait mener à un banissement sans délai du pays. Cependant, nous sommes arrrrivés à un comprrromis. Vous ne serrrez bannie que des Sentinelles. Jusqu’à ce que vous ayez prrrouvé votrrre loyauté à notrrre nation, à ses idéaux et à son développement. Arrramila a déjà forrrt à fairrre avec les rrrivalités en son sein pourrr se prrréoccuper de ceux qui parrrtagent des inforrrmations d’Etat. Si vous étiez rrrestée en Opale, soyez cerrrtaine que la situation n’aurrrait trrrouvé une fin si humaine. Votrrre prrremier jugement quant à votrrre peine prrrouve combien vous l’êtes toujourrrs un peu, au fond de vous.
Il fit glisser la tablette sur la table. Cela signifiait de ne plus avoir accès aux ressources des sentinelles, ni leurs informations ou canaux privilégiés. Cela signifiait un rabot politique fort de la position d’Ellendrine qui était étonnamment … vicieux face à ses dernières activités. Peut-être fallait-il y voir l'impact d'autres décisions à son encontre ? Farrouk y plongeait avec elle. Quant à Nostell … si elle avait un jour songé à rejoindre cette organisation … elle était à présent très loin d’y avoir établi de bons rapports.
- Dans la mesurrre où vos actions aurront aidé Uhrrr, j’ai pu obtenirrr cet allégement. Le futurrr nous dirrra ce qu’il en est.
Bron Polaren était connu pour sa retenue, et sa capacité à fédérer tout en protégeant les siens. S'il était difficile de lire à travers ses prunelles couleur lilas, ses actes parlaient pour lui. Il avait été le bouclier. A présent, vous étiez livrés à vous-même dans un monde dont l'équilibre précaire ne demandait qu'à basculer. La suite, vous ne la connaissiez pas. L'entrevue, quant à elle, était terminée. Les soldats s'écartèrent, Bron croisa ses bras dans son dos et attendit. Il ne vous restait plus qu'à partir affronter votre destin et ses conséquences. A espérer que d'autres n'aient pas de comptes à régler avec vous et vos actions.