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[1901] Convocation auprès de la Guilde [MJ]

[1901] Convocation auprès de la Guilde [MJ] Brandw10
Jeu 10 Oct - 13:14

MJ - Convocation auprès de la Guilde

Réno Callaghn



11 Keladron 1901

A l’attention d’Artémis de Goya.

Artémis,

Cette lettre devrait te trouver en meilleure forme que je ne le suis depuis les événements d’Opale. Certaines de mes sources m’ont informé, par le biais du Chancelier, que tu avais participé à une expédition auprès de l’Arbre-Dieu. Je ne sais pas dans quoi tu as mis les pieds, mais il est urgent que nous échangions à ce sujet. Je sais que tu n’es en rien obligé envers moi, mais ce que vous avez pu faire là-bas me préoccupe. Je crains que vos actions n’aient des conséquences sur le long terme et j’ai besoin d’informations fiables.

Je séjourne à Dainsbourg quelques jours avant de rejoindre les expéditions. Je te fais confiance pour m’y rejoindre.

Réno.
Ven 11 Oct - 23:19

Voilà bien des mois qui s’étaient écoulés depuis la tragédie de l’Arbre-Dieu. Oui, pour le vagabond, cela ressemblait à une tragédie. Même s’il n’avait pas plus d’affinité pour les victimes, beaucoup de scientifiques furent massacrés sous ses yeux. Sans compter Duscisio qui avait beaucoup perdu dans cette affaire. Etonnamment, le sacrifice d’Exerus fut probablement le moment qui marqua davantage encore le Portebrume. La suite ne fut rien de plus qu’un tourbillon de paroles incompréhensibles, de débats houleux, de légères échauffourées… Artémis avait quitté le groupe sans demander son reste. Toutes ces piailleries politiques ne l’intéressaient pas le moins du monde.

Depuis lors, l’ermite n’avait en rien changer ses habitudes. Ces nouvelles découvertes ne lui glissaient pourtant pas dessus. Il les avait bien intégrées. Néanmoins, le mieux à faire pour lui était de reprendre son quotidien, ses expéditions, tout en continuant de protéger sa forêt. Mais comme bien souvent pour ce pauvre rêveur, qui avait vécu bien trop d’aventures pour être en paix, on le sollicitait sans relâche. Le monde se mettait en mouvement. Des expéditions se préparaient. Parmi toutes les lettres reçues, l’une d’entre elles retint particulièrement son attention : celle de Reno. Son vieil l’ami le contactait souvent pour de nouvelles péripéties. Or, cette fois-ci, il semblait vouloir en apprendre davantage sur le déroulé des événements passés autour de l’Arbre-Dieu. Bien des mois s’étaient écoulés, les rapports ne devaient pleuvoir que depuis peu de temps.

Pourquoi souhaite-t-il avant obtenir des informations fiables ? se demanda l’homme aux cheveux d’albâtre, songeur devant cette lettre. La question était légitime. Reno obéissait lui à des ordres supérieurs. Pourquoi cherchait-il à en savoir davantage de son côté ? A quelles fins ? La curiosité maladive de cet aventurier le poussa à préparer son sac et monter à dos de son pégase pour voler en direction du Dainsbourg. De bien mauvais souvenirs survenaient à l’évocation de ce lieu maudit.

***

Après s’être abreuvé au lac de l’Arbre, Ablette poursuivit son envol en direction du Dainsbourg. Ils s’arrêtèrent aux dunes d’Oman pour un dernier ravitaillement et continuèrent d’une traite jusqu’au campement d’aventuriers et de scientifiques qui se trouvaient dans la Fondation, autrement dit l’ancienne cité. Ça grouillait de monde. Des soldats, des scientifiques, des médecins… comme lors de sa précédente venue. En traversant le camp, Artémis reconnut certains visages qu’il reconnaissait. Loin d’être une célébrité, les plus expérimentés d’entre eux le connaissait et le saluait respectueusement. Le Loup Blanc, comme on le surnommait, avait survécu à bien des périples.

Au bout de quelques minutes de marche et de causettes, le vagabond se retrouva devant une tente. Elle n’avait rien de particulier. Elle empestait seulement l’odeur de l’ours. « Allons, Reno, tu ne vas quand même m’obliger à me présenter comme un bleu. Ton odorat est au moins aussi bon que le mien. »
Dim 13 Oct - 15:35

MJ - Convocation auprès de la Guilde

Réno Callaghn


Une carte. Tâchée, maculée. Des cercles de coupe de vin, quelques points de gras et, surtout, une route. Une route marquée de croix rouges, de circonvolutions qui s'étendaient à mesure que la mappemonde était tracée. Epinglée par quatre dagues, elle marquait les combats, les heurts et les avant-postes. L'effort de guerre était réel, et au milieu de la tente trônait un homme appuyé sur la table et qui traçait d'une main agacée une énième croix rouge. Il tournait le dos au nouvel arrivant, ne lui offrit qu'un renâclement bestial qui fit frémir les poils qui nimbaient ses avant-bras. Il se redressa, emplit l'espace de toute sa stature et se retourna. Il révéla une missive ensanglantée, au-dessus de ses nouvelles marques. Une nouvelle défaite face à la Brume. Des morts, encore et toujours. Et un temps qui ne ralentissait pas. La route vers Zénobie était pavée des cadavres d'Aventuriers courageux, de Patrouilleurs oubliés. Réno t'offrit un regard courroucé, ses yeux ursins crachaient une rage que tu devinais difficile à contenir. Tu le connaissais suffisamment pour ne savoir qu'une chose : c'était un ours de guerre. Retenu par une chaîne de responsabilités et qui ne demandait qu'à la briser pour déverser sa rage sur ses ennemis.

- Artémis. feula-t-il, ses dents emplissaient sa bouche et rendait sa diction furieuse.

Sa toison régressa, il secoua la tête et sa mâchoire reprit une stature plus humaine, bien que sa rage resta tapie au fond. Il restait immense, imposant. Dangereux. Son oeil blessé se ferma de nouveau, cachant la pellicule blanche qui avait masqué son faciès d'ursidé. De nouvelles cicatrices le bardaient, et son armure semblait à présent dotée de plaques supplémentaires vouées à protéger et soutenir son bras, blessé pendant les événements d'Opale. Il fit un pas vers toi. Les bougeoirs disposés dans sa tente firent jouer son ombre sur les drapes, colossale. Sans un mot autre, il s'avança jusqu'à toi et ce sentiment de sympathie que tu pouvais lui trouver s'assécha tout aussi brutalement qu'il t'avait gagné. Le loup en toi se tapit et regretta de ne pas avoir de tanière où il aurait pu disparaître. Un instant, tu te rappelas pourquoi il fut un temps le mercenaire le plus redouté d'Uhr.

- Mon odorat est gâché par le sang des miens qui sont morts sur la route de Zénobie, et par la souffrance de mon Amie. te fit-il, à quelques centimètres de toi.

Il te tendit malgré tout une main gantée, en un salut fraternel. Tu ne pouvais t'empêcher de sentir tous les poils de ton corps se hérisser. Quelque chose criait au danger, dans tout ton être. Pourtant, Réno était un ami, non ? Un coup de vent fit voleter le drap qui marquait l'entrée de sa tente. Un Patrouilleur en armure complète, marqué du sceau de la Guilde. Il marqua un temps d'arrêt puis fit un pas vers vous, ce qui fit lâcher votre salut à Réno. Il lui tendit sans un mot un nouveau pli cacheté que le chef de Guilde reçu avec un grognement dépité.

- Numil, envoie un courrier au Chancelier. Dis-lui que nous l'avons trouvé.
ordonna-t-il au Patrouilleur, avant de t'inviter à le suivre.

Le soldat sortit de la tente pour s'exécuter, tandis que Réno te fit signe de prendre place à côté de la carte. Il y avait là une table basse avec quatre sièges ainsi que de l'alcool fort et quelques choppes, dont une propre. Il entreprit, pendant que tu t'installais, de lire le pli. Il soupira, le posa sur la carte, à l'endroit qui marquait une nouvelle expédition. Cela ne ressemblait pas à une bonne nouvelle.

- Ma Chère est de plus en plus agressive à mesure que nous avançons. expliqua-t-il, avant de se procurer une choppe posée dans un coin.

Il s'avança vers la table et se servit de la bouteille avant de te la tendre. Cela semblait être un mélange d'hypocras et de gnôle. Très parfumé, avec quelques fragrances animales.

- Je suppose que tu sais pourquoi je t'ai fait venir. J'ai été très surpris d'apprendre que tu avais guidé une expédition au sein de ton domaine, et que tu avais travaillé avec le Magistère pour mettre en oeuvre un plan qui pourrait avoir des répercussion sur tout Uhr. Je n'en ai pas cru mes oreilles. Et j'aimerai que tu m'expliques ce que tu as fait. L'autre ... Patrouilleur ... a eu quelques déconvenues.
Dim 13 Oct - 19:46
Si ce n’était pas Reno, le Portebrume se serait probablement mis en garde contre tout attaque. La bête en lui avait eu peur. Mais Artémis connaissait ce valeureux soldat, son ami, et resta stoïque face à lui. Il avait bien conscience que le poids exercé sur ses épaules était trop important pour un seul homme. Pour cette seule raison, l’ermite se tut et écouta son comparse sans rien dire. De nombreux hommes perdus au combat. Les croix rouges présentes sur la carte le démontraient sans laisser le moindre doute. Combattre la Brume était long, épuisant, laborieux et souvent vain. Reno, comme d’autres avant lui, en subissait les conséquences jour après jour, jouant lentement sur ses humeurs. Si Artémis le savait, il préféra ne rien dire à l’ursidé, trop enragé pour entendre raison.

Ils finirent néanmoins par se saluer comme des frères, comme ils avaient de le faire depuis le temps. Un soldat entra pour transmettre une missive, Reno l’envoya en transmettre une autre au Chancelier. Probablement pour lui signaler que le Portebrume était à ses côtés. Il comprenait maintenant la raison de sa présence ici, qui n’était pas uniquement du fait de la curiosité de chef de la Guilde des Aventuriers. La missive reçue n’annonçait manifestement rien de bon au visage de Reno. Il l’invita tout de même à se joindre au côté de la carte qu’il étudiait avant son arrivée. Après avoir servi un coup de gnôle, le vagabond en but une gorgée avant de répondre au Change-Peau qui, malgré son message, semblait réellement obtenir un rapport détaillé de la situation passée.

« Si je comprends bien, Reno, tu m’as fait venir ici pour savoir comment s’est déroulée ma balade dans mon domaine ? Alors que tu es, je crois, largement préoccupée par d’autres affaires ? Si je ne te connaissais pas si bien, je soupçonnerais presque le Chancelier de t’utiliser pour me soutirer des informations, sachant pertinemment que tu le seul individu en leur possession qui puisse leur permettre un lien à l’amiable avec moi. », fit-il plongeant ses yeux dans ceux de son interlocuteur. Il ne s’agissait plus d’un ours et d’un loup, mais bien de deux hommes à présent. Mais Artémis n’avait absolument rien à dissimuler. Sa vérité, c’était celle du monde, et quiconque souhaitait la connaître pouvait le questionner. Avant de se faire dévorer par le prédateur dont les poils commençaient à le recouvrir, Artémis reprit la parole. Ce n’est vraiment pas sa journée, pensa-t-il. Inutile de jouer avec ses nerfs.

« Tu m’as l’air déjà bien informé. J’aimerais seulement éclaircir un détail : je ne les ai pas guidés. Dans un premier temps, je les ai seulement secourus. Je n’aime pas les intrusions incongrues dans mon domaine, ils allaient de toute manière se faire tuer par les espèces locales. Mais quand j’ai vu Ryker… tu connais la suite. Un tartare nommé Exerus a fait l’essentiel du boulot, jusqu’à donner sa vie pour nous sauver. », conclut-il en regardant le fond de son verre, aussi vide que son regard. Cette mort restera une énigme pour lui. Cette femme qui les a sauvés restera très longtemps dans sa mémoire. Talentueuse, charismatique, professionnelle… quel gâchis ! « Tout ça pour une expérience qui n’a pas vraiment abouti au résultat souhaité. Conclusion de l’aventure : l’arbre se meurt, la Brume avance, et la seule solution trouvée consiste à sacrifier des vies humaines pour alimenter l’arbre lui-même. »

L’homme aux cheveux d’albâtre resta songeur, quoi qu’un peu agacé par la situation, par cet interrogatoire indirect mené par un ami. Les autres participants de cette expédition, les participants officiels, avaient certainement fournis des rapports détaillés et nettement plus élaborés que celui d’Artémis. Pourquoi cette route pour cela ? Le temps d’un instant, il imaginait que ce fut pour l’enrôler dans son armée, mais Reno n’avait jamais eu besoin de cela pour demander les services du Loup Blanc. Il réalisa pour la seconde qu’il s’était mêlée à une affaire bien trop importante. Une fois de plus.

Merde.


Lun 14 Oct - 16:36

MJ - Convocation auprès de la Guilde

Réno Callaghn



Le Maître de Guilde soupira, renâcla. Il engloutit son verre d’un seul trait. Il posa le récipient sur la table pour se resservir un verre. Il s’installa de mauvaise grâce dans le siège qui ploya sous sa masse et grinça son mécontentement. Il écouta les mots d’Artémis sans avoir l’air satisfait. Il émit un borborygme agacé, preuve qu’il n’apprenait rien d’agréable. Ou de nouveau.

- Tu as vu juste. Sauf sur un point : ce n’est pas Panoptès qui veut des informations. Il en a déjà assez. C’est moi qui cherche à éclaircir les zones d’ombre laissées par le Chancelier. Le Patrouilleur Ryker n’a pas eu le loisir de venir me voir ... il est ... Hm.

Il émit un grognement mais n'alla pas plus loin. Tu savais qu’il n’aimait pas qu’on touche à sa meute. Il était territorial, et n’appréciait pas les individus qui manquaient de franchise. Il savait mentir, bien entendu, mais son flair lui dictait qu’il y avait autre chose derrière toute cette histoire et que l’un des membres de sa guilde soit impliqué avait l’air de le mécontenter. Il n’y avait pas nécessairement mésentente entre le Chancelier et Réno. C’était ainsi, les intérêts des uns ne convergeaient pas toujours dans ceux des autres. Le change-peau était assez sagace pour s’en inquiéter.

- Je ne connais donc pas la suite. Le Chancelier est resté évasif : les expéditions ne nous laissent guère le loisir de nous retourner. La moindre hésitation est fatale. La Brume est de plus en plus agressive, d’une rage que je ne lui connaissais pas. Les autres … corps sont trop impatients. Ils n’ont pas la retenue nécessaire. continua-t-il, ses doigts au ongles pointues tapotant sur la table où trônait son alcool.

Tu sentais ses muscles crispés, ses pensées qui étaient à la fois avec toi et dans une dizaine de directions différentes. Ses sens ouverts à la moindre variation dans les humeurs qui les entouraient. Il était en chasse, son attention dispersée tout autour de vous. Ouverte aux possibles et aux conséquences de méandres politiques dont les premières victimes étaient les corps expéditionnaires. L’Alliance menait la barque, et les autres se disputaient la primeur des découvertes. Mais malgré tout ça, il ne put s’empêcher de lever une lèvre irritée lorsque tu mentionnas le Magistère. Elle révéla des crocs. Les zoanthropes n’appréciaient pas Opale, et encore moins cette institution qui dorait leur blason.

- Comprends-moi bien, Artémis. Les efforts de la Guilde sont ici, au cœur de l’expédition. Les frontières sont délaissées aux mains des Patrouilleurs les plus capables que je connaisse. Nos flancs sont exposés à la Brume et à ses ravages car l’Alliance nous l’a demandé. Tu étais à la Tour, tu sais donc de quoi je parle. L’Alliance a son regard tourné vers le nord, vers Zénobie. Mais nous sommes garants des frontières et de ses habitants. D’Uhr. Je ne pense pas qu’il soit utile de te le rappeler : tu en fais partie, que tu le veuilles ou non. Ici, tous te prennent pour un Patrouilleur.

Avec le lot de bizarreries que cela impliquait. Inutile de pousser le sous-entendu. Tout comme le lien de proximité qui t’unissait avec Réno. Tu aurais pu prendre ça comme une demande de réintégrer les combats mais le change-peau était trop franc pour ne pas le demander directement. Il se gratta sa barbe naissante, chassa les quelques pellicules qui s’y attardaient. Il semblait penser. Se projeter. Te laisser le temps de prendre mesure de ce qu’il venait de dire. Il semblait s’être rembruni depuis que tu avais mentionné les vies sacrifiées. Quelque chose agitait sa cervelle, contribuait à disperser davantage son attention.

- Magistère et sacrifices. Hm. Raconte-moi les tenants et les aboutissants. Explique-moi qu’est-ce qui a pu te convaincre de sacrifier des vies ainsi. Comment comptez-vous procéder ? Il tiqua. Hm. C’est déjà fait, c’est ça ? Raconte-moi. J’espère que tu n’as pas fait une immense erreur …

Même ses menaces n'étaient pas voilées.
Lun 14 Oct - 22:41
Artémis fut rassuré par l’affirmation de son ami : il ne travaillait pas pour Panoptès. Il n’en doutait pas mais tout était possible en ces temps difficiles. Mais il tiqua sur les propos concernant Ryker. Que diable lui était-il arrivé ? Pourquoi tant de mystère ? La dernière qu’il l’avait vu, ce dernier montait dans l’aéronef qui devait les déposer suffisamment proche des frontières. Depuis, aucune nouvelle d’aucun des participants de cette expédition. Plutôt une bonne nouvelle en soit. Mais Reno instilla le doute chez le vagabond. Ryker était un homme tourmenté, comme tous ceux qui auraient vécu sa vie, naturellement. Artémis était lui-même ravagé par ces derniers évènements. Une année bien trop riche en mésaventures.

Comme il le craignait, l’ursidé le confirma, la Brume était de plus en plus agressive, plus encore sur la route en direction de Zénobie. Le Loup Blanc lui-même ne s’y sentait plus à son aise. Elle ne l’accueillait plus de la même manière et cela l’inquiétait. Reno avait aussi – en principe – cette facilité à voyager dans son antre. A la tension qui régnait dans la tente, Artémis comprit sans mal que leurs retrouvailles ne seraient pas celles espérées. D’ailleurs, ce verre avait un goût absolument abominable. Dans d’autres circonstances, peut-être l’aurait-il apprécié, mais pas cette fois. Il posa son verre et inspecta les moindres mouvements du Change-Peau. Il était effrayant et pouvait le broyer à tout moment. Un animal blessé était toujours dangereux.

Il eut ensuite droit à tout un laïus autour de fonctions d’un patrouilleur, lui rappelant qu’il en était un au demeurant. Là encore, en d’autres circonstances, le vagabond lu aurait probablement rétorqué qu’il se trompait, mais il préféra se taire pour cette fois. La prochaine fois, il ne laisserait pas passer une telle erreur de jugement. Un Patrouilleur n’était qu’un soldat aux ordres d’un autre. Ce n’était pas son cas. Son ami souffrait, l’ours également, donc inutile de rajouter de l’huile sur le feu. Un prédateur à fleur de peau était aussi dangereux. Le vagabond était très bien placé pour le savoir. Moi, un Patrouilleur, songea-t-il. Intégrer la Guilde et combattre à ses côtés, quotidiennement. Cela pourrait être plaisant. Sauf que rendre des comptes à une personne ne lui convenait pas. Dépendre d’une organisation non plus. Il devait à tout prix résister à l’emprise des organisations.

« Encore une fois, je crains que tu te méprennes sur mon rôle dans cette expédition. Je n’ai en rien participé aux discussions et aux décisions. J’ai simplement accompagné des novices en sécurité. Comme le ferait n’importe quel Patrouilleur. J’ai vu et entendu des choses. C’est tout. Quant aux vies utilisées, j’ai manifesté mon mécontentement, mais ma parole n’a que peu de valeur. Je crois… qu’ils sont malheureusement allés au bout de leur idée en cherchant des volontaires. », dit-il en serrant le poing. C’était une véritable tragédie. « Je suis contre mais stupide au point de me lancer seul dans une guérilla contre des Tartares. D’autant plus que je compte retourner dans le coin pour… rien. Laisse tomber. »

… pour retrouver Exerus, pensa-t-il avec conviction. Elle était forcément quelque part, en train de survivre dans cette dense végétation, échappant aux slivoïdes. C’était du moins ce qu’espérait le vagabond. Perdu dans ses songes, il tenta de retrouver sa concentration et retrouva face aux yeux percçants de Reno, qui tentaient de dissimuler la vérité chez cet homme aux cheveux d’albâtre. Un ermite indomptable, fidèle à ses convictions et à ses amis, un homme loyal et fiable. Reno ne pouvait que le reconnaître, c’était pourquoi ils se comprenaient si bien. Les loups vivaient en meute, Reno faisait partie de sa meute.

« Le docteur Muridas s’est trouvée être une personne sympathique. Le Sapiarque et élémentaire Seraphah Von Arendt et l’intellectuelle Ellendrine Brightwidge aussi. Néanmoins, les résultats de leurs recherches peuvent les diriger vers des actes inhumains. Ryker et moi étions contre cette idée de sacrifice. Comment leur en vouloir, Reno ? Ne leur demande-t-on de trouver des solutions pour sauver le monde en faisant fi de leurs émotions ? », reprit-il en réfléchissant profondément à ses propos. « Tu ne le sais peut-être, mais j’avais initialement un parcours scientifique. Mais la tâche demandée est si ardue que j’ai sans doute – inconsciemment – préféré me battre contre des ennemis que je pouvais voir de mes propres yeux. Quoi de plus facile que de trancher des Incubes avec une lame aussi tranchante, hein ? Aucune question d’éthique quant à ce devoir fondamental. En ce sens, je peux éventuellement t’accorder que je suis un Patrouilleur. »

Mar 15 Oct - 10:22

MJ - Convocation auprès de la Guilde

Réno Callaghn



Réno te regarda quelques instants. Il te croyait, et le regrettait.

- Je vois. répondit-il, malgré tout perplexe.

Il te savait éloigné de ces sphères d’influence et malgré ton implication, il était logique de penser que tu aies eu peu de poids. D’autant plus qu’on ne pouvait t’accuser de chuinter une quelconque hiérarchie ou nation. Il espérait peut-être qu’en défaut d’attaches, tu aurais pu te faire un contrepoids suffisamment fort. D’apporter cette clairvoyance que les autres membres n’avaient, visiblement, pas eu. Quant au défaut de charisme de Ryker pour s’imposer … cela ne sembla pas le surprendre.

- Le Sapiarque Von Arendt et Ellendrine Brightwidge. C’est donc vers eux qu’il faut se tourner, hm. Voilà qui n’augure rien de bon. Les noms ne me disent pas grand-chose, peut-être ont-ils des intérêts autres dans cette histoire, mais ce sont encore des individus aisés qui servent avant tout leurs propres intérêts. réfléchit-il à voix haute, rendu un peu songeur par l’idée qu’un Sapiarque soit autant mêlé à cette histoire.

Les récents événements épistotes avec le Régent avaient rendu beaucoup de monde méfiant envers cette nation. Si on y mêlait le nom d’une des Sept Familles d’Opale, certains raccourcis étaient … faciles. Il ne sembla pourtant pas s’en formaliser, les affaires politiques n’étaient pas sa tasse de thé et la paranoïa lui était étrangère. Il ne sembla pas relever ton sous-entendu, ou eu la politesse de ne pas pousser plus loin.

- C’est une chose que de trouver des solutions, c’en est une autre de le faire à la place des autres. Une arrogance qui nous a souvent coûté cher, et qui le continuera. Cette … Docteur Muridas est la directrice du département biologique du Magistère. Ce n’est pas n’importe qui, et elle véhicule avec elle le fardeau de son organisation. Tu ne le sais que trop bien. On ne parvient pas à un tel poste sans se salir les mains, quoi qu’on en dise. développa-t-il un peu, semblant s’être adouci au fur et à mesure de la discussion : le fait que tu te sois opposé au sacrifice avait eu l’air de le rassurer.

- Je comprends la simplicité que confère le poids des armes, libéré du fardeau du commandement et de la charge de ses propres actes. Or, ce que vous avez décidé là-bas, que tu l’aies choisi ou non, aura un impact sur notre futur à tous et ce poids, tu l’as sur tes épaules à présent. Que tu le veuilles ou non. De ce que j’ai pu apprendre, l’Arbre-Dieu nous protège tous de l’avancée de la Brume. S’il venait à disparaître, ce serait … la fin. La fin de tout. Ce que vous avez fait nous a peut-être adressé un sursis. Mais je n’aime pas savoir que des gens y trafiquent quelque chose pendant que je suis si loin, que la Guilde est occupée ailleurs.

Il s’arrêta. Se gratta le menton.

- Patrouilleur, hm. Je vois. Tu comptes y retourner. Alors … j’ai peut-être quelque chose à te demander.

Réno se leva, partit de l’autre côté de la tente, farfouilla dans quelques effets. Il retourna un tas de documents et en tira un tabard bleu nuit. Il le posa devant toi, te laissa peser la pleine mesure de ce que cela signifiait.

- La Guilde protège les siens. Tu le sais. Tout comme elle a besoin de Patrouilleurs, peu importe leur réputation et les chaînes que certains doivent traîner. Artémis, c’est la seconde fois que tu trempes dans des choses beaucoup trop importantes pour que tu ne sois plus en mesure de prendre parti. Prends-le et tu pourras décider ce que tu en fais plus tard. En l’état, ce qui se trame aux côtés de l’Arbre-Dieu m’inquiète. J’ai besoin d’un œil là-bas, même si c’est éloigné de la Brume. Tu es le seul à connaître cette forêt.

Le change-peau marqua un temps d’arrêt. Sembla hésiter sur les mots qui suivraient.

- J’ai besoin de savoir si ce qui a été mis en marche dans le dos de toutes les nations a une chance de fonctionner. Il est trop tard pour revenir en arrière et récupérer les vies sacrifiées. Il est trop tard pour trouver une autre solution. Zénobie n’est plus très loin, et les dangers à venir sont légion. Je n’ai pas grand monde à qui me fier. J’ai donc besoin d’y avoir quelqu’un de fiable. Quelqu’un qui saura prendre les bonnes décisions au nom de la Guilde. Peut-être sauras-tu ainsi faire peser davantage ta voix dans le futur … ou donner plus de lest à ton épée.

Sa colère revint un peu plus fort, nimba ses traits et tendit à nouveau ses muscles imposants. Il y avait quelque chose qu’il ne voulait formuler mais qui le mettait en rage. Quelque chose qu’il ne te dirait pas pour l’heure. Quelque chose … propre aux membres de la Guilde des Aventuriers. Même si tu étais proche, que vous vous respectiez, il restait un Maître de Guilde et conscient de ce qui pouvait être transmis ou non. Le choix était clair : prendre les oripeaux des Patrouilleurs et bénéficier de la protection de la Guilde tout comme de ses responsabilités … ou continuer seul. Seul et sans attaches, ni protection. C’était curieux qu’un simple bout de tissu puisse offrir cela, mais la réputation de la Guilde des Aventuriers n’était plus à faire.

Mer 16 Oct - 11:09
Il l’écouta attentivement. Très attentivement. L’avantage, lorsqu’on conversait avec Reno, résidait dans la sincérité de ses propos. Inutile de démêler le vrai du faux, il allait droit au but et ne disait que ce qu’il pensait. Ses craintes concernant les scientifiques ou toute autre personne bien placée étaient légitimes. Les riches individus se gavaient sans cesse et luttaient uniquement pour leurs propres intérêts. Dans le monde entier, de nombreux scandales ont eu lieu mettant en lumière des abus de pouvoir. Rien d’étonnant. Une raison supplémentaire pour s’éloigner de tout parti. Tous pourris de l’intérieur. Rien de nouveau.

Le chef de la Guilde des Aventuriers était bien trop tendu, trop anxieux. Artémis l’était autant, voire plus avec tout ce qu’il avait vécu. Il se mentait à lui-même pour tenir le coup, il était transit de peur et complètement dévoré de l’intérieur par tout ce qu’il avait vu et entendu. Son corps bougeait mécaniquement face à l’ennemi, mais le vagabond était mort de l’intérieur depuis bien longtemps. L’Homme ne pouvait survivre à tout cela à moins d’être malade. Ryker, lui-même Patrouilleur, était complètement dévoré de l’intérieur. Il l’était aussi avant nos mésaventures, songea l’ermite en esquissant un sourire que Reno ne pouvait interpréter.

Petit laïus sur les conséquences des actions menées sur l’Arbre-Dieu. Artémis, dans le vague, se demanda s’il avait toujours l’âge de se faire sermonner. Durant ces longs mois écoulés, il avait longtemps réfléchi à ce qu’il aurait dû faire ou non. La liste était longue, comme bien souvent, lorsqu’il s’embourbait dans pareilles situations. Il préféra donc ne pas répondre au désaccord qu’il ressentait quand Reno mentionna le poids qui pesait sur ses épaules. Avec ou sans sa présence, le résultat aurait été le même. Les tartares étaient suffisamment compétents pour mener cette expédition à son terme. Artémis a peut-être eu le mérite de sauver certains de ses camarades, rien de plus.

Vint ensuite le tabard symbolique de la Guilde des Aventuriers. Nous y voilà, pensa-t-il. Depuis combien de temps ce vieil ours rêve-t-il de me faire cette proposition ? Il a parfaitement choisi son moment. Tu fais chier, Reno Callaghn. Intégrer la guilde. Dire que cette idée ne lui avait jamais traversé l’esprit serait un mensonge. Cependant, le Loup Blanc a toujours avancé en solitaire. Et même s’il prétendait ne rendre de compte à personne, ce n’était pas la première fois qu’il rendait finalement des comptes à l’ursidé. Le seul et l’unique. En plein doute, le moment ne pouvait être mieux choisi pour demander à un ami de faire un choix. L’homme aux cheveux de suie observa le petit veston un long moment.

« J’apprécie encore moins que toi la présence d’inconnus au plus proche de l’arbre, tu le sais. Mon Frère a en horreur l’apparition de chercheurs, pilleurs, ou tout autre individu dans son territoire. Mais faute de mieux, ces gens œuvrent pour trouver des solutions pendant que nous retardons l’inévitable : l’engloutissement d’Uhr par la Brume et ses bêtes maléfiques. »

Le tabard en main, il sembla perdu dans ses songes, profondes et obscures. Puis il revint de ses profondeurs abyssales.

« Je prendrai le temps d’y réfléchir, Reno. Néanmoins, c’est parce que je me retrouve mêlé à de sombres affaires que je dois garder cette indépendance. Difficile de l’expliquer, mais je crois que cela m’a bien des fois sauvé la mise. Personne ne peut « officiellement » me demander de rapport, me convoquer ou me restreindre. Quiconque le tenterait se risquerait à une mort atroce. Avant la mienne, bien sûr. Je ne prétends pouvoir neutraliser une armée. », fit-il en souriant légèrement. « Mais… Je crois savoir que les différents états me considèrent davantage comme un allié qu’un ennemi. Plus qu’un Patrouilleur, je suis un Protecteur. Protecteur de l’Arbre-Dieu, Protecteur des gens, des royaumes. Prendre parti n’a pour moi aucun sens quand le monde s’écroule. Tous les partis doivent s’unir pour le bien commun. », conclut-il en posant ses yeux dans ceux de Reno, sans sourciller, malgré la noirceur présente chez le Change-Peau. Artémis, lui, s’était comme libéré d’un poids. Sa décision n’était pas définitive et serait prêt à porter l’uniforme pour aider son vieil ami. Seulement si c’était nécessaire.

« L’Arbre-Dieu se meurt. C’est une vérité absolue. Je l’ai vu et ressenti au plus profond de mes entrailles. J’ai en horreur de savoir qu’on abuse d’esprits fanatiques pour les sacrifier et retarder l’inévitable. Mes connaissances de la situation sont des plus limitées. Pour te dire, je retourne sur les lieux pour retrouver une… alliée perdue au combat. Ou peut-être seulement sa dépouille. », dit-il en revoyant l’image d’Exerus s’élancer dans un combat ultime contre les slivoïdes. Il en tremblait presque. « Je peux évidemment jeter un coup sur ce qu’il se trame dans les campements du Magistère. Si j’apprends, d’une manière ou d’une autre, que les sacrifices n’ont pas le moindre effet, ou même infime, je m’efforcerais d’y mettre un terme. », une promesse qu’il tiendra coûte que coûte. « Concernant Ryker, tu semblais perturbé en songeant à sa situation. Que lui est-il arrivé depuis son départ de la forêt ? J’imagine bien le vieux Panoptès lui demander un rapport détaillé. Ensuite ? »

Une personne pour laquelle le Loup-Blanc était prêt à prendre parti.

Mer 16 Oct - 11:37

MJ - Convocation auprès de la Guilde

Réno Callaghn



Le Maître de Guilde éluda la remarque d’une main, sans rompre le contact visuel.

- C’est justement parce que tu t’y trouves mêlé, Artémis, que ma proposition est aussi insistante. Ta tête est visée, la moindre incartade et tu seras désigné coupable. Sans ma protection, sans celle de la Guilde, je n’aurais aucun poids supplémentaire pour éviter cela. Voilà pourquoi je te demande cela. Je ne peux continuer à me mouiller pour un allié qui ne rend de comptes qu’à lui-même. J’espère que tu comprends ce que cela implique. Tes idéaux sont … parfois naïfs. conclut-il, sous entendant largement qu’il avait déjà intercédé en ta faveur plusieurs fois.

Ce n’était pas une menace, loin s’en fallait, mais de la sincérité. Ajouté au reste, il n’était pas difficile de comprendre que si tu avais été mandé ici sans chaînes ni interjection d’autres nations pour éclaircir la situation, c’était de son fait. Sauf qu’il ne désirait pas rajouter ce fardeau sur tes épaules : c’était sa décision et pas la tienne.

- La nécessité fait loi, loup blanc. Personne n’osera toucher à la Guilde, à l’inverse d’un Protecteur isolé. Faire un exemple d’un Portebrume, d’un changepeau. Inutile que je te le précise davantage : tu ne le sais que trop bien. La faute diplomatique et politique commise dans la Forêt a des répercussions assez larges. Les différents Etats voient plutôt cela comme un fusible pratique pour l’instant. Les tensions augmentent, le danger augmente. Ce tabard te protègerait. Bien entendu, tu es en droit de le refuser. C’est ton droit le plus profond. Mais sache qu’à partir de là, je devrais prendre mes distances avec toi, avant qu’on t’utilise pour m’atteindre.

Il laissait entendre qu’il avait quelques ennemis, ce qui n’était pas surprenant. Il ne jugeait pas nécessaire de pousser le raisonnement plus loin. Les méandres politiques l’agaçaient et ce n’était pas le lieu ni le moment. Il ne faisait pas de secrets, mais il choisissait ses sujets. Pour l’heure, le front était ce qui le préoccupait et la faiblesse des frontières d’Uhr. Il savait le rôle crucial que jouait la Guilde, raison pour laquelle les autres nations requerraient leurs services. Il savait son importance à lui dans cette histoire, et il connaissait leurs ennemis. La question était assez claire, si on la formulait autrement : soit tu es avec nous, soit tu es seul. Soit tu rejoins officiellement ma meute, soit tu en disparais. Bien entendu, c’était plus complexe : les liens ne disparaîtraient jamais vraiment. Mais en l’état, il n’y avait pas d’autre choix pour se préserver les uns et les autres. La somme de connaissances que tu avais accumulée faisait de toi une cible. Sans le poids de tes amitiés, d’autres auraient – peut-être – pu en profiter. Mais Réno ne pouvait plus se permettre d’être divisé dans ses actes et actions. C’était une façon … moins brutale de te faire comprendre que ta situation était une épine dans son pied.

- Je te remercie néanmoins de chercher à apaiser mes craintes au sujet de l’Arbre et des conséquences des choix opérés. L'effort de guerre pour nous mener à Zénobie est presque arrivé à maturité et les assauts vont s’intensifier. Je serais plus serein en te sachant là-bas … pour l’instant. Je te souhaite bon courage dans ton entreprise. En espérant que tu trouves la preuve que tu cherches pour ton amie. reprit-il, le moment de tension étant passé.

A la mention de Ryker, il se rembrunit. Il soupira et se redressa. Il carra les épaules et laissa échapper un feulement carnassier. Sa bouche se releva en une moue de rage et se pilosité se fourni un peu plus. Son nez s'étrécit légèrement tandis que ses dents parurent s'effiler. Il serra son poing, à entendre le métal de son armure grincer de déplaisir.

- Il est devenu … le pion favori de Panoptès depuis la Tour d’Yfe et de vos découvertes. Cela lui a coûté cher. Très cher. C’est aussi la raison pour laquelle je t’ai fait cette proposition, pour te protéger de sévices futurs. te répondit-il, hésitant sur ses prochains mots et sa colère refaisant peu à peu surface jusqu'à en rapetisser la pièce de sa violence. Il y a eu une attaque. Dans la Brume. Un assassin. Casier l’a trouvé, ramené … mais il était déjà trop tard. L’Alliance a tout mis en œuvre pour tenter de savoir ce qu’il avait appris, mais les informations étaient beaucoup trop éparses. Ce qui explique les délais, ce qui explique mon inquiétude pour toi … ce qui explique ma crainte pour ce que vous avez découvert. Quelqu’un, parmi les membres de ton groupe, a trahi et Ryker l’a payé de son sang.

Ven 18 Oct - 13:31



Artémis pesa précautionneusement les mots employés par Reno. Il ne réagit pas au sujet de ses idéaux naïfs. Il en avait pleinement conscience et se considérait lui-même comme un grand rêveur. C’était probablement la raison pour laquelle il se battait. Ce fut ce pour quoi il prit une épée pour la première fois. Néanmoins, le vagabond comprenait et saluait la volonté du chef de la guilde de protéger. Un homme bon qui gagnerait à être davantage connu encore. Un homme qui l’avait certainement sorti de nombreuses fois de guêpiers.  

En effet, tous devaient rendre des comptes à quelqu’un. Tous, sauf Artémis. C’était du moins ce qu’il voulait croire, en bon rêveur, bien sûr. La réalité était toute autre. Qui l’avait mandaté pour la tour d’Yfe ? Reno. Le Portebrume avait fui Opale et n’avait subi aucune conséquence. Qui était venu lui rendre visite pour en savoir un peu plus ? Reno. Expédition pour l’Arbre-Dieu, Artémis s’enfuit une énième fois sans rendre de compte, personne ne le poursuit. Qui le convoque humblement ? Reno. Sa bonne étoile qui, certainement, lui évitait des désagréables moments au Magistère ou toute autre organisation.

Et en même temps, s’il refusait, Reno lui annonça qu’il prendrait ses distances par crainte qu’on ne l’atteignît en utilisant l’ermite. Cela ferait mal aussi bien à l’ursidé qu’au canidé. Et le récit concernant Ryker… Le vagabond en avait un bout, mais la suite lui était totalement inconnue et lui glaça le sang. Devenir le pion d’une personne aussi puissante était souvent synonyme d’une mort lente et douloureux. Artémis savait donc que Reno ne voulait pas connaître le même sort avec lui. Ryker était un patrouilleur compétent, voire même excellent, et il devait être désolant d’observer un tel soldat sombrer dans les méandres de Panoptès.  

 « Bon… Je promets d’y réfléchir sur la route vers l’Arbre-Dieu. J’emporte avec moi ce tabard. Concernant Ryker... Je ne crois qu’il y ait quoi que ce soit à ajouter. S’il a besoin de moi, je répondrais présent. Cela est également valable pour toi, Réno. Je doute que tu veuilles y répondre, mais qui sont ces personnes qui veulent t’atteindre ? »
, fit-il en laissant un léger silence s’installer. On pouvait entendre le mouvement des troupes à l’extérieur, sentir les odeurs des plats cuisinés... la vie de camp en somme. « Mon objectif principal est de retrouver celle que je recherche et de vérifier ce qu’il en est des plans du Magistère. Je ne compte rester indéfiniment sur les lieux. Ma place se trouve au cœur de la tornade, à Zénobie. Je dois finir ce que nous avons commencé. »

Sur ces mots, le visage d’Artémis se figea. Les souvenirs des évènements vécus dans la tour d’Yfe refirent surfaces. D’autant plus que les malheurs de Ryker ont commencé juste après. Cela devait cesser dans les plus brefs délais et le vagabond n’hésiterait pas à s’aventurer dans cet enfer pour y mettre un terme définitif.

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Sam 19 Oct - 16:30

MJ - Convocation auprès de la Guilde

Réno Callaghn



Le Maître de Guilde acquiesça d'un bref hochement de tête.

- J'attends donc de tes nouvelles. Concernant Ryker, la seule chose que je puis te dire est que si tu désires en apprendre plus, tu devras te rendre à Andoria. Et concernant les personnes sur lesquelles tu te questionnes, je pense que tu t'es tenu loin de la politique pendant trop longtemps : chaque nation, chaque Etat a ses raisons de vouloir tirer son épingle du jeu. La conquête du Nord est une opération menée par l'Alliance, mais il s'agit d'un effort commun qui aura de lourdes répercussions dans le futur. A ce stade, toute personne pourrait voir de son intérêt de prendre le pas sur les autres. commença-t-il, avec un soupir las.

Inutile de poursuivre pour comprendre qu'il n'aimait pas cela, lui qui voulait juste préserver l'enclave de la Brume et un maximum de personnes. Mais ainsi étaient les faits, indéniablement politique. Ne pas s'y confronter directement ne les rendait pas intangibles pour autant.

- Je te souhaite donc bon courage dans ton exercice, et que tu sois couronné de succès dans ta recherche. Nous approchons du but concernant Zénobie, il se peut donc que nous nous revoyions  vite. De ta décision dépendra dans quel contexte. En l'état, j'ai pris plaisir à te voir, comme toujours. Nous aurons besoin de toutes les épées disponibles pour la dernière ligne droite, et la traque de ... de ce que tu sais.

Il se leva, te tendit la main. L'entrevue était terminée, et il semblait y voir plus clair à présent. Il se tourna de nouveau vers la carte et soupira. Il y avait encore beaucoup à faire.

- Surveille tes arrières, je crains que ce ne soit que le début des ennuis. Bon retour, Loup Blanc. A bientôt.