Rachitique, réfractaire. Douloureux. Peu importe.
- Il lutte, monsieur. Il lutte contre le traitement. Je peux augmenter la dose, mais les effets risquent de l'altérer définitivement.
Et alors ?
- Pourra-t-il parler ?Hochement de tête. Dans la mesure des informations disponibles.
- Peut-être que le Docteur Muridas pourrait … poursuivit le Docteur, d’une voix chevrotante.
Geste de la main. Non. C’était tout l’objet de la question. Non, pas Muridas. Pas encore. Peut-être jamais.
- Appliquez le traitement, revenez me chercher quand la créature aura retrouvé un intellect viable. Nous poursuivrons les questions alors. Si elle résiste, cela veut dire qu’elle n’a pas encore cédé. Si elle ne cède pas, elle mourra. Toute forme de vie a ses limites. Ce ne serait pas le premier élémentaire à se sacrifier au nom d’un but plus grand. N’est-ce pas Docteur ? Si les questions ne donnent rien, nous continuerons jusqu’à être certains qu’il n’y a plus rien à en extraire.Assentiment.
La porte claqua, laissant l’élémentaire décharné seul avec le Docteur. Le vrombissement des machines se mit en route et les pompes commencèrent à s’actionner et petit à petit, la lueur typique du Myste ruissela dans la pièce. Elle prit de plus en plus de place, jusqu’à ce qu’un
ploc ploc se fasse entendre au-dessus du semblant de tête bulbocéphale. Le liquide bleuté s’accumula en une petite flaque à son sommet avant de couler sans la moindre dénaturation le long du corps de l’élémentaire, de le garnir. De le maculer, de s’insinuer dans chacun de ses pores et de sa nature. Tel un acide, il commença à fragiliser les racines qui se mirent à gondoler et régresser dans une compression anarchique. A l’abri, le Docteur observait, jugulait le flux de Myste pur. Le liquide n’était pas dangereux que pour l’élémentaire, mais il se devait de mesurer le dosage. Après tout, le produit miracle d’Opale avait mille vertus.
Au bout de quelques minutes, l’élémentaire pu sentir quelque chose se forcer en lui. Un chemin, une nature profonde. Sa part de Brume ? Son instinct ? Petit à petit l’étincelle s’éteignait, ce refus de s’y plier le rapprochait de plus en plus d’un stade proche de l’anéantissement. Un stade reniant le principe même de son existence. Ce qui vint en premier fut une odeur âcre, presque soufrée. Le nid végétal s’était comme affaissé pour, sans crier gare, se développer à outrance et émettre des rais bleutés de lumière qui rebondirent contre les murs. Un cocon de Myste. A en croire les outils, les manœuvres et le visage concentré du scientifique à l’œuvre, il n’en était pas à son coup d’essai.
Oui, les méthodes du Docteur Muridas étaient plus douces, plus lentes. Plus … respectueuse de la nature même de la plante. Mais le procédé était le même. Déformé, aliéné. Amplifié. Magnifié. Cela prendrait du temps. Non pas du temps pour toi, mais du temps pour détruire les mutations non désirées, éliminer les parties de toi indésirables. Du temps pour te faire mal, t’altérer. Pour te pousser dans le dernier retranchement avant la mort. Feu, Myste. Myste, feu. Mutation et douleur.
Puis vint l’éclosion. Un corps humain, un corps défiguré. Ton corps, parsemé des traces de ces sévices qui ne disparaitraient peut-être jamais. Mais pire encore. Quelque chose qui était allé secouer ce qui faisait office d’âme, d’essence. Qui avait altéré son lien avec la chose qui t’avait vu naître. La mère de tous les élémentaires : la Brume. Moins son enfant, à présent, que celui du Myste.
Tu étais nu, blessé. Abîmé jusque dans la moindre parcelle de ton corps. Mais là, physiquement. Mentalement. Prêt à parler. Du moins, c’était ainsi qu’ils te voulaient. Le temps te paru incertain, la torture semblait avoir duré des mois. Mais cela aurait pu tout aussi bien être des heures ou des semaines. Les jours se succédèrent. Repas, diagnostic. Repas, tests. Repas, interrogatoire. Jusqu’à ce qu’ils finissent par espacer les entrevues, les chocs. La douleur. Entre quatre murs, petit à petit, tu fus oublié. Laissé là. A peine nourri. A peine protégé. Sans lumière. Sans espoir. Une fleur en cage. Condamnée à faner.
- effets permanents:
Perte de 1 PA
Cicatrices bleutées étendues et très légèrement fluorescentes sur le corps, tu es libre de définir leur forme et localisation.