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Bonjour... C'est ici pour les complots ?

Bonjour... C'est ici pour les complots ?  Brandw10
Jeu 8 Aoû - 14:26

Trust the plan

Staff



L’avantage avec Xandrie, c’était que c’était un pays de certitudes. On ne savait pas ce qui allait se passer. Comment ? Quand ? Où ? Mais on était très certain que de toute manière ça allait mal se passer très probablement. Il était rare après tout que l’instabilité politique naissant d’un pourrissement de plus décennie laissant à tous le soin d’admirer longuement la mort de l’étoile se passe bien.

Qui sait, les choses pouvaient miraculeusement bien fonctionner mais Violette n’était pas une personne optimiste par nature. Il fallait dire que c’était un peu compliqué de l’être tout en étant criminelle, maraudeur et aventurier contractuel dans la brume. Question de survie, il fallait mieux avoir peur de tout que l’inverse. L’immobilisme et l’attentisme étaient bien souvent tout aussi terribles que l'échec, car même à attendre on finissait toujours surpris par les événements. Ainsi, quitte à devoir subir un avenir inconnu, autant préparer hasardeusement ce qui peut être préparé. Et cela passait par plusieurs impératifs, financiers, stratégiques, politiques,... et plein de choses qui finissent en -iques. Et dont une partie pouvait être résolue progressivement par Oman.

La volonté d’Oman restait une incertitude car la question restait comment leur faire avaler la couleuvre. Il fallait vendre un scénario quitte à ce que l’on se méprenne sur les intentions de la guilde, sur ses propres intentions vis à vis de l’avenir. Heureusement, elle n’avait pas trop à forcer pour tenter de le faire. Sa plus grande force tout autant que son plus grand défaut était d’être particulièrement illisible tant elle ne parlait qu’avec des termes ambiguës ayant autant d’interprétation qu’il y a d’interlocuteur le tout renforcé par le fait qu’elle passait beaucoup de temps à se contredire elle même parfois volontairement.

Mais bon, en face d’elle, elle avait des gens qui pouvaient être tout autant voir plus des renards et des serpents qu’elle ne pouvait l’être elle-même, à voir ce que cela donnerait.

L’avantage des maîtresses de guilde en plus d’avoir le droit de porter la médaille brillante qui sert à compenser le complexe d’infériorité vis à vis des militaires épistotes c’était de pouvoir être reçu par des aristocrates, ce qu’elle fit. C’était loin l’époque où elle était une quidam, maintenant elle pouvait même mourir en faisant du bruit !

Ainsi, elle chercha à rencontrer à Oman, le Duc. Un choix qui contenait une certaine symbolique et un message. C’était le duc d’Oman, plus que le ministre de la justice et de facto chef du gouvernement qu’elle cherchait à rencontrer. Pour ces raisons, elle se gardait bien de toutes les préciser, toujours est il que c’était pour affaire dans ce qui semblait être à première vue un banal démarchage de la guilde qui tentait de profiter des situations exceptionnelles à Xandrie pour des raisons politiques et à Opale confronté au mandebrume et à la brume tout simplement, puisque Oman ressentait économiquement, politiquement et géographiquement toute secousse en provenance de ce pays. La seule chose qui dénotait quelque peu sur la forme, c’est qu’elle avait rédigé sa lettre de rencontre non pas en Uhrois ou en Xandrien mais en Omanais, comme si elle voulait prouver une certaine implication pour ce territoire qui sortait du simple cadre de l’opportunisme. Un point qui semblait se confirmer si on se renseignait un peu sur sa personne. Elle était elle-même après tout un fruit de la diaspora omanaise à la capitale. Et plus exactement, une descendante des tribus des steppes omanaises ayant émigré à la capitale suite à l’annexion des steppes à la chute de Dainsbourg, fuyant la brume dont ils craignaient une avancée sur les steppes qui n’eut pas totalement lieu.

Quoi qu’il en soit, la rencontre fut acceptée et organisée. Le jour convenu, la maraudeuse se rendit au palais du Duc, espérant que la discussion serait intéressante et surtout fructueuse…

Ven 9 Aoû - 13:02

MJ - Une rencontre à Oman

Protocoles


La patience est mère de vertu. Et s’il y avait une chose qu’Oman avait développé à merveille, c’était l’art de la patience. Une fois passée la porte du palais ducal, les escaliers immenses s’envolaient dans les airs pour aller nourrir les quartiers supérieurs et leur architecture raffinée. Le palais était une merveille de conception, et maintenant que la lueur diaphane bleuté du Myste en auréolait chaque angle, il n’en était que magnifié. Pourtant, alors que les marches invitaient à s’engouffrer dans ce pan d’histoire, il existait une salle pour faire attendre les visiteurs. Une salle avec de l’attente, et si le message ne semblait pas très diplomate, il n’en restait pas moins gage d’une question. Une question qu’il faudrait explorer, deviner. Un jeu retors : celui de la politique omanaise. Bien que le sang de Violette soit teinté de cette origine, leur jeu n’était pas le sien. Etait-ce cela que cela trahissait ? Ou un simple dédain ?

Au bout de quelques dizaines de minutes d’attente, au milieu d’autres inconnus, un page vint chercher la jeune femme. Sans prononcer son nom, sans la désigner. Il s’avança et lui demanda de le suivre. Par une porte isolée de la salle, vers des couloirs et escaliers infinis. Une autre salle d’attente. Plus serrée, plus austère. Nul invité de marque n’avait jamais patienté ici. Les murs étaient à peine décorés, les chaises étaient d’une facture simple. Bois et paille, sans un symbole qui rappelait où vous mettiez les pieds … A nouveau l’attente. Une heure. Deux. Du temps perdu, qui permettait de faire le point dans ses velléités. De se préparer à ce qui allait venir, car toujours pas un seul mot, une seule information. Cela aurait pu être un piège, cela aurait pu être tout un tas de choses et il n’était pas possible d’empêcher son esprit de filer dans de telles circonstances. Si la matinée avait été entamée, à présent le début d’après-midi s’annonçait et avec lui la faim.

Enfin, une porte s’ouvrit. Un homme en tenue simple mais de bonne facture. Il portait un pantalon de cuir noir dans des bottines serrées au mollet. Sa tunique de soie blanche était ourlée d’un liseré carmin qui dessinait des arabesques fantasques sur ses épaules. Il portait des cheveux blonds attachés en un catogan serré et une barbe soignée nourrissait son visage pour encadrer des yeux acier perçants. Il ne portait ni armes ni bijoux outranciers. Juste le contour d’une chaîne argentée qui descendait autour de sa nuque. Il darda son regard hautain sur la jeune femme et haussa un sourcil.

- Violette Helmael, je présume ?
questionna-t-il dans un urhois rugueux, sans le moindre tact protocolaire. Suivez-moi.

Il avança sans se retourner et emprunta un dédale de couloirs qui mena à un escalier qui devait à présent les situer dans l’aile Est du palais. Dans les niveaux intermédiaires mais il aurait fallu être un habitué des lieux pour en être certain. Ils émergèrent d’un escalier au sein d’une tour pour arriver dans un couloir où les tentures étaient plus fournies. Au bout de quelques minutes de marche, l’individu s’arrêta devant une porte massive en chêne encadrée par deux soldats. Décorée aux armoiries d’Oman. Il s’empara du loquet et invita Violette à rentrer en tirant sans effort la lourde porte. La pièce circulaire était tapissée d’étagères portant divers bibelots exposés. Témoignage de gloires passées et d’une lourde histoire, la collection aurait certainement de quoi intéresser nombre collectionneurs. Bien entendu, une quantité impressionnante de livres venait auréoler tout cela, principalement des traités militaires et historiques dont la couverture était écrite en omanais.

Le bureau était grand. Très grand. En ébène, il était recouvert d’un cuir carmin où trônaient les armes d’Oman en liseré doré. Il y avait là de quoi écrire, de quoi boire. Quelques coffrets verrouillés et une clepsydre. Un siège en cuir rembourré faisait office d’assise pour le maître des lieux tandis que deux chaises sommaires accueillaient les invités. Cependant, quelque chose clochait : ledit maître des lieux avait l’air absent. Le blond ferma la porte derrière lui et attendit que Violette s’installe tout en restant dans l’encadrement. Il lui indiqua un des deux sièges d’un geste. L’attente continuait ?
Mar 13 Aoû - 15:59

C'est la biblio ?

Staff



Palais d’Oman, merveilleuse construction. Son existence ici était presque évidence lorsque l’on se rappelait qu’Oman pouvait prétendre au titre de première des cités d’Uhr. La bourgade étant même plus ancienne que les trois sœurs dont la naissance a pourtant marqué la naissance de cette ère. Violette s’était toujours posé beaucoup de questions sur cette cité dont l’orgueil culturel était presque aussi célèbre que celui dont pouvaient faire preuve les opalins.

Que pouvait bien ressentir la première des cités au fait de n’être rien d’autre qu’une province d’un pays et d’une capitale plus jeune qu’elle. Que pouvait bien ressentir une cité dont le territoire culturel des différents groupes qui composaient l’ethnie omanaise, aussi diverse que l'était, tous les groupes xandriens avaient toujours été dépecés et décomposés par les aléas territoriaux des puissances qui dominaient la péninsule. Jadis découpé en trois, aujourd’hui en deux depuis la chute de Dainsbourg.

Qu’était Oman finalement si ce n’était la grande oubliée de l’histoire de uhroise ? Celle qui aurait pu 2000 ans plus tôt pourrait devenir une autre Opale, une autre Xandrie et qui se retrouvait malgré son histoire désormais au deuxième rang, comme toutes ses villes provinciales qui ont toutefois l’excuse de leur jeunesse à l’échelle du monde et de la nation.

Qu’est ce qu’était au final l’histoire du peuple omanais. Une histoire qui de toute vraisemblance n’était pas celle des vainqueurs.

Quoi qu’il en soit, Oman semblait en être fier de cette histoire, particulièrement fière. Preuve en était sa politique urbaine et l’architecture de son palais, qui à bien des égards semblait plus travailler que celui de la capitale.

Fallait-il y voir là l’orgueil d’une culture face à la réalité politique et étatique ?

Mais l’architecture n’était pas tout, restait également la question de l’attente. Belle bureaucratie qu’était celle d’Oman, dont la capacité à pouvoir faire attendre volontairement les gens était sans doute inégale. Violette mentirait en disant que le ton n’était pas long, mais elle n’était pas pour autant particulièrement surprise par de telle pratique. En tant que criminelle ou maraudeuse, elle avait été bon gré mal gré au fait des pratiques des pontes du crime dans une moindre mesure mais surtout de la haute noblesse xandrienne, lui faisait pleinement comprendre le sens de l’expression “maître des horloges”.

Le maître des horloges était le maître du tout. Il était celui qui contrôlait le temps, et par ce contrôle du temps il affichait sa supériorité et sa domination sur les autres. Ainsi, il était rare qu’un souverain arrive à l’heure ou en avance. Non pas principe, il devait être en retard, car il ne devait jamais attendre, c’était les autres qui devait attendre. Il était le maître, et autrui ne pouvait y faire grand chose.

Ce petit jeu, bien des aristocrates le faisaient, et les maraudeurs tout en comprenant de quoi il s’agissait, ne mouftaient jamais réellement. Inutile de s’énerver pour cela, la guilde n’avait pas d’honneur à défendre, si ce n’était celui de l'appât du gain et de l’opportunisme, baisser la tête même faussement restait une pratique que cette dernière faisait très souvent.

La rusticité de l’accueil faisait souvent également partie de ce petit jeu. Enfin bon, venant elle même des bidonvilles xandriens avec pour région de vacance les steppes nordiques, le tout avant de travailler en partageant de la boue des territoires reculés et de l’empire de la brume, ce n’était pas le bois ou la paille qui allait la bousculer plus que cela.

De ce fait, elle n’exprimait à chaque pas grand chose, si ce n’est celui de rêvasser lorsque le temps devient long. A quoi pensait-elle, elle-même ne le savait pas vraiment. Ces pensées étaient souvent si irrégulières et sporadiques qu’elle aurait bien du mal à pouvoir résumer le cheminement hasardeux que pouvait avoir son esprit. Le temps était long, elle avait le temps de faire tout et n'importe quoi à force de s'ennuyer.

Finalement, après un temps indéterminé, un homme daigna l’accompagner vers la zone suivant, lui demandant son nom.

Hum… oui…

Se levant, elle suivait l’homme silencieusement, l'inspectant rapidement d’un œil, plus par curiosité suite à une longue absence de stimulation que pour quelque chose de réfléchi et de penser.

Après une rapide marche, ils arrivèrent face une lourde porte que l’homme déplaça pourtant sa peine. Fort, il devait être fort pour pousser une porte en bois massif seul et sans effort. Il n’avait pas l’air d’être un simple serviteur du palais ou un simple secrétaire. Néanmoins, il n’était pas de son rôle de poser des questions ou de faire des commentaires sur des choses qui ne la regardait pas.

Entrant dans le bureau, elle jeta un dernier regard à l’inconnu qui l’invita d’un geste à avancer et s’asseoir face à un bureau vide. Le protocole n’était de toute évidence pas terminé.

La maraudeuse s’avançait, non sans portée, une certaine curiosité aux ouvrages situés ici et là, montrant toutefois plus d'intérêt aux traités militaires qu’à l’histoire en elle-même. C’était une militaire après, bien que personne jusqu’ici ne l’avait titillé sur la chose, elle était autant une ignare sur la plan historique, qu’elle était une connaisseuse de la chose militaire. Son désintérêt total de l’un contre balançait alors avec une curiosité indéniable pour l’autre tant elle pouvait citer les plus grands stratéges du millénaire tout en étant incapable de savoir combien de dynastie ont dirigé son propre pays. L’art de l’inconstance jusqu’au bout.

Se posant sur la chaise, elle resta silencieuse une seconde, se posant sur le bureau, puis sur la chaise voisine dont la présence ne devait sûrement pas être anodine. Elle se tourna alors légèrement vers la porte et l’homme toujours à son encadrement, ne disant rien et affichant un léger sourire dont on pouvait presque en le regardant comprendre ce qu’il signifiait “J’attends donc”.
Jeu 22 Aoû - 17:56

MJ - Une rencontre à Oman

Bain de glace


L’homme ne resta pas longtemps à la porte, attendit qu’un page passe puis un garde et enfin, suite à un signe de tête de ce dernier, il entra et ferma derrière lui. Il contourna le bureau et s’y installa avec une certaine froideur et entreprit de se gratter le menton. Il observa longuement la jeune femme, détailla son cache-œil, son allure générale et tira de l’un de ses tiroirs la lettre décachetée qu’elle avait elle-même envoyé au duc d’Oman.

- Qu’est-ce que ceci, madame Helmael ? questionna-t-il, d’une voix profonde et inquisitrice.

Il poussa la lettre devant lui. Elle semblait être passée entre plusieurs mains : froissée et défroissée. Il en manquait un morceau, comme si le papier avait été prélevé. Il était difficile d’imaginer l’ensemble des tests menés sur le document, mais la position d’Oman étant … particulière, il n’était pas ardu d’en déceler le pourquoi. Ne restait que le constat : ils avaient accepté de la rencontrer. Après quelques secondes à attendre les explications, on frappa à la porte. Un serviteur s’aventura entre eux, fit glisser quelques mets secs et boisson chaude pour l’homme qui ne s’était toujours pas présenté. Difficile de faire moins … convivial. Il chassa le domestique d’un geste, qui sortit et … verrouilla la porte.

- Cette lettre seule me fait me poser beaucoup de questions. Est-ce un piège ? Est-ce une magouille ? Est-ce une volonté séditieuse ? Bien entendu, il était difficile d’y croire. Qu’une illustre inconnue se nimbe de l’aura fuligineuse de la pègre pour espérer tracter avec le Duc. reprit-il, sans se servir de ce qu’on venait de lui amener.

L’homme se recula sur son siège, posa les mains à plat sur la table et affronta le regard de Violette en fronçant les sourcils. La réputation des Maraudeurs n’était plus à faire. L’interprétation de leurs actes était souvent … personnelle. Mais ils étaient des mercenaires. Qui avait souvent trempé dans des affaires peu mirobolantes. Bien entendu, son sourire en coin trahissait qu’il en savait plus qu’il le montrait. Ou alors, le laissait-il entendre ? L’arrogant personnage soupira.

- Malheureusement, vous n'êtes plus une illustre inconnue à présent. Vous vous doutez que nous n’ignorons pas grand-chose de vous. Pas plus que de votre ramassis de sanglards débridés. Mais ce que nous ne comprenons pas, madame Helmael, c’est quel mauvais vent vous a fait penser que vos voiles seraient bienvenues ici ? continua-t-il, un index tapotant sur la table.

Il frappa plusieurs fois, du ton mesquin de ceux qui savaient que leur interlocuteur avait besoin d’eux. Il avait beau avoir l’allure d’un guerrier mis en scène avec son décorum derrière lui, cet étrange personnage jouait à un jeu étrange.

- Rien que votre passage sur notre terre fait remuer quelques … coins boueux de Xandrie ou d’Opale. Votre passage ici, sans prendre le soin de vous comporter en bonne mercenaire, à savoir : répondre quand on vous sonne à l’aide d’un gros sac d’or, est déjà en train de nuire à notre nation. Alors, je vous pose la question, qu’est-ce que vous voulez, à part faire croire à nos alliés que nous sommes en train de lever une armée contre eux ? Avez-vous la moindre idée de la situation politique actuelle d'Oman ? la rabroua-t-il, comme il l’aurait fait avec une gamine.

Une attitude insultante s’il en était, mais l’homme semblait réellement furibond. Les désagréments de la célébrité ? Il fit craquer ses doigts et fit signe à Violette de lui répondre. Ça avait intérêt à valoir le coup. Il s’installa dans son siège, croisa ses bras et l’observa avec attention. A quel jeu jouiez-vous, chère jeune Maîtresse de Guilde ? Vous apprendriez vite, quoi qu’il en soit, que ce n’était plus la Xandrie ici. Pas vraiment … Pas plus qu’Opale. Pas vraiment … Ni entre les deux. Pas vraiment … Et qu’on ne jouait pas avec le feu. Pas vraiment …

Ven 23 Aoû - 14:20

C'est la biblio ?

Staff



L’homme était en colère, quelque chose d'inhabituel dans ce genre de situation. Les relations des maraudeurs avec des gens qu’ils ne connaissaient pas encore personnellement. La réputation et les ragots faisaient leur chemin, faisant ainsi confondre le pragmatisme du mercenaire avec un mal aveugle et spontanée prêt à détruire tout ce qui à sa portée sans même vraiment y réfléchir. Si le mercenaire était effectivement caractérisé par son manque de loyauté envers quoi que ce soit, cette déloyauté était en fait rationalisée. Trahir pour trahir ou pour gagner 10 astra de plus n’avait pas de grand intérêt. Auquel cas d’ailleurs personne ne pourrait faire affaire avec des maraudeurs ne terminant jamais leur mission ou changeant de camp toutes les 10 minutes.

Quand on plantait quelqu’un on devait le faire en connaissance de cause, en pesant le pour et le contre. Cette question expliquait la différence qu’il pouvait y avoir entre les contrats avec des gens normaux qui n’étaient pas des fiables et les contrats avec des puissances et des institutions absolues, dont la trahison n’avait aucun intérêt sur le long terme, et qui avait ainsi une certaine stabilité.

Une fois qu’il eut fini de parler, laissant d’abord un petit silence, la maîtresse de guilde répondit.

Piège ? Magouille ? Sédition ? Je pense que même si je le voulais, je ne serais pas en mesure de le faire. Vous avez raison sur bien des points, nous sommes un vent mauvais. On ne vient jamais quand tout va bien après tout.

Elle souriait légèrement à ce mot, cela l’amusait presque de s'auto qualifier de la sorte. A force d’être taxée de tous les noms, elle avait fini par s’en amuser.

Mais là où le bien peut être souvent idéologue, le mal lui se caractérise par un rationalisme souvent froid non ? Quel intérêt pour moi de faire ce genre de chose alors que la grande majorité des gens se méfient de moi ou me déteste par défaut en m’imaginant un talent pour l’intrigue que je ne pense pas avoir.

Elle n’était pas une noble après tout, ce genre de chose n’était pas censé être dans ses habitudes tant elle avait été loin de la politique pendant longtemps.

Pour le reste rassurez vous. La guilde est vieille, elle a l’habitude de discuter et de travailler avec un bon nombre de dirigeants de ce pays ou d’ailleurs. Si on devait constituer une armée pour chacun de nos contrats ou discussions avec des puissances, cela ferait longtemps que la guilde n’existerait plus.

Peu importe la place des mercenaires, ceux ci pour exister ont besoin d’au minimum la tolérance des pouvoirs politiques dans leurs zones d’activités ainsi que d’une relative faiblesse de ces pouvoirs à pouvoir contrôler l’étendu de ces territoires contre le brigandage et autres affaires de sécurité qui aujourd’hui sont monopole de l’Etat. Le mercenariat naît toujours des lacunes militaires ou sécuritaires des pouvoirs nationaux et locaux parce que de fait, il est l’alternative d’un pouvoir régalien qui un jour ou l’autre finira récupéré par l’Etat.

Ainsi du point de vue de Violette, l’homme exigerait quelque peu, d’autant que les maraudeurs n’avaient que peu d'intérêt à se retourner contre leurs propres clients. Opale comme Xandrie étant dans une situation similaire à savoir l’absence d’une force militaire complète et permanente comme pouvait l’être celle d’Epistopoli, chose qui favorisait l’activité mercenariale et créait un revenu dont la guilde pouvait difficilement se passer.

Pour le reste, je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps. Vous savez… au-delà d’être maraudeur… ou de la pègre comme vous dites, je suis aussi part d’une guilde. Et les guildes, peu importe ce qu’elles font, appartiennent toutes au même domaine, à savoir celui du commerce.

Je ne suis pas donc pas venue ici en tant que maraudeuse au sens strict du terme mais en tant que commerciale d’une guilde qui est dans l’économie du service.


Militaire certes, mais service tout de même.

Ainsi, je ne suis pas venue pour la politique mais par rapport à quelque chose, qui, il est vrai, me préoccupe. A savoir la brume, le mandebrume et le XIIIe cercle. J’étais présent lors de ce malheureux événement, l’attentat d’Opale qui a tué bien trop de personnes, y compris notre ancien chef de guilde et où au passage que j’ai payé d’un œil pour la protection de sa majesté.

Pour bien peu de reconnaissance d’ailleurs, mais la portebrume en était relativement indifférente. Cela faisait bien longtemps que le désir d’être reconnu et aimé par les autres l’avait quitté. Ce n’était aujourd’hui rien de plus qu’une égocentrique égoiste qui s’amusait presque des sentiments négatifs à son égard.

J’ai pu constater la puissance de cette organisation qu’est le XIIIe cercle et aujourd’hui cela se cumule à l’avancée de la brume vers Opale. Que ce pays tombe ou non, Xandrie et Oman sont directement exposés à cette situation. Si la brume continue d'avancer, avec le territoire tampon entre Opale et Aramila, il y a de grande chance que le royaume soit la prochaine étape sur le chemin de la brume. La guilde souhaite donc prendre toute sa part dans la lutte contre celle-ci et le mandebrume. Nous sommes probablement à un point central qui influe la suite de l’histoire de nos terres… Ce sera dommage de notre part de faire l'inverse du nécessaire par une avarice aveugle qui ferait tout perdre aux maraudeurs que nous sommes.

Par honnêteté, vous pouvez voir tout autant dans ma démarche les actions d’un maraudeur démarcheur en quête d’or, un commercial se contentant d’attendre des quêtes étant un très mauvais commerçant, qu’une guilde qui aussi maléfique soit elle n’a que peu envie de voir sa propre terre natale disparaître petit à petit, le mal n’étant pas toujours sans coeur et sans attachement envers des gens ou des choses. Enfin c’est aussi une question de survie.


La maraudeuse ne précisait pas trop ce qu’elle voulait précisément faire dans un premier temps. Inutile d’être trop précis vis à vis d’une personne qui ne fait pas montre d’un intérêt. Des explications plus techniques devraient susciter l'intérêt de son auditoire plus être efficace. La déclaration d’intention suffisait à elle-même dans le moment. On pouvait douter qu’elle n’est juste que cette intention d’ailleurs tant les maraudeurs pouvaient être ambitieux à certains moment, mais il n’était pas l’heure de commencer à dire haut et fort des choses compromettantes, ce dont elle s’était d’ailleurs bien gardé dans sa lettre en excluant sciemment la question politique de sa propre lettre qui en restait à des éléments purement externe comme la brume ou le mandebrume.

S’il y avait une chose que son prédécesseur lui avait appris, c'était l’importance d’obtenir une confiance relative, du moins dans la réalisation des missions de la part d’une certaine clientèle. Mais cette confiance relative ne pouvait pas naître des mots ou des actes à moins d’une situation exceptionnelle que la maraudeuse ne pouvait pas provoquer d'elle-même. Le seul moyen de l’obtenir c’était de montrer patte blanche en s’appuyant sur le temps. Le temps qui comme l’eau érodait la roche longuement et doucement, provoquant chez autrui un sentiment d’habitude et d’acclimatation que l’on utilisait aussi pour calmer les animaux sauvages ou mal dressés.

Naturellement, cela demandait une certaine ouverture initiale de la part des personnes concernés, ce dont Violette ne pouvait pas être certaine vis-à-vis de son interlocuteur dont les propres intentions restaient suffisamment floues pour qu’elle ne sache pas vraiment cerner ce qu’il voulait entre refus et intérêt. A défaut de pouvoir comprendre l’omanais, elle faisait un premier pas pour voir ce qui en était. En principe, de son point de vue il n’était pas contre les intérêts de la cité de laisser les maraudeurs s’impliquer contre la brume mais dieu sait ce qui pouvait se passer derrière les portes dorées de ce palais.

Mer 2 Oct - 22:20

MJ - Une rencontre à Oman

Mensonges ?


Pour seule réponse, l'homme fronça les sourcils. Tapota la lettre, soupira. Ses mimiques trahissaient son impatience, son intolérance pour ces jeux. Ces demi-vérités qu'il ne devinait que trop bien.

- Vous pouvez deviner les intentions de la Brume ? s'étonna-t-il en arquant un sourcil. Ou encore les intentions de ces terroristes ? C'est à Opale qu'il vous faudrait aller en ce cas.

Il la laissa continuer, plissa les yeux. Il semblait fatigué, étiré. D'autres soucis pesaient sur son temps, et, bien qu'il ne se fut pas présenté, il semblait assez important pour déjà penser au rendez-vous suivant. De la longue liste de ... d'on ne savait quoi d'ailleurs ? La maraudeuse se confiait sur les apparences mais prenait soin de ne rien véritablement dire.

- Vous ne proposez donc rien. Vous partez du principe que votre grande stature peut apporter au petit Oman ? C'est d'une arrogance crasse qu'on penserait plus opaline que xandrienne. Vous n'êtes pas la première à venir ici et penser valoir mieux, être supérieure. Meilleure. Mais non, vous êtes un chien sans laisse.

Il marqua un temps d'arrêt. Un homme détestable, à moins que ce ne fut un rôle ? Il chassa d'un geste agacé la moindre réponse. Posa un index sur la table.

- Reprenons dans l'ordre, maraudeuse. Au regard de votre non proposition, que je vous éclaire sur mon non intérêt, et le temps que vous me faîtes perdre.

Votre guilde n'a pas d'influence ici, et vous ne nous proposez rien de concret. Tous les commerces ne sont pas désirables, laissons la misère à Xandrie et son instabilité politique.

Si vous étiez présente sur place, cela fait de vous une de ces deux choses : une incapable, ou une traîtresse. Soit vous n'avez rien pu faire et cela prouvre votre innefficacité, soit vous avez su profiter de la situation pour tirer la couverture à votre côté. En ce cas, je n'ai aucune confiance en vos services.

Votre alibi de la Brume ne tient pas : je sais d'ailleurs que vous mentez à ce sujet. Ce mensonge m'insulte, ainsi que le Duc. Vous basez votre stratégie sur un pari concernant la Brume : là encore vous insultez mon intelligence et celle du Duc. Nous sommes en effet à un point central, mais vous aspirez seulement à en faire partie. Or, votre organisation n'a rien à offrir d'autre que de la chair à canon. Par honnêteté, je préfère vous prévenir : un dirigeant qui se sert des siens pour parvenir à ses fins a tôt fait d'être remplacé.

Dans les affaires, il n'y a que deux issues : le sentiment ou le profit. Ne me faîtes pas croire que votre rassemblement de soudards ait survécu par simple charité et bonté d'âme. Vous ne proposez rien, vous n'avez aucun prix. Et cela tombe bien : je n'ai besoin de rien de votre part. Le Duc encore moins. Votre survie ne nous intéresse pas.


A nouveau, il s'empara de la lettre, la fit glisser devant elle. Il se passa une main fatiguée dans les cheveux et rassembla sa crinière blonde en arrière pour soupirer, encore une fois. Dur de dire s'il était excédé, fatigué ou simplement ... odieux.

- Le Duc s'était de prime abord montré intrigué par un telle lettre et sur ce qu'elle signifiait. Malheureusement, vous faîtes une piètre cheffe pour votre petite bande. Votre vision politique laisse à désirer et je vous conseille de revenir avec des éléments concrets plutôt que de nous faire perdre notre temps à tous les deux. Avez-vous pensé à vous faire aider par quelqu'un d'expérimenté ? Vu comment les choses évoluent, vous risquez de vous déliter avant d'avoir monté le moindre projet tant vos têtards ont déjà prouvé leur indiscipline. Vous avez à peine de quoi constituer un régiment de notre armée, et vous n'êtes cheffe que de nom. Je vous appellerai si j'ai besoin d'une troupe facile à sacrifier. En attendant... termina-t-il en lui montrant la porte.

- Apprenez votre place sur l'échiquier. Vos mensonges et manigances ne convaincront personne. Sauf si vous êtes aussi candide que vous essayez de me le faire gober et en ce cas, j'espère que votre testament est en ordre.