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[REQUÊTE] Ad Nauseam

[REQUÊTE] Ad Nauseam - Page 2 Brandw10
Dim 30 Juin - 21:20

Regardez-moi tous ces jeunes lurons apeurés. Sous leurs airs sévères se cachent en réalité une crainte tout à fait justifiée. Lan-Lan de nature calme, toujours dans la maîtrise de ses émotions, ne parvient pas entièrement à dissimuler cette crainte qui pénétrait chacun d’entre nous. Bien que je sois aussi sensible que les autres à cette emprise de la Brume, j’ai pour avantage d’avoir réalisé quelques expéditions en son sein. Et, ne l’oublions pas trop vite, sous mes airs de jeunes bourgeois se cachent un terrible assassin. Cette pensée me fait presque sourire. Presque, parce que j’ai quand même bien les jetons de me trouver ici. Et ces agents du Tartare, unité spéciale du Magistère, ressentaient-ils la peur ? Ils faisaient bien trop les malins avec leur tenue de super-héros et leur équipement dernier cri, mais je suis à peu près sûr de n’en faire qu’une bouchée. Mais si on peut éviter de le vérifier tout de suite, ça m’arrangerait.

Par ailleurs, on se complait tous à les laisser passer devant nous pour ouvrir la voie. Après tout, ils sont les seuls officiellement qualifiés pour cette tâche. En ce qui me concerne, je ne suis qu’un personnage politique, un jeune crâneur venant d’une noble famille de Xandrie, qui officie au nom de la couronne pour la représenter. Violette semble aussi apprécier cette situation et ordonne bien naturellement aux siens de rester en retrait, de ne pas intervenir. Si les conflits entre Opale et Epistopoli ne m’intéressent pas le moins du monde, je dois tout de même récolter des informations pour en faire un rapport au roi. Par ailleurs, j’ai bien l’impression que le Sapiarque désire aussi préserver ses forces en laissant les autres se sacrifier à sa place. Violette nous sauve la mise en neutralisant un Naga.

Les monstruosités de ce monde, ce n’est pas ma spécialité. Cependant, on m’a un peu forcé pour la main pour m’y mettre un peu. Le Naga, une espèce primitive, dont ignore encore les origines. Il peut être pacifique comme violent. Celui-ci, avant d’être découpé, était manifestement violent. Et les derniers mots de la maraudeuse me font réagir. Ce n’était pas normal, en effet. Ils ne sont pas dépourvus d’intelligence et, bien que primitifs, peuvent juger d’un danger imminent. Il n’a pourtant pas hésité à s’en prendre à notre groupe. Moi, je le sais, c’est la fameuse Malice. Elle a toujours été hostile à la plupart des intrus. Elle ne m’a jamais épargné. Je ne prétends pas être sa seule cible, je dis seulement qu’elle n’aime pas les fouineurs comme nous. La pluie, les marais, l’eau stagnante jusqu’aux chevilles, les moustiques, les attaques diffusent et irrégulières. Tous les éléments sont présents pour nous mettre en difficulté, les nerfs à cran.

« On devrait porter un regard attentif à Lan-Lan. Elle n’est pas habituée à fouler ces terres embrumées. Nous-mêmes sommes en danger, mais le risque est bien plus accru pour elle. », marmonné-je à l’adresse de mon acolyte, Violette. Dans un milieu aussi hostile, malgré le fait qu’elle ne soit pas des plus fiables, elle constitue mon appui. Dans la réalité, je suis mon propre appui, mais elle est la seule avec laquelle je peux converser librement. Brute de décoffrage et directe, ça me correspond mieux.

Nous continuons de marcher dans ce couloir artificiel, les pieds trainants dans l’eau. Cette fois-ci, je me félicite intérieurement d’avoir pensé à prendre ces belles bottes. La pluie me dérange beaucoup par contre. Pas physiquement, ma tenue est faite pour cela. Mais je n’entends pas bien les bruits environnants. Impossible de prévoir l’arrivée d’un ennemi. On peut néanmoins entendre quelques fracas et détonations au loin, signes d’affrontements opposant les membres du tartares et les envoyés de la Brume. Mais globalement, la suite de la marche, qui a duré une bonne heure et demie, s’est déroulée sans encombre. Nous avons atteint le bosquet choisi par les forces du Magistère afin de poser un campement. Moment d’accalmie, une pause méritée que nous avons tous attendu. Tandis que tous s’affairent à l’installation des tentes, je me rapproche de mademoiselle Fà.

« Lan-Lan, comment vas-tu ? Tu as fait preuve de bravoure pour une première. J’en connais – comme moi – qui n’ont pas fait preuve d’autant de courage. Sans ce petit être, je serai dans un terrible état de détresse. », dis-je en caressant le Duddo sur mon épaule. « Quelle est la suite ? Le Sapiarque et Vladimir sont en duel. Les tartares, très utiles, peuvent aussi constituer un danger. Ils représentent tout ce que déteste la Malice. Et dernier point, si le Viscuphage ne nous tue pas, j’ai peur qu’une guerre interne ne le fasse avant. La stratégie de tous est de laisser les forces du Magistère s’épuiser en nous protégeant. Bon, cela n’arrivera pas, ce sont des monstres. A choisir, je préfère affronter une armée de Naga plutôt que cinq tartares… »

Résumé:
Mar 2 Juil - 22:11

Acte II, scène II

Dansez serpents, enroulez-vous autour de nos cous


L’odeur de la boue devenait presque familière. Les piqûres de moustiques, une habitude. Le bruit dans ses oreilles, la vase entre jusque dans ses bottes, la moiteur qui tamisait le fond de ses narines: Lan-Lan, créature de la cour, commençait à d'aseptiser. Tant qu’elle respirerait, ces marais n’auraient pas sa peau. Même si ils leur avait fait une première frayeur quand un naga s’était jeté sur eux, rapidement tranchée par la rapidité de Violette. Même avec les parades nuptiales d’Opale et d’Epistopolie, elle se félicitait d’avoir sans doute choisi les meilleurs acolytes. Même si le présage était mauvais. Rapidement organisé en une prudente fil indienne, la monétariste comme le dragon à son cou gardait un oeil grand ouvert, l’esprit en perpétuel alerte, les yeux rivés sur le rideau opaque qui masquait leur regard au delà des balises. Couloir de verre - un faux-pas et la Brume les mangerait tous.

Aussi, quand ils finirent pas atteindre un bosquet relativement sec et que les forces d’Opale ordonnèrent l’établissement d’un camp, le choix était rapidement fait: obtempérer, s’accorder au moins ce réconfort. Nul doute que la suite ne serait pas des plus confortables.
Alors qu’on déchargeait des sacs et des cargaisons prises sur le chemin pour monter quelques tentes, placer les balises en cercle pour définir le meilleur des périmètre, Lan-Lan se trouva un carré libre contre un sinistre tronc, carcasse d’un arbre mort de nombreuses années plus tôt, probablement étouffé par ce marais sinistre et puant.

Contre toute attente, elle vit se faufiler prêt d’elle l’envoyé royale accompagné d’un ami des plus coloré doucement lové contre son épaule. Il cherchait à sonder son état - connaître ses failles? Sentir ses faiblesses? Non, il semblait sincère. La jeune héritière regarda un instant dans le vide - avait-elle trop laissé passer ses émotions? Ses nerfs avaient-ils pris le dessus? Elle allait devoir retrouver de la contenance. Si Geralt était entièrement un allié, ce n’était pas le cas des autres - et montrer des failles à un baron ou un Sapiarque ne pourrait rien lui apporter de bon.
Le jeune homme, lui, semblait en parfaite maîtrise de ses émotions - il fallait dire que les duddo étaient réputés pour leurs bienfaits et leurs vertus apaisantes. Un atout de plume dans ce théâtre nauséabond.

C’est un adorable compagnon que voilà.  Elle regarda le Duddo avec des yeux attendris - provoquant au passage la méfiance de Huang Long qui émit un sifflement énervé. Il est vrai que j’ai connu mieux - Merci pour ta sollicitude, Geralt.  Sourire mystérieux, visage doux, lèvres rosées - la fille Fà retrouvait ses couleurs malgré la lumière grise de la brume. Dans ces marécages, c’est d’autant plus charmant.  

Elle laissait traîner ses mots sur les épaules assassines, à moitié intriguée par son habit de nanti. Quoiqu’à cet instant, elle jalousait ses bottes plus que sa fine lame - il était, malgré ses apparences, plus habile qu’il n’y paraissait, son détachement de façade cachait en réalité un esprit fin, capable d’identifier les éléments faibles. En apparence, la noble n’avait rien à faire ici, et elle n’avait rien pour se défendre contre de possibles ennemis. Une ombrelle dans le dos, aucune arme si ce n’est une petite mallette de bois… En cas d’attaque, elle serait une proie facile. Sans aucun doute. Mais pour autant, elle n’était pas inquiète: à l’image du fougueux compère qui venait la trouver, elle se savait entourée de machines à tuer.
Restait à savoir qui tomberait en premier.

De toute évidence, nous sommes coincés entre les coqs et les paons. Aucun d’entre eux ne fera un effort pour nous si il devait arriver quoique ce soit - c’est une alliance de façade; mais une alliance tout de même. Une attaque de front contre nos alliés de circonstance serait des plus outrageuse.  Dit-elle doucement, s’assurant que les seules oreilles indiscrètes soient celles du Xandrien. Se faisant, elle fit un geste à Violette qui patrouillait non loin. Heureusement pour nous, dans ces situations, les vautours s’offrent généralement le meilleur des repas.

A demi-mot, elle confirmait leur statut: en aucun cas devraient-ils partir à l’offensive. Laisser les oiseaux s’écharper, que ce soit pour parader ou par esprit de revanche, les laisser se saigner doucement pour ensuite dévorer les cadavres qui traînent.
Sur les abords du campement, les trois scientifiques du conservatoire papillonaient gaiement, comme si de rien n’était, s’émerveillant sur le moindre tas de boue comme si c’était de l’or. Lan-Lan ne partageait de toute évidence pas leur passion pour la gadoue - l’or, c’était eux.

Il faut à tout prix que nous protégions ces trois-là. Pour nos… Amis de circonstance, ils ne représentent rien - ça ne sera pas difficile d’échapper aux gros yeux de Panoptès si il devait leur arriver malheur. Aussi, je doute qu’ils s’encombrent à les protéger. Mais pour Xandrie…  Lan-Lan baissa la voix, comme si elle s’apprêtait à révéler des secrets indicibles. En ces temps, il est des plus importants de remonter dans l’estime de l’Alliance, surtout si c’est en protégeant les leurs.

Cette expédition était avant tout un théâtre. La cible n’était finalement pas aussi intéressante que la chasse - ça ne serait pas à qui trouverait le viscuphage, mais à comment ils parviendraient à l’avoir. Et surtout, si ils ne s’éventraient pas eux-mêmes au passage.
Son regard glissa un instant sur les tartares, auprès desquels fanfaronnait Vladimir - elle commençait à mieux cerner le personnage. Sous son arrogance se cachait une certaine mesure; un sens des affaires bien exclusif. Il ne prendrait pas le risque de les saboter - c’était bien assez pour elle. Si ils ne devaient guère représenter que des cailloux dans ses chaussures, il n’irait probablement pas jusqu’à les sacrifier pour ses desseins - des ressources potentielles? Ce serait… Pure folie.

Quant aux Epistotes… Le dessin était tout autre. Piégés dans cette impasse, ils n’avaient probablement aucun intérêt, à part les apparences, à coopérer. Même si Keshâ, qui badinnait avec sa guide fraîchement engagée qui visiblement faisait tout sauf ce pourquoi elle était payée, était d’une certaine confiance, elle doutait fortement que le reste de sa faction partage la même noblesse d’âme.

Inutile de nous faire remarquer outre mesure. Tant que les tartares s’imposent, laissons les s’imposer. Nous ne sommes pas là pour briller… Notre cible reste le viscuphage, en protégeant les scientifiques qui veulent l’étudier. Nous n’irions pas nous faire des ennemis maintenant…  Elle minauda, papillonnant doucement. Ceci dit, nos vies sont prioritaires. En cas de danger… Sauvons nous.

Club des cinqs, club maudit: elle ne doutait pas un seul instant qu’ils appliqueraient tous ce principe sacré - rassurant quelque part le rien d’affection qu’elle avait pour leur curieux quintête. Il ne lui en fallait pas plus pour froidement confirmer qu’elle laisserait à leur sort quiconque s’imposerait entre elle et une longue vie. Prions maintenant pour que nous n’ayons pas à affronter une armée de nagas non plus  conclut-elle dans un sourire amusé, nous ne voulons pas fatiguer Violette avant le grand jour.  

Trop beau.

C’était trop beau.

Elle aurait dû se taire.

L’installation pris un peu plus d’une heure pleine, largement dictée par Sapiarque et Baron, ponctuées de quelques commentaires Fà qu’elle savait pertinents, jamais mal placés, sans doute un poil impromptus - mais n'était-ce pas plus doux ainsi? Les balises furent installées autour de leur campement de fortune, laissant assez de mou pour former un petit îlot de sûreté dans lequel ils tenaient à peu près tous dans un rien de promiscuité.

La Brume, elle, dansait ardemment, passionnément, hantée par leur présence, énervée par ce groupe d’imprudents ingénus, de pédants fous qui venaient oser la défier. Leur présence était blasphème, oui… La lumière baissait, la nuit approchait, heureusement pour eux, il faisait encore jour.
Pour patrouiller, on envoya dans la Brume deux hommes armés - la longue attente pour leur retour aurait dû les alerter. Mais la fatigue, le relâchement avait endormis les attentions, engourdis les esprits, assez pour qu’on ne voit pas tout de suite que la Brume s’était opacifiée. Commençait à étouffer les sons. Ils n’entendaient plus que les moustiques…

Quand le premier coup tomba, droit en direction d’une des balises. Un deuxième - une lance rudimentaire jetée à même l’objet et métal et interceptée à temps pour ne pas faire de dégâts. Puis une pluie. Une embuscade. Le rideau de la Brume se lève alors, cheffe d’orchestre fourbe: des silhouettes serpentines se dessinent comme des ombres chinoises avant de repartir derrière le voile impénétrable et blanc.

Dix-sept. Il y en avait au moins dix-sept.

Résumons:
Mer 10 Juil - 18:38
Le nuage noir commença à s’entasser autour d’eux mais ils n’attaquèrent, curieusement, pas Von Arendt. Ils tournèrent autour de son Tartare sans s’en approcher et il en fut épargné. A tel point que le scientifique n’eut qu’un pas de recul lors que Violette passa à une vitesse démentielle à leurs côtés. Elle annihila un naga, sur lequel il se pencha sans un mot de remerciement. Prométhée se retourna et contempla la créature. Il n’avait pas daigné répondre à Archibald qui s’était lancé dans un cours sur le Viscuphage. Ce qui le préoccupait davantage c’était que le naga avait directement ciblé le Tartare. Comme si la Brume avait … l’œil tourné vers lui. Intéressant, très intéressant. Il fit un signe pour récupérer son parapluie. Prométhée le lui confia puis dégaina son épée. Il croisa le regard de Violette et les deux semblèrent s’accorder sur la cible du naga et ce que cela impliquait.

- Ce ne sera pas la dernière attaque. Allons-y et profitons du couloir avant de devoir composer sans. ordonna Vladimir en indiquant la suite d’un geste du menton.

Il se redressa et ne réagit pas lorsqu’un moustique affamé se glissa sur la peau de sa nuque et planta son rostre dans sa peau. La créature glissa sur sa peau, piqua plusieurs fois sans parvenir à se gorger de sang. Le Baron semblait aussi sec que l’était son âme. Plusieurs fois, pendant la marche, il laissa la distance se creuser avec Prométhée, de façon à affiner ses conjectures. Sur l’effet inattendu observé. Mais il n’était pas assez isolé. Au bout de quelques dizaines de minutes de marche, ils s’arrêtèrent à un bosquet, sans plus de nuisance que quelques autres nagas que les coups d’épée enflammée du Tartare dénommé Blieg. Les créatures nimbées d’ocre et d’acier continuèrent leur balai visant à assurer une progression dégagée aux membres de cette expédition. Ils ne déplorèrent aucune blessure mais à mesure qu’ils s’enfonçaient dans la Brume, les attaques commencèrent à devenir plus régulières. Ce fut ce qui causa leur arrêt. Le groupe les attendait dans une bulle proche de quelques arbres. Signal implicite d’une pause ?

- Docteur, la Brume est attisée. La stimuler davantage risque d’être délétère. Encore plus, je veux dire. vint l’informer Mimic d’une voix placide comme si cela n’était pas si inquiétant pour lui.

Incroyablement formatés ou d’une compétence à toute épreuve … difficile à dire avec les Tartares. Vladimir se gratta le menton et observa la petite troupe. Prométhée se tenait immobile à côté du bosquet. Il plissa les yeux tandis que tout le monde s’affairait à établir le camp.

- Alonzo, Friedrich, repérage. ordonna-t-il aux assistants qui obtempèrent en soufflant. Traque, trouves-en un, marque-le et préviens-moi.

Le Tartare le plus en retrait opina du chef et tous commencèrent à s’affairer à établir le camp. Vladimir aboya des ordres pour se propulser toujours plus en position de leader de cette expédition. Cette pause n’était pas entièrement de son initiative mais cela importait peu. Il gonfla la scène et s’amusa de l’inconfort généré chez les épistotes, chercha à pousser le Sapiarque à révéler davantage son jeu face à cette expédition. Ses obsessions malsaines envers Epistopoli avaient tendance à le pousser à les titiller et à se détourner du reste … ce qui était à coup sûr une erreur. Mais il n’en avait cure. Il avait besoin … que tout ceci soit déstabilisé. Il avait besoin d’un rapport de force, d’un point de bascule. Il croisa plusieurs fois le regard de Lan-Lan. Il l’évita. Elle le scrutait trop, l’observait trop. Comme si … elle arrivait à percer ses véritables intentions. Ce qui était impossible. Il était bien trop savant pour cela. Le test prévalait. Une fois de plus, il sauverait Opale par son génie.

Au bout d’une petite heure, les Assistants avaient achevé de cartographier une zone et semblait s’accorder sur une route à suivre. La nuit commença à s’inviter dans le ciel et la Brume, mieux valait profiter de ce confort relatif pour planifier la suite des opérations, manger sommairement et se préparer à l’adversité. Les Tartares aidaient sans un mot à l’installation, certains allant jusqu’à prêter main forte aux autres membres du groupe. Pas jusqu’à fraterniser, mais soulever une caisse trop lourde, planter un piquet un peu tordu … rien qui ne sortait de l’ordinaire chez une troupe d’explorateurs entraînés. Le strigoï ne chercha pas à les en dissuader. Il n’y avait que Prométhée qui le suivait à la trace, comme s’il n’était pas doté du moindre libre-arbitre. Le Tartare dénommé Traque revint vers lui, murmura quelque chose à son oreille. Vladimir opina du chef.

- Il serait de bon ton de monter la garde … lâcha négligemment l’Opalin, en passant aux côtés d’Archibald et d’autres.

Quelques minutes s’écoulèrent suite à sa remarque, et deux hommes furent envoyés faire le tour du camp et patrouiller pour éviter toute déconvenue. Ce qui aurait pu mettre la puce à l’oreille, c’était que les Tartares s’étaient tous retranchés dans le centre du camp. Seul restait Prométhée. Droit à côté de la balise. Son casque était tourné vers la Brume qui commençait à musarder et étendre ses doigts pour éprouver la bulle générée par la balise. Vladimir l’observa, frissonna. Sa grande ennemie. Le haïssait-elle autant qu’il la craignait ? Il était si vieux … mais il n’oubliait pas d’où il venait. Il n’oubliait pas qui était sa Mère. Il chassa ces pensées en secouant sa tête puis se recula lorsque Traque lui adressa un signe de la main. La première lance les frappa et Prométhée l’intercepta et l’attrapa en plein vol. Il la regarda, la retourna et la renvoya dans la Brume avec une force inouïe qui la fit filer droit. Au même moment, une pluie de lances s’abattit sur eux. Le Tartare se décala d’un pas pour en éviter une mais s’interposa lorsqu’une autre visa Vladimir. Il la reçut en plein flanc, cacha la vue du Docteur mais s’interposa entre lui et le danger.

- Protéger le … Père. grommela le Tartare mutique.

Il s’arracha l’arme d’un geste puis se dirigea vers la Brume alors que les multiples silhouettes serpentaient dans la Malice pour leur échapper. Puis ce fut le branle-bas de combat. Armes, cris et projectiles. Les Tartares se replièrent dans le centre du Bosquet et embarquèrent la balise pour la protéger. Alonzo et Friedrich les y rejoignirent mais alors que tous auraient pu s’attendre à ce que les soldats du Magistère se mêlent au combat, il n’en fut rien. Vladimir resta quelques secondes à observer Prométhée qui s’avançait seul vers les supposés Nagas puis se replia lui aussi. Il n’avait pu compter le nombre, mais vu les lances, un seul Tartare contre le groupe de monstres c’était suicidaire.

- Friedrich. Alonzo. Entrée trente-deux, test cinquante-trois. Début de la phase en ‘conditions réelles’. Enregistrez-moi ça, je ne veux pas en perdre une miette … se régala le strigoï. Mimic, comme convenu vous savez quoi faire, je veux éviter que les autres nations ne … soient trop informées.

Puis il croisa les bras et attendit. Qu’allaient donc faire les autres nations ? Opale avait envoyé l’un de ses hommes, ils pouvaient tous bien faire de même, non ? Petite chose étrange, concernant cet homme d’ailleurs. La Brume commença à s’agiter à son approche. Elle s’épaissit, se raidit. Prométhée s’arrêta, en garde. Il était prêt pour le test.


Jeu 11 Juil - 13:05

Politique et diplomatie

Club des 5 (6)




La maraudeuse regardait toute cette situation d’un œil blasé. C’était pour ce genre de choses qu’elle détestait les expéditions internationales. Le fait de devoir gérer les passifs et rivalités entre nations était tout autant fatigant que la mission en elle-même. Bien entendu, comme tout le monde ici, elle n’avait pas vraiment confiance en quiconque, néanmoins puisque les embrouilles risquaient de porter atteinte à sa propre sécurité, elle ne pouvait pas foncièrement trop les ignorer.

Ainsi cette situation la faisait réfléchir sur ce qu’elle devait faire précisément dans une situation critique. Il n’y avait pas vraiment débat sur le fait qu’elle devait couvrir Lan-Lan et les scientifiques andorians. Violette était loin d’être une samaritaine, néanmoins il était rare vis à vis de sa propre échelle de valeur qu’elle tue “gratuitement” de sa propre perception. D’autant plus que même sur le plan du pragmatisme, un individualisme absolu serait regrettable. La vie de la Fà notamment avait une certaine valeur, et sa mort aurait trop de conséquences négatives pour être ignorée. Elle pouvait se féliciter d’être née dans une famille puissante capable d’influer sur la décision des guildes, mais aussi par sa place au sein du propre système corporatiste.

Si de fait, la question de la protection des xandriens et de l’alliance ne se posait pas, le fait de devoir ou non risquer des choses pour les épistotes et les opalins elle se posait. Après tout, ces gens là allaient évidemment à un moment ou un autre planter autrui dans le dos pour obtenir ce qu’ils voulaient loin de leur déclaration, elle doutait que tous restent infiniment coopératifs.

Que faire ?

C’est à ce moment-là que Géralt s’approcha d’elle pour lui indiquer qu’il fallait faire attention à Lan-Lan.

Se tournant légèrement vers le représentant royal, la maraudeuse souriait légèrement.

Je sais t’inquiètes.

Aidée par sa vision augmentée, il fallait dire que la monétariste et ces scientifiques ne sortaient pas de son champ de vision. Par principe, ils devaient toujours rester à portée d’intervention. On ne savait jamais ce qui pouvait se passer ici, encore moins par surprise.

Néanmoins deux lignes de défenses sont mieux qu’une, donc garde ta vigilance.

Elle repartit alors en patrouille avant d’être rappelé par un geste par Lan-Lan qui discutait déja depuis un temps avec Géralt. Il fallait bien pour les xandriens décidés de ce qu’ils devaient faire piéger entre les feux épistotes et opalins.

La neutralité ne marchera qu’un temps. En cas de danger multiple, Géralt et moins même seront dans l’obligation d’agir car il est probable que les opalins et les épistotes ne se couvrent qu’eux même.

Elle jeta rapidement un coup d'œil sur le paysage.

Ici le danger peut venir de partout. Il n’y a pas de première ou de dernière ligne.

Et cela sans même parler de ce qui se passera avec le Viscu’. Il faudra à un moment choisir un camp… Et sur ce plan là j’ai un peu plus confiance en Opale qu’en Episto’. Nous incarnons tous ici une part d’un système particulièrement dans la stratégie d’Opale, que ce soit la couronne ou les guildes. Vladimir est ce qu’il est… mais c’est un pragmatique. Il n’a aucun intérêt à nous aider, mais il n’a non plus aucun intérêt à nous tuer contrairement à d’autres. Porter un coup aussi direct à la couronne ou aux guildes ne serait probablement pas accepté par ses supérieurs.


On pouvait le comprendre, la maraudeuse penchait plus par le fait de s’accorder préventivement avec Opale pour anticiper les éventuelles velléités épistotes. Il y avait toutefois une certaine influence qui venait du fait qu’elle avait elle-même des intérêts personnels bien plus du côté des Opales que de la cité du savoir. Autant ne pas brusquer ces propres partenaires. Elle n’avait pas envie de devoir les combattre d’une manière ou d’une autre. D’autant plus qu’à tout cela on pourrait ajouter qu’elle craignait bien plus la force des tartares que celles des bidouilleurs du sud ouest.

Le groupe arrivant enfin au bosquet, le repos ne fut que de courte durée alors que deux dizaines de nagas avaient décidé de les attaquer en leur lançant tout d’abord des projectiles. Difficile de les voir dans la brume, néanmoins aidée par son hypervélocité, Violette pouvait assez aisément bloquer les lances à sa portée et en direction du groupe à l’aide de sa rapière, laissant le soin à Géralt depuis un autre angle d’en faire de même. Elle ne pouvait pas être partout à la fois.

Une fois la première vague passée, tout en gardant son attention sur les alentours en attente de la deuxième salve, la cheffe de guilde observe les agissements des tartares. Ils avaient envoyé un homme pour attaquer, le reste sans doute pour défendre. C’était peu. Vu l’unique attaquant et la posture de Vladimir, il attendait sans doute à ce que les autres factions ne se décident à envoyer quelqu’un pour seconder son homme de main.

La maraudeuse faisait la moue. elle aurait bien laissé les tartares faire seuls, mais visiblement ils n’en avaient aucune intention. Sans se découvrir, c’était sans doute le moment de faire preuve de bonne volonté pour plus tard. Il fallait anticiper la suite des événements et éviter les inimitiés précoces par les actions trop voyantes.

Ainsi, elle se tourna une nouvelle fois vers Géralt.

Couvre tout, je vais avancer un peu.

Un choix qui n’était pas fait que dans l’urgence. L’un des points forts de Violette était sa consommation assez basse d’énergie vitale par rapport à d’autres utilisateurs de cristaux, notamment ceux qui centrent leurs jeux sur des pouvoirs très coûteux et qui nécessitent une utilisation de longue durée comme les pouvoirs élémentaires. L’avantage des cristaux centrés sur des pouvoirs physiques, c’était qu’on perdait en portée ce que l’on gagnait en endurance vitale. Violette n’utilisait ses cristaux que pendant des brefs instants qui la plupart du temps ne duraient pas plus de 10 secondes. Une question de timing pour ne dépenser qu’au moment crucial. Elle ne connaissait pas vraiment la manière de combattre de Géralt, mais le fait qu’il soit un grand utilisateur de l'élément ténèbres faisait que sa consommation d’énergie était sans doute supérieure à la sienne. C’était donc à elle d’entamer ses réserves et pas à lui.

Néanmoins, cela ne voulait pas dire qu’elle allait partir toute seule à l’attaque. Quand bien même elle avançait, elle attendait d’abord de voir de quoi était capable le tartare. Sa présence altérait la brume elle-même, ce qu’il allait faire déterminait les actions de la maraudeuse.

Résumé:
Jeu 11 Juil - 16:40

Acte II

Rage fratricide



Longtemps, Zareh était restée sur la réserve, effacée par le ballet des tartares avec leurs balises et leurs épées. Elle préférait de loin garder le silence pour ne pas trop s’attirer de questions de sa curieuse employeuse, Lan-Lan Fa, ni de Myuke, qui devait détenir certains de ses secrets. La stratégie de l’inaction semblait bien fonctionner pour les maraudeurs. Elle n’interviendrait que si cela s’avérait nécessaire. C’était désormais le cas.

-« Nous avons pénétré sur le territoire des Ambivarètes. C’est un clan naga de farouches guerriers qui n’apprécient pas les incursions des Andorians sur leurs terres. Nous devons nous méfier, car ils déplorent les pertes inutiles et sont de fins stratèges. » jugea-t-elle bon de les instruire alors que Violette, Blieg et Mimic lançaient une course à la taillade de l’homme des marais. S’ils prenaient les nagas pour des rustauds sans défense, ils se trompaient.

Dans sa combinaison anti-marais, Keshâ’rem était à l’abri des sangsues. Mais si la pluie et l’huile de carapa décourageaient certains moustiques, elle avait tendance à vouloir se glisser entre sa peau et le caoutchouc malgré le parapluie qu’il partageait avec Val’Ihem.

Archibald, taciturne, semblait se détourner complètement de la joute de mépris que tentait d’instaurer le baron. Contrairement à Vladimir, il en avait vu dans la brume. Son ego de salon, bien que de taille démesurée, était plus que tempéré par son instinct de survie immédiat au milieu de la Malice. Si les balises fonctionnaient, pour le moment, il ne comptait pas sur leur protection irrévocable. Et il se voulait alerte et diligent, au nom de la Mère Patrie !

Les piqûres de moustiques sur son front venaient maquiller une froide résolution à traverser ces marais.

Le bosquet paraissait être un sanctuaire émergé au milieu d’une décharge de purin. Malgré sa végétation rachitique et son sol rocailleux, il fut le bienvenu pour la troupe qui commençait à fatiguer. Même si Lan-Lan s’était appropriée le plus grand arbremort, il restait deux troncs nus éloignés de la bonne distance, entre lesquels le jeune homme tendit solidement un hamac en toile synthétique avec moustiquaire intégrée. Il choisit de l’attacher bien haut. Assez d'espace était offert à tous les serpents et maudits crapauds des marais qui auraient le loisir de baguenauder, sans qu'il soit un gigot au-dessus d’eux. Rien à dire, les tentes captaient l’humidité et les bêtes. Le hamac était le logement parfait en situation nomade et en terrain humide.

Val’Ihem fit de même en s’accrochant au-dessus de lui. D’aucuns se demanderaient comment il pourrait grimper sur ces troncs délabrés. C’était sans compter sur son agilité et son cristal d’attraction pour renverser le flux de la gravité. Assez vite, Keshâ’rem se fit enguirlander par Archibald, qui escomptait manifestement qu’il s’occupe de son hamac, jurant qu’ils avaient pris les meilleures places. Le sapiarque le força à changer par deux fois l’emplacement de son hamac avant de se juger satisfait et de donner quartier libre à sa victime.

Keshâ’rem remarqua que Lan-Lan et Gerald semblaient particulièrement proches dorénavant. Évitant soigneusement Mao, pour ne pas révéler le moindre intérêt pour sa personne, il évita autant que possible les tartares, en particulier l’armure puante ! Et Vladimir ! Et se retrouva donc à obliquer vers les scientifiques de l’Alliance, avec lesquels il partageait une forme de curiosité ingénue pour la nature.

Il n’avait pas vu la brume s’opacifier. De son côté, telle une vieille sorcière, Mao la guettait. Elle trouvait les assistants cartographes incroyablement optimistes.
-« En effet, docteur, montons la garde. Nous ne sommes pas seuls. »

Etait-ce l’étreinte sournoise de la brume autour du dôme formée par les balises, de part le lien étrange qui le liait désormais à elle ? Ou bien le comportement étrange des Tartares qui s’étaient regroupés au centre en formation ? Toujours est-il que Keshâ’rem était sur des charbons ardents. Il n’osait plus invoquer son cristal d’hypersensibilité depuis qu’il servait Archibald. Son cynisme et sa suprématie étaient trop difficiles à endurer. Mais il se força à un scan complet des environs. De la paix et de l’inquiétude du côté des Andoriens, une forme de malice espiègle du côté des Xandriens… la pluie de lance s’abattit par surprise ! Il y avait des présences, beaucoup trop de présence autour d’eux dans la brume. Il pouvait les sentir se préparer et se disperser.

Sur ce perchoir délimité, ils faisaient des cibles faciles. Heureusement Promethée, Violette et Val’Ihem arrêtèrent les premières salves avec maestria. L’hypersensibilité de Keshâ s’emballait. Frappant le mur froid des tartares et des maraudeurs, elle baguenauda sur une euphorie malsaine de Lan-Lan, avant de rencontrer l’impatience avide de Vladimir et… la terreur des scientifiques. Dans ce terrain de chaos, le duddo vint se percher sur l’antenne qui captait toutes les émotions frénétiques. Il y avait une forme de joie vengeresse dans le silence entre les deux salves, au moment où Violette commençait à partir dans la brume.

~° Mao, il y a quelque chose d’anormal. Ils sont très calmes. Et ils ont l’air très contents. Ils préparent quelque chose… je ne sais…°~
~° Bouche-toi les oreilles ! Obéis !!! °~

La force impérieuse de sa voix le poussa à s’exécuter. Juste à temps. Le son profond d’un cor déferla sur le marécage, théâtre d’un combat qui serait sanglant.
~° Une corne de Vuvuzéla. Ils nous forcent à nous entre-tuer car nous sommes trop forts pour eux. Cache-toi ! °~

Sur son épaule Nagendra souffla et siffla, avant de montrer les crocs et de tourner autour de son cou avec férocité. Comme le petit narangpé n’était pas plus lourd qu’une plume, il parvint à l’immobiliser entre ses mains. Le primate se débattait comme un furieux. A côté de lui, les yeux de Val’Ihem étaient écarquillés. Sa tête inclinée de côté. Son immobilité était trahie par une veine gonflée sur sa tempe qui palpitait. Un portrait aussi horrifiant que celui d'un miroitant.
-« Val’Ihem ! »

Par chance, son voisin se désintéressait de lui. Pris de rage comme tout le reste du camp, sa main brandie vers Gerald et deux maraudeurs, il inversa le flux gravitationnel pour les projeter dans les airs très loin dans la brume.

Des hurlements tribaux perçaient l’obscurité. Simultanément, les amis s’en prirent à leurs amis et à leurs ennemis de manière indifférenciée, tandis que les nagas restaient muets comme des carpes et invisibles comme des spectres. En retrait. Ils attendaient.

-« AAAAAAAAAAAAAAARRGHHHH ! »


La silhouette métamorphosée d’Archibald venait de se jeter sur lui, sans aucune forme de réflexion. Ses traits si mondains et policés étaient rougis et déformés par la haine. Keshâ ne le surveillait pas du tout. Seule l’impréparation de l’attaque lui permit de l’éviter. Le sapiarque tomba ventre à terre dans la boue. Il se releva aussitôt, bave aux lèvres, offrant un spectacle terrifiant. Que faire pour le neutraliser sans le blesser ?

Ils avaient retiré leurs combinaisons pour camper, ce qui offrait une meilleure mobilité. Le jeune homme roula à terre pour éviter une charge. Tout en se relevant, il étranglait à moitié Nagendra… il lança un coup de pied retourné à quatre vingt dix degrés dans l’estomac d’Archibald, comme Maëlstrom le lui avait appris. La chair du Sapiarque se para instantanément d’une aura et Keshâ se retrouva projeté à deux mètres. Le narangpé en profita pour s’enfuir et grimper tout en haut du grand arbre mort.

Son regard revint sur Archibald, toujours en usage du cristal de protection, pour le voir brandir son Gauss-35… il allait s’en servir… dans la brume. Regardant le ciel, l’orphelin se téléporta le plus haut possible. Immédiatement en chute libre à cinquante mètres de hauteur, il se hâta d’invoquer son totem de gargouille de ténèbres et rétablit de justesse sa trajectoire en frôlant la brume. Deux lances sifflèrent entre les ailes de la gargouille. Une autre se fracassa sur son ventre, alors qu’elle rugissait.

D’où il était, il surplombait l’effroyable champs de bataille de manière circulaire. Mao n’était pas visible. Il ne savait plus quoi faire. Sa maîtrise des émotions ne permettait pas de contrôler celles des autres. Et il n’avait plus l’initiative de l’action, évitant de nouvelles lances dans une vrille. Ses mains se cramponnèrent durement sur la pierre en s’écorchant, pour ne pas être éjecté. Il avait déjà bien du mérite à ne pas lâcher le totem.


Spoiler:
Jeu 18 Juil - 22:15


Tiens, tiens… Ainsi, la Brume m’écoutait et me mettait au défi d’assumer mes paroles. Peu m’importait très franchement. Un tartare qualifié valait quantité de Nagas. Mais voici une petite armée de ces monstres envoyés par la Malicieuse, tous prêts à faire de ce campement notre tombeau. A peine arrivée à notre rencontre, Violette se propose pour partir au front. Non pas que j’appréhende d’affronter ces bestioles, mais si je peux conserver mes compétences le plus longtemps, ça m’arrange et ma comparse l’a certainement compris. Mes instincts d’assassin veulent en découdre et se fondre dans la brume pour étaler leurs talents. Moi, Azur, je souhaite rentrer chez moi, à Xandrie, le plus vite possible. « Restez auprès de moi, Lan-Lan. Assurez-vous que nos amis en face autant. », dis-je en restant sur mes gardes.

D’ailleurs, à peine ai-je eu le temps de finir mon propos, qu’une lance entre subitement dans mon champ de vision. Les demoiselles hurlent en apercevant le projectile arriver à toute vitesse. Je pointe alors le doigt vers le danger imminent, puis sa vitesse se réduit drastiquement. D’un sourire ravageur et rassurant, je me retourne vers les demoiselles en détresse : « Vous êtes sous ma responsabilité, mesdames. Rien ne vous arrivera. ». Intérieurement, je me remercie mon brave cristal de chronomancie. Pour le reste, l’hypervélocité me permet de dégager l’arme d’un revers de main avant qu’il ne retrouve sa vitesse initiale. Faire le beau est une chose, assumer ses paroles en est une autre. Si plusieurs projectiles viennent à arriver simultanément, je ne garantis pas la survie de toutes.

Me fier à la technologie du Magistère et aux compétences plus qu’honorables de Violette demeure ma seule possibilité. Assurer la sécurité des membres de notre patrie est mon seul devoir. La maraudeuse s’époumonnera à neutraliser l’ennemi et je lui en suis reconnaissant. Le moins que je puisse faire est de me donner à fond pour protéger les miens. Je n’ai pas vraiment d’ordres à donner, d’hommes à diriger. Je ne suis officiellement qu’un simple personnage de la cour du roi. La guerre de puissance se déroule entre Opale et Epistopoli. Vladimir, sournois, compte se défendre en sacrifiant quelques pions, sans trop en montrer à ses concurrents. Du côté des epistotes, un étrange évènement est en train de se dérouler. Un son strident vient nous percer les oreilles. Je sens que ce n'est pas très naturel et décide de me boucher les oreilles.

Ma tranquillité prend fin.

Je sens la situation tourner en notre défaveur. Des comportements étranges dans tout le campement. Un des hommes d’Archibald, que je ne connais absolument pas, approche de manière trop imprudente. Son regard noir me laisse penser qu’il ne me veut pas du bien. Mes instincts assassins prennent immédiatement le dessus et je ne les freine absolument pas. Mais dans cette situation, dans laquelle je me trouve entouré de civils innocents, je ne peux me permettre d’agir sans penser aux conséquences. Je dois neutraliser cet homme, manifestement possédé, sans le tuer pour autant et tout en protégeant les autres. Tout devra se faire dans mon univers. Mes ténèbres. « Mesdames, vous allez bientôt être plongées dans le noir complet. Deux consignes : restez immobiles et n’émettez pas le moindre son. Je m’occupe du reste. ». La deuxième consigne est inutile. Pour mon plus grand bonheur, le son ne circule pas dans les ténèbres.

L’instant suivant, le noir complet. Les ténèbres jaillissent de moi et englobent tout ce petit monde. Ici, je me trouve chez moi. Sans les voir, je peux identifier chaque individu, les sentir, entendre leur rythme cardiaque… rien n’y personne ne peut m’échapper. Et surtout ce démon qui veut ma peau et qui ne sait plus quoi faire. Complètement intangible, ma cible ne peut pas m’atteindre. Mais moi, je le peux. Usant une seconde fois de mon hypervélocité, je me rapproche suffisamment pour être suffisamment proche. Etant un allié, je dois éviter de le blesser, sait-on jamais. Plutôt que de lui asséner un coup mortel, je me contente de le frapper paume ouverte, usant un peu de ma Force Surdéveloppée pour le repousser. Le secouer un peu remettra peut-être son cerveau à l'endroit. Les ténèbres disparaissent et le bruit ambiant revient de nouveau. Si notre alliance ne parvient pas à neutraliser ces quelques Nagas, nous courrons à notre perte.
Ven 26 Juil - 11:26

Acte II, scène III

Romulus et Remus


Bandes de pantins désarticulés, ils ondulaient comme des serpents dans les mains de la Brume. Les nagas n’étaient pas les réels ennemis - Xandriens, Epistotes, Opalins, ils se suffisaient bien à eux même pour répandre le chaos sur le champs de bataille.
Le bosquet était leur cage, et des nagas, ils étaient les plus précieux alliés.

Les coups partent. Le venin se répand. Panique et discorde, esprits économes, vous devrez vous montrer généreux en sang pour ne pas succomber.

Quand la première lance avait sifflé, la monétariste discutait avec les scientifiques au niveau du campement, une position heureusement privilégiée pour le retrait, mais parfait pour recevoir les lances de plein fouet. Le premier coup s’enfonça violemment dans le sol, heureusement assez loin d’eux pour qu’ils réagissent, se réunissant comme un seul corps derrière Lan-Lan qui ouvrait les deux bras, permettant aux scientifiques de se cacher derrière de son propre commandement. Restez derrière-moi, et que je n’en vois pas un jouer les téméraires.  Avait-elle aboyé avec la douceur d’une sentinelle qu’on lui découvrait tout juste. Son visage semblait exsangue, mais lissé par le sang froid.

Heureusement, la rapidité de Violette n’était pas à prouver, et sa synchronisation avec Geralt ne faisait aucun doute. Satisfaite une nouvelle fois de les avoir avec eux, Lan-Lan calma un relent familier - l’adrénaline commençait à se diffuser, poison euphorisant, gagnant ses veines avec une force vivifiante. L’éclat du danger avait sur elle des effets contraires: ses émotions étaient réduites à néant en même temps qu’elle luttait contre une envie folle de se jeter elle aussi dans la débâcle. Calme-toi, petite sorcière, après tout, tu n’es pas combattante… N’est-ce pas?
Le bout de ses doigts venaient chercher la poignée d’une arme bien familière - petit pistolet à six coups, le barillet est chargé, le nascent fonctionne toujours. Subtilisé sur le tombeau des Yi, il n’a jamais été aussi choyé que dans ses bras.

Mais ce n’est pas l’heure de causer tant de chaos. Sa cargaison est bien plus précieuse - elle échangea un regard avec Miyuke. Elles étaient toutes deux semblables, elle devinait le même sang-froid que chez elle.
Pour Yuri et Vivian… C’était différent. Ils affichaient tous les deux une nervosité franche, une panique, même, à la vue du rideau opaque que la Brume formait autour d’eux. Heureusement pour eux, Geralt ne manqua pas de voler à leur rescousse - Vous êtes l’homme de la situation, Monsieur de Daim lui souffla-t-elle en réunissant derrière lui les scientifiques affolés. Sans le connaître, on l’aurait deviné beau parleur et cavalier, mais heureusement pour eux, elle avait toute connaissance de l’arsenal qu’il possédait et de l’ampleur de ses capacités, tout comme Violette qui s’était avancée sur la ligne de front.

Un regard vers les Opalins - bien sûr, l’organisation est militaire. Elle n’est pas surprise de voir Vladimir rester en retrait - après tout, lui non plus n’est pas des combattants… Son ami, lui, l’est bien plus, armure qui s’avance seule contre l’adversité - quand ce ne sont pas les tartares qui se préparent. Quant aux Epistotes, ils semblaient… Un réflexe. Une étreinte anormale de Huang-long autour de son cou. Il manqua de l’étouffer.
Les nagas préparaient un mauvais coups.

Vos oreilles…! Murmura-t-elle à l’intention des Xandriens, des scientifiques, de quiconque pourrait l’entendre, alors qu’elle se bouchait elle-même les tympans.

La suite n’était, ne serait que chaos.

Miraculeusement, elle avait pu couvrir efficacement ses oreilles, et rouvrit les yeux sans aucune séquelle de l’usage de la corne de vuvuzela.Saloperie… Miyuke cracha le mot avant elle - l’élémentaire non plus n’avait rien. Mais un regard vers Yuri suffisait à comprendre qu’il n’était pas dans le même état - le muet respirait puissamment, secoué la tête comme s’il était persécuté par un insecte invisible. Quant à Lilian… Elle était méconnaissable - un vrai taureau. Fiévreuse, enragé, ses pupilles se dilataient à vue d’oeil alors qu’elle commençait à grincer violemment des dents - l’aimable scientifique était dans une transe vengeresse, au même moment où Geralt les mettait en garde qu’il allait passer à l’action sous la menace d’un feu ami.

Attendez Ger… Les mots n'eurent pas le temps de franchir ses lèvres - à l’instant où elle comprenait, ils étaient plongés dans les ténèbres les plus sombres. Une expérience tout à fait singulière pour elle qui se trouvait privée d’un sens - elle sentait sur son poignet la main de Miyuke, et le bras de Yuri qui y enfonçait les ongles jusqu’au sang. Huang-Long s’enroulait avec hargne autour de son cou, elle commençait à suffoquer. Puisse l’assassin faire vite, de grâce, car elle pourrait bien mourir de la crainte de ses pairs.

Un souffle franc - et la lumière fut - bien qu’elle eut besoin de quelques nettes secondes pour faire l’appoint. Secondes de trop - sans crier gare, Lilian se jeta sur Yuri qui la repoussa franchement, et les deux se mirent à se battre comme des chiffonniers - heureusement avec leur main… Pour l’instant. Elle regardait pendre à l’épaule de la forcenée sa mitrailleuse Dexar, assez chargée pour les remettre tous à leur place. Et son air ahurie n’avait rien de rassurant - Lilian était déterminée à tuer Yuri à la force de ses mains.
Il fallait agir, et vite. D’un regard, elle s’assura que Geralt était occupé, et que le reste des poules s’affairait sur leur propre adversaire, qu’ils soient nagas ou alliés. Et avec un naturel dévastateur, elle se faufiler, l’air paniqué, attrapa Lilian par les deux épaules comme pour la raisonner alors qu’elle préparait au fond de sa gorge une profonde bouffée d’un puissant somnifère. Visuellement, on aurait cru à une quinte de toux. En réalité, Lan-Lan expectora sur la scientifique tout ce qu’elle pu de somnifère.

Mais la corne avait fait son œuvre. Sur Lilian, mais aussi sur les Opalins.

Petits moucherons perfides, Alonzo et Friedrich se jetèrent à leur tour sur eux, l’air tout aussi ahuri que la scientifique. Miyuke, par réflexe, devint une roche inviolable et incassable, solidifiant tout son être en un instant.
Lan-Lan se rangea du côté de Yuri, à quoi bon rester avec cette folle qui était osbtinément insensible à ses substances? Elle préférait danser avec ceux qui avaient encore les idées claires - Yuri semblait encore maître de lui contrairement à Lilian, définitivement abandonnée à la corne de Vuvuzela. Sans rancune, madame la scientifique. La noble se teinta d’urgence, de peur, sembla se réfugier derrière Yuri qui empoignait fermement le col de Friedrich - était-ce bien son nom? Dans le but de le renverser. Agir rapidement, agir vite… Sans trop réfléchir, la pivoine rappela à elle sa toxicomancie, préparant une nouvelle salve de son somnifère qu’elle souffla sur le scientifique à plein poumon. Cette fois-ci, elle fit mouche, et il tomba lourdement au sol, emporté par le sommeil. Discrètement, elle tapa sur l’épaule de son allié de circonstance pour le féliciter de sa prise, ayant terrassé de ses mains le fou sans le tuer.

Boom.

Derrière eux, sans qu’ils ne s’en aperçoivent, sans qu’ils ne l’entendent ni ne le voient venir. Dans le secret du chaos, de la danse macabre qu’ils offraient à la vue des marais. Alonzo, debout au-dessus de Lilian, trouvée, mêlant à la tourbe son sang frais. Il venait de la tuer avec sa propre arme qu’il tenait à la main.

Et merde.

Résumons:
Mer 31 Juil - 18:24
Les Assistants disposaient d’un étrange outil de capture d’image qu’ils déployèrent lors des premiers échanges de coups. La Brume s’intensifia et quelques coups furent distribués avant un retrait frustrant des nagas qui préfèrent se jouer de leurs adversaires pour les tirer dans quelque piège. Vladimir piaffa d’impatience, serra les dents et secoua la tête. Ces créatures ne voulaient pas se plier au test. Et bien soit. Il soupira, chercha par mis ses effets dans sa mallette mais n’en tira rien. Il y eut comme un souffle de répit, un silence qui était anormal. Le Docteur plissa les yeux, observa le champ de bataille autour de lui. Un frisson dans son échine, qui fit office d’augure malsaine. Il concentra son attention sur les différents camps qui s’affrontaient et … un son strident vrilla ses tympans. L’espace se déforma et poursuivit la vague de son qui vint tous les frapper et secouer leurs entrailles et le strigoï sentit une palpitation gagner la pompe qui activait le sang dans ses veines. Il perçut ses poils se hérisser et une sensation qu’il n’avait pas vécu depuis longtemps. Il exsuda un petit rire et haussa un sourcil tout en récusant la folie que cherchait à susciter en lui la corne. Puis ce fut le chaos.

Les frères contre les frères, les épistotes au premier plan. Il vécut le moment dans un ralentit subtil où les monstres avaient pris le dessus sur l’intellect de leur troupe. Grâce à un artefact rare, certes, mais tout de même. Il se tourna pour mesurer l’étendue des dégâts et perçut la vague violente glisser sur lui comme son sens de la probité. Il vit ses propres hommes se désorganiser, les assistants lâcher le matériel et hurler de colère. Les Tartares dégainer leurs armes et … ce fut le noir total. Le Docteur fut pris au dépourvu et étouffa un juron. Il tourna sur lui-même, tâtonna et trouva sa besace pour en tirer deux objets. Il enfila ses gants, serra dans le creux de sa main son cristal. Ces ténèbres étaient handicapantes à souhait, elles n’étouffaient pas les cris, pas la douleur. Alors qu’il aurait pu agir et maîtriser la situation, il en était persuadé, elles venaient le couper de tout relais efficace dans cette situation. Puis la lumière revint.

- Prométhée ! Assistance ! hurla le strigoï tandis que la création était en train de séparer un Naga en deux à l’aide de sa propre force.

La créature ne semblait pas avoir été affectée le moins du monde par la corne et avait continué à mener son horrible besogne, à la grande surprise des créatures qui étaient tombées sous ses coups rigides. Autour de lui, il perçu les explosions et coups des Tartares qui libéraient toute leur rage contre ces créatures : ils avaient fui leur poste pour se jeter dans la bataille ? Sous quel ordre ? Il fronça les sourcils, impensable qu’ils aient été affectés ! Les Tartares étaient entraînés, leur esprit solide et … bordel de Brume. Le Docteur se retint, chassa ces effusions linguistiques crasseuses de son occiput tordu.

- Mimic ! hurla-t-il, mais ils étaient trop loin.

Son Tartare, quant à lui, avait abandonné le combat des Nagas et accourait dans sa direction. Il trainait le corps d’une des créatures saisit par sa colonne vertébrale et laissait une marque de sang et viscères derrière lui. Chose qu’aucune créature dotée d’un tant soit peu d’honneur n’aurait pu faire. C’était organique, c’était un déchet. C’était un objet. Il bondit et parvint au cœur des conflits et se dressa devant Vladimir. Son corps était perforé de deux lances, qu’il arracha négligemment après avoir lâché la carcasse de son adversaire. Puis un coup de feu retentit. Vladimir fit volte-face, admira la déchéance d’Alonzo qui tenait encore son canon sur le thorax de sa victime. Friedrich était déjà hors d’état de nuire, l’appareil d’enregistrement était à terre et tournait dans le vide un témoignage qui aurait fait frémir bon nombre d’aventuriers. Le Docteur s’avança vers le dispositif et le redressa en direction de Prométhée puis l’éteint. Tentative avortée, du fait de l’incompétence des Assistants ? Le Docteur grogna. Les divers camps étaient en fâcheuse posture … surtout les Epistotes. Le sien, dans une moindre mesure.

- VON ARENDT !
hurla Alonzo en branquant son arme sur son dos. Vous … allez payer pour vos crimes, pour vos abominations, pour tous vos …

Vladimir se retourna, haussa un sourcil en direction de l’Assistant dont la hargne éphémère se dirigeait à présent contre lui. Son arme tremblait mais l’effet de la corne était encore puissant en lui. Il arma le chien, leva le canon vers le crâne du Docteur. Les coups s’échangeaient encore çà et là, les uns tentaient de maîtriser les autres et mais le sang n’avait pas fini de couler. Prométhée s’interposa et le tir le cueillit en pleine épaule. Le Tartare grogna et s’avança vers Alonzo. Ce dernier rechargea, tenta de tirer à nouveau et la peur commença à dissiper l’effet de folie qui l’avait pris. Vladimir accrocha le regard de Lan-Lan qui regardait la victime d’Alonzo avec horreur. Pas choquée, non, mais consciente des conséquences ? Il devait ressentir une certaine colère envers Vladimir pour avoir aussitôt profité de la situation pour lui tirer dessus. Une chance, pour leurs relations … ? Prométhée attrapa le bras du scientifique tandis que le Docteur rallumait la caméra. Il la posa à terre tandis qu’Alonzo tentait d’échapper à la poigne de la créature. Le chaos autour d’eux, magnifié par cet instant où l’Assistant reprenait peu à peu contrôle de ses émotions.

- Non … non … je … argh ! Docteur ! Je ne voulais …

La peur était donc suffisante pour contrer les effets de cet enchantement ? Intéressant. Le tir partit et frappa l’épaule de Prométhée. A nouveau. Ce fut suffisant pour que le membre lâche sa prise, pour que la clavicule se disloque et que le bras cesse d’être mobile. Le Tartare grogna, son autre main tenait toujours son épée. Alonzo tomba au sol, lâcha son arme et commença à ramper loin de là. Vladimir, lui, filmait toujours.

- Prométhée, remplace.

La créature s’avança et cessa de contempler son bras hors d’usage. Il posa son pied sur le dos de l’Assistant qui pleurait et criait au milieu des divers combats. Il y eut un craquement. Il venait d’arracher son propre bras. Le sang ruissela le long de son corps mais il ne lâcha pas un cri de douleur. Il leva son épée en trancha d’un geste le bras du scientifique. Il hurla de douleur, sous un petit rire jubilatoire du Docteur.

- Mauvais bras, mauvais bras Prométhée. Remplace ton bras gauche.

La créature s’exécuta une nouvelle fois et sectionna le membre d’Alonzo qui hurla de plus belle. Prométhée planta son épée dans le sol et se baissa. Il s’empara du bras et le souleva à hauteur de son épaule. Il l’accola et dans un bruit de succion écoeurant, le fixa. Des dizaines de petits tentacules faits de chair violacée s’enfoncèrent dans le membre et l’agitèrent de soubresauts. Puis, au bout de quelques secondes, le Tartare attrapa son arme à l’aide du nouveau bras nu qui pendait de son côté gauche et acheva Alonzo d’une coupe négligente contre sa carotide. Il se tourna vers Vladimir, observa la caméra. Cet ordre n’avait pas été donné. Le Docteur haussa un sourcil. Etait-ce … de la compassion ou de l’efficacité ?

- Prométhée, retour au combat. ordonna Vladimir en éteignant sa caméra.

Il s’approcha de l’Assistant qui rendait son dernier souffle. Ses bras malingres ne feraient un remplacement efficient, mais cela suffirait pour l’instant. Il l’observa, entreprit de fouiller dans ses effets et d’en dégager tout ce qui pouvait être utile. Son expertise manquerait à l’expédition mais … il y avait toujours un remède à cela. Il releva les yeux. Croisa le regard de Lan-Lan. Il ne put s’empêcher de sourire, en mémoire à leurs aventures passées face aux créatures chimériques. Avait-elle assisté à tout cela ? Il rompit le contact et s’affaira à récupérer les fragments d’armure de Prométhée. Il était encore trop tôt pour que des questions se posent.

Quoi qu’il en fût, les échauffourées finirent par s’atténuer à un moment et les plus solides commencèrent à reprendre leurs esprits pour se rassembler autour du bosquet. Chacun comptait ses morts, avec plus ou moins de douleurs. Même les Tartares firent leur grand retour, avec un Blieg marqué de plusieurs blessures mais entier. Mais, alors que le groupe tentait de s’abriter et de reprendre le dessus sur la situation, les nagas profitèrent de leur sentiment de répit pour leur révéler leur contre-offensive. Surgissant de la Brume, ils entreprirent de saper les quelques survivants et trainards et tentèrent d’opter pour une tactique de guérilla en harcelant les flancs de l’expédition. Le Docteur jura et commanda aux Tartares de revenir en arrière. Ces derniers se rassemblèrent autour de lui et n’eurent pas de mot pour justifier leur comportement. Ce n’était pas utile pour l’heure, mais ils avaient fauté. Que le Docteur eut fauté aussi, il y aurait pu y avoir clémence … mais là … Prométhée élimina un naga en attrapant la lance qu’il lui destinait dans le dos. La Brume s’opacifia se son côté, comme si elle attendait quelque chose. Elle avait grimpé sur les rebords intangibles de la bulle créée … et attendait.

Les Nagas n’étaient pas à prendre pour des créatures indolentes. Tout ceci avait été savamment orchestré, face à une troupe trop certaine de son succès ? Ils avaient atteint leur objectif. Leur diversion. L’un d’entre eux avait réussi à éprouver suffisamment les défenses pour qu’une lance ne perce la balise. Ce fut davantage par son dysfonctionnement que par l’action de la créature que tous s’en rendirent compte. Elle s’éteint en silence mais les doigts inquisiteurs de la Brume s’effondrèrent au sol pour recouvrir plus de la moitié de la distance qu’elle avait cherché à grimper autour du dôme protecteur. Le Docteur piailla de surprise, tandis que les quelques trainards se retrouvaient embrumés. Les nagas avaient réduit leur seul avantage à peau de chagrin et la Brume s’invita alors dans la partie. Il recula jusqu’au centre du bosquet, persuadé que l’avancée soudaine de la Malice lui était destinée. Mais … il y avait quelque chose qu’elle haïssait encore plus que lui …

Résumé:

Jeu 8 Aoû - 11:59

Politique et diplomatie

Club des 5 (6)




Le principe d’un plan, c’est qu’il ne fonctionnera jamais. Une phrase sarcastique mais qui finit toujours par devenir réalité. Il y avait toujours des imprévues, même si dans ce cas précis, cela dépassait même le genre de variable qu’un adepte de la fortune pouvait anticiper. Une corne capable de générer de la colère incontrôlable… Rien que ça…

Lorsqu’elle l’entendit, Violette n’eut même pas le temps de comprendre de quoi il s’agissait qu’elle se retrouva envahie d'émotions incontrôlées. Contrairement aux agents du magistère, elle n’était pas une personne capable de contrôler et manipuler ses propres émotions. C’était une personne colérique et brutale, quand bien même la force des choses et la dureté de la vie l’avait contraint à adopter la colère froide au détriment d’une colère explosive qui réduisait trop brutalement l’espérance de vie d’un mercenaire. Mais le problème de la colère froide c’est qu’elle consistait à accumuler ses frustrations jusqu’à ce que le tout explose telle une cocotte minute. Au final, la portebrume n’était rien d’autre qu’une bombe qui finissait par exploser lorsqu’elle atteignait le point de rupture. Et artificiellement, la corne était parvenue à son but.

Serrant les dents, la xandrienne appuyait sur l’air de manière à générer des courants de plus en plus fort, de plus en plus violent, jusqu’à ce que ces derniers finissent par commencer à prendre vie sous la forme d’une tornade naissante qui commençait à entourer la jeune femme.

Bien que souvent, la rage pouvait signifier la destruction aveugle, comme toute chose qui délirait les émotions de l’ordre imposé par la raison, elle pouvait au contraire montrer la réelle nature des gens qui la subissait. Même sous la colère, il était rare d’attaquer au hasard, à l’inverse les choix des cibles incarnent presque toujours une logique sentimentale en visant ceux que l’on détestait le plus ou que l’on appréciait le moins à portée. Ainsi, voir les tartares être capable de ne pas s’attaquer entre eux n’était pas si étonnant, Opale devant faire en sorte à sa manière que la cohésion d’équipe soit totale entre eux si bien qu’ils massacreront toutes les vies avant de s’attaquer entre eux.

La corne ne faisait alors que révéler une rancœur déjà existante. Une logique à laquelle Violette n’échappait pas. La question était alors ce qu’elle attaquerait. Qui donc était la cible de rancœur ou à défaut de son désamour.

Les opalins avec qui son passif en bien comme en mal était long le bras ?
Les épistotes dont les postures méprisantes pouvaient travailler son égo ?
Les xandriens incarnation d’un pays qu’elle n’aimait pas ?

La réponse était rien, ou plutôt tout à la fois.

Violette faisait après tout partie de ces gens dont la vie pouvait se résumer très simplement à un tourment existentiel sans fin. Le genre de personne qui souffrait d’un malheur et d’un malêtre profond qu’ils étaient incapable de pouvoir définir et expliquer eux même. Elle ne savait même pas pourquoi elle était triste et en colère, et elle en souffrait tout autant qu’elle souffrait du poison qu’était son propre esprit.

Ne pas savoir quoi faire de sa vie, être incapable de lui donner le moindre sens, d’avoir le moindre but, être en colère et empli de jalousie mais ne pas savoir contre qui ou contre quoi le retourner.

Un bon cocktail pour devenir une personne chaotique et au comportement erratique, dont on croyait à tort que la cause pouvait être purement émotionnelle alors qu’en réalité tout cela était dû au fait qu’elle changeait d’objectif, de but et d’avis extrêmement rapidement.

Ainsi, presque malheureusement à défaut d’aller tenter de tuer de Vladimir ou Archibald dont la mort serait pourtant positive à l’échelle de l’histoire, elle visait tout de manière indistincte sans même vraiment cibler quoi que ce soit. Pour ainsi dire elle ne ciblait même pas d’individu, sa rage ne faisait aucune différence entre les hommes et le monde que ce soit les cailloux, les arbres ou même la tourbe.

Elle visait tout le monde et personne à la fois. Peu importe c’était une colère existentielle plus que terre.
Elle visait tout le monde et sans doute elle-même dans le lot. Car si elle pouvait se cacher derrière le fait d’avoir subi son propre destin depuis le berceau. Elle ne pouvait nier être grandement responsable de sa propre situation.

Alors que l’eau, la boue et le sable commençaient à se soulever, soudainement elle réfléchissait à ce qu’elle était en train de faire.

Pourquoi au fait ?

Il était rare pour elle de se donner à fond, même pour des mauvaises raisons. Même en colère normalement elle aurait du juste tenter de trancher les gens car comme Vladimir l’avait si bien remarqué, la maraudeuse était une flemmarde qui faisait toujours le minimum syndical. « Minimum d’effort, maximum d’efficacité » Ce n’est pas elle qui le dit mais le fondateur du judo. Donc c’est bien.

Ironiquement c’était par un vice qu’elle corrigeait le vice. C’était sa paresse naturelle qui lui faisait se rendre compte de son trop plein de colère. Dépenser autant d’énergie était horrible !!!

Pourquoi ? Elle ne se souvenait même plus de pourquoi elle avait fait ça. Le monde ? La brume ? les dieux ? Quelqu’un ? Difficile à dire, jusqu’ici par simplicité d’esprit, elle se contentait d’hair par défaut quelque chose sans substance sans vraiment savoir ce que c’était. Et cette colère impromptue venait de le lui montrer en plein en face. C’était le fonctionnement commun de celui qui ne voulait pas réfléchir, dégoûté de la philosophie car elle réfléchissait inutilement sur des évidences, alors que les évidences n’étaient des évidences que lorsque l’on y réfléchissait pas. La colère de Violette reposait sur une de ses évidences, et elle venait de réaliser qu’elle n’existait pas.

Difficile de faire une véritable introspection dans ces conditions toutefois, mais pour la première fois depuis bien longtemps, la portebrume était assaillie d’un doute dont elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Quelle chance d’avoir des psychologues chez elle pour lui expliquer depuis son rapprochement avec Sylas et Aramila !

Enfin bon, ce n’était pas le moment, il fallait déjà qu’elle s’occupe de sa tornade qui menaçait d’emporter ses alliés. Elle n’avait pas vraiment de crainte pour les opalins ou Géralt qui était des combattants probablement capable de survivre à ce genre de cataclysme, elle avait plus de doute vis à vis des autres notamment parce qu’elle ne les jugeaient pas comme des soldats mais comme des civils utile d’une autre manière que celle de la violence.

La lucidité revenue, elle dévia alors cette tornade vers la forêt espérant au passage toucher des nagas ce qui n’arriva pas. Elle n’eut même pas le temps de se plaindre de cette rare malchance que ces deux camarades maraudeurs après un vol plané offert par Archibald atterrissent à côté d’elle en s’étalant durement dans l’eau trouble.

Se retournant, elle vit alors tout le monde en train de se battre avec une grande stupéfaction. Bien qu’elle restait silencieuse, il ne fallait pas croire que l’influence de la corne sur elle n’était plus. Mais une fois l’explosion passée, elle en était revenue à une forme de colère plus instinctive et naturelle chez elle, une colère froide qui fulmine. Elle accéléra alors pour revenir rapidement au milieu du groupe en s’exposant ostensiblement avec la ferme intention de mettre un ippon au premier qui tentera de la toucher.

Mais la situation continue de se compliquer alors qu’une des balises cesse de fonctionner, ce qui indiffère la demoiselle encore adepte des techniques de son grand mentor de la brume pour qui le pifomètre sans aucune aide est la solution. De toute façon y a trop de boutons sur ces machins et elle a la flemme de comprendre comment ça fonctionne.


Résumé:
Jeu 8 Aoû - 20:06

Acte II, scène III

Assaut kamikaze


La brume se pressait de manière lascive autour de la motte qui surnageait au-dessus des eaux noires.

L’Epistote tenait un vol irrégulier afin d’éviter les projectiles des nagas. Les Ambivarètes étaient de bons tireurs. Lorsqu’il se pencha pour voir les combats, un carreau d’arbalète siffla tout près de son oreille. Dans un cri, il plaqua son corps sur la pierre et serra ses poings sur les plumes de la chimère.

Trois attaques simultanées le visèrent. Il ne pourrait jamais éviter tous les traits ! Les javelines ralentirent comme si elles étaient prises dans la gelée. Saisi de peur, il n’eut pas le temps de se demander à qui il devait ce miracle.
~° Je t’ai dit de te cacher, pas de jouer les pinata ! Ressaisis-toi ! Il faut neutraliser la corne de Vuvuzéla avant qu’il la sonne à nouveau. °~

Les membres de l’expédition formaient une masse grouillante sous lui, dévoilant des combos dévastateurs. Invoquant un rouleau de ruban adhésif qu’il entama avec ses dents, il entreprit de faire des tours autour de sa main pour empêcher le totem d’invocation de s’en échapper.

~° Quel est le plan ?! Ils sont farouches, si nombreux et restent tapis dans la brume °~
~° Utilise ton hypersensibilité. Ainsi… je pourrais te copier. Les questions et les leçons : plus tard. Et cesse de crier dans mon esprit, je t’entends très bien… Tente de localiser les nagas : ce sont les moins enragés et ceux qui sont hors champs. Puis affine, cherche les individus… je vais faire diversion et en occire le maximum pour ouvrir une brèche, toi tu arriveras par surprise et tu chercheras celui maniant la corne. Ne prend pas de risque pour moi. Je sais ce que je fais… °~

Il ne voyait pas Mao au sol. Dès le début, elle avait disparu de l’arène centrale. N’hésitant pas à se fondre peu à peu dans l’eau, elle avait très lentement contourné les nagas, après s’être enduit le visage et les membres des boues méphitiques du marais pour couvrir son odeur. Elle les observait de près.

Une tornade fendit l’air en les frôlant, mais ces créatures amphibies utilisaient l’eau pour se cacher. Quand l’effet de la première corne se seraient estompé, ils n’auraient plus qu’à la sonner à nouveau. Ceux qui y avaient échappé succomberaient. Les plus colériques perdrait toute salubrité mentale. Les nagas achèveraient les derniers. Même si elle n’avait rien contre la tribu Ambivarète, il n’était pas question que la guide des marais laisse cela arriver à l’expédition de son protégé…

Val’Ihem avait pris grand plaisir à libérer sa rage sur les maraudeurs, contemplant leurs corps mous voltiger comme des marionnettes de tissus. Il ne pouvait se douter que dans le lot se trouvait plus fort que lui. Là où l’assassin prodige n’était pas préparé, c’était à rencontrer un portebrume pourvu d’une force équivalente à la sienne. Si sa vitesse était moindre, son utilisation en était meurtrière. N’avait-il pas déjà triomphé d’un tueur aguerri, invisible qui plus est ? Les yeux clos, attendant le contact du couteau sur son épiderme pour dévier l’attaque selon les préceptes de l’aïkido. L’effet de surprise dans sa poche, il absorba l’attaque tout en pivotant. Son pied en croche, il asséna un vilain coup de coude dans le dos du Xandrien qui s’écrasa piteusement dans la boue à haute vitesse.

Sa colère était toujours vive. Elle ne savait plus sur qui se porter. Son regard perçant balayait le carnage en quête d’un adversaire… Archibald n’avait pas ce problème. Ses alliés effacés de son champs de vision, il n’essaya pas de les poursuivre. Sa rage se concentra sur ceux qu’ils haïssaient vraiment. Il vit d’abord Vladimir en plein rituel avec son « jouet ». Quand bien même il brûlait de lui tirer dans le dos, on ne perturbe pas un « collègue » en pleine expérimentation. D’un pivot net, il fit face aux Tartares.

Pour lui, ce n’étaient que des numéros indifférenciés … Il en repéra un qui lui tournait le dos. Noct. Malgré la lenteur causée par son cristal de protection, Noct ne pourrait se défendre. Parfait. Le Gauss-35 torpilla de plein fouet le Tartare dans une onde sonore. Sa soif meurtrière en partie rassasiée, le Sapiarque retrouva une part de lucidité. Archibald se demanda alors s’il serait socialement gênant d’expliquer son geste.

Il en était là quand un tentacule de brume se condensa et lui envoya une sévère torgnole. L’entité haïssait ceux qui usaient d’électricité. Comme les maraudeurs, il disparut de l’arène dans un « splouch » boueux.

L’officier de l’armée du Savoir avait enfin choisi sa nouvelle cible. On aurait pu penser le combat déséquilibré. Mais il ne fallait pas se montrer sexiste, n’est-il pas ? Dans un saut d’une élégance presque angélique, Val’Ihem sauta plusieurs mètres par-delà sa cible, pour prendre à revers les scientifiques de l’Alliance. Celle qu’il regardait d’une lueur carnassière n’était autre que Lan-Lan. Son épée bâtarde levée à l’horizontale devant son visage, il se trouva confus :
-« Mais… »
Le soldat regarda autour de lui comme s’il ne s’avait plus où il se trouvait.
« Que suis-je en train de faire ? »
L’influence de la corne de Vuvuzéla s’était brisée. Il se remit en formation, cette fois pour protéger les scientifiques.

~° Oublie-les ! Tu n’as pas le temps ! La corne est tout ce qui importe. °~ le rabroua Mao alors qu’il commençait à entonner un chant.

A la grande surprise de sa mentor, il avait obtenu une perception d’une extrême précision sur la localisation de chaque naga. Il craignait pour la vie de son amie. Même s’il ne lui accordait plus sa confiance et lui en voulait, la perspective d’une mort imminente ravivait son inquiétude.

C’était mal la connaître. Elle vendrait chèrement sa peau. Un chaos de cris de chocs métal contre métal lancèrent l’assaut. Depuis le ciel, il vit de nombreux nagas se soulever de plusieurs mètres avec l’eau du marais et être fauchés à une vitesse ahurissante par une chaîne terminée d’un crochet. Quand un soldat passait sa ligne, il était à son tour pris dans une sorte de gelée, ses mouvements devenant très prévisibles, alors que la ninja sautait et esquivait malgré l’eau.

Alors qu’elle décimait leurs rangs, les guerriers d’élite faisaient front et gardaient leur sang-froid. Pas le temps de suivre le dénouement. Keshârem était monté haut dans le ciel pour prendre de la vitesse. La gargouille-rapace fondit dans la nappe de brume. Parmi les silhouettes d’émotions restantes, il verrouilla celle qui émettait une fièvre anticipée en réjouissance du chaos qu’elle allait semer. La gargouille bouscula plusieurs nagas avant de percuter la bonne. Nergal enserra immédiatement ses serres autour du corps serpentin et continua sa course.

Tous virent surgir la gargouille de la brume. Poussant un cri perçant, elle était chargée deux passagers. Le naga tentait d’atteindre Keshâ’rem, qui se repliait sur l’encolure de Nergal. Sa longue queue s’enroulait autour de la pierre et finit par s’insinuer autour du cou du jeune homme. Alors que l’invocation décrivait un cercle de plus en plus chaotique en rase-motte au-dessus de l’arène, elle poignarda le flan du naga de sa queue en flèche.

Le naga se hissa péniblement sur le dos de la gargouille, plusieurs lacérations visibles sur son corps et sa queue. Mais les yeux violins de l’invocateur ne voyaient qu’une chose, la corne dans sa main ! Il allait souffler dedans. Tout serait terminé !

Dans une action désespérée, il fit remonter d’un coup Nergal, avant de la diriger tel un bélier vers le sol. D’un coup de talon, il tenta de faire échapper la corne, mais réussit seulement à se faire entailler la peau de la cuisse par une griffe et à gagner quelques secondes.

C’était assez ! Avisant le sol à quelques mètres, il se téléporta juste avant la collision et roula plusieurs fois avant d’atterrir dans les pattes de Lan-Lan. La gargouille se fracassa avec le naga, furieux, tandis que la corne rebondissait dans les flots.

Un cri d’agonie.
-« Zareh ! »
Contusionné et titubant, Keshâ’rem se lança sur ses traces. Ce cri n’augurait rien de bon. Elle avait beau lui avoir interdit de venir l’aider, il préférait la décevoir que de la perdre.

La combattante était venue à bout de plus de la moitié des guerriers, mais le cercle de six se refermait sur elle. Une queue enroulée sur son corps tenta de la noyer. Elle reparut victorieuse dans une marée écarlate. Mais le chef l’attendait et planta trois de ses griffes en triangle dans sa poitrine, juste au-dessus de son cœur.

La créature la souleva, lui arrachant un gémissement, afin de la rapprocher de ses mandibules.
-« … Zareh… » souffla sa voix caverneuse.
« Comment oses-tu mener ces étrangers sur les terres de mon peuple… nos affaires ne regardent personne… »
Résumons:
Ven 9 Aoû - 22:48


L’une des choses qui m’est le plus insupportable est de me retrouver au cœur d’une bataille. Je suis un assassin, pardieu ! Pas un foutu soldat que l’on envoie à la guerre. La différence peut sembler minime, mais elle a pourtant une importance capitale. Un professionnel comme moi, dans bien des cas, maîtrise son environnement. Ici, pour faire simple, je ne maîtrise rien. Mes alliés sont pour ainsi dire aussi fiable que la météo et la Brume totalement imprévisible. Regardons cette situation qui nous fait face. Nous affrontons aussi bien des ennemis que des camarades. Là, pas très loin, le jouet de Vladimir vient de tuer un des scientifiques sans aucun scrupule, avant de lui avoir arraché le bras pour le remplacer. Une abomination, même pour un type aux mœurs aussi discutables que les miennes. Et l’autre cinglé filme cela en souriant. J’en ai vu des spécimens, mais celui-ci me donne des frissons à chaque rencontre (oui, je parle toujours de Vladimir).

Ma douce et chère Lan-Lan est toujours en un seul morceau, bien qu’un peu bousculée par la perte d’une « amie ». Les tartares se replient autour de leur chef, Violette a pété une durite, chose qui ne m’étonne qu’à moitié étant donné son caractère. Je ne la connais pas plus que cela, sauf depuis qu’elle est à la tête de son organisation, qu’elle est la Queen des bas-fonds de Xandrie, j’ai dû mener ma petite enquête. Rien ne devait m’échapper dans ce royaume. Malgré toute ma médisance, elle gère plutôt, aussi bien son affaire que ses affrontements face aux Nagas. Certes, peu fiable – je ne lui confierai pas ma vie, elle se trouve être d’une utilité remarquable. A tel point que je ne tiens pas à la laisser se débrouiller seule, par crainte de la perte inutilement. Les tartares m’arrangeaient bien. Dommage que le maître ait rappelé ses toutous. Étonnement, les plus démunis sont les épistotes. A trop fanfaronner, on se retrouve souvent le cul par terre.

Évidemment, je parle de tout ceci après avoir été humilié par l’un d’entre eux. La dernière fois que j’ai gouté à la boue, ce fut lors d’un entraînement contre Wanath en personne. Cette ordure est encore bien trop fort à son âge. Passer pour mort, c’est aussi dans mes fonctions. Alors, je reste un petit moment allongé, jusqu’au moment où je commence à m’étouffer avec toute cette vase. Me voici bien dégueulasse. Le soldat qui venait de m’attaquer semble avoir retrouvé ses esprits et défend maintenant Lan-Lan et ses dames. M’humilier ainsi devant mon amie. Dans d’autres circonstances, je l’aurais assassiné sans me poser davantage de questions. Une autre fois, sans doute. Bref, je me focalise sur la situation. Au loin, dans les postes avancés, se trouve Violette et Keshâ. La maraudeuse n’aura aucun problème pour se défendre. Quant à l’épistote, j’ai le sentiment qu’il court à sa perte, pour secourir une amie déjà condamnée.

« Bon, assez. », ai-je dit en ramassant une des lances balancées par l’ennemi.

Le temps que mon cristal d’hypervélocité ne s’active, je réfléchis à mon approche. Finalement, je fonce comme une furie, à toute vitesse, me retrouvant à dos de celui qui tenait Mao (que je ne connais absolument pas). Je m’apprête à l’enfourcher avec la lame, sauf qu’il tourne sa tête et appuie son regard perçant sur moi. En réalité, ce qui me perturbe le plus, c’est assez aspect humain dans son regard. D’apparence monstrueuse, les Nagas semblent ici bien trop intelligents. Quelque chose cloche. Et cette réflexion me fait perdre de précieuses centièmes de seconde, suffisantes pour permettre à la bête de m’envoyer un puissant coup de queue avant de la toucher. Et voilà comment, pour la seconde fois, je me retrouve à valdinguer dans les airs et me retrouver avec la tête dans la vase. Mais comme j’étais déjà bien sale, la seconde fois me répugne déjà bien moins. Sauf que cette fois-ci, ma fierté en prend un sacré coup. Et ma figure aussi car, croyez-moi, un coup de queue qu’on n’anticipe pas, on le sent passer.

En me relevant, j’aperçois que je suis entouré par quelques Nagas prêts à me cueillir. Mais pour qui me prennent-ils, bon dieu ? Ai-je l’air si fragile ? En même temps, s’ils m’observent depuis le début, ils doivent bien se fendre la poire. En tâtant mon visage, je constate une petite coulée de sang provenant d’une éraflure causée par la précédente attaque. S’il y a bien une chose que je ne pardonne pas, c’est bien que l’on touche à mon doux visage. Une caresse sur mon cristal de force, j’arme la lance et – sentant une force herculéenne m’envahir – envoie le projectile en direction de ma cible. Je parie sur le fait qu’il soit occupé avec la copine de Keshâ pour espérer atteindre ma cible. Naturellement, toujours à cause de la copine de Keshâ, je ne peux pas tirer n'importe où. L’épaule transpercée, il lâche sa proie et émet un hurlement strident. Ensuite, place à la boucherie. Tous les Nagas se jettent sur moi. Je tapote mon cristal de camouflage et je disparais complètement de leur champ de vision.

« Ce ne sont pas tes terres. », balancé-je au chef de la meute en réapparaissant devant lui.

Écouter les conversations des autres est très impoli, mais c’est aussi mon gagne-pain. Pas question d’utiliser mes cristaux si je ne tiens pas à être à court d’énergie. Je dégaine mes dagues et ça part sur de la bonne bataille comme on aime. Normalement, dans ma profession, on évite autant que possible de participer à des battles royales. Cependant, on a quand même jugé utile de m’enseigner les arts martiaux au cas où. Et j’aime diablement ça. S’en suit ensuite un redoutable combat. Les autres accourent pour soutenir leur chef, sauf que je dois absolument le tuer avant leur arrivée. Tout se réalise en quelques secondes. Il tente de me déchirer la gueule avec ses griffes, j’esquive et contre-attaque en le plantant avec une de mes dagues. Malgré la douleur, il poursuit son offensive et tente de me bouffer avec ses longues dents. Là, plus le choix, je bondis vers l’arrière pour esquiver, puis repars vers l’avant pour planter mon arme blanche en pleine gorge.

« Si vous me pensez à court d’énergie, c’est bien mal me connaître. », ai-je dit en affichant un sourire taquin, le pied sur le crâne de leur chef qui git au sol.

La suite, je pense qu’il est inutile de la raconter. Retenez qu’à la fin, je suis à la fois recouvert de boue et d’une substance violâtre, mais toujours en un seul morceau. Et dans notre malheur, je crois que tout le monde vient de comprendre que nous ferions mieux de coopérer si nous souhaitions survivre dans cette Brume. Mon petit Duddo, Espoir, sort de ma cape pour de nouveau se caler sur mon épaule. C’est bien le seul être au monde qui me câlinera dans cet état. Le caresse et me rapproche du reste du campement. Du moins, ce qu’il en reste. Je préfère rester silencieux pour l’instant et laisser les têtes pensantes donner leurs premières directives après ce carnage. En tant que représentant de la couronne, je serai ensuite en droit d’approuver ou non leurs décisions. Je ne tiens pas particulièrement à replonger une seconde fois dans un tel traquenard.

Un dernier regard adressé aux quatre individus que je connais le plus (Lan-Lan, Violette, Keshâ et Vladimir, au cas où). Nous voilà une seconde fois dans un beau guêpier.
Lun 12 Aoû - 11:36

Interlude

Sous la pluie, la boue a la même couleur que le sang


Son corps gisait dans la boue - son visage qui fut sans doute angélique dans un autre temps est ternie, maculé d’autant de gouttelettes de son propre sang. Lan-Lan voit mais son cerveau, lui, est vide. Elle ne sent pas l’odeur de poudre qui brûle son nez. N’entend pas les hurlements désespérés de Miyuke depuis le fond de sa carcasse de pierre. Ne voit pas le visage fendu de Yuri. Lilian est morte - vive Lilian. Mais son bourreau passe en premier, cafard chaotique qui commence les guerres, brandissant sa mitrailleuse comme un jouet, hurlant à s'époumoner des menaces contre sa véritable cible. Et soudain - Lan-Lan comprit: elle assistait peut-être à un coude de l’histoire.
Immédiatement, visage tourné, oeillades appuyées, les améthystes cherchent le rubis accusé - le Baron est bien protégé par son abominable chose puante qui lui sert de garde du corps et qui n’a pas encore montré son visage - qui doit être odieux, comme son odeur, à n’en point douter. Elle aurait pensé le voir à la dérive, mais il semble dans un contrôle froid.

Le marais se fit symphonie écoeurante - le bruits de la chair qui se déchire, de l’humide membrane arrachée, muscles, tendons, os brisé, désaxé, déboîté, et la courte mais passionnée agonie d’Alonzo, un chant du cygne répugnant. Un spectacle atroce - et elle était au première loge avec le reste des scientifiques, et Azur qu’elle n’avait que rarement vu avec une expression si dégoûtée. C’était atroce. Révulsant. Répugnant.

Sublime.

Prométhée terminait son immonde et monstrueuse affaire - plutôt que d’essayer de comprendre, la Fà n’en manquait pas une miette, témoin privilégiée des façons du Magistère. Pourquoi le bras, au juste, pourquoi l’avoir démembré ainsi? Mais pour l’assimiler bien sûr. Dans un couinement tendineux, elle découvrit de bien familières petites tentacules venir ravir à Alonzo le dernier témoignage de son vivant. Il semblerait que son bras lui survive, finalement. Un temps, au moins. Comme tout ceci était… Familier. Le goût d’une aventure passée, d’une adrénaline encore récente - le goût des rencontres. Une nouvelle fois, elle croisa le regard satisfait du baron. Était-ce seulement possible…?

Pas le temps de réfléchir, un éclair blond fauche Azur de plein fouet et la monétariste ne peut que le voir tomber la tête première dans la boue - elle imaginait sans mal son aigreur, lui qui tenait à son impeccable apparence et qui ménageait toujours ses effets. Elle tendit une main pour le dégager mais fut arrêté dans son élan par une ombre de blé et d’or - une ombre épistote fulgurante et un canon pointé sur son visage de poupée. Culotté.
Immédiatement, elle leva les mains - regardant dans les yeux le bougre qui osait la braquer. Il lui semblait bien avoir vu celui-ci dans l’ombre de Keshâ’Rem. Ami, sans doute.

J’espère pour vous que vous aimez les procès… Si nous sortons vivants d’ici, vous allez entendre parler des Fà. Lentement, elle s’approcha du canon, soutenait son regard, s’apprêtait à cracher tout ce qu’elle pouvait de poison sur ce joli minois qui avait l’audace de l’attaquer; féline rancunière.


Mais plus elle parlait, plus elle voyait l’éclat de la présence scintiller dans son regard - le soldat epistote revenait enfin à lui. Caucasse - elle était hautaine, il était penaud. Un regard sur le camp lui suffirait à comprendre les dégâts qu’ils avaient causé, et non content de cela, le sapiarque remettait une énième couche de peinture cramoisie à leur situation désastreuse en s’en prenant directement aux tartares, leur rempart d’efficacité contre les nagas. Lan-Lan voyait jaune. Et plus ocre encore quand une de leur balise laissa éclater un râle électrique sous le coup d’une lance ennemie, laissant la Brume passer un peu plus leur défense - attrapant le soldat par le collet, elle rapprocha ses dents suffisamment proche de son visage pour qu’il reconnaisse son parfum au dessus de l’air putride du marais.

Les scientifiques derrière moi deviennent votre priorité - un cheveux en moins sur eux, et c’est tout Epistopoli qui sera au courant. Elle le libéra aussitôt, en se retournant vers Yuri qui pleurait à chaudes larmes la perte d’une amie chère, et Miyuke, secouée mais conservant toujours son sang-froid. Restez derrière les balises, prenez Friedriech et ne bougez plus tant qu’on n’est pas tous de retour.

C’était un ordre. Un coup d’oeil discret sur le champ de bataille - Vladimir et sa chose se tenait prêts, Azur se relevait déjà pour aller se joindre aux efforts, sans doute piqué à vif par les fulgurances epistotes, Violette était d’ors et déjà sur les lignes de front quand Keshâ et Mao était déjà sur le front. Une énième âme dans la boue ne servirait à rien, après tout, elle n’était pas une combattante. Elle aimait l’adrénaline, oui. Le chaos n’était qu’une fièvre qui faisait battre son coeur un peu plus fort. Oh, qu’elle voulait se frotter à son tour aux serpents. Mais elle avait un rôle à jouer. Violette serait sa lame, Azur son exécuteur, inutile de les gêner, inutile de se montrer sous un jour différent de cette pauvre bourgeoise qui s’aventure loin de ses velours.

Le calvaire touchait à sa fin, ça ne faisait pas de doute. Le problème était l’après. Il était hors de question que cette expédition soit un échec - il faudrait trouver une façon de remettre tout le monde d’aplomb. Il lui faudrait un miracle. L’action s’éloignait de leur camp de fortune, lui laissant le loisir d’observer du coin de l’oeil les Opalins et les epistotes recouvrer leurs esprits, non sans que les esprits s’échauffent - les corps d’Alonzo et de Lilian gisaient encore là, plus loin, un des tartares était touché, et elle ignorait encore si on retrouverait les soldats partis en ronde. Les blessés s’accumulaient, les morts aussi.
Les griffes de Huang-Long s’enfonçaient dans son cou. Il lui faudrait toute l’eau du marais et toutes ses forces pour créer assez de potions de soin - quand bien même, une solution est une solution. Mais elle, dans tout ça? Non, il lui fallait des combattants pour débusquer le viscuphage, pas des blessés - elle encaisserait. Comme toujours. Quoique… guérison, guérison…

Se précipitant en avant, elle fonça sur le corps de Lilian dont elle commença nerveusement à faire les poches sous les cris ahuris de Yuri. Elle n’était pas fière, non, mais elle leva une main d’alerte pour rassurer le scientifique - Val’Ihem également leva un sourcil. La Dame avait un objectif précis, ne cherchait pas dans le vide, y allait avec précaution - mais en délicieuse athée, elle n’avait pas, effectivement, respecté les rites et les usages. Au bout de plusieurs secondes, elle finit par sentir sous son pouce un toucher froid, lisse: familier. Son visage s’éclaira brusquement, et elle tira de sa poche un cristal blanc.

Énergétique…

Guérison. Miyuke lui répondit - pas avec sécheresse, non. Avec un détachement certain. L’élémentaire tapait sur les épaules de Yuri qui s’énervait; mais elle gardait son sang froid. Une raison suffisante pour profaner un cadavre.

Sa famille sera dûment rémunérée, soyez-en certains. Lan-Lan pataugeait dans la vase mais tenait fermement le cristal dans sa main. Nous savions dans quoi nous nous engagions.

Les deux scientifiques s’étaient tu. Finalement, ils savaient tous qu’elle avait raison. Ses yeux vagabondaient - Noct avait été largement touché, il serait le premier à subir son test pour maîtriser ce nouveau pouvoir. Lan-Lan se releva, vérifia que les scientifiques étaient en sécurité derrière les balises, et s’en alla à son tour par delà la Brume - elle s’agitait encore comme un fauve enchaînée, se délectant encore de voir s’agiter toutes ces petites âmes en peine, luttant pour leur survie et celle des autres. Quelle saloperie. A sa présence, la Xandrienne serra les dents, la fendit comme si elle n’existait pas. Qu’elle s’énerve donc - elles seraient deux.
Elle arriva rapidement à la hauteur du Baron, s’arrêtant un instant à son niveau.

Rien de cassé, cher Baron? Nous vous devons d’avoir maîtrisé votre forcené. Lui murmura-t-elle. Je m’occupe de votre tartare, et des autres. D’ailleurs, votre gardien est… Charmant. Il me rappellerait presque notre ancienne connaissance… Des mots, de petits mots de rien du tout… Semer le doute comme des graines.

Ce serait tout pour son bavardage - il fallait bien rendre à César ce qui appartenait à César. A ce moment-là, plusieurs silhouettes revinrent de la Brume, en sortaient comme des héros - Keshâ, d’abord, portant Mao à bout de bras. Violette, ensuite. Geralt, pour finir, maculé au possible d’un liquide noire, odorant - du sang à l’odeur, transportant autour de lui une aura ferrugineuse, peut-être la cape qu’il avait toujours porté. Si ils revenaient, cela ne pouvait dire qu’une chose…Elle tapota sur le crâne draconique, lui murmura de faire le tour de la zone pour s’assurer qu’il n’y avait plus d’ennemis à proximité directe. Le dragon s’exécuta, quitta son rempart, disparu en flottant autour d’eux, ne laissant sur son sillage qu’un éclat doré.

Sapiarque Van Schönbourg-Hartenstein, il vous appartient de monter la garde pendant que nous remettons le camp en état. La zone est nettoyée, nous avons perdu des hommes, des moyens. Nous devons nous reposer. Elle n’avait plus vraiment peur de la fureur Epistote, après ce qu’il s’était passé, elle aurait pu interpeller jusqu’au roi lui-même sans faire de manières. Si il lui renvoyait un regard outré, elle reprit de plus belle. Vous et vos hommes êtes responsables de la majorité des dégâts quand nos guerriers et les tartares, ont eu la présence d’esprit de cibler les nagas. En parlant, elle échangea un regard avec Vladimir. Il avait su rebondir parfaitement sur la situation, n’hésitant pas à sacrifier grossièrement le problème plutôt que d’affronter les foudres de l’Alliance. Nous devons renforcer notre collaboration plutôt que de la mettre en doute. Nous avons tous été victimes de cette corne, oublions ça, pourvu que nous fassions tous les efforts pour.

Un soupir, sans doute, mais elle savait qu’elle était la voix de la raison. Elle s’approcha de Noct, dégageant la boue à chaque pas, écoutant la Brume danser dans son oreille. Ses quatre compères arrivaient à sa hauteur - sans doute qu’ils cherchaient des instructions; au diable les galants et les princes du manoir Yi - à présent, ils étaient tous boueux, crottés, des Dieux dans les marécages. Salis mais victorieux.

Profitons de la zone nettoyée pour camper quelques heures, reprendre des forces. Se préparer à avancer - nous étions prêts à connaître des obstacles, et nous n’allons pas faire demi-tour maintenant. Lan-Lan était claire, et affirmée. Je vais m’assurer de remettre nos guerriers en état. Laissez-moi quelque temps.

Son plan était bancal, hâtif; Sans bien connaître le cristal de guérison, l’opération s’avèrerait sans doute plus laborieuse qu’à l’accoutumée - peut-être que c’était voué à l’échec. D’un geste, elle chassa ces pensées défaitistes, s’attaquant à sa première cible: Noct. Le tartare était salement touché, Archibald n’avait pas fait les choses à moitié…
Plusieurs victimes, c’était donc autant de potions de soin qu’il faudrait créer d’une traite. Ils pataugeaient dans de la boue, un liquide pour un liquide: mais le temps pressait, elle n’avait pas le temps et le luxe de réfléchir et de mettre en bouteille autant de litres d’eau putride et nauséabonde. Il fallait plus accessible. A portée main…
Elle releva ses manches, attrapa un morceau de tissu qu’elle plaça entre ses dents. Elle ne connaissait pas encore ce cristal, ses mécanismes lui échappent encore, mais elle allait devoir apprendre vite pour se remettre de sa prochaine folie. Elle chercha d’une autre main son ombrelle dont elle dévissa le bout, révélant la lame qu’elle dissimulait. Mais plutôt que de la planter dans un nagas, c’est dans sa paume qu’elle vint faire une profonde entaille. Si il y avait eu un cri, alors il fut étouffé par le tissu qu’elle mordait. Elle avait l’habitude de souffrir. Tant d’aiguilles dans ses coudes bleus, une énième coupure, ce n’était rien.

Le sang se mit à jaillir à profusion, colorant rapidement ses paumes d’une épaisse piscine carmin. Mais rien n’est jamais vraiment ce qu’il paraît, chez les Fà. Jouant de l’épaule, elle passa son visage près d’un bracelet de son poignet - orné de son précieux cristal d’Alchimie. Oh, lui, elle le connaissait bien. Aussitôt, elle sentit dans son ventre la vibration secrète, le pouvoir mystérieux qui lui permettrait de changer ce sang en vin - ou plutôt, en élixir de vitalité. Immédiatement, le liquide rouge changea de couleur, devint clair et limpide, presque… Attirant… Elle ravala son vertige, posa son genou face à Noct - le tartare avait beau être en piteuse état, il la regardait comme une folle, une assoiffée de sang qui venait le maudire sur sa tombe. Elle était peut-être sorcière, oui, mais pas de cette trempe.

Buvez - c’est une potion de vitalité. Le contenant était peu orthodoxe, mais elle était certaine de la formule. Et elle ne lui laissa guère le choix, profitant de sa fatigue pour enfoncer de force ses doigts entre ses lèvres jusqu’à ce que ses paumes soient vides, et le tartare, de nouveau coloré.

Et d’un… Immédiatement, la noble tomba en arrière, l’arrière train dans l’eau - ça n’allait pas l’arrêter, mais elle sentit les effets de la fatigue immédiate. Le cerveau fatigué, engourdit, les membres lourds. Mais ça n’était pas encore le moment de souffler. Elle se releva péniblement, cillant plusieurs fois en manquant de s’effondrer, mais elle recouvra rapidement son équilibre pour trouver Mao aux côtés de leur charmant monstre impulsif.

Ecartez-vous, Keshâ, je m’en occupe. Lui dit-elle en s’approchant difficilement. Il semblait sincèrement inquiet - elle devait être une amie particulièrement chère. Et pour Lan-Lan, un investissement onéreux.

De nouveau, elle rouvrit la plaie, laissa s’écouler le sang jusqu’à ce qu’il y en ait assez pour une dose, recommença de nouveau cette damnée opération - son esprit vaporeux aspiré un instant par l’épuisement. Encore une fois, elle s’imposa, ne se relevant que lorsque Mao avait avalé la dernière gorgée. Ce serait sans doute suffisant pour les remettre sur pieds.
Un soupir fila entre ses lèvres, sucré et fiévreux. Un regard sur le reste de la plèbe: les autres tenaient plus ou moins debout, le cristal suffirait, pour eux. Comme pour elle, refermer cette entaille qui la saignait. Oh; finalement, ce serait bien pratique, ce cristal de guérison…

D’une main, elle l’enserra dans sa paume, chercha intérieurement la résonance si particulière qui le mène à l’activation. Une introspection intérieure qui prit plusieurs secondes jusqu’à ce qu’elle sente la douce vibration. Aussitôt, elle activa le cristal, sentant la force et la chaleur agiter le bout de ses mains qu’elle posa sur le blessé immédiatement.
Peut-être était-ce la fatigue, l’inquiétude, l’énervement - elle voyait sous ses yeux la blessure se refermer lentement, très lentement. Trop. Sa vue se brouillait, elle se crispa… C’était elle, ou le cristal. Dompter son pouvoir, apprendre à s’en servir avec brio. Son front était trempé, ses bras tremblaient sans cesse. Merde.

Enfin. Enfin ! Contre toute attente. Elle réussit. Et presque immédiatement, la noble Dame, fille des Fà, pierre précieuse des cours de Xandrie, se releva brusquement pour trouver un des arbres morts les plus proches pour rendre le peu qu’elle avait dans son estomac dans un râle morbide.

Ses limites étaient dépassées, elle serait la première à apprécier une petite pause avant de reprendre ce ballet d’alchimie et de guérison sur qui en ferait la demande. Mais pour l’instant, il faudrait remonter le camp, faire le point sur ce qui était perdu. Un éclat doré: Huang-Long qui se jetait à son cou. Agité.

Un ennemi, encore? Elle releva les yeux, suivi ceux du reptile qui regardait avec insistance une direction précise. Il restait une de ces saloperies?
Péniblement, elle leva un doigt au loin dans la direction du dernier ennemi. Au moment où s’abattait sur eux une ultime lance.
Résumons:
Mar 20 Aoû - 11:56
Les doigts fantomatiques de la Brume entourèrent les jambes de la création et s’insinuèrent dans les fissures de son armure. Prométhée commença à ralentir, enfoncé dans la gangue poisseuse de la Malice. Elle s’attacha à lui, hostile et vibrante. Il se dégageait de la Brume des entrelacs de haine à peine perceptible face à cette entité constituée de la pire engeance. Domptée, brisée. Le Nascent était tout ce que la Brume n’était pas et Prométhée n’était … pas grand-chose de plus qu’un Nascent. Il suffisait d’en faire l’usage pour que la Brume vous abhorre et face de vous son ennemi. Mais que se passait-il lorsqu’un de ces objets prenait … vie ? Et bien, il se trouvait que la Brume s’attachait plus à haïr ce denier que celui qui l’avait créé et façonné. Alors que Vladimir tentait de se protéger, il constata avec un soulagement malsain que sa création était … un excellent catalyseur. Mais dans cet instant scientifique, il fut ramené à la réalité par la déflagration du canon Gauss du Sapiarque. Il sursauta, suivi du regard le tir pour en percevoir la cible. Il serra les dents. Ce crétin venait-il de tirer dans un des Tartares ?! Le sang du strigoï ne fit qu’un tour et ses lèvres découvrirent ses canines effilées. Le dégoût que lui inspirait cet épistote n’égalait que le mépris qu’il ressentait pour cette cité fantoche. Il glissa sa main à sa ceinture, ses yeux étincelèrent en direction d’Archibald. Dans la Brume, personne ne vous entendrait …

Lan-Lan se porta à sa hauteur. Il sursauta et chassa cette rage qui garnissait soudain son âme. Elle ruissela sur lui, comme si son excitation d’avoir vu Prométhée à l’œuvre avait muselé l’effet de la corne. Ou alors était-ce quelque chose de plus ancré, de plus vicieux encore que tout ce que pourrait révéler un tel artefact. Des centaines d’années de hargne et de malveillance, muselées au fond des geôles du Magistère. Il retira sa main. Offrit un menton haut et un sourire emplit de Malice.

- Non, mis à part un léger incident. Je gage que vous aussi ? répondit-il, les yeux rivés sur le Sapiarque.

Il riva les yeux vers Noct qui, au loin, tentait de se relever. Le tir l’avait cueilli en pleine poitrine, il aurait dû mourir. Son armure semblait onduler, tout comme les ombres autour de lui. Mimic était déjà sur lui et l’aidait à se relever tandis que Blieg se dirigeait d’un pas décidé vers le Sapiarque. Un ordre de leur chef de groupe le fit s’arrêter. Blieg planta son épée et insulta ouvertement Archibald dans un opalin rugueux qui ne laissait pas de doute sur la teneur des propos et s’approcha du blessé tandis que Minos érigeait une barrière protectrice autour d’eux à l’aide de son casque. Seul Traque était encore au combat mais la déferlante de violence que laissèrent échapper Azur et Violette suffirent à mettre fin au combat, grâce aux actions conjointes de Keshâ et Mao. Mais les rapports tiendraient compte de l’alliance du Magistère et de la famille Fà tout en insistant sur le chaos généré par Epistopoli.

- Merci pour le Tartare. Son nascent lui a sauvé la vie mais il n’a pas l’air en bon état … lâcha-t-il avant de se retourner pour contempler Prométhée qui était toujours aux prises avec la Brume – ce qui lui importait plus que l’avenir d’un de ses soldats. Il ne put s’empêcher de sourire face à la remarque de Lan-Lan. Une ancienne connaissance, vraiment ? Voyons, vous savez très bien que face à la tentative de vol et d’agression de Keshâ’rem Evangelisto envers les Tartares du Magistère lors de notre dernière affaire, il n’est rien resté de cette … connaissance.

Il replaça une nouvelle fois les écarts d’Epistopoli envers son organisation et en resta là. Il opina du chef en regardant Lan-Lan droit dans les yeux. Ils s’entendaient sur les conséquences de cet écart. Même si Alonzo avait … fauté … le tort était réglé. Cependant, Archibald … Une nouvelle balise fut allumée et la Brume repoussée. Prométhée fut de nouveau en état de se déplacer sans entraves et vint rejoindre Vladimir au moment où le regard de la furibonde Violette se posa sur eux. Ils firent un rapide inventaire des dégâts et dommages collatéraux. Il hésita un instant puis rejoint Lan-Lan pour faire feu sur le Sapiarque. Il croisa ses bras.

- Quelle incompétence … vos actions ont dangereusement réduit les capacités de notre expédition et votre seule présence continue de mettre en péril cette affaire. Il serait de bon ton de confier le commandement à des personnes expérimentées et que vous cessiez de mettre vos pattes dans mes recherches, gamin. grogna Vladimir, Prométhée venant appuyer ses dires par sa présence silencieux et dérangeante.

- Ecoutez donc Lan-Lan et allez monter le camp vu que vous n’êtes pas même capable de vous canaliser, faites au moins quelque chose d’utile.
ordonna-t-il au Sapiarque avant de s’en aller la rejoindre sans écouter la moindre de ses réponses.

Le strigoï laissa Prométhée couvrir son dos de toute tentative à son encontre et s’approcha de la demoiselle qui tentait de sauver l’un de ses soldats. Il s’affaira auprès des autres Tartares au sujet de leur … incapacité à rester dans les fourrés mais darda tout de même un œil intéressé à ce que ferait la jeune femme. Il en fut plus que satisfait, tant cela lui donnait de nouvelles possibilités d’application. Peu à peu, les esprits se calmèrent et le calme revint à mesure que la nouvelle balise chassait la Brume. Lan-Lan subit le contrecoup de ses actions tandis que Noct reprenait du poil de la bête. Ce dernier la remercia et tenta de lui proposer de quoi la dédommager mais elle était suffisamment indisposée. Vladimir, quant à lui, entreprit de fixer les plaques d’armure sur le bras de Prométhée afin de cacher ce bras malingre qui se teintait petit à petit de veinules violacées. Il prenait en masse et en muscle comme pour s’équilibrer mais cela n’enlèverait pas le fait que cet ajout serait de moins bonne facture que le précédent.

Une lance surgit alors de la Brume pour viser la nouvelle balise. Ce fut, cette fois, Mimic qui réagit le premier. Il hurla un ordre sec et tendit sa main vers la lance, bien qu’il fût à une dizaine de mètres de là. L’arme fut comme déviée de sa trajectoire pour aller se planter à côté de sa cible. Il fit un signe de la tête à Traque qui courut dans la Brume. Au bout de quelques secondes, un cri de douleur se fit entendre et le Tartare revint avec une tête monstrueuse dont perlait un sang violet.

- Je croyais t’avoir demandé de marquer les fuyards. s’étonna Mimic.

- Désolé, celui-là m’avait échappé.


Puis le calme revint. Le camp fut établi, le périmètre dressé. Tous commençaient à accuser une fatigue certaine. Les Tartares entreprirent de se relayer et de faire le point sur les derniers incidents. Ils balancèrent le corps d’Alonzo au loin, avec celui des Nagas et Blieg fut mandaté pour porter l’équipement du mort. Avec sa disparition, c’était tout une partie des capacités de l’expédition opaline à anticiper les dangers et mobiliser leurs ressources qui disparaissait. Vladimir ne pourrait pas compenser à lui seul tous les manques, mais il était évident qu’il devrait lui aussi se salir les bottes à présent. Bottes maculées de boue jusqu’aux genoux, chose qu’il déplora plusieurs fois. La nuit s’invita, les rations de survie furent consommées. Un feu fut allumé, à l’heure d’un bilan bien triste. Leur corps expéditionnaire était déjà bien amputé, avant même d’affronter leur cible. Une créature légendaire qui achèverait certainement de mettre en pièce leur alliance de fortune.

- Nous avons une balise de moins et nos capacités de repérage dans la Brume ont été largement amoindries par la perte de mon Assistant. trancha le scientifique comme si cela n’était pas dû à ses propres ordres. Friedrich, quand il se réveillera, pourra toujours établir le relais, mais je ne prendrai pas le risque d’envoyer mes hommes en avant s’il y a la moindre chance qu’ils se prennent un tir dans le dos.

Il discutait de cela avec Lan-Lan et ceux qui la suivaient, ignorant ostensiblement les épistotes et les sortant de ses moindres discussions. Le fossé s’était davantage creusé et le Docteur comptait bien imputer le moindre échec de cette expédition à ces incompétents.

- Nous sommes encore loin de notre destination et nous n’avons plus que deux choix : nous référer à l’itinéraire précédemment établir par mon assistant, qui était censé le ré-évaluer au fur et à mesure de nos avancées, ou continuer à progresser à la façon des Tartares en explorant. A moins que les épistotes soient capables de prendre les devant de l’expédition ce dont je doute. Lan-Lan, il faut se remettre à l’évidence qu’ils sont un poids dans cette expédition et que votre idée de coopération ne tiendra pas : chaque minute passée à leurs côtés ne fait qu’alourdir le bilan négatif de notre exploration et nous rapproche un peu plus de l’échec. Il serait plus pertinent de nous séparer d’eux. Sans compter que nous savons d’avance que si nous deux sommes capables de nous partager la prise du Viscuphage, eux n’hésiterons pas à tenter de nous la voler dès que la mission aura réussi.

Le Docteur marqua un temps d’arrêt. C’était principalement parce que la créature en elle-même n’était pas l’intérêt premier de ses expérimentations. Il n’en voulait qu’un fragment qu’il pensait pouvoir négocier avec Lan-Lan sans soucis. Les épistotes, eux, en voudraient certainement autre chose. C’était une chose facile à avancer pour lui car elle ne lui coûtait rien.

- Je suis même certain que c’est la raison pour laquelle ils ont autant minimisé leurs pertes … tout en tentant de maximiser les nôtres. Ils gardent leurs forces pour nous jouer un coup fourré … et cela leur ressemblerait bien. Les attaques sournoises au dernier moment … je pense qu’il convient de nous en méfier. N’est-ce pas … Violette ? Gérald ?

Il s’amusa à appuyer leurs noms, qu’il avait tenté de retenir cette fois pour appuyer son effet. Il hésitait toujours entre Florine ou Pervenche mais il avait entendu les autres l’appeler plusieurs fois Violette. Quant à Gérald, il n’était pas ce qu’il prétendait, mais ça il le savait depuis longtemps. A savoir, il n’était pas un noble paresseux mais un guerrier redoutable. Quant au reste de sa véritable nature, il n’en savait rien et ça ne l’intéressait pas.
Mer 21 Aoû - 15:08

Politique et diplomatie

Club des 5 (6)




Alors que les Lan-Lan commençaient à soigner les blessés et que les opalins s’occupaient des derniers adversaires encore présents, Violette souffla avant de se poser sur une souche d’arbre non loin de là. Contrairement à d'autres, elle n’avait pas vraiment commencé à user ses réserves d’énergie mais elle avait quand même lancé une attaque qu’elle avait peu l’habitude de faire et encore moins dans ses conditions. Si à l’instant T, cela pouvait paraître anodin, la portebrume s’en voulait quelque peu. Une expédition plus que de la force, c’était de l’endurance, et elle venait malgré tout de griller une cartouche dont elle aurait sûrement besoin plus tard, notamment face à ce monstre légendaire qui vivait non loin du lac. Pour confronter ce genre de saloperie, là où elle serait bon gré mal gré obligé d’aller au charbon au vu de la configuration des effectifs du groupe, elle voulait rester à 100%, pas se contenter de démarrer à 80 ou 70%.

Elle venait de faire une bêtise et elle le savait. C’est alors que reviennent les deux autres maraudeurs qui avaient été projeté au loin par Archibald, ce qui lui rappelait l’existence des épistote qui semblaient alors à ses yeux comme des parasites. Elle n’était peut être pas moteur de groupe, mais au moins elle n’en était pas un poids contrairement à eux. Déjà qu’elle n’appréciait pas les épistotes à cause de leur chef, cette histoire venait de rajouter une ligne supplémentaire à la détestation de cette équipe qu’elle méprisait de plus en plus. Ils ne servaient à rien, compliquaient tout et tout cela allait avoir pour seule résultat une trahison tellement prévisible qu’on ne pouvait même plus appeler ça trahison à ce niveau.

Maugréant de sa barbe quelques insultes à leur encontre, elle ne détourna son attention d’eux que pour regarder Lan-Lan en train de vomir dans un coin. Visiblement elle avait donné de son corps et de son énergie pour soigner tous les blessés, dans cet état elle ne serait pas en mesure de continuer tout de suite, ce qui paralysait les groupes ici un temps pour un repos forcé. La portebrume soupira alors avant de se diriger vers elle et de lui tendre sans dire un mot un pot fermé.

Mange ça, on prend ça dans le nord-est de Xandrie et dans ce qui était les provinces rurales de Dainsbourg dans les déplacements si l’on est fatigué ou blessé. Voit ça comme un remède de grand-mère. Mais bouche-toi le nez et avale d’un coup car ça risque de pas être agréable pour un non initié… encore plus pour ceux qui ont un palais de noble.

Mieux valait éviter de dire ce qu’il y avait dedans en effet. Des harengs fermentés, de la viande séchée bouillie dans du sang de cheval le tout dans une pâte gluante qui était plus proche de la drogue chamanique que du médicament scientifique. Autant dire que c’était pas très bon pour ne pas dire absolument immonde, mais à défaut de pouvoir soigner comme une potion de vitalité ça permettait de regagner des forces.

Vint alors Vladimir qui sous couvert de s'intéresser aux autres venaient répandre son fiel sur les épistotes. Une chose contre laquelle Violette n’était pas opposée puisqu’elle même avait envie de cracher sur ces enfoirés de première.

C’est évident qu’ils vont planter.

Il avait raison sur un point. Les aspirations opalines et xandriennes n’étaient pas incompatibles. En revanche, l’ambition des épistotes était incompatible avec celle des xandriens si la maraudeuse avait bien compris leurs intentions. Peut être qu’une personne comme Lan-Lan qui devait avoir l’habitude de ce genre de chose dans sa guilde avait l’intention de partager mais la portebrume doutait fortement que ce soit le cas des épistotes.

On pouvait rire du fait que ce soit les maraudeurs qui soupçonnent les épistotes de trahison. Sacrée ironie de l’histoire. Mais c’était parce qu'ils ne connaissaient pas le concept qu’ils savaient reconnaître les différents styles de traître au sein d’Uhr. Les maraudeurs de leur côté était adepte de ce que l’on pouvait appeler la trahison utilitaire. Ils ne trahissaient pas pour le plaisir de trahir ou ne le faisait pas par défaut contrairement à ce que certains clichés à la peau dure pouvaient dire. Le maraudeur trahissait parce qu’il avait une raison pratique, logique et réfléchi de le faire, caractéristique propre aux organisations de mercenaires. Des raisons qui bien souvent se résument à sauver sa peau ou gagner plus que prévu. Le tout pouvant encore être relativisé par le fait qu’il y avait des clients plus trahissables que d’autres. On évitait ainsi même s’il y avait de bonne raison de le faire de planter des états ou des personnes et des groupes dotées d’une puissance significative car sur le long terme c’était tout sauf rentable.

Les épistotes au vu de leur puissance avaient besoin de moins de prudence pour faire des carabistouilles, ce n’était pas pour rien que les commanditaires de ce pays était par défaut moins fiable que ceux de Xandrie ou d’Opale qui étaient coincés dans les relations durables qui pouvaient exister entre organisations, clans et familles.

A mnima ils doivent passer devant maintenant. Je ne veux pas avoir ces chiens de mon dos.

Jeu 22 Aoû - 1:53

Acte II, scène III

Les décombres du camp


Il partit à la rescousse de Mao au mépris du risque. Il en aurait fait de même pour n’importe qui, à vrai dire. Enfin, ce groupe forçait à apporter de la nuance. N’importe qui… qui ne serait pas du club des cinq… Sauf… peut-être, il n’était encore décidé, Lan-Lan.

La chance était de son côté, car ce n’est sans doute pas par bonté d’âme que Gerald la sauva. Son hypersensibilité était activée. Il fut bien soulagé du miracle alchimique que Lan-Lan offrit à Zareh. Pour le tartare... tant pis. Sa main quitta la plaie comprimée pour voir la peau se reformer. Une fois entre les mains des Andoriens, il se contraignit à la délaisser pour ne pas montrer d’attachement particulier.

-« Je vous remercie, dame Fa. Vous avez rompu votre promesse pour moi. Je ne dois pas ma survie qu’à ma propre personne. » murmurra la guide en présentant un visage équanime.
Son visage barbouillé de boue l’avait caché des nagas, mais il était grand temps de le nettoyer…

Le Sapiarque avait disparu de l’arène. Alors que la Brume refluait, il repartit, plus maussade que jamais avec ses fringues détrempées d’une odeur qu’il ne pourrait plus chasser. Quoiqu’il pensât, il ne contredit pas l’ambassadrice de l’Alliance et semblait de vigie.

-« La perfidie de ces nagas est une honte. Comptez sur Epistopoli pour consolider le camp, Ambassadrice. » sonna-t-il d'une voix presque accorte.

Les moulinets de langue de Vladimir ne lui soulevèrent pas une paupière. Décidément, il ne fallait pas trop le chercher. Un tir direct dans la tête du baron von trucmuche lui chatouillait l’index au mépris des conséquences. Comme la chose putride se tenait au milieu, le mode rafale serait plus approprié : poitrail – tête – tête de la cible réelle derrière… Un beau rêve. C’est que notre sapiarque avait servi dans l’infanterie dans ses jeunes années. Cela lui manquait parfois.

Alors que Mimic ramenait la tête du dernier naga, un mouvement subreptice attira l’œil de Keshâ’rem. Recroquevillé derrière le grand arbre mort, le naga qui avait partagé sa chute du ciel vacillait entre agonie et état moribond. Il n’était plus une menace. C’était pitié que de mettre fin à ses souffrances avant qu’un autre des assassins ne le trouve.

-« Laisse aller. C’est terminé. » souffla-t-il en posant prudemment sa main sur la nageoire caudale de l’animal dans ce qui était devenu sa manière préférée de tuer : l’absorption intégrale d'énergie. Une tâche à laquelle il aurait été incapable de se livrer par le passé. Mais les choses changent. Kailan avait abrégé le calvaire de croco-poulet quand il ne pouvait plus le regarder. C'était son tour aujourd'hui... Le naga était à bout, il ne restait vraiment pas grand-chose, une simple poussée pour le faire basculer.

Bien vite, Archibald se rappela à son souvenir et le convoqua immédiatement avec Val’Ihem,dont l’expression grise montrait combien il se sentait piteux.

-« L’heure est grave. Nous aurions pu nous faufiler dans les marais sans cet attroupement prétentieux de tartares et de balises, qui ont mis en pétard tous les barbares… Keshâ’rem… »
En train de se débarbouiller au mieux avec un chiffon mouillé, le jeune homme se redressa subitement comme si on l’avait piqué. Le regard d'acier du sapiarque Von Schöenbourg-Artenstein pesait sur lui. C’était la première fois qu’il prononçait correctement son prénom.
« Je vous ai vu… tout à l’heure. » dit-il avec un absolu qui lui faisait froid dans le dos.

Ses doigts effleurèrent ses tempes.
~ ° Sapiarque ? °~
~ ° J’ai trouvé la corne de Vuvuzéla dans l’eau du marais. Je l’ai laissé sur une masse d’herbe touffue affleurant, juste derrière moi, à vingt mètres aux abords de la brume. ° ~

L’orphelin se méfia. Il sentait déjà qu’il n’allait pas aimer la pensée retorse d’Archibald.
~ ° Aller « rincer » votre chiffon. Et récupérez-là hors de la vue de tous, dans votre dimension de poche… C’est un ordre. Ne défiez pas mon autorité. ° ~ martela-t-il implacable.

Intrigué, Val’Ihem regarda Keshâ’rem s’éloigner. Le jeune homme trouva sans mal l’objet de la discorde. Pleine d'eau. De toute façon, les matières organiques ne passaient pas le filtre de son cristal de spatiokinésie. Le redoutable sapiarque connaissait-il à ce point ses propriétés? Ces détails ne pouvaient être connu que d’utilisateurs expérimentés ou des très rares ouvrages epistotes gardés jalousement par les sapiarques. Le cor serait sec et fonctionnel. Ce qui en ferait un atout redoutable. Il n'était pas sûr de vouloir le garder.

En revenant, il voyait médire Vladimir. Inutile d’entendre ses propos pour reconnaître un faciès de chacal à l’œuvre. Son regard glissa accidentellement sur Zareh… qui se massait le poignet droit, geste dont elle avait convenu comme annonciateur d’une séance de rêve partagé dès que possible. Encore une dépense d’énergie. C'est non. Il commençait à avoir un début de vertige.

-« Je pourrais leur dire que je dispose d’une autre balise électrogène, comme de tout un autre tas d’équipement utile… s’ils n’étaient pas si prompts à nous exclure… »

La haine envers Epistopoli lui paraissait assez caricaturale. On les pensait grossiers et benêts? Tant mieux, ils seraient surpris par la vigilance de Val et par sa prévoyance. Ce faisant, il sortit des vêtements totalement secs et se tortilla pour se changer.
-« Keshâ’rem… » lança Val.

Incrédules, les yeux d’améthyste glissèrent sur son ventre. Une sangsue gloutonne s'y repaissait. Il réprima un cri, malgré une respiration hachée.
-« Enlève-là… s’il te plaît… » murmura-t-il les lèvres serrées…
Alors que le soldat s’exécutait, Archibald tapota à nouveau sa tempe, l’air navré. Au supplice, Keshâ’rem restaura le lien.
~ ° Le ridicule de cette situation offre une diversion tout à faire convenable tandis que je vous fais le rapport sur notre stratégie… écoutez… et transmettez à Val’Ihem. °~

Armé d’antiseptique et de son couteau, Val’Ihem venait à bout des ventouses…
-« Enlève le bas. »
-« Tu n’es pas sérieux. »
-« Tu es sûr de ne pas vouloir vérifier ? »
Il se leva fébrilement en tentant de se draper  d’une grande serviette pour laisser Val’Ihem inspecter ses aisselles, et autres parties.
-« En voilà une autre. »

Mal placée à mi-cuisse. Archibald continuait imperturbablement à lui asséner ses volontés par l'esprit. Il fit notamment mention des capacités d'artillerie de l'Hypathie pour débouter les autres nations si d'aventure des "accidents" se produisaient et la traque qu'ils pourraient imposer en bombardant les marcheurs depuis le ciel des Terres Brûlées. Au besoin.
Ce n'est qu'au terme de cet accalmie que Nagendra le narangpé rappela son existence à son propriétaire par des cris accusateurs...

Vêtu du pied en cape, les talons du jeune homme frappèrent le sol devant le cercle des médisants.
-« J’ai une proposition. Pour montrer la bonne foi d’Epistopoli » - sans laisser d’espace, il apostropha immédiatement le baron – « Quant à vous, gardez vos remarques à deux astras et vos sourires de sugar daddy. Je ne sais pas ce qui vous fait croire que j’accepte ce comportement, mais attendez-vous au pire si vous insistez. Si vous avez de vraies idées, je suis prêt à les écouter. »

Il fallait dire, « qu’écouter » les environs  - même brièvement- l’exposait à toutes les émotions malsaines de la troupe. Seuls les Andorians pouvaient encore passer pour « normaux ». Le voici donc échaudé. Et que pouvait-il lui arriver de plus que d'être recherché par les sbires de Vladimir? On l'avait déjà détenu sans raison.

-« Bref. Mon aide est à prendre ou à laisser. Je propose de prendre la tête pour détecter l’approche d’ennemis. En échange, c’est ma condition, j’ai besoin d’une offrande pour soutenir un effort prolongé de basse intensité. Il faut que ceux qui sont en forme consentent à me donner une petite part de leur énergie. »

Chacun y alla à sa façon. A la moindre rebuffade, il repartirait comme il était venu, prêt à laisser tout le monde se faire zigouiller. Archibald n’avait pu retenir son initiative et grimaçait.

-« Acceptez cette main offerte par la cité du Savoir ! » clama-t-il de loin comme si l’idée venait de lui.

Finalement, les Andoriens ayant un peu de bon sens, Yuri et Miyuke furent les plus courageuses.
-« Tendez votre main, paume vers le ciel. »

Lentement en regardant Miyuke dans les yeux, il plaça la sienne par-dessus et referma ses doigts sur son poignet. L’énergie se mit doucement à circuler dans les méandres de sa peau . Il arrêta à grand regret cette légère ponction, pour recommencer sur Yuri. Sa nébula rugissait de bonheur. Lui se sentait grisâtre de cette utilisation. Il espérait vraiment que ce serait la dernière. Sans y croire. La prochaine fois, il irait vomir comme Lan-Lan.

-« Merci à vous. Val’Ihem me protègera. »
Il comptait sur le naturel de la nébula d’hypervélocité pour se permettre un coût modique d’énergie dans l’usage de sa vitesse, contrairement au blast titanesque précédemment lancé par Violette.
-« Il me faudra tout de même un guide. »
-« En cela, je peux vous aider. » se dressa Zareh, parée de son turban exotique. « N’est-ce pas car je sais me passer de tous vos gadgets et connais ces marais comme ma poche que vous m’avez engagé ? ... d'ailleurs, il va falloir faire quelque chose pour un nouveau danger... ces serpents des marais ont été attiré par le sang»

On devinait à peine sous l'ondoiement de surface... la masse grouillante de ces corps noirs épais et visqueux qui s'enchevêtraient. La boue rougie par l'hémoglobine stagnait dans l'eau de faible profondeur autour de leur ilôt. Des centaines d'énormes serpents sillonnaient les bords de leur îlot.

-"Ne craignez rien. Ils ne montent pas sur la terre ferme."

Il s'en faudra d'une sieste et d'une collation pour repartir à l'assaut des marais, Archibald s'incrustant dans le triangle de tête entre Val'Ihem, Zareh et Keshâ, tout les autres étant susceptibles de le poignarder.
Résumons:
Lun 26 Aoû - 23:39


Comme il est exaspérant de voir la nature humaine se déchirer dans une situation pourtant déjà chaotique. Vladimir et Lan-Lan continuaient leurs complots à l’encontre d’Epistopoli, et certainement à raison, quand on observe un peu leur attitude depuis le début de cette expédition. Mais j’avoue qu’après avoir combattu cette escadrille de Nagas, j’ai une folle envie de m’assoupir. Comme le ferait un félin après sa chasse. Quand Von Arendt, qui me procure toujours autant cette sensation de dégoût, m’interpelle pour avoir mon avis, je préfère ne pas y répondre. Mais ma couverture m’oblige hélas à prendre part à ce genre de conversations stériles et ennuyantes. Pour autant, je ne compte pas vraiment aller dans leur sens : « Je n’aurais qu’une seule chose à vous dire : continuons ainsi et nous mourrons tous. Allez-y, continuez, la guerre éclatera dans tout Uhr à cause d’enfants gâtés incapables de collaborer pour un but commun. », ai-je dit en me retirant de cette concertation. Pure comédie. En tant que personnage politique, je me dois tout de même de lâcher quelques phrases à la con.

Mes vêtements sont sales, je pue le Naga, et je sais que je devrais garder cette tenue jusqu’à la fin. Ma foi, j’y suis habitué. Je m’installe au pied d’un arbre, croise les bras, ferme les yeux et ne laisse que mes oreilles en action. La distance est parfaite pour écouter quelques bribes de conversation, sans pour autant être suspecté d’écouter quoi que ce soit. Je n’ai pas beaucoup utilisé mes cristaux, j’ai surtout utilisé mes compétences naturelles contre les monstres, mais ça reste néanmoins un effort fatiguant et le repos ne sera pas de trop. J’entends le soutien de Keshâ’rem, qui se propose de prendre les devants, non sans l’utilisation de l’énergie de quelques volontaires. J’aurais pu me proposer pour saluer sa noblesse, sauf que mon énergie est bien trop précieuse pour la réussite de cette mission. Est-ce prétentieux ? Non. Feindre le contraire serait une forme de prétention, une humilité fausse.

Je crois comprendre que le fameux Val’Ihem, celui qui m’a fait manger la boue, se chargera de la protection de Keshâ’rem. Il a des qualités, même s’il faut reconnaître qu’il m’a plus surpris qu’autre chose… Bref, je préfère oublier ce désagréable moment. Contre quelques Nagas, cet atout fera l’affaire. C’est alors que la dénommée Zareh, celle que j’ai sauvé - si ma mémoire ne me fait pas défaut -, indique à la petite assemblée que des serpents n’attendent que notre présence à l’eau pour nous dévorer. Information assez capitale, puisque nous sommes entourés d’eau. Inutile de dire qu’un détour sera nécessaire pour éviter ce danger. Chacun part donc se préparer pour un nouveau départ, après une petite pause bien méritée. Jugeant que rien d’autre ne me sera utile, je me laisse tomber dans un sommeil un peu plus profond, bien que ce ne soit pas réellement possible dans un environnement aussi hostile.

****


« Alors, Monsieur Archibald Van Schönbourg-Hartenstein, comment vont les affaires sur Epistopoli ? J’aimerais prendre le temps de cette randonnée pédestre, dans un cadre fort sympathique, pour prendre le temps de jouer mon rôle de diplomate. », ai-je dit d’un ton tout à fait décontracté. Pour moi, ce n’est qu’une balade, un moyen de passer le temps et de rendre la marche moins longue. « Si les autres semblent vouloir vous écarteler, ce n’est pas mon cas. Nous avons certes commencé sur de mauvaises bases, mais c’est propre à nos fonctions, servir notre peuple et faire passer les intérêts de la nation avant les autres. Quant aux évènements survenus plus tôt, on ne peut pas vous reprocher d’avoir été sous l’emprise d’un objet maléfique, comme bon nombre d’entre nous. »

Le Sapiarque sourit. Je ne le pensais pas capable d’une telle chose. S’il savait à quel point je me fous royalement de la réponse qu’il s’apprête à me dégainer. Epistopoli, Opale, Aramila, je m’en moque royalement. Mes fonctions m’obligent à me renseigner régulièrement, donc je connais la situation de son royaume, mais bon. « Les affaires se portent bien. Comme vous le savez surement, Monsieur d’Omanie, notre cité est en perpétuelle évolution. », répondit-il sans réelle surprise. Ce à quoi, en bon lèche-cul, je ne peux que répondre : « En effet. Xandrie aurait tout intérêt à s’inspirer de ses confrères. ». Je vous laisse imaginer la tête du bonhomme, complètement séduit par mes flatteries. Comme c’est ennuyant. Je le trouve presque sympathique, et pourtant, je sens que ses jours sont comptés. Je ne le ferai pas, mais je pourrais presque parier qu’il ne reviendra pas de cette expédition.
Mer 28 Aoû - 12:04

Acte III, Scène I

Son territoire


Les moustiques. Dans tout ce marais, ce n’étaient ni la Brume, ni les nagas, ni les serpents qui lui tapaient le plus sur le système - système fragilisé par la quantité de boue dans laquelle pataugeait ses petits pieds graciles. Leur pire ennemi, présentement, étaient les moustiques.
Heureusement pour le groupe, la pluie s’était calmée pendant la nuit, leur permettant à tous de desserrer un peu leur alerte - ils avaient recouverts les balises de parapluie de fortune. En avoir perdu une était déjà suffisamment usant - les dernières étaient jalousement gardées. Les yeux rivés sur les petits mécanismes, les rouages qui s’activaient, Lan-Lan était perdue dans ses pensées. La perte de sang l’avait quelque peu ralentie, même si avec un peu de sommeil et l’écoeurante mixture que Violette lui avait glissée, elle serait suffisamment rétablie pour être alerte. Mais malgré tout son sang-froid, les augures ne jouaient pas tout à fait en leur faveur.

Tu n’arrives pas à trouver le sommeil? Ses yeux sombres étaient à peine visibles dans la pénombre. Mais sa voix chaude, elle, couvrait tous les marais. Miyuke était d’une stabilité à toute épreuve - sans doute sa nature terrestre qui prenait le dessus sur tout le reste.

Toi non plus, à ce que je vois. Lan-Lan n’était pas dupe - si elle venait la chercher, ce n’était pas pour rien. Yuri était encore sous le choc mais depuis l’accident, il s’était largement calmé, et dormait maintenant comme un enfant. Dans la mer de Brume, les accidents s’enchaînent à la pelle. Trop s’attacher à ses collègues était un signe de faiblesse. Il fallait savoir laisser partir aussi rapidement qu’on accueillait ses collègues avec un large sourire. Quelque chose te tracasse?

Nous sommes là pour étudier, Mademoiselle Fà. Mais tout ceci… Ressemble plus à une guérilla qu’une mission d’étude. Nous sommes trop nombreux, trop armés…

Sans doute. Murmura-t-elle. En acceptant de collaborer, même sous couvert de la cohésion internationale, ils s’étaient risqués à passer le cap du trop nombreux. ... Il va falloir tenir le coup. Heureusement, personne n’osera plus faire de vagues, du moins… Pas de façon frontale. Leur petite discussion avec Vladimir et Violette lui trottait encore dans la tête. Ils étaient particulièrement hostiles aux Epistotes - et ils n’avaient pas tort. Mais elle n’était pas certaine qu’ils ciblaient le bon ennemi. Le plus dangereux n’était pas Epistopoli, mais le sapiarque maladroit et empoté qui leur servait de tête pensante. Il avait suffit de voir sa tête déconfite quand Keshâ’rem avait proposé de servir de guide. Le vieux Van Schönbourg-Hartenstein était sans doute aveuglé par sa propre personne et ses propres desseins, tellement qu’il ne voyait plus qu’autour de lui, personne n’était dupe. Nous devrons simplement survivre.

Ils étaient piégés dans un statu quo délicat, un plateau tremblant. Un souffle et tout le château de cartes s’effondrera : il fallait maintenir les apparences, pour l’instant. Demain, ce serait le chaos. La brume. La lutte. La fièvre. Et dans la fièvre, tout est possible. D’ici là… Il fallait maintenir les apparences.

***

Ils étaient en route depuis bientôt deux heures - elle voyait au loin la silhouette de Keshâ’rem, accompagnée de Mao et Val’Ihem, braver boue, serpents, moustiques. A l’affût d’un signal, d’un bruit. La Brume s’agitait dans la lumière du petit jour, une lumière grise et froide. Lugubre…
La balise dans son dos faisait son poids, mais à l’usure, elle s’était habituée à la porter. Comme à la sensation omniprésente de la salissure, l’odeur de la vase. Ses yeux balayaient son horizon - Violette et les maraudeurs, regroupés, alertes. Vladimir et son armure, les tartares à l’affût. Les epistotes, armés jusqu’au cou, disciplinés autour d’un sapiarque qui fanfaronnait presque - elle fut surprise de découvrir Gerald lui faire la conversation, chemin faisant. Glanait-il des informations? Aimait-il le danger au point? Une main sur son épaule la tira de ses réflexions.

Yuri. Le muet cachait un esprit vif et particulièrement intelligent, un grand scientifique et explorateur de la brume. Il avait une belle gueule mais la Brume n’avait pas aimé ça, dans un accident de voyage, elle lui avait coupé la langue.
Depuis, il avait appris à signer. Pratique, une langue merveilleuse. Son interprète? Lilian, qu’ils avaient laissé dans un sac quelque part dans le marais, là où ils pourraient la récupérer sur le chemin du retour. C’était sa veine. Ses mains se mirent à bouger. Mais elle ne comprenait rien. C’était sa veine - Moins… Moins vite Yuri, je ne vous comprends pas… Où est Miyuke? L’élémentaire était un peu plus loin, en train de converser avec Friedrich qui s’était réveillé de son lourd sommeil - certes, forcé - de la qualité de la vase et des organismes présents dans la terre. Yuri continuait… Elle voyait ses mains commencer à bouger, il la fixait comme un fou. Je ne vous…

Finalement, il l’attrapa par les épaules, et lui montra son oreille. D’un autre geste, il pointa les marais du doigt. Oh…

Silence tout le monde!

Sa voix avait brisé le semblant de conversation qui animait les quelques membres de leur troupe. La scène semblait tout droit tirer d’une peinture: le chemin de terre boueux qu’ils empruntait et miraculeusement présent, les arbres morts, au loin, des ruines brisées de vieilles structures en pierre, le vrombissement de l’eau non loin, le courant de la Berenn qui allait se jeter dans le lac Drolzin. Tout aurait été normal si…

Si ce n’était pour le silence.

Plus de moustiques. Plus de serpent. Plus d’oiseaux. Plus de nagas.

Seulement le silence.

Un silence absolu

Soyez prudent, et ne faites pas de bruit. On rentre sur son territoire.
Mar 3 Sep - 5:23

Acte II, scène III

Les décombres du camp


Un joli rond de métal doré. Trente cinq centimètres tout au plus.  Un cadre rejoint par une plaque miroitante en son centre. La première sentinelle de son chapelet d’évasion, dont il espérait ne pas se servir. Comment le pourrait-il ? Si ce n’était en tout dernier recours, il ne tenterait pas de multiples traversées de l’entre-miroir, sous le règne de la brume dans les Terres Brûlées.

Cela voudrait dire que tout espoir était perdu. C’en serait fini de Mao, comme de Val’Ihem, laissés derrière lui. Tout comme de Lan-Lan, Gerald et Myuke, offerts à la gueule du Viscuphage. Mais il devait se tenir prêt. Un tel scénario serait possible. Oui. Peut-être même que c’est ce à quoi aspirait Vladimir et son jouet, Promethée. Peut-être aussi que cette fin ne déplairait pas à Archibald. Tant qu’il prévalait, marchant sur les crânes en bouillie de tous les autres.

C’était là l’ultime passerelle de repli. Un chemin, pour les devancer, tous - jusqu’à l’Hypathie, en vigie, aux abords de la Brume. Keshâ’rem n’était pas un expert. L’apprenti passe-miroir ne s’était livré à cette pratique que quelques fois. Il répugnait tant à éveiller sa nébula. Elle ne rêvait que de le dévorer.

Utilisant le magnifique kurta détrempé qu’il portait plus tôt, il dissimula le miroir sur le campement qu’ils étaient en train de déserter. Sans oublier de s’y mirer avant de le déposer. Le miroir devait capturer son reflet pour devenir son allié. Il lui en restait encore trois autres, au cas où d’autres étapes s’avèrent nécessaires, via sa dimension de poche. Il n'oublierait pas le lieu  du massacre autour de l'arbre-mort à cause de la corne de Vuvuzéla. Tout comme il n’oublierait pas le miroir exigu, sur la face interne de la portière de l’armoire à pharmacie de sa cabine de l'Hypathie. Juste de la largeur de ses hanches. Il avait mesuré. Et veillé à laisser le panneau entrouvert, au cas où cela lui interdirait le passage.

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En voilà un qui n’était pas sorti du cul d’un âne ! Enfin, qui sait, d’une chèvre ! Avec Xandrie tout était possible. Peut-être en aviser sa mère. Elle serait fière de lui.

Archibald ignorait si le blondinet était sincère. Sans doute que non. N’empêche ! Un rejeton de sa génération qui connaissait sa place, c’était quelque chose. Surtout de nos jours. Ca oui ! La politesse était un art qui se perdait. Ses yeux plissés comme des fentes coulèrent de côté sur Gerald de Dain. Tout son visage étant de marbre. Un gloussement contenu en un sourire sociable. Il lui fit honneur.

Les affaires ? En bon ordre de marche. Tous les sapiarques ont du passer sous les fourches caudines en dépit de leur rang afin de débusquer les suppôts du Treizième Cercle. On a brancardé les coupables, défrichés au mieux les bas-quartiers de leurs zélateurs, mais n’allons pas laver le linge sale en public. Ce jeunot pourrait presque séduire un vieil égrillard comme lui. Hihi. Pour un peu, ce pourrait être ce visage lisse qui lui plante une dague entre les omoplates. C’est le sourire qu’il ferait, lui, avant d'assassiner.

-« Je me réjouis de voir un ambassadeur si… avenant et… pragmatique. Xandrie est bien représentée. Voyez-vous, je déplore ultimement cet incident avec cette corne. Epistopoli se porte bien, car aucune tribulation ne saurait ralentir la recherche scientifique. »

C’était assez. Le vieux grigou n’était pas dupe. Aucun n’avait cure de cette conversation.

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Leur plan avait été exécuté sans encombre. Zareh Isfahina ouvrait la voie en déjouant les sables mouvants. L'officer Val’Ihem Karmine se tenait prêt à en découdre avec tout être à écailles. Keshâ’rem jouait pour sa part les tours de contrôle avec son hypersensibilité. Étonnement, cette faculté cristalline agissait à longue portée, quand la plupart des cristaux ne permettait pas d’espérer un rayon d’action au-delà de cent mètres. Il était presque aveugle, mais ressentait ce qui vivait autour de lui. L'air de rien, cet usage du pouvoir était tout à fait novatrice pour lui. Il l'utilisait jusqu'alors dans des conditions sociales ou bien face un seul ennemi bien visible. Cela les prémunirait d’une nouvelle attaque des nagas. En revanche, il était absolument incertain que le Viscuphage, en tant que mort-vivant, se trahisse par des émotions.

Sa concentration permanente le laminait. La dépense d’énergie était faible. Son teint devenait pourtant aussi blême que la brume. Comme elle, on pouvait craindre de le voir disparaître au premier rayon de soleil. Mais le mal pouvait frapper à tout instant. Maintenant, ou dans trois jours. Patiemment. Si Keshâ avait enduit sa peau de carapa, les moustiques avaient profité du chaos de la veille pour envoyer quelques escadrons sur lui et lui laisser des rougeurs qui le démangeaient. Il détestait vraiment ces foutus marais ! Qu’est-ce qui pouvait valoir à ce point de traîner leurs culs ici ?!

Par effet d’entraînement, sans doute, continuaient-ils. On est allés trop loin pour reculer. Tant de ressources et de temps investis. Bon, les Tartares sont un peu lobotomisés, il y en a peut-être un ou deux encore inconscients dans le lot. Val’Ihem ne peut désobéir à un gradé, les maraudeurs vont là où le porte-monnaie s’entrebâille d’un même mouvement… pour Keshâ’rem… au secours ! Il est fait… seuls Archibald ou Lan-Lan aurait l’influence de mettre fin à ce naufrage programmé…

Archibald d’ailleurs progresse à pas de loups, comme s’il connaissait ce genre de guêpier. Bien reserré autour de ses troupes, il ne fait plus un bruit. Ceux d’en avant ne pipent plus mots depuis bien longtemps. Et détestent silencieusement ceux qui croient que c’est une bonne idée de parler.

Soudain, un léger cliquetis de chaîne, Zareh a sorti son kusarigama.
-« Silence tout le monde ! »

A ce moment, Keshâ’rem réalise avec stupeur ce sentiment presque gluant de vide. Toute la nature s’est tue. Ils venaient de franchir une frontière. Une frontière invisible qui séparait la vie de la mort. Ils étaient en enfer. Ils étaient cuits. C’était le territoire de chasse du Viscuphage. Tous venaient de le comprendre.

La progression fut d’autant plus lente que chaque  glissade dans l’eau donnait l’impression d’un hurlement au mégaphone, tant le silence était impérieux. Le jeune homme jetait des regards nerveux en arrière, pour vérifier que le reste de la colonne les suivait toujours. Imperceptiblement, leur formation s’était brisée, Zareh et Val‘Ihem se préparant à combattre. Rien n’indiquait que le viscuphage attaquerait polilment la tête de l’expédition…

Son sabre aramilan dégainé, les mains de l’Epistote tremblaient sur sa garde. La question n’était plus de savoir si mais quand ils rencontreraient le monstre. Aveuglé par l'absence du vivant, son instinct lui criait de s'enfuir.

~ ° Mao ? °~ risqua-t-il faiblement, comme si le viscuphage pouvait l’entendre
~ ° Aucun esprit sain ne s’aventurerait volontairement ici… nous avons toujours contourné cette zone si c’est là ta question… on ne le trouvera pas, c’est lui qui nous trouvera. Tiens-toi… °~

Sa pensée se termina sur un cri fulgurant. Toutes les épaules pivotèrent dans la même direction, prises de court. Que se passait-il ? La visibilité était si faible que le début et la fin de la colonne se voyaient à peine. Mais l’agitation ne trompait pas. Quelqu’un manquait à l’appel en plein milieu des hommes. C’était arrivé si vite. Comme un éclair d’eau, une ombre vorace filant dans les airs. Une trainée de boyaux. La plupart des autres étaient éclaboussés de giclées sanguinolentes.

Les plus zélés invitaient les autres à rester coriaces. Il fallait faire preuve d'une grande maîtrise pour se taire et ne pas courir. Le monstre voulait sans doute les désorganiser. Mais l’orphelin finit par comprendre qu’un maraudeur manquait à l’appel.

Résumé:
Hier à 18:02

Devoir accompli

Club des 5 (6)




Chacun s'affairait à sa manière pour entrer dans le territoire du viscuphage. Celle de Violette restait de cogiter toute seule et silencieusement en regardant l’environnement. Contrairement aux autres, elle n’avait pas vraiment de choses à préparer, si ce n’avait été de se reposer pour regagner son énergie pendant la pause dans ce bosquet. Elle ne comptait pas sur la technologie ou sur ses nascents qu’elle préférait ne pas utiliser sur le territoire de la brume si elle avait d’autres alternatives. Cette histoire n’était ainsi de base qu’une affaire entre elle, sa nébula et ses cristaux de pouvoir.

Pendant la première partie du voyage, sous le couvert de ceux en charge de la surveillance, la xandrienne économisait ses forces en n’utilisant pas ses propres pouvoirs si ce n’était sa vision augmentée dans la consommation énergétique était trop basse pour vraiment peser par lui même sur ses réserves, et dont l’utilité était parfaite pour ne pas avoir d’angle mort dans une mission où le danger pouvait venir de n’importe où.

Chacun tentait de maintenir sa garde, mais sur le temps long il était difficile de pouvoir appliquer la théorie, si bien que comme le reste du groupe, elle ne parvint pas à voir venir le viscuphage lorsqu’il prit la vie d’un de ses hommes. Sur le coup, elle ne réagit pas, bien qu’on puisse sentir à sa réaction qu’elle semblait passablement énervée de la situation. Enfin bon, quand on la connaissait un peu, on pouvait deviner que lorsqu’une situation l’impactait vraiment au contraire de surréagir comme elle le faisait pour les situations banales, elle se murait dans un silence et une colère froide.

Le deuxième maraudeur tout aussi surprit jeta un coup d'œil vers la place de son voisin désormais vide avant de se retourner vers sa cheffe.

Violette…

Je sais.

Elle se retourna un instant, observant le sang du disparu se mêler à l’eau trouble. La situation ne pouvait pas durer. Une des premières choses que l’on apprenait à un combattant, c’était que l’attentisme était la pire des réactions et qu’il ne fallait sûrement pas la confondre avec la prudence qui elle était absolument nécessaire.

Le fait de simplement attendre permettait à adversaire non pressé par le temps d’optimiser sa position pour taper toujours de la manière la plus optimale, et c’était ce qui venait de se passer.

Sans doute que face à ce qui venait de se passer, la réaction de certains seraient de ne plus bouger pour se protéger ou de continuer comme avant pour répéter les mêmes erreurs, mais ce n’était pas ce que la portebrume voulait. Il ne fallait pas laisser totalement le contrôle du momentum à ce prédateur silencieux.

Finalement, sans faire plus de commentaire, elle se tourna vers les têtes pensantes de chaque faction.

Il faut marcher plus vite, plus on est lent plus il peut viser avec précision.

Forçant quelque peu la cadence, Violette s’amusait aussi de temps à autre à lancer des attaques aléatoires à coup de lame d’air pour contraindre le viscuphage a gardé une partie de son attention sur elle plutôt que sur ses camarades d’expédition. Ce dernier ne comptait toutefois pas vraiment céder à la provocation et attaquer la géneuse, si bien que ce petit jeu dura un certain temps avant que la maraudeuse ne se décide à opter pour une stratégie différente. Elle désactiva ainsi sa vision augmenté lui faisait perdre sa vue intégrale sur l’environnement pour réactiver sa nébula et sa fortune, l’utilisant pour affecter les probabilités de manière à toucher tout ce qui était à plus de 10m d’elle, ce qui permettait d’éviter de toucher ses alliés, et à moins de 20m pour ne pas trop dépenser d’énergie.

Le fait de sélectionner des zones circulaires était plus pratique pour elle, car devoir exclure de son pouvoir des personnes au cas par cas représentait une charge mentale trop importante dans cette situation. Naturellement, le fait de viser certaines zones avaient des failles exploitables, mais Violette postulait que la fortune était suffisamment vicieuse et invisible pour qu’il soit difficile de la discerner lorsqu’elle était mise en action, et de fait comprendre les règles d’un pouvoir invisible était quelque chose que peu d’entité pouvait se targuer de faire facilement.

Si le monstre était alors frappé par la malchance, il avait fini par s’adapter après quelques problèmes comme des glissades et des arbres qui tombaient. Changeant son approche pour rendre difficile de le localiser par la malchance même si certains signes permettaient vaguement de savoir s’il était proche ou non.

Même s’il parvenait à rester invisible, cette malchance avait l’avantage de devoir le forcer à la décision pour attaquer rapidement. Il fallait s’attendre à une attaque imminente, d’un regard elle s’accorda avec le maraudeur survivait pour que chacun regarde d’un côté, celui qui le voyait devant l’annoncer à l’autre d’un coup dans le dos, ce qui était plus rapide que de devoir hurler son nom.

1 minute
2 minutes
5 minutes

Et soudainement, Violette reçoit un coup dans le dos. Derrière elle ! Elle se retourna pour voir le viscuphage fondre sur son camarade et lui lacérer profondément le bras gauche. Le monstre en effet c’était adapté à fonctionner sur l’emprise de la fortune, mais celle- ci était de zone, elle avait soudainement disparu lorsqu’il s’était approché à plus de 10 mètres de la portebrume. Soudainement, il ne glissait plus, l’environnement n’était plus contre lui… Le décalage lui avait fait perdre sa précision.

Continuant son chemin, il fondait alors de nouveau vers les bois, mais cette fois-ci, Violette l’avait vu et usant de son hypervélocité pour suivre sa trajectoire et rester à bout portant elle mima le mouvement qu’elle faisait pour faire des salves d’air afin de la contraindre de rester dans une position défensive pour ne pas prendre de plein fouet une attaque tranchante à bout portant. C’était ce qu’elle voulait, et en partie la raison de pouvoir elle avait montré ostensiblement ce type d’attaque quitte à puiser dans ses réserves. Elle voulait que l’ennemi connaisse cette attaque presque par cœur pour qu’il se protège par réflexe afin de lui laisser le temps de préparer autre chose qui lui demandait plus de concentration : Une malédiction.

Pointant alors deux doigts vers le monstre, elle se contenta de sourire avant que ce dernier ne disparaisse de nouveau dans les arbres, ce dernier lâcha un cri de colère au loin quand il constatait désormais qu’il était frappé par une malchance durable.

Violette recula alors rapidement pour rejoindre le groupe en désactivant de nouveau sa nébula passive au profit de sa vision augmentée. La malédiction purifiée ferait le travail par elle-même, elle n’avait plus besoin d’agir de sa propre volonté. On pourrait lui reprocher de ne pas avoir profité de l'occasion pour l'attaquer, mais Violette n'était pas Azur mais une maraudeuse. Elle n'aimait pas prendre des risques pour la beauté de la chose et de l'épique. Elle ne connaissait pas toutes les capacités de cette bestiole, elle ne s'exposerait pas aussi facilement face à l'inconnu.

Ca devrait faire chier ce fils de pute pendant un moment…

Il avait désormais un boulet au pied, mais ça restait un monstre particulièrement puissant et terrible. La malchance seule ne parviendrait pas à le tuer.

Dans le même temps, l’autre maraudeur s’effondrait au sol, des vers grouillant dans la blessure que le viscuphage lui avait faite au bras. La portebrume s’abaissa alors à son niveau pour voir voir son état, fronçant les sourcils à la vue de la blessure et surtout de ce qu’il y avait dedans. Elle se tourna alors vers Lan-Lan et Vladimir.

Vous avez quelque chose pour le soigner ? Ou à défaut l’amputer ?

Spoiler: