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Blabla brico bonus 3

Blabla brico bonus 3 Brandw10
Sam 30 Déc - 0:10
-Ryoooooo’! J’ai test’ les bassins et les bains dont tu m’as parlé l’autre jour. Ceux qui sont juste avant le quartier des poissons. C’est encore mieux que ce que tu disais, y sont extraordinaires! Entre les sculptures à toutes les sauces, la tronche des bâtiments qui font temples et mémorials, le marbre et les coquillages et les mosaïques de partout, la taille des fosses, les jardins suspendus au dessus quand on se baigne, les coraux arc-en-ciel, le putain d’aquarium gigantesque, c’est complètement pété! C’tait blindé de monde mais y’a énormément de place, c’est hyper bien foutu, y z’ont même un gymnase et ça coûte trois fois queud’ d’y aller et tu restes aussi longtemps que tu veux. J’étais vraiment pas prête, j’ai juste halluciné! Je m’attendais à ce que ça soit Aramiloose sur vingt mais en fait vraiment top, ils gèrent grave. Les lieux de cultes doublés en lieux publics c’est vénère comme c’est dingue. En plus l’eau est super propre. D’habitude chuis allergique au chlore et ça me fait d’énormes plaques dégueu mais ici ils arrivent à faire sans? J’ai lu sur un panneau que les tritons avaient introduit des planctons pour gérer ça, ç’a l’air ouf! Franchement, respect les dinos.
-Mh.
-Ouais!
-...
-Uh.
-...
-Nhn…
-...

Et c’est ainsi que toute la gaieté et l’enthousiasme d’Oboro, illuminée par sa superbe découverte matinale, disparurent comme neige au soleil devant l’aridité de son interlocuteur. Ca avait quelque chose de terrible, de parler à une créature amorphe qui ne répondait pas un vingtième de ce qu’on lui adressait. Et l’air vitreux de mouton trépané qu’il lui assénait… avant de s’en remettre à ses plantes en l’ignorant vertement… nan mais quoi, elle le faisait chier à ce point? C’était lui qui lui avait dit de revenir le voir quand elle aurait fini. Alors qu’elle voulait juste le remercier?

-... meeeeeeec, même si tu t’en balec fais un effort steup’. Au moins une phrase complète, sujet-verbe-complément. Et astuce de pro’, une question à la fin pour relancer la discut’. J’veux dire, j’essaie d’être sympa alors donne moi du grain. Là tu rends service à personne quoi.

Ce qui ne fit à l’autre… ni chaud ni froid, franchement. Il n’avait rien à dire, donc il ne disait rien. Et même s’il avait eu quelque chose à dire… enfin, non, pas à ce point quand même, il aurait dit quelque chose. Probablement.

Mais ici, elle le prenait au dépourvu, en plus : affairé aux jardins du monastère, sa bure tachée de terre et largement imbibée de fumure et d’engrais à l’aspect déplaisants, il se montrait aux petits soins d’une allée végétale entièrement recouverte de lierres, de vignes et de fleurs grimpantes, toutes suspendues à trois mètres du sol par une succession d’arches de bois. Le tout constituait l’un des nombreux bras d’un dédale de couloirs tous du même acabit, qui permettait d’accéder aux quatre coins des jardins sans quitter son couvert. L’ensemble invitait à la quiétude et la contemplation, mais était surtout un abri très agréable à emprunter pour échapper au soleil fracassant du pays.

Alors bon, les retours d’expérience sur visite touristique…

-C’est très bien que sois contente, déclara-t-il d’un ton totalement monocorde.
-’Kay, j’ai compris j’ferme ma gueule, j’te fais chier on oublie.
-Pas particulièrement.
-Nan mais que… t’aggrave ton cas, banane!
-Oui.

Résistant à l’envie de lui coller une tape sur le crâne, elle se laissa simplement choir sur un banc adjacent, résignée et bien rapidement distraite par les pelletées d’abeilles qui oeuvraient dans les vignes, la berçant bien vite dans une songerie paisible à force de bourdonnements. Tant pis? Il était nul et la chaperonnait visiblement à contrecoeur, mais il faisait son taff le plus honnêtement du monde, et c’était déjà bien. Extrêmement bien. Par rapport à ce qu’elle vivait il y a un mois, Aramila était pas loin de lui avoir sauvé la vie, et c’était vraiment le cas. Elle faisait déjà moins de crises qu’avant, et il y avait toujours quelqu’un pour l’aider à y mettre un terme, quand sa nébula devenait virulente au point de vouloir prendre les commandes. A n’importe quelle heure, même au coeur de la nuit. Mais ils venaient l’aider, lui inclus, et sans jamais broncher. Ce qui amenait naturellement la jeune femme à éprouver énormément de gratitude pour tous ses sauveurs et leur dévotion, peu importe leurs défauts. Le fait qu’elle ne soit pas la seule dans son cas, à être accueillie dans le monastère pour y recevoir de l’aide, ne leur retirait rien. Ils avaient même accepté d’héberger sa mère, pour peu qu’elle aussi apporte son aide à la communauté. Des coeurs, des crèmes, des anges.

Donc, ne pas se plaindre : elle avait de la chance. Pour les mondanités, ça serait juste pas ce gus qui l’y aiderait, quoi. Dommage que tout le monde parmi les religieux se soient passés le mot pour la forcer à le solliciter lui histoire qu’il fasse son job. Les autistes chevronnés ascendants mur-de-brique, ça se prenait facilement en pitié vu de loin. Mais en situation réelle, c’était quand même vachement fastidieux. Encore plus sur le long.

-Expire avec ton torse, conseilla-t-il. Ca marchera mieux.
-Hm?
-Tu souffles avec ta gorge. Il faut que ça parte de la base des poumons. Quand tu exerces ton souffle.
-Nan mais je cherche pas à méditer ou rien putain, c’est juste que tu me gonfles. Mais pas grave, sans rancune.
-Non. Ce que tu fais, c’est la même chose. Exactement la même chose. Tu souffles pour te passer les nerfs. C’est une application. Ca te calmera mieux si tu le fais comme il faut.
-Nan, si ç’avait à voir avec la choucroute, je serai quintuple championne de zénitude vu comment je pouffe tout le temps.
-Repense aux exercices. Réfléchis.
-Mmmhnnnnnnnn…

C’est vrai qu’à s’y attarder… en cas de vexation ou de contrariété, lâcher un gros soupir lui évitait souvent de malmener les gens pour un pet de trave… enfin, l’aidait à rester calme quand elle s’énervait. Eh, c’était pas faux. Elle n’avait jamais envisagé la chose comme ça, mais peut-être qu’elle devrait y réfléchir autrement, en fait. Et peut-être qu’elle avait énormément d’expérience en la matière, dans ce cas.

-Ca t’aidera de garder ça en tête. Pendant les exercices, continua-t-il en elle sans même se retourner.
-Euh… ‘cune idée, j’en sais rien. Essaierai.
-Souffle encore. Observe. Réfléchis.

Apparemment occupée à digérer ce point de vue, elle resta silencieuse. A moins que ce ne soit la chaleur qui ne l’aie suffisamment assommée... ou peut-être l’apparition d’un campagnol ou d’un rongeur quelconque au détour d’une branche basse. Pour le petit moine, c’était impossible de savoir. Même si elle était naturellement bruyante, Oboro avait toujours l’air de s’émerveiller d’un rien devant le moindre moineau ou quoi que ce soit qui ne soit pas un proverbial pigeon épistopole - les fameux rats volants qui traînaient on ne sait où et vous transmettaient les pires maladies sur un simple contact. Mais ici, elle s’exclamait rien qu’en croquant une laitue, un oignon, un quelconque légume tout juste déterré. Pour ensuite s’épancher en critiques sur les coutumes aramilannes quand elles ne lui plaisaient pas. Impossible de la suivre.

En l’occurrence, voyant qu’elle rêvassait, il se désengagea. Tant mieux. D’autant plus si le calme du verger parvenait à l’atteindre. Elle était tellement mauvaise en tout qu’il ne savait plus à qui demander des idées et de l’aide pour pouvoir l’entraîner. Exercices respiratoires, relaxation musculaire, concentration au travers de mantras, d’images, de parfums, bruit périodique en arrière plan, promenades dans les jardins… pas grand chose ne marchait, vu son inattention. Elle avait bien commencé à tenir un carnet dans lequel elle couchait ses pensées pour essayer de les ordonner tout en s’en détachant, mais ça c’était la théorie, bien sûr. En pratique…

Ca n’était même pas qu’elle était extrêmement vulnérable aux distractions. Elle y était accro, elle en était demandeuse, elle les créait elle-même avec une spontanéité maladive. Un exemple parmi d’autre qu’il avait recueilli à l’écouter, le simple fait d’être démunie de radio, ce qu’il comprenait être une boîte à musique scientifique qui pouvait aussi permettre d’écouter des gens parler alors qu’ils étaient ailleurs, était déjà vraiment difficile, parce qu’elle avait l’habitude d’en écouter absolument tout le temps. Ce qui était normal, de ses dires, chez les jeunes à Epistopoli. Mais là, pas le choix pour elle, elle devait se sevrer, et ça la perturbait.

Alors que lui, une boîte à sons, ça serait insupportable. Même un solitaire de son calibre préférait largement avoir quelqu’un en face de lui pour échanger ou jouer de la musique, plutôt que de devoir écouter bêtement un cube de métal orné d’une corne en forme de tige. Pour ce qu’il avait compris de la description de l’objet. Ca avait l’air idiot. Déjà que de base, il préférait incomparablement jouer d’un instrument plutôt que d’écouter les autres… alors écouter un objet…  à longueur de journée…

Mais forcément, ceci expliquait cela. Sale pays que ça devait être, Epistopoli. De tout ce qu’il en avait entendu, ça ne donnait pas envie. Ils avaient passé un pacte avec le démon de la science et en avaient payé le prix sans que le jeu en vaille la chandelle… à quelques nuances près, certainement. Et Oboro ne faisait que confirmer tout ça. Elle n’avait pas eu une vie facile, elle ne savait rien faire, elle ne savait pas se tenir… à quoi bon?

A Aramila, ils avaient moins de choses, les conditions étaient plus difficiles, mais ils avaient mieux que ça. En tout cas, c’était ce qu’il sentait. Mais ça lui suffisait.

-On se dit quelle heure avant l’entraînement?, marmonna-t-elle en somnolant, paupières closes.
-Il faut que je finisse ça. Est-ce que tu es fatiguée?
-Non.
-Tu devais être fatiguée, grogna-t-il abruptement.
-Ouais ben j’ai beaucoup nagé mais… ça sonne zarb’ mais j’ai plus envie de faire une sieste que de me reposer, avec ce cagnard. F’encore plus chaud que la semaine dernière, c’est vraiment un pays de malades…
-Je ne… crois pas que ça soit une bonne idée, hésita-t-il. La sieste. Je ne suis pas sûr. Et il faudra que tu ailles courir.
-Ils veulent plus que je coure ici, ça fait chier tout le monde et c’est normal. Je défonce tout et je fous de la poussière partout. Et c’est mort plus jamais je cours sous ce putain de soleil. Chais pas, j’peux pas juste… faire les exercices sans être complètement crevée?
-Tu utilises tes pouvoirs aussi longtemps qu’il faut. Ou tu vas courir. Ou tu t’épuises. D’une manière ou d’une autre. Sinon je ne t’entraîne pas.

C’était la seule méthode vraiment efficace qu’il avait trouvé jusque-là : pour contourner tous les défauts d’Oboro, il fallait tout simplement… qu’elle soit morte de fatigue. Totalement épuisée. Et là, oui, elle devenait parfaitement réceptive à tous les exercices de méditation qu’il pouvait lui imposer, puisqu’elle était trop fatiguée pour être distraite. Est-ce que ça l’aidait avec la brume qui la parasitait? Oui, mais encore loin du compte. Il ne savait pas encore si c’était ce qui lui convenait le mieux, parce que chacun avait sa propre façon d’y arriver sans qu’on puisse simplement la transposer à un autre. Mais ça posait des bases. Dont elle manquait gravement.

-Ouais ‘fin j’en ai plein le cul de devoir être explosée à chaque fois qu’on travaille. Je veux dire, j’adore faire du sport, c’est super agréable d’être crevée après une bonne séance, ouais. Mais tous les jours je vais crever pour de bon quoi.
-Tu n’as pas du tout assez progressé pour qu’on fasse autrement.
-Nan mais putain de trouduc de merde je suis en train de te dire que j’ai plus de courbatures que de muscles actuellem… ‘fin j’veux dire… là comme ça, je crois pas qu’on arrivera à quoi que ce soit en faisant juste ça. On pourrait faire autre chose? Alterner?
-Avec quoi? Tu n’arrives pas à arrêter de bouger, tu as des pensées parasites en permanence, tu respires n’importe comment, tu t’énerves quand je fais des remarques. Et je ne sais toujours pas comment tu as fait ta crise l’autre jour.

Elle grimaça en se ratatinant sur son banc, les yeux toujours fermés, sans chercher à rétorquer quoi que ce soit. Ca, c’était… un épisode gênant dont elle ne voulait ni parler, ni entendre. Une scène que le petit moine ne parvenait toujours pas à reconstituer entièrement. Une séance parfaitement normale au cours de laquelle la nebula de son élève avait subitement décidé de s’énerver un bon coup. Sans signe avant-coureur, rien. Ils avaient dû s’y prendre à cinq pour la maîtriser, et lui permettre de reprendre ses esprits en la forçant à se calmer. A l’aide d’une décoction qui n’avait rien à envier aux cachets abrutissants que pouvaient concevoir les industries pharmaceutiques des autres pays.

Peut-être à cause de ça, Oboro ne se souvenait pas très bien de ce moment. Et notamment du fait qu’une des soignantes avait été à ça de lui planter une dague à la gorge. Un détail que, pour toute la fermeté qu’il avait mis sur le moment à dissuader ses pairs, Ryosuke avait sciemment omis de mentionner à sa protégée. Il savait parfaitement qu’une portebrume qui se laissait entièrement consumer par son parasite devenait un vestige, et qu’un vestige était infiniment plus dangereux qu’une bombe au myste bichonnée amoureusement par les marchands de mort d’Opale. La tuer au point de non-retour, c’était logique, prudent et parfaitement normal. Notamment parce qu’elle serait déjà morte, en un sens. Mais tout autant qu’un autre, il souhaitait faire de son mieux pour qu’ils n’en arrivent pas là.

Alors, l’épisode lui servait de leçon et d’aide-mémoire, à faire de son mieux pour que ça n’arrive pas. Elle ne serait ni la première, ni la dernière à qui cela arriverait. Mais il ne valait mieux pas qu’elle en ait conscience. C’était un poids qu’il ne la voyait vraiment pas capable de porter sans criser encore plus.

-Mais tu ne veux toujours pas me dire ce qui t’es arrivé ce jour-là.
-...

Pas forcément étonnant. Il n’avait pas eu le loisir d’y faire face, devenu trop âpre trop jeune pour y être sujet, mais de nombreux fragments de brume rendaient leur hôte fou en les torturant à petit feu afin de les affaiblir, et d’avoir le champ libre. Il suffisait que la chose ait joué sur une névrose un peu trop personnelle pour que le sujet devienne impossible à aborder chez les victimes de ça.

-Ni me décrire tes pensées quand tu médites.
-...

Et la grande brune avait l’air d’être un terreau particulièrement fertile en la matière, vu la myriade d’insécurités qu’il lui devinait. Elle avait besoin d’aide, oui. Alors, forcément, il allait l’y aider. Son sens du devoir, et son adhésion de plein gré aux vertus des Douze l’y amenaient spontanément. Dans les textes sacrés, ils parlaient de compassion, d’abnégation, d’harmonie et de justice. Dans sa tête, il s’agissait surtout de faire les choses bien et de s’en satisfaire, et ceci d’autant plus si la tâche était longue, difficile et fastidieuse.

D’autant plus qu’on lui avait confié cette tâche. S’en acquitter, c’était témoigner de la reconnaissance, de la loyauté et de la gratitude à des gens qu’il respectait et à qui il devait beaucoup. Ou du moins, c’était sa façon de l’exprimer.

Alors il le ferait bien, comme toujours. Même si malheureusement, il était aujourd’hui confronté à une tâche différente de ce qu’il aimait faire.

Du social et de l’interaction. Ses ennemis naturels.

-Ca n’est pas grave, conclut-il un peu plus doucement que d’habitude. Ca ne m’aide pas à comprendre le problème. Mais je ne pourrais pas t’aider sur le fond. Même si tu me disais quoi que ce soit.  Alors autant ne pas te mettre mal à l’aise. Ca ne sera pas productif. On va faire autrement. Tu peux te lever et me suivre? Et porter ça?

L’enseignement, c’est la répétition. Un prieur, de sept ans son aîné et doté d’une patience digne d’une mèche d’explosif, le répétait régulièrement à voix haute quand il donnait classe. Plus pour lui-même que pour son auditoire, certes, mais le message était resté.

Pour sa part, Ryosuke peinait à rester patient dans ses interactions. Parler longtemps, expliquer des choses, les répéter souvent, s’intéresser aux autres, les écouter, les suivre et les attendre, ça n’était pas son truc. Il préférait les actes. Mais en s’exprimant lentement, et en restant affairé à quelque chose en même temps qu’il débitait ses explications, il pouvait y arriver. Dans l’ensemble. Certainement.

-Le but, c’est que tu puisses repousser ta brume quand elle essaie de prendre le contrôle. Mais c’est très difficile. Le plus simple, c’est de ne pas lui donner l’occasion de le faire. Réduire les risques. Sa plus grande porte d’entrée, c’est de parasiter ton corps et ton cerveau pour que tu sois vulnérable, voire que tu fasses ce qu’elle veut. D’où l’importance de chasser les idées parasites qu’elle va te glisser. Ca, ou des pulsions soudaines. Ca dépend des personnes. Pour qu’elles t’atteignent au mieux, elle va chercher à ce que qu’elles résonnent avec tes idées noires, ou tes lubies, ou tes habitudes. Ou tes chagrins, tes déceptions, tes élans de bonne humeur… tout ce qu’il pourra. Parfois en partant de ce que tu ferais toute seule, pour se glisser sans que le voies. Parfois en te poussant à contrecourant, pour être plus brutale. Les nebulas ont toutes leurs façons de faire, certaines s’y tiennent, d’autres savent s’adapter. Mais toi aussi, tu peux le faire. D’où l’importance que tu apprennes à faire le ménage dans ta tête. Et à tout observer. Jusque-là, tout est bon?
-Ouais.

Il le lui avait déjà dit… mais se le faire rappeler après trois semaines de pratique permettait de remettre des mots sur des choses qu’elle avait pu palper. Pas encore comme il faut, seulement du bout des doigts. Mais elle comprenait mieux.

-Tu peux me tenir ça?, interrompit-il en lui tendant un bidon plein de fumier.
-Ce truc? Euuh… ewwwww…
-Ou alors les outils, comprit-il sans manifester son dédain évident.
-Ben… c’est quoi le truc vert qui coule sur le manche là?
-Il y a des gants à coté, si tu ne veux pas te salir.
-Ils schlinguent encore plus que le seau, signala-t-elle après les avoir reniflé.
-...
-Nan mais c’est pas que j’veux pas mais…  bon okay je vais…
-...
-Je vaaaiiiiis…
-...
-Han putain nan j’peux pas. C’est pas que je suis une chochotte ou que je fais ma précieuse, j’ai d’jà dû vidanger des moteurs en plongeant dedans et retirer à la pince des bouts de rats qui s’étaient coincés dedans… mais putain là ç’huit crans au dessus, je peux pas.

Le petit moine cessa de respirer pendant quelques secondes, juste le temps de reprendre le contrôle de ses nerfs. Parce que l’enseignement, c’était la patience et la répétition, chanta-t-il dans sa tête. Empathie et abnégation.

-D’accord, on oublie. Je vais faire. Peu importe.

Il pouvait lui passer ça. Elle aidait aux cultures, aux courses, elle transportait des charges pour quiconque lui demandait, elle savait lire et écrire pour assister ceux qui en étaient incapables, elle était de bonne volonté, s’appliquait en toutes circonstances, et allait demander du travail quand elle n’en avait plus. Comme elle était fiable et honnête, beaucoup étaient déjà à lui faire confiance, malgré tous les préjugés qu’on pouvait avoir, et qui se vérifiaient souvent, sur les tares des habitants d’Epistopoli. Auxquels Oboro ne dérogeait pas, évidemment.Vraiment pas dégourdie de ses dix doigts, complètement démunie dans de nombreuses circonstances… mais on lui pardonnait.

Rajoutez-y le fait qu’elle présentait très bien (enfin, tant qu’elle ne parlait pas), et que c’était une très jolie fille qui prenait grand soin d’elle (malgré trente centimètres de trop), et elle s’insérait bien.

Mais ça, il s’efforçait de ne pas y faire attention, le petit moine. C’était inconfortable.

De même qu’il ne voulait pas la regarder trop longtemps. Ou rester trop près, vu qu’elle était du genre tactile-sans-réfléchir et qu’un simple contact le mettait mal à l’aise.

-Mais pour en revenir à ce que je disais… tu es dans un monastère, tu vois comment nous sommes. Mais tu n’as pas besoin de devenir comme nous. Et encore moins de devenir comme moi. Je ne suis pas un exemple. Tu as juste besoin de trouver ton moyen de rester en contrôle de ton corps et de ton cerveau par rapport à ta brume. Peu importe comment. Si tu regardes les autres, ou bien les portebrumes parmi les sentinelles, tu verras qu’ils ont leur propre façon de faire. Essaie d’en discuter avec eux quand tu en as l’occasion, tu auras d’autres points de vue. D’autres idées.

[Tit truc narration à insérer pour faire la transition]

-Alors justement, me demandais parce que y’a… trois jours?... j’ai rencontré un type en armure, de l’armée. Il venait acheter des remèdes à mémé Chandra.
-Soeur Chandra.
-M’a dit de l’appeler mémé.
-Parce qu’elle est trop gentille. Ne l’appelle pas comme ça.
-M’a aussi dit que tu es le seul à l’appeler Soeur, genre même l’abbé il dit mémé.
-... en effet.
-Naninanère, hein.
Bref. Le gars disait que sa technique, c’était de se bourrer la gueule et de fumer des pèt’ jusqu’à ce qu’il sente plus rien. T’en dis quoi?
-J’en dis que j’amende ma dernière phrase. Le but, c’est que tu sois en contrôle, pas que tu sois vulnérable. Un portebrume militaire qui fait ça, c’est une catastrophe qui ne va pas tarder.
-Ouais. Mais encore?
-...
-Je sais aussi que y’a pleeeiiiiin de gens qui tapent des herbes quand ils veulent méditer.
-...
-Qu’ils peuvent boire ou fumer ou se mettre de la chique dans le bec ou…
-Stop. Si tu veux une excuse pour te droguer, ça ne sera pas avec moi.
-Nan, les drogues c’est de la merde, j’ai vu assez de gens se dégommer pour savoir que ce c’est. Mais de l’herbe, c’est pas la même chose. Si tu me dis que je peux m’en rouler une plutôt que de faire un semi’ tous les jours, moi ça me va. Et l’alcool, ça déshinbe en soft aussi, non, ça serait pas la même chose?
-Je sais que plusieurs portebrumes deviennent alcooliques, oui. Il parait que leur brume devient ivre elle aussi, et que ça la rend… plus tranquille. Moins agressive. Voire aussi dépendante à l’alcool, au point de vouloir rester dans un corps humain. Pour en profiter plus longtemps.
-”Il parait”?
-Il parait beaucoup de choses, quand on parle de la brume. Et quand on parle d’alcool. Les gens inventent plein de choses pour justifier leurs conneries.
-Woooh, c’est méchant ça. Du coup, alcool, non?
-Hm. Je ne pense pas que tu devrais faire ça. Des histoires que j’entends, ça peut tout aussi bien te rendre plus faible. Tu te feras posséder plus facilement. Et c’est idiot. Tu veux être alcoolique?
-’Kay, question débile, je retire. Euh… mais un truc plus doux? De l’herbe?
-Je ne sais pas du tout. C’est une technique connue, on va dire. Je demanderai.
-Mmmmh. J'arrive pas du tout à savoir si tu me juges sec ou si tu t'en bas les couilles.
-Ca n'a pas d'importance. Cet après-midi, on reprend les mantras.
-Ah nan pitié pas ça! C'est trop chiant, ça marchait pas du tout.
-Faux. C'est chiant seulement si tu veux que ça le soit.
-Tu m'avais fait répéter des trucs en boucle en espérant que ça n'aiderait pas à me rendre folle?
-Les mantras c’est chiants.
-Un mantra peut être n’importe quoi. Absolument n’importe quoi, c’est à toi de le choisir. Tant que ça t’aide. Certains peuvent choisir de réciter les noms des douze dans l’ordre du calendrier. "Fanthret, Raphalos, Nagidir, Themiatis…" ainsi de suite. D’autres peuvent faire référence à une devise ou un code de conduite personnel. Il y en a des longs, connus, populaires, étudiés, calibrés. Certains citent des textes sacrés qu’ils connaissent déjà bien, dans lesquels ils trouvent un écho particulier à leur situation, ou à leurs valeurs. Mais pour le résumer, c’est simplement un support mental pour ta concentration. Comme une ligne de vie. Ou une canne pour marcher. Qui prend la forme d’un chant intérieur. Tu peux très bien choisir de répéter en boucle la liste des ingrédients d'une recette que tu aimes, qui devient sa propre chanson. "Un kilo de pois chiches, deux cuillères d’huile d’olive, un oignon, trois gousses d’ail, un pouce de gingembre rapé, quatre tomates, une cuillère de coriandre, une cuillère de cumin, une cuillère de cumin, quatre graines de piment…"
-Genre toi tu fais ça?
-Je peux.
-Pfffhuhuhu. Tu t’fous de moi?
-On peut envisager autre chose. Tu pourrais m’insulter à la chaîne, si tu veux.
-Haaaan. Genre je ferais ça. Naaaan, je peux pas me permettre, voyons.
-”Putain de bordel de pourriture de moinillon de putain de bordel de pourriture de moinillon de putain de…
-Huhu, c’est vrai que ça sonne bien, sourit l’autre. Hé putain, attends nan, c’est de l’humour ça?
-...



Dim 4 Fév - 18:43
“Après l’effort, le réconfort.“

Enfin, ça c’était la formule de platitude à la con communément glissée dans ces circonstances. Ni l’une ni l’autre n’appréciaient quand elles étaient portées à leurs petites oreilles. Et en particulier celle-là.

Lui, parce qu’il n’aimait pas l’exercice. Les labeurs de la vie au monastère, d’un service aux cuisines, de ses heures aux cultures entre deux offices, lui procuraient simplement la satisfaction du devoir accompli et du travail bien fait. Il avait appris à apprécier ses sujets et aimait en apprendre davantage, répéter les mêmes gestes et les perfectionner. Mais rien au monde ne pourrait lui faire faire des efforts qui n’avaient pas de but. Et puis, il restait assez frêle, ce qui lui fournissait une excuse sur mesure pour échapper à tous ceux qui avaient voulu lui faire suivre le moindre entraînement. Autant par simple hygiène de vie que pour le préparer aux rudeurs des corps armés du pays.

Elle, parce que c’était exactement la phrase que lâchaient plusieurs de ses bandes de potes avant d’aller se bourrer la gueule, et que ç’avait trop souvent dégénéré en conneries glauquissimes pour qu’elle en ressorte à l’aise. Que ça soit les collègues de l’usine, ou parmi les casseurs. Alors que, sur le principe, juste du sport avant d’aller s’écraser sous une couette, épuisée et parfaitement détendue avec un gros thermos de thé calé entre les pattes, c’était la meilleure chose au monde. Quand elle ne se sentait plus, elle courait pratiquement l’équivalent de deux marathons en l’espace d’une semaine.

Le problème, c’est que Ryosuke lui imposait de faire encore plus que ça, en usant de ses pouvoirs jusqu’à ce qu’elle soit morte, histoire de l’anesthésier le temps de leurs séances.

-Est-ce qu’il y a un sujet que tu voudrais aborder?, commença-t-il par demander.
-Nan.
-Il y a deux semaines, tu m’avais dit que pendant le service, tu regardais parfois les gens devant toi en t’imaginant planter ta fourchette dans leur gorge. Toujours le cas?

Allongée dans l’herbe du jardin du cloître, les yeux clôts avec la simple instruction de se laisser aller, elle porta une main sur sa carotide. Mauvais signe, songea Ryo. Pour sa part, Oboro était surtout surprise qu’il soit revenu sur un si petit détail, dans le lot de tout ce qu’elle avait pu dire. Un détail gênant, évidemment. Alors, elle prit une grande inspiration et…

-Ouais.
-Est-ce que c’est systématique?
-Non.
-Quelle fréquence?
-Je sais pas. Ca arrive pas souvent.
-Là maintenant, est-ce qu’il y a une image qui te vient en tête?
-Des boîtes de munitions.
-...

Il ne se demanda pas quel pouvait être le lien entre ça et le sujet qu’ils abordaient, parce qu’ils avaient déjà eu cet échange. Il n’y avait pas de lien, c’était tout simplement qu’elle voyait en permanence des boîtes de munitions. Des caissons de balles entières qu’elle rangeait dans des boîtes de cinquantes, pendant les dix mois passés comme munitionnette dans une usine. Un travail mieux payé que les autres, ne serait-ce que pour encourager à venir manipuler des explosifs, mais tout aussi abrutissant. Une autre des sombres joies de la science et du progrès qu’il ne regrettait pas.

Et aussi, encore une tare d’épistopole qui venait parasiter leur travail.

-Oublie les munitions. Imagine toi en situation, au réfectoire, derrière quelqu’un. Tu regardes sa nuque. Une sensation particulière?
-...
-...
-...
-Pas besoin de réfléchir, s’il n’y a rien qui vient.
-... un gros coup de flemme, un peu comme quand tu veux traîner au lit le matin.
-Ne cherche pas forcément un sens.
-Huhu.
-Est-ce que ça t’arrive un jour sur trois?, essaya-t-il.
-Moins que ça.
-Une fois par semaine?
-On y est plus, oui.
-La prochaine fois que ça t’arrive, note le jour. Il faudra qu’on voie ça.

Sur le principe, ils ne mangeaient de la viande que trois repas par semaine, au monastère. Un de volaille, un de viande, un de poisson. Le calendrier des fêtes, des jours sacrés et des périodes de jeûne modifiait régulièrement ce programme, mais si ça y était lié, il trouverait la tendance. Et sinon… à creuser davantage. Quand est-ce qu’ils donnaient des fourchettes? Il faudrait qu’il suive ça.

-Et ça ne t’était jamais arrivé avant. Tu confirmes?
-J’ai déjà eu envie de mettre des baffes ou des poignes à quelqu’un, jamais de le planter.
-Qu’est-ce qu’en pense ta brume?
-J’en ai aucune idée.
-Est-ce que tu la sens, là actuellement?
-Ouais.
-Tu peux en dire plus?
-Ce con est aussi mort que moi, et il aime autant que moi. Le fait d’être crevé. C’est pour ça que ça le calme. Il est… c’est comme s’il était complètement bourré? J’avais jamais remarqué, mais en fait c’est dans ce genre, ouais. Ce connard s’est juste pris une grosse murge. Et il est bien camé.
-Il?
-Hein?
-Tu dis il. Qu’est-ce qui te fait dire ça?
-Je sais pas. J’ai envie de dire il. Ca lui va bien, à ce con.
-Développe.

C’était nouveau, et c’était intéressant, comme réponse. Quand on demandait à un infecté s’il percevait sa brume, on recevait autre chose, d’habitude. “Vers mon torse”, par exemple. “Dans mon crâne, juste là”. Parfois, c’était plus décousu car beaucoup plus difficile à décrire, le sujet réussissant à percevoir son intrus dans le flot de ses pensées plutôt que dans son corps. Mais là, elle décrivait directement son colocataire.

Ca arrivait aussi, oui. Lui en était incapable, ne pouvant que l’observer sans en apprendre davantage. Non pas que ça l’intéresse.

-Chais pas. Une impression. J’ai envie de dire que c’est un gros fils de pute, pas une grosse pétasse. Un putain de connard, pas une pure salope. Une question d’attitude, je sais pas comment dire. A force d’habitude.

L’argument n’avait rien de logique ou de compréhensible, mais n’en avait pas besoin : les ressentis étaient tout à fait légitime, dans son excavation. Elle pouvait relever et apprendre beaucoup de choses sans avoir besoin de les comprendre, de la même manière qu’on pouvait voir ou palper un objet sans savoir ce que c’était.

-Qu’est-ce qu’il pense de ce que tu viens de dire?
-Il s’en bat les couilles, il est trop éclaté.
-Et s’il était en forme, qu’est-ce qu’il en penserait?
-Je sais pas, ‘cune idée.

Question idiote, évidemment. Ryosuke fonctionnait un peu à la volée, n’ayant pas l’habitude de guider quelqu’un d’autre dans ce genre d’exercice. Il savait ce qu’il faisait, mais manquait de pratique.

-C’est normal. Oublie ça. Le soir, quand tu essaies de t’endormir et qu’il cherche à revenir, comment est-ce qu’il se sent?
-...

Question idiote bis, et d’une connerie fracassante : Oboro ouvrit tout simplement les yeux, rattrapée par le malaise qui la gagnait tous les soirs dans cette situation. Et elle se redressa, mollement, mais bien arrachée à sa rêverie.

-Je n’aurais pas dû demander, déclara-t-il un peu vite.
-Te fous pas de ma gueule. Connard.

Elle était bien partie, mais il venait de mettre un coup de pioche sur un sujet qu’elle ne voulait pas aborder. Et il le savait très bien. Ca n’était pas la première fois qu’il essayait de le glisser à la volée en partant d’autre chose, mais…

-Je n’ai pas réfléchi. Tu me l’avais déjà dit.
-Non, t’as très bien fait exprès.

Il ne réagit pas. Ça n'était pas son genre, de se confondre en fausses excuses ou de nier quoi que ce soit.

-Je ne le ferai plus.
-Et mon cul il est rose.

Quelque chose lui disait qu’il ferait mieux de s’y tenir, cette fois. Qu'il aurait même déjà dû s'y tenir. À ne pas oublier.

Elle n'avait pas l'air de trop lui en vouloir, cela dit.

-Tu ne dors pas mieux qu’avant, donc?
-J’ai la même chose qu’avant. Pas eu d’changement.
-...

Un blanc s’installa, sans qu’il ne sache sur quel angle poursuivre.

-Uuh…
-...
-Ryo?
-Oui. Désolé. Je réfléchissais. On reprend du début. Si tu veux bien?
-’Kay.
-Rallonge toi. Écrase-toi contre l’herbe. Ferme les yeux. Est-ce que tu sens ton corps?
-Tu te fous de ma gueule? J’ai mal partout, ‘connard.

Ce qui avait l’avantage de la rendre très facile à manier, pour la méditation. Elle s’y remettait toute seule, sans faire le moindre effort. Mais c’est vrai que ça n’était qu’une béquille dont elle devrait finir par se passer, et le plus tôt serait le mieux. Un pair lui avait fait remarqué que si jamais elle se blessait, ce qui arriverait vite s’ils continuaient comme ça, ils seraient dans la merde.

-On change de sujet. On va reprendre les exercices de base, pour que tu puisses y arriver sans avoir à courir. Repose-toi, et laisse toi respirer. Et regarde ton souffle.
-Cool, le truc qui marche jamais…
-Et arrête de parler. Tu te déconcentres.
-...
-Et arrête de penser, aussi. Même si c’est pour m’insulter dans ta tête.
-Pffffhahaha huhu. Connard. C’était facile, j’imagine.

Il lui aurait bien intimé de ne pas rire non plus, mais c’était peine perdue. Aussi se contenta-t-il de se concentrer très très fort sur une voûte attenante pour préserver sa patience.

-Et si je fais ton mantra de l’autre fois, là je peux t’insulter?
-Tu… peux.
-Putain de bordel de Ryo de m…
-Dans ta tête.

Toujours les yeux clôts, Oboro souriait un peu trop pour avoir l’air sérieuse, malheureusement. Mais au moins, elle était de retour dans le bain. Et quelques minutes plus tard, ses traits étaient redevenus neutres, son corps étonnamment immobile, et elle, parfaitement silencieuse. Il n’avait rien à redire ou à corriger. Et au rythme auquel se soulevait sa poitrine, il voyait bien qu’elle était sur les rails, en bonne voie pour y arriver.

Euh, non pas qu’il ait spécifiquement envie de regarder sa poitrine, se dit-il en décalant son regard de quelques centimètres. Ni son visage, continua-t-il en réfugiant ses yeux sur un vasque rempli d’eau fraîche, situé à l’autre bout de la cour, placé là pour que les pieux puissent se nettoyer en entrant dans le cloître.

Le temps de quelques secondes, il se visualisa en train de se nettoyer les yeux dans l’eau. Ou plutôt de carrément y plonger sa tête, pour que ce soit son cerveau qui y passe. Mais il n’eut pas besoin de ça pour aseptiser ses neurones.

De son côté, l’autre parvint à maintenir son état pendant plusieurs minutes, bien mieux qu’elle ne l’ait jamais fait… avant de finalement perdre le fil. Quelques menus détails, ses pommettes qui s’étiraient, la tension dans ses doigts, trahissaient sa remontée. Il lui laissa quelques minutes pour émerger à son rythme, reprendre conscience de ses sens en douceur, avant de reprendre quand elle revint près de la surface.

-C’était beaucoup mieux. Tu sens la différence?
-C’est chaaaauuuud. Ouais.
-Prends ton temps. On continuera dans les jardins ensuite. Un peu de marche dans les allées.
-Aroule.