Astrebrume

- Remet en place ce noeud, jeune fille .... Je n'admettrai pas que la fille ainée du Baron de Rhapsody, ne soit vue comme une négligée ou pire, comme une simple pauvrette ! Lâcha sa mère, dans le bac qui les emmenait vers Xandrie, la plus petite des grandes villes du monde. Enfin, se figurait-elle les choses ainsi. On les lui avait apprise cela comme ça. Remettant distraitement son nœud en place, la jeune dame de 15 ans et des poussières, se dit qu'au vu du voyage, il serait déjà pas mal que la fille ainée soit encore en vie, en arrivant. Elle voyait la brume au loin, se déverser dans le vallon comme un filet de lait dans un entonnoir, serpentant sur les berges, dévorant tout de ses grandes quenottes, sans pitié ni distinction pour le rang de ceux qui traversaient ce corridor, connu pour être plutôt dangereux.

Enfin, elle était excitée à l'idée d'entrer dans la brume, même si ce n'était que pour cinq petites minutes. Cela lui donnerait du grain à moudre auprès de ses copines et dames de compagnies, à la maison. Encore sage et obéissante, elle aimait jouer la petite cheffe, l'alpha de la meute, la cheftaine qui décidait qui faisait quoi... C'était il y'a bien longtemps, quand elle ne savait pas que tout son monde était factice, faussé, le tout orchestré par Maggie Rhapsody, sa diable de mère. Enfin bon, revenons  à nos moutons, et aux gardes qui, soit étaient dans la sorte de bateau à fond plat et aménagé,  avec des appartements pour le moins sommaires -largement suffisant pour cinq personnes, et quelques armes de siège automatiques, qui semblaient si flambant neuf que l'on se demandait si les guerriers à livré or et jaune, savaient réellement s'en servir… Soit étaient sur leurs chevaux sur les berges de la rivière.

Enfin ça, ni Maggie ni le Baron de Rhapsody ne s'en souciaient. Heureux sont les imbéciles bien nés, car en plus de ne se soucier de rien, ont-ils une cuillère en argent dans la bouche, et une autre en or dans la poche...

Au terme de quelques jours de voyages, ils arrivèrent tous à bon port, et presque tous entiers. Il n'y avait que le palefrenier qui s'était cassé la jambe en sautant du mat, après avoir vu une genre d'hallucination, ou ce qu'il appelait lui même "le voile cotonneux de la mort elle même", une réminiscence de la brume, un écho de cette gangrène tenace, et qui était vraiment dispersée de manière très aléatoire sur tout le territoire d'Uhr. Après tout, la brume pouvait rendre fou n'importe qui, qu'il soit un simple cadet d'une compagnie de gardes du corps ou bien un infant nanti comme son abruti de petit frère, le premier à être sorti des jumeaux, aimait-il à le rappeler. Au cas ou l'ordre de succession aurait été bouleversé ? Elle n'en savait rien et préférait s'en garder. Ce n'était que deux jeune bambin, moins d'une dizaine d'années mais déjà potelé comme des cochons engraissés pour finir sur une broche.

Pas sûr qu'ils aient un bon goût cela dit … Rien que l’idée la fit frissonner, et lui donna un relent qu’elle calma en respirant l’air frais à l’extérieur de la cabine. Il faisait nuit, et elle pu admirer le spectacle de milliers de lumières encore allumé à cette heure ci, lui donnant l’impression d’observer le ciel et non une ville.

- Oh c’est beau ! Ne put elle retenir de sa bouche ces mots….

- C’est vrais, on sous estime souvent Xandrie, la juste, mais elle reste une ville capitale autant pour Opale, que pour d’autres … Lui répondit une voix dans son dos. Se retournant, elle reconnu Ismaël, celui qui lui apprenait à se battre en cachette de ses parents, et l’un des lieutenants du vieux capitaine qui siégeait à la tête de la garde des Rhapsody. Nous arriverons dans quelques minutes au port fluviale de Xandrie, vous allez voir madame, que Xandrie n'a rien à enviée aux plus grandes cités de ce continent ...

Cela faisait un moment que la famille Elerior n'était pas parue en société. Depuis la naissance du petit dernier, trois ans auparavant, en fait. La maîtresse de maison avait été occupée avec lui, et le chef de famille, lui, était encore aux abonnés absents. Quant aux filles, alors âgées de 3 et 18 ans, elles étaient considérées comme trop jeunes pour paraître seules en public. Après tout, dans un milieu si dangereux, deux jeunes filles, deux enfants, seules, n'étaient pas en sécurité.

Mais à présent, trois ans plus tard, elles avaient pu y retourner. Son frère était-il assez âgé pour y paraître, cependant ? Aucune idée. Et la demoiselle s'en moquait pas mal. Voilà deux ans, depuis son vingtième anniversaire, qu'on tentait de lui inculquer les principes de la vie de l'aînée de la fratrie. Comme quoi c'était à elle de prendre soin d'eux, d'aider sa mère... Sérieusement ? Certes, elle adorait sa mère et ses cadets, mais... S'en occuper ? La connaissaient-ils vraiment ? Elle était incapable de rester au même endroit pendant deux heures !

Enfin, aujourd'hui était un jour spécial. Aujourd'hui, son frère serait présenté aux yeux du monde. Aujourd'hui plus que jamais, le moindre faux pas serait fatal. Et surtout, aujourd'hui, son père était présent. Liana ne connaissait pas encore ses complots. Elle ignorait qu'il n'était attiré que par le pouvoir. À ce moment, elle le voyait simplement comme un père distant à cause d'un travail dont elle ne savait rien mais qui lui prenait beaucoup de temps. Mais à cette époque, elle s'en moquait. Il ne pouvait pas tremper dans des affaires louches, c'était impossible...

Quoi qu'il en soit, à cet instant précis, une demi-heure avant le début officiel de la réception, la petite famille se trouvait encore dans le véhicule qui les y amènerait. D'après sa mère, ils ne devaient surtout pas arriver en avance, afin que tout le monde les voie... Et surtout que tout le monde voie Fergus, dont les soeurs étaient actuellement en train d'arranger la tenue. Voilà leur spécialité, les chiffons... Mais à cette époque, Liana n'en avait pas encore assez.