Lun 27 Mar - 23:05
Je le tiens.
Des jours que je suis sur ses traces, deux bonnes semaines environ, pour être plus exact. Une quinzaine de jours à chevaucher sur ma monture au pelage d’ébène, un long manteau à capuches couvrant mon corps et étouffant quelque peu les lignes de ma silhouette, camouflant les teintes de mes vêtements pour uniformiser le tout sous un même ton sombre. L’idée étant de ne pas être repéré de trop loin, de ne pas trop attirer l’attention sur moi. Pas que je veuille absolument passer inaperçu, filant comme une ombre au travers du décors, mais principalement parce que je ne veux pas être retardé, au risque de laisser filer ma proie. La traque fait partie intégrante de mes fonctions, les missions d’assassinats qui me sont confiées nécessitent parfois de devoir partir à la poursuite de la cible, qui se sait en danger. C’est moins facile quand elles savent que la Mort le tourne autour, certes, mais les dieux guident mes pas et m'éclairent la voie.
Quiconque cause du tort à la grande cité d’Aramila s’expose au châtiment divin, à la colère de ces êtres sacrés qui veillent sur nous depuis les cieux et décident de nos sorts. Je ne suis que leur humble exécuteur, fidèle paladin envoyé sur ces terres pour accomplir leur volonté. Tuer ne me fait plus rien depuis des années, car telle est la volonté des Douze Protecteurs d’Uhr, les Douze Grands. Cet homme que je dois abattre, qu’il me faut refroidir, cet homme n’est pas innocent, il savait à quoi s’attendre.
Malanksaïr Rubriech est un ennemi d’Aramila, celui qui se fait appeler la Voix des Terres Brûlées, a que trop cherché à faire vaciller l’équilibre du pouvoir en place gouvernant notre somptueuse cité. Faisant entendre sa voix à qui veut bien l’entendre, blâmant le Concile par diverses rumeurs infondées, cherchant à renverser l’opinion populaire pour plonger Aramila à une guerre civile, ce lâche s’est enfui lorsqu’il a compris qu’il était en danger. Nous avons déjà retrouvé ses complices, notamment celui qui l’a averti de la lame qui se rapprochait dangereusement de sa gorge. C’est auprès de lui que nous avons appris la destination de repli de Malanksaïr, cela n’a d’ailleurs pas été très compliqué à lui soutirer cette information, la loyauté entre vermines étant un concept visiblement abstrait.
Direction la Contade, dans une petite bourgade non loin d’Andoria, une Basse Cité qu’il m’est déjà arrivé de visiter lors de certaines missions. Le coin m’est familier, même si je n’ai jamais mis les pieds dans le village au fond duquel le rat est allé se terrer. J’aurais préféré l’abattre avant qu’il y parvienne, faire cela à l’abri de regards indiscrets, mais il faut croire qu’il avait suffisamment pris d’avance avant que l’on ne me lance à ses trousses.
Chyrion n’est pas bien vaste, une centaine de villageois à tout casser, pour la plupart des fermiers ou honnêtes travailleurs occupant des métiers manuels. Je ne suis pas moins honnête qu’eux, chacune de mes actions est guidée par la foi, accomplie pour une cause divine, mais je reste un être avec du sang sur les mains. Beaucoup de sang. Et cette nuit, quand l’obscurité reprendra ses droits, je rajouterai une couche d’hémoglobines sur ses pognes rompues à cet art sombre et funeste. A la nuit tombée, j’enverrai cette engeance du mal rejoindre ses congénères dans les tréfonds des Enfers, que Pthelior et Azoriax m’en soient témoins.
Descendant de mon cheval, je décide de l’attacher contre un arbre en bordure du village, préférant continuer seul, à pieds. Progresse lentement au milieu du bled, tentant de me repérer d’après les informations en ma possession. Je sais à peu près où est censé se terrer le clouâtre, une auberge de fortune, le Nain de la Surface, qui serait la seule existante dans le coin. Il se pense sans doute en sécurité dans un lieu vivant, en permanence entouré de témoins. C’est mal connaître notre Ordre.
Il me faut seulement une dizaine de minutes pour la repérer, un large panneau de bois suspendu au-dessus de la porte sur lequel a été gravée la fiole d’un nain engloutissant une chope de bière me facilitant la tâche. La douce brise qui balaie le village fait légèrement osciller la pancarte qui repose sur une barre de fer, je passe mon chemin sans m’attarder, cherchant un coin plus tranquille pour me poser en attendant la nuit noire. Dans quelques heures.
Pour le moment, je me fonds dans la pénombre, à l’angle d’une ruelle, les yeux rivés sur la taverne en question.
Des jours que je suis sur ses traces, deux bonnes semaines environ, pour être plus exact. Une quinzaine de jours à chevaucher sur ma monture au pelage d’ébène, un long manteau à capuches couvrant mon corps et étouffant quelque peu les lignes de ma silhouette, camouflant les teintes de mes vêtements pour uniformiser le tout sous un même ton sombre. L’idée étant de ne pas être repéré de trop loin, de ne pas trop attirer l’attention sur moi. Pas que je veuille absolument passer inaperçu, filant comme une ombre au travers du décors, mais principalement parce que je ne veux pas être retardé, au risque de laisser filer ma proie. La traque fait partie intégrante de mes fonctions, les missions d’assassinats qui me sont confiées nécessitent parfois de devoir partir à la poursuite de la cible, qui se sait en danger. C’est moins facile quand elles savent que la Mort le tourne autour, certes, mais les dieux guident mes pas et m'éclairent la voie.
Quiconque cause du tort à la grande cité d’Aramila s’expose au châtiment divin, à la colère de ces êtres sacrés qui veillent sur nous depuis les cieux et décident de nos sorts. Je ne suis que leur humble exécuteur, fidèle paladin envoyé sur ces terres pour accomplir leur volonté. Tuer ne me fait plus rien depuis des années, car telle est la volonté des Douze Protecteurs d’Uhr, les Douze Grands. Cet homme que je dois abattre, qu’il me faut refroidir, cet homme n’est pas innocent, il savait à quoi s’attendre.
Malanksaïr Rubriech est un ennemi d’Aramila, celui qui se fait appeler la Voix des Terres Brûlées, a que trop cherché à faire vaciller l’équilibre du pouvoir en place gouvernant notre somptueuse cité. Faisant entendre sa voix à qui veut bien l’entendre, blâmant le Concile par diverses rumeurs infondées, cherchant à renverser l’opinion populaire pour plonger Aramila à une guerre civile, ce lâche s’est enfui lorsqu’il a compris qu’il était en danger. Nous avons déjà retrouvé ses complices, notamment celui qui l’a averti de la lame qui se rapprochait dangereusement de sa gorge. C’est auprès de lui que nous avons appris la destination de repli de Malanksaïr, cela n’a d’ailleurs pas été très compliqué à lui soutirer cette information, la loyauté entre vermines étant un concept visiblement abstrait.
Direction la Contade, dans une petite bourgade non loin d’Andoria, une Basse Cité qu’il m’est déjà arrivé de visiter lors de certaines missions. Le coin m’est familier, même si je n’ai jamais mis les pieds dans le village au fond duquel le rat est allé se terrer. J’aurais préféré l’abattre avant qu’il y parvienne, faire cela à l’abri de regards indiscrets, mais il faut croire qu’il avait suffisamment pris d’avance avant que l’on ne me lance à ses trousses.
Chyrion n’est pas bien vaste, une centaine de villageois à tout casser, pour la plupart des fermiers ou honnêtes travailleurs occupant des métiers manuels. Je ne suis pas moins honnête qu’eux, chacune de mes actions est guidée par la foi, accomplie pour une cause divine, mais je reste un être avec du sang sur les mains. Beaucoup de sang. Et cette nuit, quand l’obscurité reprendra ses droits, je rajouterai une couche d’hémoglobines sur ses pognes rompues à cet art sombre et funeste. A la nuit tombée, j’enverrai cette engeance du mal rejoindre ses congénères dans les tréfonds des Enfers, que Pthelior et Azoriax m’en soient témoins.
Descendant de mon cheval, je décide de l’attacher contre un arbre en bordure du village, préférant continuer seul, à pieds. Progresse lentement au milieu du bled, tentant de me repérer d’après les informations en ma possession. Je sais à peu près où est censé se terrer le clouâtre, une auberge de fortune, le Nain de la Surface, qui serait la seule existante dans le coin. Il se pense sans doute en sécurité dans un lieu vivant, en permanence entouré de témoins. C’est mal connaître notre Ordre.
Il me faut seulement une dizaine de minutes pour la repérer, un large panneau de bois suspendu au-dessus de la porte sur lequel a été gravée la fiole d’un nain engloutissant une chope de bière me facilitant la tâche. La douce brise qui balaie le village fait légèrement osciller la pancarte qui repose sur une barre de fer, je passe mon chemin sans m’attarder, cherchant un coin plus tranquille pour me poser en attendant la nuit noire. Dans quelques heures.
Pour le moment, je me fonds dans la pénombre, à l’angle d’une ruelle, les yeux rivés sur la taverne en question.