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Chasse aux tritons !

Chasse aux tritons ! Brandw10
Lun 12 Fév - 17:00


Convoqué au manoir familial, de la Guilde des Assassins, Azur se doutait que ce n’était pas pour passer du bon temps en famille. Il espérait être reçu comme l’on recevait son enfant après une longue absence, mais il savait parfaitement ce qui l’attendait. Un ordre de mission et au revoir. Quand il frappa à la grande porte, personne ne se présentait pour l’accueillir. Il entra sans se présenter et se dirigea directement dans les étages supérieurs où Wanath devait certainement l’attendre. Et c’était le cas. En ouvrant le bureau du maître des lieux, le blondinet tomba sur un l’homme encapuchonné, fixant avec attention l’horizon par la grande baie vitrée. La nuit était tombée depuis bien longtemps, seules les étoiles éclairaient la végétation environnante autour du domaine.

« Vous m’avez fait appeler, Père ? », fit le jeune assassin en se grattant les oreilles.

Sans même se retourner, Azur sentit le regard noir de cet être effrayant. Une aura meurtrière l’entourait. On sentait qu’il ne supportait pas la présence de cet être simplet dans son bureau.

« Ne t’ai-je pas déjà dit de me manifester un peu plus de respect ?
- J’éprouve quelques difficultés avec les formalités, voyez-vous.
- Si tu n’étais pas le fils de ta mère, mon épouse, je te promets que tu serais mort et enterré, bouffé par les vers depuis belle lurette.
- Certainement, oui. »

Wanath se contrôla. Plus vite la mission serait donnée, plus vite l’enfant de sa femme pourrait déguerpir.

« Une mission nous a été transmise. Ton grand-père, le roi de Xandrie, a évidemment accepté que tu représentes le royaume. As-tu déjà entendu parler de Kurk ?
- Le triton qui terrifie Uhr tout entier. C’est la cible à éliminer ?
- Absolument. Une coalition a été créée par tous les royaumes d’Uhr. Chacun d’entre eux envoie un individu capable de réaliser la mission. Kurk et son équipage bloque le seul accès au Katorrin.
- Rien que ça. Ce Kurk ne fait pas les choses à moitié.
- Maintenant, file. Ma patience a des limites et elle est mise à rude épreuve en ta présence. Et n’espère pas croiser ta mère, elle est en mission. »

Il pourrait la ménager un peu, pensa l’assassin en prenant la sortie. Pour l’heure, seule la mission entrait en ligne de mire. La route était assez longue et il décida de voyager à dos d’un cheval. Du moins, jusqu’aux dunes de Katorrin d’où il pourrait observer le placement de l’adversaire. Si ses alliés résonnaient un minimum avec intelligence, ils feraient probablement la même chose. Un rendez-vous implicite était donc donné. Qui rencontrerait-il et sur qui pourra-t-il compter ? Collaborer avec plusieurs assassins ou mercenaires n’était pas dans ses habitudes. La dernière fois, cela a bien failli lui couter la vie. Il se remémora l’élémentaire de feu.

Lun 19 Fév - 11:20
Une nouvelle prime m’a été proposée, mais cette fois la cible est si dangereuse que les différentes nations ont décidé de réunir une équipe assez solide pour s’assurer que la proie ne puisse pas s’échapper. C’est assez impressionnant d’une certaine manière, ce Capitaine Kurk doit être un redoutable adversaire pour être si craint dans tout le continent. Que les grandes puissances en soient réduites à mobiliser les meilleurs dans le domaine pour abattre ce triton donne un aperçu de la dangerosité de la prime. C’est la première fois que je prends part à une telle chose, j’ai pour habitude de chasser en solitaire, même les proies les plus coriaces. J’en ressens une grande excitation à l’idée de me mesurer à ce Kurk, que les Grands Ancêtres observent cette chasse avec attention, le spectacle devrait être au rendez-vous.
Avant de me mettre en route, j’ai pris le soin d’adresser quelques prières aux Grands Ancêtres, tout particulièrement Yvaël. Qu’il me guide durant cette chasse, que sa force et son adresse m’accompagnent, ainsi pourrais-je ramener un trophée d’exception à mon tableau. Une tête coupée de plus, un fait de gloire supplémentaire à accrocher, ma légende n’en sera que plus grande.

Je me suis mis en route, direction Katorrin. Des informations que mon intermédiaire m’a donné, le Capitaine du Diamant Noir et son équipage bloqueraient l’accès au fleuve Katorrin, c’est donc là-bas qu’il me faut aller.
Je ne m’attarde pas pour autant en ville, prenant immédiatement la direction des dunes. Pour connaître un peu la région, pas la première fois que je foule le sable là-bas, je sais que cette zone m’offrira la meilleure position pour observer ma proie. Depuis la hauteur des dunes, je pourrais avoir un meilleur aperçu de la situation. Un simple repérage avant de penser à un plan d’approche, je prends suffisamment chacune de mes cibles au sérieux pour ne pas foncer tête baissée. Aussi, sachant que je ne suis pas le seul à avoir été désigné pour éliminer le triton, je veux attendre de voir ce que feront les autres chasseurs. Peut-être qu’il y en aura un dans le lot qui me surprendra, un qui m’offrira une fenêtre d’attaque, de quoi tirer profit de la situation.

Chercher la plus haute dune se fait naturellement, avec moi se trouve de quoi observer de loin sans être vu. Des jumelles, un appareil astucieux inventé par les humains. Ces êtres frêles en apparence ont l’art d’inventer des choses pour compenser leurs faiblesses. J’ai du respect pour eux, comme pour toute autre race peuplant Uhr, mais je dois leur reconnaître une intelligence et une ingéniosité que beaucoup d’autres n’ont pas.
La butte sableuse sur laquelle j’ai jeté mon dévolu se trouve déjà occupée, chose qui ne m’étonne pas. Aucune raison de m’alerter, il s’agit très certainement d’un des chasseurs de primes placé sur le contrat. Pour autant, je préfère me montrer prudent. Une jolie somme d’astras a été promise en échange de la mort du triton, j’ai passé suffisamment d’années sur ce continent pour connaître l’avidité des êtres vivants. L’argent fera très certainement tourner quelques têtes, des chasseurs essaieront de repartir seul avec la prime, quitte à éliminer les autres.

Le corps dissimulé sous une longue cape sombre, le visage bien à découvert, mes cornes en apparence, je grimpe au sommet de la dune, rejoint l’occupant actuel. — Bonjour, humain. Il m’a tout l’air d’en être un, tout du moins. Chevelure laiteuse, silhouette élancée, un sourire aux lèvres. Étrange personnage, il me semble assez jeune pour un humain. Ils ne vivent pas aussi longtemps que nous autres Saraph, leur faciès témoigne bien souvent de l’âge qui est le leur, c’est quelque chose qui ne trompe que rarement chez cette race. — Es-tu en observation depuis un moment ? Tu es bien là pour éliminer le Capitaine Kurk et ses hommes ? La dernière question ne fera que confirmer une évidence, mais je préfère éloigner le doute dès les premiers instants, pour mieux me focaliser sur la tâche qui nous attend.
Sans même attendre de réponse, je m’avance de quelques pas, tout en portant une main sous la cape, pour atteindre une sacoche accrochée à la ceinture. La paire de jumelles sortie, je peux la porter à mes yeux et pointer mon regard en direction de l’embouchure du fleuve Katorrin.
Mer 21 Fév - 14:52


De sa haute dune, comme convenu, l’assassin utilisa sa longue-vue pour observer les mouvements ennemis. Par la même occasion, il put également identifier de potentiels alliés, arrivés eux aussi pour la traque du capitaine Kurk. Le vent venait dans son dos et un son imperceptible lui parvenait aux oreilles. Des pas silencieux comme la mort, mais aucune menace ne s’en dégageait cette fois-ci. Probablement un allié, au moins aussi malin que lui, qui a décidé de chercher le point le plus culminant pour profiter de la meilleure vue. La crainte d’Azur fut d’être entouré d’incapables qui nuiraient plus qu’autre chose à sa quête. A sa grande satisfaction, il s’était trompé.

« Bonjour… Saraph ? », fit-il hésitant avant d’avoir la certitude qu’il s’agissait bien d’un de ces cornus à la longévité effrayante. Comme tout être-vivant, ils étaient également différents les uns et les autres. On en trouvait des terrifiants, des mignons, des gros, des moins gros… Bref, celui-ci semblait assez athlétique, habitué – sans aucun doute - aux longues traques. Son regard n’inspirait ni confiance ni hostilité. En d’autres termes, il était parfaitement taillé pour ce genre de mission. On pouvait aisément déterminer la valeur d’un homme à son regard, ce que Wanath avait toujours enseigné à l’apprenti assassin. Ce salopard ne m’a toujours pas assigné la certification officielle, alors même que je suis meilleur que bon nombre d’assassins confirmés, pesta intérieurement le jeune homme.

« Hm. Je dirais que je suis allongé ici depuis une vingtaine de minutes. Le soleil tombant, ils se préparent tous à un copieux souper. Etant donné l’ambiance générale, je dirais même qu’un banquet se prépare pour une raison que je n’ai pas pu déterminer. »

Il finit par ranger sa longue-vue, se retourner sur le dos et contempler le ciel qui s’assombrissait au fur et à mesure que le temps passait. Des étoiles commençaient à apparaître et le soleil se coucher à l’horizon. Un spectacle absolument magnifique. De son côté, le Saraph s’installa é à ses côtés et sortit ses jumelles pour observer l’ennemi. « En contrebas, tu remarqueras du mouvement qui n’est pas celui de nos cibles. Ce sont nos alliés. Ils ne sont pas mauvais, mais pas à notre niveau non plus. », fit le jeune assassin d’un air complètement détaché. En effet, un sujet bien plus préoccupant occupait son esprit.

« Quant à leur honneur, on peut sans hésiter ne pas y compter. En d’autres termes, cher ami, à la fin de cette mission, je les tuerai tous. Pas simplement par plaisir, mais parce qu’ils le feront également de leur côté. A l’odeur que tu dégages, je sens bien que tu n’es pas de la même veine, mais un simple chasseur de primes qui réalise honnêtement son travail. Eux, pour en connaitre certains, je peux t’assurer qu’ils nous tueront pour obtenir une plus grosse part. », toujours l’air aussi décontracté, Azur observa le ciel, mains derrière la tête, en exposant sa vision des choses. « Pour être tout à fait clair, ami Saraph, à la fin de cette mission et de son expansion, nous ne serons plus que deux. »

Azur se retourna subitement et reprit sa longue-vue. Non pour observer leur cible, mais plutôt leurs partenaires. Avaient-ils déjà un plan ? Que prévoyaient-ils ? Ne fallait-il pas les laisser agir et finir le travail ? « S’ils sont un minimum malin, ils attendront que nos amis s’endorment. C’est naturellement ce que j’aurais fait. Nos camarades iront ensuite à l’assaut de l’ennemi, profitant de l’effet de surprise durant un temps, jusqu’à ce que les forces s’équilibrent et qu’ils s’entretuent. Nous n’aurons plus qu’à nous occuper des survivants, dont certainement Kurk, qui ne mourra pas aussi facilement. Pardonne-moi pour ma lâcheté, ami Saraph, mais j’ai toujours été seul contre tous, alors tu comprends bien que j’ai dû m’adapter aux circonstances. »

Mar 19 Mar - 14:07


Le Saraph avait disparu. « Où » et « quand » demeureront des questions sans réponse. Azur avait fixé son attention sur le danger se trouvant devant lui et ne s’était pas donc pas occupé de la présence de son allié. Son petit lui dit néanmoins qu’il avait décidé de s’enfuir vers un butin plus fructueux que celui-ci, et peut-être moins « casse-gueule ». Se retrouver au cœur d’une mêlée ou à peu près cent-pourcent des participants allaient, d’une manière ou d’une autre, te nuire bien gentiment, pouvait parfois donner l’envie de voir ce qui se faisait ailleurs. L’herbe était sans doute plus verte ailleurs.

De toutes manières, Azur ne comptait pas reculer. Ils connaissaient de près ou de loin ses partenaires et savaient à quoi s’en tenir. Ils ignoraient encore sa présence et cet élément constituait un avantage considérable. La soirée des pirates baissait en intensité, l’heure de dormir approchait à grands pas. Au loin, un merveilleux soleil commençait à pointer le bout de son nez. Il s’élevait derrière le Mont Adriane, les Trois Sœurs et les Monts Célestes, offrant un spectacle d’un orange-pourpre que personne ne devait manquer. Quelle merveilleuse matinée, songea l’assassin en pleine contemplation. A mesure que le jour gagnait du terrain, les pirates s’écroulaient comme des mouches, certains s’endormant en plein milieu des cadavres de bouteilles et des feux qui crépitaient encore légèrement.

Les mercenaires descendirent. C’était le signal. L’assassin utilisa son cristal de camouflage pour se rendre invisible et entamer sa mission sans être vu des « siens ». Étonnamment, les hommes semblaient s’être concertés et décidèrent de jouer la discrétion. Étonnant parce que certains d’entre eux étaient, en dépit de ce qu’en pensait le blondinet, de valeureux guerriers. Valeureux, habiles et puissants. Le genre de tarés que les chefs d’états engageaient volontiers lors de batailles, tant ils étaient efficaces dans l’art de détruire les défenses adverses et de réaliser des percées spectaculaires. Alors les voir ici, en toute discrétion, le fit sourire.

Cependant, cette accalmie fut de courte durée. En effet, ces dits barbares retrouvèrent rapidement leur fougue, dès leur première exécution et éclaboussure de sang, réveillant en eux cette rage si explosive. Le bruit retentit, les combats firent rage. Le groupe de mercenaires prit un avantage certain, profitant pleinement de l’effet de surprise et de l’état désastreux de leurs opposants, encore endormis ou alcoolisés. L’excès de confiance était bien vilain défaut. Couper les vivres à Uhr tout entier et espérer festoyer sans devoir se défendre des tentatives ennemies. Quelle tragédie ! Mais ce fut alors que la tête de Kurk, capitaine de cette horde, auteur de cette situation, fit sa petite apparition. Derrière lui, on croirait voir une petite escadrille qui pointait le bout de son nez. Sa garde personnelle ? se demanda le jeune homme.

L’homme-lige du roi de Xandrie, présent pour défendre les intérêts d’Uhr, mais également de son propre royaume, opta pour une stratégie des plus lâches et passives. Étant donné que personne n’avait encore repéré sa présence, il comptait laisser les hommes s’entretuer et recueillir les lauriers à la fin, quand la plupart seront morts ou trop épuisés pour ressembler à un quelconque danger. Une méthode d’assassin en somme. Comme il l’avait souligné à son ami Saraph, à la fin, il ne devait en rester qu’un. Les mercenaires n’étaient pas fiables et courir avec la tête de Kurk, poursuivis par tout un tas de fanatiques avec des têtes de poisson, bof. Le jeune avait d’autres projets pour l’avenir et mourir bêtement n’en faisait pas partie.
Sam 30 Mar - 12:35


Les chasseurs de prime avaient largement profité de l’effet de surprise, neutralisant toute une partie de la troupe. Mais bientôt, le rapport de s’équilibra. Kurk, à la fois habile et puissant, froid et enragé, menait un groupe de pirates qui avaient échappé aux effets néfastes de la beuverie. Sans le capitaine du tristement célèbre « Diamant Noir », les mercenaires n’auraient fait qu’une seule bouchée de cette bande de tritons. C’était absolument barbare, sans aucune grasse, aucune subtilité. Le sang se répandait dans toutes directions, sans aucune logique, projetés simplement au gré des coups.

Discrètement, Azur suivit chaque avancée de part et d’autre avec beaucoup d’attention. Mais cette discrétion ne pouvait durer éternellement. Des chiens vinrent à aboyer à ses pieds, puis tentèrent de le mordre, alors il n’eut d’autre choix que de les abattre à l’aide d’une dague. Aussi bien du côté des tritons que des mercenaires, quelques-uns ne purent s’empêcher de s’arrêter pour faire un point sur ce qu’il venait de se passer. Pas d’autre que de se présenter. Maintenant à la vue de tous, il se présenta aussi bien à ses alliés qu’à ses ennemis : « Bonjour, je suis ici pour les mêmes raisons que mes camarades, amis tritons. Je vous en prie, continuez vos festivités. », conclut-il d’un geste complètement détaché de la main.

Une tête en plus à abattre. Le problème était que cette pensée traversa à la fois ses amis et ses ennemis. Azur n’était pas connu des autres. Un jeune blondinet portant des lunettes, sur un champ de bataille, ce n’était pas très courant. Sa posture ne le présentait pas forcément comme un adversaire bien redoutable. Il vit des sourires confiants se dessiner chez certains, probablement ravis d’avoir une cible facile et inoffensive. Les clébards auraient aimé pouvoir se dire la même chose. Une tête de poiscaille s’approcha rapidement de lui pour en finir. L’assassin resta de marbre, dagues en main. « Qu’est-ce que tu comptes faire avec tes couteaux d’cuisine ? », lâcha le fier pirate en manquant de s’étouffer lors de son fou rire.

Un petit sourire se dessina sur le visage de l’homme-lige du roi de Xandrie, mais il ne pipa mot et maintint sa garde. La brute s’élança. Azur fut surpris par l’étonnante dextérité de son adversaire, malgré le poids et la taille de son arme. Il se contenta d’esquiver sans prendre de risque. Il avait l’avantage de la vitesse et comptait bien s’en servir. « Arrête de fuir, s’pèce de lâche ! », pesta le pirate en haletant. Et il manquait d’endurance, observa le jeune homme. Probablement les effets du manque de sommeil et l’alcool. Il était temps de casser le rythme. Plus question de reculer. L’assassin laissa passer la lame à gauche de son visage, laissant son adversaire s’approcher par son élan. Il écrasa son pied sur le genou gauche de son ennemi, qui trébucha immanquablement, puis planta sa dague dans la gorge de ce dernier.

L’imposante carcasse s’écroula sur Azur qui supporta son poids. Il tenta d’articuler des mots inaudibles. Après quelques instants, il laissa le corps finir sa course au sol, comme un vulgaire sac de patates. Il essuya le sang de sa dague sur la dépouille avant de la ranger. « Allons, allons, poursuivez. Je ne suis qu’un spectateur. Oubliez-moi si vous tenez à la vie. », finit-il par annoncer avant de se rendre de nouveau invisible. Mais un sentiment d’insécurité le submergea aussitôt. Par un réflexe absolument hasardeux, il décala sa tête sur sa droite. Ce fut alors qu’un projectile l’effleura et provoqua une légère entaille sur son visage. La lance s’écrasa violemment au sol. Elle venait de loin. Très loin. Perché sur son navire, le capitaine pirate lança un regard de défi en direction de sa petite cible.

Quelle puissance ! pensa le jeune homme aux cheveux de suie. Des frissons le parcoururent mais il feint de ne pas être inquiété. Il se retourna et délogea la lance bien encrée au sol. Il pesa l’arme avec une certaine nonchalance. D’un seul coup un seul, comme le ferait un très bon lanceur de javelot, le blondinet effectua une course d’élan, suite à laquelle il lança l’arme en direction de son propriétaire. Naturellement, il usa de son cristal d’hypervélocité pour drastiquement augmenter la vitesse du projectile. Si Kurk esquiva l’attaque comme l’a précédemment fait le jeune assassin, il ne comprit qu’après ses véritables intentions. La lance transperça le mât principal, qui s’écroula quelques instants plus tard. Ainsi, pensa Azur, il ne pourra pas s’enfuir par la mer.

Dans le champ de bataille, l’intensité des échanges et l’horreur montèrent encore d’un cran. La fin, aussi brutale sera-t-elle, approchait avec un goût de déjà-vu.
Mer 10 Avr - 15:47


Kurk avait pu observer une magnifique sphère noirâtre, faite de ténèbres, d’où aucun sens ni aucune lumière ne sortait. Au bout d’un certain temps, peut-être quelques petites minutes, la sphère s’éclipsa brusquement, ne laissant debout que les mercenaires envoyés par les cinq royaumes. Les pirates étaient tous à terre, inertes, inconscients. Azur, le créateur de la zone sphérique, n’était plus sur les lieux, comme volatilisé. Les mercenaires, penauds face aux cadavres ennemis étendus autour d’eux, se remobilisèrent et profitèrent de cet instant de béatitude pour reprendre l’ascendant. Si l’assassin devait éliminer tout le monde, aussi bien ses ennemis que ses « alliés », il devait tout de même permettre un léger avantage aux mercenaires.

Le jeune homme aux cheveux de suie poursuivit sa progression, complètement invisible, atteignant rapidement le navire sur lequel se trouvait sa cible. Totalement intangible, il pénétra le navire par la coque, atteignant ainsi les cales. Avant de poursuivre, il prit le temps de se saisir de différents éléments, du nombre d’hommes à bord, s’imprégner de l’odeur du bâtiment… Puis, surtout, il attendait patiemment l’intervention des hommes proche de Kurk, pour le protéger des mercenaires et ainsi lui laisser le champ libre pour l’exfiltrer. Mais le temps passait et un triton descendit dans la cale. Aucun problème pour Azur, exceptée son odeur d’humain qui pouvait attirer l’attention. Ses instincts d’assassin lui ordonnèrent d’agir expressément. A peine le pirate avait-il pénétré dans les cales, qu’une sphère – bien moins grande que celle précédemment déployée – l’enveloppa. Aucun son bruit ne s’en dégagea. Mais ce que fit le blondinet à cet homme aurait réveillé un village entier. La sphère disparut, l’homme aux yeux bleu azur se tenait au-dessus de la dépouille.

Il craignait d’en voir débarquer d’autres en l’absence de leur camarade, mais il sembler ait qu’ils quittaient justement le navire. Les mercenaires avaient neutralisé l’ensemble de la flotte. Mais une voix forte, rugueuse, retentit depuis le pont principal : « Mes hommes sont partis éliminer tes camarades. Nous sommes à présent seuls sur ce navire. N’était-ce pas ce que tu désirais, renard aux poils couleurs cendre ? ». Des frissons parcoururent le corps du jeune qui ne s’attendait absolument pas à cette situation. « Ton odeur. Tu empestes la chair humaine, gamin. », rajouta-t-il comme pour répondre aux interrogations du blondinet. Résigné, Azur emprunta les escaliers menant au pont principal. Comme convenu, Kurk se trouvait seul.

Un regard sombre et calculateur, calme et féroce, cet homme imposait à la fois de la terreur et du respect. D’un point de vue purement subjectif, de la part d’un être humain, Kurk n’avait rien de particulièrement attirant. Sa réputation n’était pas usurpée. Ce triton avait écumé les mers, pillés de nombreux royaumes à travers le monde, mais souvent reparti avant d’être intercepté par les forces armées. « Vous avez presque anéanti mon équipage avec votre petit escadron. Nous n’aurions pas dû profiter autant de notre victoire sur Uhr. On s’attendait à l’arrivée d’une armée entière, nous aurions eu le temps de fuir. Là, seulement une bande de mercenaires… Vous nous servirez de repas pour ce soir. »

Azur ne put s’empêcher d’esquisser son fameux sourire, celui qui vous faisait comprendre que vous étiez dans l’erreur. Qu’un humain pût ainsi se jouer de lui agaça fortement le capitaine pirate, qui préféra cependant garder son calme. « Tes hommes ne s’en sortiront pas, Kurk. Uhr n’a pas lésiné sur les moyens, ils ont envoyé quelques-uns des meilleurs mercenaires du continent. Tes hommes vont périr ici avec toi. », lança le blondinet d’un air supérieur. Sur ces mots, il s’élança sur sa cible avec vitesse, dagues en main, sans user d’aucune capacité particulière. Le triton, lui, possédait une lance qu’il tournoya pour empêcher à son adversaire d’approcher. Face à adversaire spécialiste du corps à corps, c’était astucieux, mais Azur avait un atout dans sa manche : sa tangibilité. Cristal de camouflage activé, il passa au travers de la lance ennemie, mais également de Kurk. Se trouvant maintenant derrière lui, Azur pivota sur lui-même et le trancha sévèrement avant de reculer de quelques pas.

« Arh… Les humains. Tous aussi lâches les uns que les autres. », râla le triton en lançant un regard noir en direction de l’assassin.

Seulement moi, pensa l’assassin. Seulement moi.

Mer 10 Avr - 23:11


Le temps continuait de s’écouler sur le champ de bataille. Kurk était doté d’une redoutable endurance, d’une incroyable résilience et d’une résistance qui semblait le rendre invincible. Azur, qui avait pourtant un certain avantage, semblait lui aussi sur les rotules. Le triton avait bien compris que l’assassin devait mettre fin à son intangibilité pour attaquer. Son expérience du combat et son sens de l’anticipation lui permirent de renverser la situation. Le visage tuméfié, des côtes fêlées, l’homme-lige du roi de Xandrie avait cessé de fanfaronner depuis bien longtemps. Le capitaine pirate était un monstre de combat et l’assassin reconnaissait l’avoir sous-estimé.

« Tu es fini, humain. En réalité, tu l’étais dès l’instant où tu as mis les pieds sur mon navire. Pauvre fou ! Tu pensais réellement pouvoir t’en sortir vivant ? »

Azur, toujours ce sourire condescendant sur le coin des lèvres, fit signe du doigt en direction du champ de bataille. Si tous n’étaient pas morts, les seuls individus encore debout étaient deux mercenaires. « Mes camarades vont venir récupérer leur butin. Ces mecs ne vivent que pour l’or. Ils donneraient volontiers leur vie pour un butin qu’ils ne verront peut-être jamais. En termes d’expérience au combat, ils me surpassent totalement. Je ne suis qu’un bleu à côté d’eux. D’ailleurs, je leur laisse la place. », conclut l’assassin en disparaissant grâce à son cristal de camouflage. Les deux derniers mercenaires montèrent à bord, certes affaiblis, mais toujours aussi enragés. Ils s’élancèrent sans plus de suspens. De son côté, Azur se retrouva de nouveau dans les cales. Il saisit une des torches allumées et alluma des brèches un peu partout avant de quitter le navire.

Avant même l’apparition des premières fumées, Kurk hurla de rage : « Chien d’assassin ! Après tes amis, ce sera ton tour ! ». Une première explosion retentit. Beaucoup de produits inflammables. Puis une deuxième. Et d’autres encore suivirent. Le combat se poursuivit sur la terre ferme. Dans une rage incommensurable, la force du triton ne semblait plus quantifiable. Il se défit d’un des deux hommes en le découpant littéralement en deux. Le dernier, probablement le plus expérimenté de la bande, tenta de tempérer les ardeurs de son adversaire en l’épuisant. Mais étant lui-même épuisé, la tâche fut rude. Dans un échange absolument dantesque, le mercenaire perdit l’équilibre et le pirate profita de l’aubaine pour lui planter dans la jambe.

Ni une ni deux, un blondinet usa de son cristal d’hypervélocité pour surgir de nulle part, à toute vitesse. Il profita de son intangibilité pour passer au travers du mercenaire touché. Il était proche. Très proche de sa cible. Elle ne put esquiver cette dague qui le perfora en plein cœur. Une perforation nette et sans bavure. De sa main libre, il en profita pour planter sa dague dans la gorge de son « allié ». Une pierre deux coups. L’art de s’économiser, disparaître pour laisser les hommes s’entretuer. Kurk s’agrippa au bras qui tenait sa lame dans son cœur. « Lâââche… v-votre espèce… est vouée… à disparaître. Les miens… domineront. »

Azur délogea sa dague sans aucun ménagement, provoquant un râle de douleurs chez le triton. Il le tint maintenant par ses cheveux tentaculaires. « Lâche par-ci, lâche par-là… Tu rabâches, le vieux. En aucun cas cela m’empêchera de dormir. Quant à la domination des tritons, tu devrais changer de disque. Un jour, et tu ne seras pas là pour le voir, humains et tritons vivront ensemble. En paix. Pour cela, on doit éliminer quelques nuisibles comme toi. Allez, bonne nuit. ». A ces mots, l’assassin trancha de Kurk qu’il ramènera ensuite pour obtenir la récompense. Le dernier mercenaire gémissait péniblement, sans pouvoir articuler le moindre mot. « Je n’ai aucune peine pour toi. J’ai eu vent de tes faits d’armes et tu n’es certainement du bon côté de l’histoire. Bon, comment vais-je bien pouvoir justifier que je sois le seul survivant ? »

Des questions plein la tête, le jeune homme aux cheveux de suie, l’homme-lige du roi de Xandrie, utilisa son hypervélocité pour rentrer récolter le fruit de son travail. Toujours aucune trace du Seraphin.